Les femmes d’amis
154 pages
Français
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Description

L’écriture légère de Courteline donne au lecteur des Femmes d’amis un plaisir très personnel de confident avisé. Les révélations d’intrigues amoureuses s’enchaînent autour de bocks mousseux sur les femmes les plus sacrées, les femmes d'amis... Georges Courteline se définit lui-même comme un observateur avisé de la vie quotidienne. S’inspirant de ses expériences de militaire, d’employé au ministère des Cultes, d’habitué des cafés parisiens, ou de promeneur solitaire, il s’efforce de retranscrire les petites comédies humaines qui l’entourent en pièces d’un acte, contes ou romans. Il met ainsi en scène des personnages comiques par le contraste qui existe entre leur modeste condition et leur ego très développé. Des fonctionnaires grisés par leur statut, des employés revendicatifs, des maris pleutres ou des dandys fêlés se retrouvent pêle-mêle dans une œuvre magistrale. Tout le génie de Courteline est de faire rire le public tout en attirant la sympathie et l’indulgence pour ces personnages si vrais et si humains.

Informations

Publié par
Publié le 10 janvier 2013
Nombre de lectures 92
EAN13 9782824710631
Licence : En savoir +
Paternité, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français

Extrait

GEORGES COU RT ELI N E
LES F EMMES D’AMIS
BI BEBO O KGEORGES COU RT ELI N E
LES F EMMES D’AMIS
1888
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1063-1
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
U N E CANAI LLE
1CHAP I T RE I
    Lav er nié eut e xpliqué que son e x-ami
Laurianne le traitait couramment de canaille à cause d’un ser-Q vice , que lui, Lav er nié , avait der nièr ement r endu audit
Laurianne , il y en eut qui bétonnèr ent, d’autr es qui ho chèr ent la tête , d’un
air fix é et entendu de g ens blasés sur les sur prises de l’ e xistence et que
ses p etites vilenies n’ en sont plus à fair e rê v er .
― Il y a ser vice et ser vice , dé clara cep endant Christian Lestenet, il ne
s’agit que de s’ entendr e .
―  Oh, c’ est bien simple , dit très sérieusement Lav ernié , j’ai couché
av e c une maîtr esse à lui.
Lestenet é clata de rir e et appliqua une claque sonor e sur la cuisse du
jour naliste en le traitant d’aimable far ceur , mais le p oète Ge or g es Lahrier
qui était philosophe à ses moments p erdus, dit simplement  :
― Eh  ! ne blaguons p as sans sav oir  ! D’ab ord, c’ est toujour s l’ oblig er
que débar rasser un ami d’une femme assez misérable p our consentir à le
2Les femmes d’amis Chapitr e I
tr omp er sans motif. V oilà déjà qui tomb e sous le sens.
― Parbleu  ! e x clama Lav er nié , et puis enfin, si je l’ai fait, c’ est p ar ce
que l’ami lui-même m’avait eng ag é à le fair e . Oh  ! mon cas est assez sp
écial, mais il n’a en soi rien d’ e xtraordinair e , étant basé sur l’éter nelle
niaiserie humaine et ce b esoin de forfanterie qui est la pr emièr e manifestation
de la bêtise , comme l’instinct de la conser vation est la pr emièr e
manifestation de l’intellig ence . A v ez-v ous un q uart d’heur e à p erdr e , l’histoir e
vaut assez la p eine d’êtr e é couté e et il y a pr ofit à tir er de la morale qui
s’ en dég ag e  ?
― Bah  ! dit Fabrice , un quart d’heur e  ! on p eut toujour s risquer cela  !
― D’autant, répliqua le jeune homme , que v ous en ser ez quies p our
m’ enle v er la p ar ole si cee histoir e v ous embête , comme celle du p etit
navir e qui n’avait jamais navigué .
Et ayant fait r e v enir un plate au de b o cks mousseux, en pré vision
d’une nar ration un p eu longue , Lav er nié p arla comme suit.
Il y avait plus de dix ans que nous nous tuto yions, quand nous av ons
cessé de nous v oir , Laurianne et moi, il y a six mois de cela.
Je l’avais connu au quartier , à l’ép o que où je faisais mon dr oit. Ce
n’était certes p as un aigle , mais c’était un b on g ar çon, en sorte qu’il
m’avait plu tout de suite et que je continuai à le v oir assidûment, une fois
les études ter miné es. Laurianne m’aimait b e aucoup aussi et c’était rar e
qu’il laissât s’é couler la semaine sans donner un coup de pie d jusqu’au
jour nal, en sortant de son ministèr e , comme dans la chanson du Brésilien.
Il ar rivait, pr enait une chaise , s’installait, et dé v orait silencieusement les
jour naux, s’inter r omp ant de temps en temps p our jeter un coup d’ œil
furtif sur ma copie , ou p our compter des y eux la quantité de feuilles noir cies
aligné es de vant moi, côte à côte . Timide , de cee timidité puérile des g ens
qui se sav ent un p eu b or nés et se sentent dans un milieu qui n’ est p as le
leur , il était sag e comme une p etite fille , p arlait tout bas, comme dans une
église et r eniflait p endant des heur es, p ar crainte d’air er l’aention en
se mouchant. Enfin, la pâtur e quotidienne ache vé e et le p araphe p osé au
bas de la der nièr e p ag e , nous descendions au b oule vard, pr endr e à une
ter rasse quelconque le v er mouth de l’amitié .
Le plus souv ent, ces jour s-là , nous p assions la soiré e ensemble  ;
Laurianne me pr enait sous le bras et m’ entraînait jusque chez lui, place du
3Les femmes d’amis Chapitr e I
théâtr e , à Montmartr e , où nous dînions en camarades, moi, Laurianne , et
la maîtr esse de Laurianne . Mes enfants, une r ude fille , crisli  ! D es car
nations  !. . . Un v rai Rub ens  ! Je l’avais prise en amitié à cause de ses b elles
couleur s et aussi de son b on caractèr e  ; et, de fait, il était imp ossible de
ré aliser mieux que cee fille le ty p e idé al de la femme d’ami. Pas de nerfs  !
T oujour s de b onne humeur  ! Je n’ai jamais r encontré — j’ai p ourtant bien
connu des femmes — de camarade plus char mante et plus g aie .
Nous jouions ensemble comme des g osses  ; je lui pinçais le gras des
bras, ou les hanches, et elle m’ env o yait des talo ches que je lui r endais
av e c usur e , tandis que Laurianne , la pip e à la b ouche , criait  :
― N’aie p as p eur , Lav er nié , vas-y  ; tap e dessus  ; la bête est dur e  !
J’ai toujour s aimé ces jeux de br ute .
Un soir , comme en sortant de table , j’avais emmené Laurianne pr endr e
un b o ck dans une brasserie du b oule vard Clichy , je ne sais quelle idé e me
prît de lui dir e à brûle-p our p oint  :
― Ah  ! c’ est ég al, Angèle est v raiment une b elle fille  !
Bon, ne v oilà-t-il p as mon homme qui me r eg arde fix ement et me
demande si elle me plaisait  !
Je lui dis  :
― Elle me plaît sans me plair e  ; qu’ est-ce que tu v eux qu’ Angèle me
plaise dès l’instant qu’ elle est av e c toi  ? Je la tr ouv e b elle fille , v oilà tout.
En v oilà encor e une question  !
Il r eprit  :
― Ah  ! je vais te dir e  ; c’ est p ar ce que si quelquefois tu en avais la
moindr e envie , il ne faudrait p as te gêner .
Je le r eg ardai, à mon tour .
― Ah çà , lui dis-je , qu’ est-ce qui te pr end  ? Est-ce que je te p arle de
tout ça, m oi  ? Je te dis que je tr ouv e Angèle une b elle fille , tu me rép onds  :
« Il ne faut p as te gêner  ! » Elle est bien b onne , p ar e x emple . Comme s’il
ne me suffisait p as qu’ elle soit la femme d’un camarade p our que je n’aie
jamais p ensé à v oir en elle autr e chose qu’une camarade  !
― Mon cher , fit alor s Laurianne , la question n’ est p as de sav oir ce que
tu as pu p enser ou ne p as p enser  ; je te connais depuis assez longtemps,
n’ est-ce p as, p our sav oir à qui j’ai affair e  ; ce n’ est donc p as de ça qu’il
s’agit. Je n’ en suis p as moins p our ce que je te disais  : ne te gêne p as si
4Les femmes d’amis Chapitr e I
le cœur t’ en dit. D’ab ord, Angèle , en v oilà assez comme ça  ; six mois de
liaison, mer ci bien  ! je n’ai p as b e aucoup l’habitude de m’éter niser dans
le collag e  ; et puis enfin si tu as p eur de me fâcher , mon vieux, tu p eux
êtr e tranquille  : celle-là qui me fera br ouiller av e c un ami de dix ans n’ est
p as encor e près d’êtr e fondue .
Je rép ondis à Laurianne qu’il me faisait suer av e c ses bravades, qu’il
avait été dé coup é sur le même p atr on que les autr es

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