La place des artistes dans la transformation d un paysage réflexion sur quelques expériences - article ; n°1 ; vol.10, pg 79-92
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Description

Publics et Musées - Année 1996 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 79-92
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 101
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laurence Vanpoulle
La place des artistes dans la transformation d'un paysage
réflexion sur quelques expériences
In: Publics et Musées. N°10, 1996. pp. 79-92.
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Vanpoulle Laurence. La place des artistes dans la transformation d'un paysage réflexion sur quelques expériences. In: Publics
et Musées. N°10, 1996. pp. 79-92.
doi : 10.3406/pumus.1996.1082
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1164-5385_1996_num_10_1_1082LA PLACE DES ARTISTES
DANS LA TRANSFORMATION
D'UN PAYSAGE : RÉFLEXIONS SUR
QUELQUES EXPÉRIENCES
Laurence Vanpoulle
L difficulté est d'arriver à définir la place et de
rôle des artistes face à la complexité d'un projet de paysage. Ces der
nières années beaucoup d'œuvres ont été réalisées à l'extérieur; pourt
ant, dans sa démarche l'artiste n'intègre pas forcément et directement la
question du paysage. La réalité de l'œuvre dans l'espace public ne peut
que modifier les rapports de formes et de sens et influer sur la perception
que les individus ont de ce site.
En effet, il est maintenant accepté que le paysage au-delà d'une
entité déterminée se définissant par des formes souvent perçues comme
immuables fait partie du champ culturel et social et se comprend aussi
par le regard «informé» que les individus portent sur un territoire. Les
projets de paysage impliquent les groupes entretenant des relations avec
ce paysage. Les maîtres d'ouvrage qui mandatent des artistes dans ce
contexte auront à gérer ces questions sociales et culturelles.
Ces relations existant entre habitants, visiteurs, leurs territoires et
leurs paysages, faites de strates superposées au fil du temps, d'histoires et
d'usages locaux, d'évolution culturelle des sociétés, doivent être prises en
compte lors d'intervention dans le paysage. Sa transformation nécessitera,
pour le public, une réappropriation, l'évolution pouvant être porteuse de
nouvelles images intéressantes et novatrices. À l'inverse, des conflits de
paysage peuvent éclater lors de trop grandes distorsions entre l'existant et
sa modification.
Les modes d'appropriation d'un territoire peuvent être multiples sui
vant les groupes sociaux qui s'y attachent. Le parcourir pour la prome
nade dominicale, pour sa beauté modèle de la nature représentée par les
peintres, y rêver ou y revenir pour trouver l'écho de souvenirs, l'avoir
choisi pour y vivre, et pour les agriculteurs le considérer en termes de
production sont autant de façons de s'investir dans un pays. Ces pratiques
figurent selon le terme de Michel Conan (1994, p.36) «les rapports de pro
priété» que des groupes sociaux différents entretiennent avec un même
territoire. Ces rapports peuvent concourir à son utilité économique, scien
tifique, politique ou relever de modes d'usage dit de loisir; ces derniers
regroupent une «multiplicité de formes de lecture d'un territoire qui sont
pratiquées [...] à partir de systèmes de décodage aussi différents que les
sciences de la nature, l'histoire sociale, la géographie, les arts et les
DOSSIER 79
PUBLICS & MUSÉES N°10 les traditions locales et le folklore, en bref à partir d'un ensemble lettres,
de commémorations culturelles». Un lieu où peuvent se superposer cer
taines de ces sensibilités ne devient paysage que par sa valeur emblémat
ique, de modèle ou de symbole, référents de l'identité d'un groupe.
Parmi les concepteurs qui interviennent dans le paysage, certains int
égreront ces dimensions sociales et culturelles, pour d'autres comme sou
vent les artistes, leurs projets auront des motivations indirectes par rapport
à ce concept. Nous allons nous questionner sur les raisons qui amènent à
choisir un artiste pour intervenir sur le paysage et envisager les actions,
modes de commande, sensibilisations, associations avec d'autres concept
eurs qui peuvent faciliter la relation de l'œuvre et de son «environnement»
social et culturel et en permettre une transformation raisonnée.
Faire travailler des artistes ne relève pas d'une évidence immédiate
lorsque l'on se trouve dans d'autres lieux que ceux habituellement att
achés à l'art.
POURQUOI FAIRE INTERVENIR DES ARTISTES
DANS LE PAYSAGE?
Les interventions d'artistes dans l'espace public, entendu dans le
sens fréquenté par tout un chacun, posent systématiquement la question
des nouveaux rapports qui vont être institués avec les usagers de cet
espace. Dans les sites dévolus à l'art, musées, galeries mais aussi jardins
les accompagnant, cette question se pose différemment. Les visiteurs ont
choisi de les fréquenter et les oeuvres y sont attendues. En revanche, dans
les lieux accueillant tous les publics, des questions d'usage et de sens
sont à gérer; il est nécessaire de comprendre leurs qualités d'existant et
les regards que les groupes sociaux leur portent pour préparer à leurs
transformations .
L'artiste qui accepte de travailler dans l'espace public, doit intégrer
un certain nombre de notions attachées à cet espace. C'est peut être là
que son travail et celui des paysagistes peut se rejoindre et se compléter.
Ils auront des notions culturelles ou esthétiques à partager et à mettre en
relation avec un existant.
Comment l'intervention d'artiste dans ou à propos d'un paysage peut
être envisagée par rapport aux processus de reconnaissances culturels
qui font le paysage? Pourquoi faire intervenir des artistes dont le travail,
pour l'essentiel, n'a pas pour objet direct le paysage ?
En tant que paysagiste j'ai eu l'occasion de mettre en place ce type
de programme soit dans le cadre du conseil à la maîtrise d'ouvrage soit
lors d'organisation d'expositions se déroulant en extérieur. Mon point de
vue s'attachera à analyser l'œuvre dans le cadre de l'aménagement de
l'espace ; je ne traiterai pas de sa valeur abordée sous l'angle du parcours
de l'artiste ou de son rapport à l'histoire de l'art.
Pour illustrer mon propos, trois projets d'artistes participant à la
transformation d'un paysage sont présentés : le mont de Sène, Pont-Royal
et le Rallye.
80
DOSSIER
PUBLICS & MUSÉES N°10 LE MONT DE SENE
L'exemple du projet de Markus Reatz au mont de Sène va nous per
mettre d'aborder toutes les étapes de la commande d'une œuvre d'artiste,
de la programmation à la sensibilisation des partenaires. La motivation
qui nous a conduit à proposer l'intervention d'un artiste sera détaillée1. Le
projet n'ayant pas été réalisé, nous analyserons les rapports qu'il aurait pu
entretenir avec le paysage, et ce qu'il en reste. Nous rappellerons égale
ment certaines des raisons qui ont conduit à son abandon.
Le site se trouve à la limite entre la Côte-d'Or et la Saône-et-Loire, le
projet concernant deux communes rurales. Les maîtres d'ouvrage désiraient
réhabiliter ce site naturel fréquenté par les touristes et les locaux, site ment
ionné dans le Guide vert. Le mont de Sène est un belvédère ouvert sur
toute la campagne environnante, une table d'orientation y avait existé. C'est
un site archéologique, les fondations d'un temple à Mercure sur la crête,
des tumulus et un dolmen en contrebas y ont été découverts au début du
siècle. Trois croix alignées ont été dressées sur le sommet à cette même
période, elles sont des repères dans le paysage. La fréquentation dénote un
intérêt du public qui semble actuellement essentiellement motivé par les
horizons lointains : y voir le mont Blanc par temps clair est la caractéristique
la plus citée par les habitants des villages alentour.
Programmation
Pour ce projet, les élus se préoccupaient de la surfréquentation et du
parking intensif qui détruisaient la pelouse calcaire. Un parking et une
répartition des usages de l'espace étaient à organiser. Cette demande ainsi
formulée se préoccupait de gestion et d'entretien de l'espace mais abso
lument pas des questions culturelles et d'histoire du lieu. Aucun concept
eur de l'espace autre qu'aménageur routier ne devait intervenir.
Dans le cadre de la programmation, nous avons d'abord app

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