« Le commerce de la mer». Les navires, les structures et le financement de l armement nantais (fin XVIIe-début XVIIIe siècle) - article ; n°2 ; vol.10, pg 195-225
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« Le commerce de la mer». Les navires, les structures et le financement de l'armement nantais (fin XVIIe-début XVIIIe siècle) - article ; n°2 ; vol.10, pg 195-225

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Description

Histoire, économie et société - Année 1991 - Volume 10 - Numéro 2 - Pages 195-225
Résumé Etudier le financement des armements maritimes nantais suppose d'abord que soit définie la fiabilité de nos sources. Or l'étude critique des possibilités de fraude révèle, à travers les affaires du «droit de vint livres par tête de noir» et celle de Mathurin Joubert quelle a été, au XVIIe siècle, l'importance de la fraude. L'enquête de 1664 montre que la flotte nantaise dépassait 3 000 tx, mais que cette flotte morutière se trouvait en déclin. La moitié de ces navires était d'origine nantaise. Le système de financement repose sur les parts de navires. Mais elles donnent une image assez déformée de la réalité : une bonne partie d'entre elles étant sous-traitée. On ne peut donc opposer armateur et «négociant seulement». La sous-participation se révèle un système très souple et particulièrement fiable.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 78
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Laurent Roblin
« Le commerce de la mer». Les navires, les structures et le
financement de l'armement nantais (fin XVIIe-début XVIIIe
siècle)
In: Histoire, économie et société. 1991, 10e année, n°2. pp. 195-225.
Résumé Etudier le financement des armements maritimes nantais suppose d'abord que soit définie la fiabilité de nos sources. Or
l'étude critique des possibilités de fraude révèle, à travers les affaires du «droit de vint livres par tête de noir» et celle de Mathurin
Joubert quelle a été, au XVIIe siècle, l'importance de la fraude. L'enquête de 1664 montre que la flotte nantaise dépassait 3 000
tx, mais que cette flotte morutière se trouvait en déclin. La moitié de ces navires était d'origine nantaise. Le système de
financement repose sur les parts de navires. Mais elles donnent une image assez déformée de la réalité : une bonne partie
d'entre elles étant sous-traitée. On ne peut donc opposer armateur et «négociant seulement». La sous-participation se révèle un
système très souple et particulièrement fiable.
Citer ce document / Cite this document :
Roblin Laurent. « Le commerce de la mer». Les navires, les structures et le financement de l'armement nantais (fin XVIIe-début
XVIIIe siècle). In: Histoire, économie et société. 1991, 10e année, n°2. pp. 195-225.
doi : 10.3406/hes.1991.1574
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1991_num_10_2_1574COMMERCE DE LA MER» «LE
LES NAVIRES, LES STRUCTURES
ET LE FINANCEMENT
DE L'ARMEMENT NANTAIS
(fin XVIIe-début XVIIIe siècle)
par Laurent ROBLIN
Résumé
Etudier le financement des armements maritimes nantais suppose d'abord que soit définie la
fiabilité de nos sources. Or l'étude critique des possibilités de fraude révèle, à travers les affaires du
«droit de vint livres par tête de noir» et celle de Mathurin Joubert quelle a été, au XVIIe siècle,
l'importance de la fraude. L'enquête de 1664 montre que la flotte nantaise dépassait 3 000 tx, mais que
cette flotte morutière se trouvait en déclin. La moitié de ces navires était d'origine nantaise. Le
système de financement repose sur les parts de navires. Mais elles donnent une image assez déformée
de la réalité : une bonne partie d'entre elles étant sous-traitée. On ne peut donc opposer armateur et
«négociant seulement». La sous-participation se révèle un système très souple et particulièrement
fiable.
AVANT-PROPOS
Cette étude reprend les principales conclusions des deux premières parties de
notre thèse de doctorat de 3ème cycle1. L'étude de la flotte commerciale nantaise men
ait tout naturellement à celle du prix des navires et du coût des armements, puis à
l'analyse des structures et du financement du commerce maritime de la ville. Les tro
isième et quatrième parties étaient ensuite respectivement consacrées aux différents
axes de ce commerce et aux «négociants de la meD>. Notre objectif n'est pas ici de r
ésumer l'ensemble de cette recherche, mais de présenter quelques uns des thèmes trai
tés ainsi que les principales sources que nous avons exploitées.
Nous avons aussi tenu à mentionner rapidement dans un chapitre en forme de
préambule deux des épisodes les plus significatifs de la guerre feutrée que livrent les
négociants du royaume contre tout ce qui peut entraver leur recherche du profit maxi
mum. Pendant les années où nous avons travaillé dans les archives et bibliothèques
tant nantaises que parisiennes, nous en effet toujours gardé à l'esprit cette for
mule d'un commissaire nantais extraite d'un mémoire daté de 1 7032 : «Les marchands
n'appréhendent rien tant que la contrainte, et, quelque difficulté qu'ils y trouvent, ils
appliquent toute leur intelligence ou à les surmonter, ou à les éluden>. . . 9 6 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE 1
«LES RISQUES DU METIER»
«Des fraudes et des abus dont le commerce est naturellement rempli»3.
«Les risques du métien>... ; non pour les marchands nantais qui sont très rar
ement sérieusement inquiétés, mais pour le chercheur qui doit à tout instant se remettre
en question et tenir compte de multiples «impondérables»4. Or, il est toujours très dif
ficile d'évaluer quantitativement l'ampleur des fraudes et des contrebandes. Un simple
repérage qualitatif pose déjà problème. Les rares documents nantais qui permettent,
comme c'est le cas dans les deux exemples présentés rapidement ici, une analyse
approfondie des «mécanismes» de la fraude et de ses implications économiques et
sociales, n'en ont que plus de valeur.
Le droit de «vints livres par teste de noir»
La première affaire est liée à l'instauration en 1716 d'un nouveau droit, qui im
pose le paiement d'une taxe de vingt livres par «teste de noin> introduite dans les
colonies. Le Commissaire Ordonnateur de la Marine à Nantes, Nicolas Philippe Carré,
Seigneur de Lusançay, envoie au Conseil un premier «estât de ce que les négociants
doivent au Roi», le 9 juillet 17185. Il précise qu'il a dressé ce mémoire en collabora
tion avec un des principaux armateurs de la ville, René Montaudoin, après avoir fait
assembler l'ensemble des négociants. Cette procédure est pour le moins remarquable !
Mais le Commissaire est en poste à Nantes depuis trop longtemps pour ne pas manif
ester quelque faiblesse vis-à-vis de ses administrés ; un «missi dominici» qui s'ins
talle devient vite indépendant par rapport au pouvoir et perd de son efficacité.
Le mémoire de Lusançay - en fait le mémoire des armateurs nantais - débute ainsi
par un long plaidoyer intitulé : Raison des négociants de Nantes au sujet des vaisseaux
négriers qu'ils ont envoyé à la coste de Guinée. Les négociants veulent subordonner le
paiement du droit à la pleine exécution de la contrepartie accordée par les lettres pa
tentes du mois de janvier 1716 ; il s'agit de l'exemption du demi-droit pour les mar
chandises achetées avec l'argent provenant de la vente des noirs et rapportées par les
vaisseaux négriers. Malgré l'arrêt du Conseil du 25 janvier 1716 qui spécifiait que les
navires envoyés dès 1713 jouiraient de cette même exemption, le fermier du Domaine
d'Occident refusait en effet de rembourser les sommes qu'il avait perçues sur les pre
miers retours.
Suivait le décompte des navires armés à Nantes pour la traite, accompagné du
nombre des noirs portés aux Antilles6.
Dans l'attente d'un règlement global, les négriers nantais décident de boycotter
totalement le nouveau droit. L'affaire n'est relancée que trois ans plus tard, en 1 72 1 , à
une date où la mort de Lusançay prive nos négociants de leur plus fidèle soutien. Le
nouveau Commissaire Ordonnateur, Bigot de la Mothe, entreprend de dresser un
nouvel état des navires armés à Nantes ; il se penche sur les livres du Bureau des
Classes qu'il se propose de confronter avec les registres de l'Amirauté. Il sollicite NAVIRES, LES STRUCTURES ET LE HNANCEMENT DE L'ARMEMENT NANTAIS 197 LES
aussi le Conseil de lui faire parvenir un mémoire certifié des intendants ou ordonnat
eurs des colonies, recensant l'ensemble des nègres introduits aux îles depuis le mois
de novembre 1713. Ce mémoire, précise-t-il, peut «servir à relever des obmis-
sions»...7
Dans le même temps, il porte l'affaire devant la juridiction de l'Amirauté, sans se
faire pourtant trop d'illusions :
«A moins que S.A. S. Monseigneur l'Amiral ne veuille donner des ordres précis auxdits juges
de l'Amirauté, c'est une affaire à ne jamais finir, la plupart se trouvant ou parens ou intéressés
avec les négociants qui doivent»8.
Bigot de la Mothe, très actif, accentue la pression sur les négociants en contestant
le 3 1 mars 1 722 la validité des listes établies par son prédécesseur, le commissaire De
Lusançay :
«On doit d'autant moins faire attention à cet estât qui paroist comprendre tous les vaisseaux
armés pour la traitte des noirs depuis novembre 1713 jusqu'en 1719 que j'y trouve vingt navires
d'obmis»9.
Vingt navires «volatilisés» sur un total de ... 39 !

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