La carrière posthume d un musicien ou Offenbach aux Enfers - article ; n°2 ; vol.22, pg 261-273
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Histoire, économie et société - Année 2003 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 261-273
Abstract The career of Jacques Offenbach (1819-1880) after his death is marked by the apparition of«of- fenbachian mythologies», and the author of this article intends to study how they were made up and then evolved. From 1887 onwards, when his wife died, a distorted image was given of Offenbach, especially by the music-hall which, around 1900, tended to make him the master of «French-cancan», while The Tales of Hoffmann were staged after several différents versions. In the inter-war period, Germany appropriated the musician, while his repertoire was often reduced to the ballet composed by Manuel Rosenthal, Gaîté parisienne. More recently, there appeared a wish to go back to the original works ; yet it is too often thwarted by the habit of rewriting the librettos and reor- chestrating the scores.
Résumé La carrière posthume de Jacques Offenbach (1819-1880) est caractérisée par la création de «mythologies offenbachiennes» dont cet article entend repérer l'apparition et étudier l'évolution. A partir de 1887, année de la mort de l'épouse du compositeur, Offenbach fait l'objet de diverses récupérations, en particulier par le music-hall qui, autour de 1900, tend à faire de lui le maître du «French-cancan» tandis que Les Contes d'Hoffmann donnent lieu à de nombreuses versions. Dans rentre-deux-guerres, l'Allemagne se réapproprie le musicien. Son répertoire, parallèlement, est volontiers réduit au ballet composé par Manuel Rosenthal, Gaîté parisienne. L'époque plus contemporaine est il est vrai marquée par une volonté de retour aux œuvres originales, certes encore trop souvent entravée par la pratique de la réécriture des livrets et de la réorchestration des partitions.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Claude Yon
La carrière posthume d'un musicien ou Offenbach aux Enfers
In: Histoire, économie et société. 2003, 22e année, n°2. pp. 261-273.
Résumé La carrière posthume de Jacques Offenbach (1819-1880) est caractérisée par la création de «mythologies
offenbachiennes» dont cet article entend repérer l'apparition et étudier l'évolution. A partir de 1887, année de la mort de l'épouse
du compositeur, Offenbach fait l'objet de diverses récupérations, en particulier par le music-hall qui, autour de 1900, tend à faire
de lui le maître du «French-cancan» tandis que Les Contes d'Hoffmann donnent lieu à de nombreuses versions. Dans rentre-
deux-guerres, l'Allemagne se réapproprie le musicien. Son répertoire, parallèlement, est volontiers réduit au ballet composé par
Manuel Rosenthal, Gaîté parisienne. L'époque plus contemporaine est il est vrai marquée par une volonté de retour aux œuvres
originales, certes encore trop souvent entravée par la pratique de la réécriture des livrets et de la réorchestration des partitions.
Abstract The career of Jacques Offenbach (1819-1880) after his death is marked by the apparition of«of- fenbachian
mythologies», and the author of this article intends to study how they were made up and then evolved. From 1887 onwards, when
his wife died, a distorted image was given of Offenbach, especially by the music-hall which, around 1900, tended to make him the
master of «French-cancan», while The Tales of Hoffmann were staged after several différents versions. In the inter-war period,
Germany appropriated the musician, while his repertoire was often reduced to the ballet composed by Manuel Rosenthal, Gaîté
parisienne. More recently, there appeared a wish to go back to the original works ; yet it is too often thwarted by the habit of
rewriting the librettos and reor- chestrating the scores.
Citer ce document / Cite this document :
Yon Jean-Claude. La carrière posthume d'un musicien ou Offenbach aux Enfers. In: Histoire, économie et société. 2003, 22e
année, n°2. pp. 261-273.
doi : 10.3406/hes.2003.2320
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2003_num_22_2_2320LA CARRIÈRE POSTHUME D'UN MUSICIEN
OU OFFENBACH AUX ENFERS
par Jean-Claude YON
Résumé
La carrière posthume de Jacques Offenbach (1819-1880) est caractérisée par la création de
«mythologies offenbachiennes» dont cet article entend repérer l'apparition et étudier l'évolution. A
partir de 1887, année de la mort de l'épouse du compositeur, Offenbach fait l'objet de diverses r
écupérations, en particulier par le music-hall qui, autour de 1900, tend à faire de lui le maître du
«French-cancan» tandis que Les Contes d'Hoffmann donnent lieu à de nombreuses versions. Dans
rentre-deux-guerres, l'Allemagne se réapproprie le musicien. Son répertoire, parallèlement, est vo
lontiers réduit au ballet composé par Manuel Rosenthal, Gaîté parisienne. L'époque plus contem
poraine est il est vrai marquée par une volonté de retour aux œuvres originales, certes encore trop
souvent entravée par la pratique de la réécriture des livrets et de la réorchestration des partitions.
Abstract
The career of Jacques Offenbach (1819-1880) after his death is marked by the apparition of«of-
fenbachian mythologies», and the author of this article intends to study how they were made up and
then evolved. From 1887 onwards, when his wife died, a distorted image was given of Offenbach,
especially by the music-hall which, around 1900, tended to make him the master of «French-canc
an», while The Tales of Hoffmann were staged after several différents versions. In the inter-war
period, Germany appropriated the musician, while his repertoire was often reduced to the ballet
composed by Manuel Rosenthal, Gaîté parisienne. More recently, there appeared a wish to go back
to the original works ; yet it is too often thwarted by the habit of rewriting the librettos and reor-
chestrating the scores.
«Roi du Second Empire», «ordonnateur de la fête impériale», détenteur du «secret
du Second Empire»: Jacques Offenbach a beau avoir mené une longue carrière qui
s'est déroulée des années 1830 à 1881, la postérité semble n'avoir voulu en retenir que
les années 1850 et 1860 - certes celles de ses plus grands succès - comme si l'œuvre
de ce musicien n'avait d'autre utilité dans l'histoire culturelle du XIXe siècle que de
servir d'illustration sonore au règne de Napoléon III1. Née dès 1871, alors qu'il s'agis
sait de rejeter un régime que la République naissante accusait de toutes les turpitudes
et au moment où les milieux musicaux n'étaient pas fâchés de se venger d'un compos
iteur décidément trop chanceux, cette association entre Jacques Offenbach et le
Second Empire va perdurer durant tout le XXe siècle, lequel n'hésitera pas à forger
parallèlement l'image d'un Offenbach «Belle Époque», «French-cancanisé» à souhait.
La contradiction n'est d'ailleurs pas aussi forte qu'on pourrait le croire, Second Empire
1. Cet article est la contraction de la fin du chapitre XVHI et de l'épilogue de notre ouvrage Jacques
Offenbach publié en 2000 dans la collection «NRF Biographies » chez Gallimard. Certains passages sont
repris textuellement, comme, par exemple, le paragraphe de conclusion.
HES 2003 (22e année, n° 2) 262 Histoire Économie et Société
et Belle Époque étant bien souvent confondus dans la même nostalgie d'une époque
dorée, un «bon vieux temps» dont on ne veut voir que le faste et la prétendue gaieté.
Peu importent les décennies qui les séparent puisque les idées reçues se superposent.
Comprendre comment les représentations d'un Offenbach «mythique» se sont
développées au cours du XXe siècle, tel est donc le but de cet article qui ne s'interdira
pas d'aborder la période très contemporaine - quitte à faire preuve d'une subjectivité
dont la seule excuse est d'être clairement affichée. On n'oubliera pas tout au long de
ce parcours qu' Offenbach lui-même a travaillé toute sa vie à se constituer un person
nage et, via la presse notamment, à entretenir une curiosité permanente pour sa per
sonne et son œuvre 2. Peu soucieux de pérenniser son œuvre 3 en rassemblant par
exemple ses partitions ou en surveillant de près l'édition, il était sans cesse absorbé
par l'opéra à venir - attitude qu'il a fort bien décrite dans un texte célèbre: «la pièce
qui naît fait oublier celle qui meurt; on ne fait point de comparaison, de
rapprochement; on ne cherche pas les analogies: c'est une série de tableaux qui fuient,
comme dans la lanterne magique [...]» 4. La postérité offenbachienne se ressent de
cette double attitude: certains poncifs sont issus, plus ou moins directement, de ce que
le musicien a dit ou fait dire de lui tandis que l'absence d'un fonds d'archives facil
ement accessible jointe à l'impéritie des héritiers a lourdement handicapé ceux qui voul
aient étudier avec rigueur le personnage et son répertoire. On n'oubliera pas non plus
que la carrière ď Offenbach ne s'est pas arrêtée brusquement avec son décès; l'énergie
créatrice du musicien était telle qu'elle s'est poursuivie encore plus d'une année: le 10
février 1881, Г Opéra-Comique créa Les Contes d'Hoffmann dont le succès fut très
grand. Cet opéra fantastique avait été précédé d'une autre création posthume, Belle-
Lurette, montée par le Théâtre de la Renaissance le 30 octobre 1880, trois semaines
après la mort du musicien. En mai 1881, ce même théâtre créait Mademoiselle Mouc
heron, une œuvre en un acte en attente depuis 1870. Alors qu'un buste d'Offenbach
était inauguré dans les jardins du Pavillon Henri IV à Saint-Germain-en-Laye en juillet
1881, la centième des Contes d'Hoffmann, dignement célébrée, marqua le moment où
le nom d'Offenbach s'effaça des affiches des théâtres parisiens. L'année 1887, malgré
une reprise d'Orphée aux Enfers à la Gaîté et une autre de La Grande-Duchesse de
Gérolstein aux Variétés, peut être considérée comme le point de départ de la vie pos
thume d'Offenbach. La mort de son épouse Her

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