Le tabagisme chez les jeunes au Canada
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Le tabagisme chez les jeunes au Canada

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2 Le tabagisme chez les jeunes au Canada par Warren Clark Les années qui séparent l’enfance de l’âge adulte sont une période de transition pendant laquelle les jeunes gens prennent conscience de leur personnalité et développent leur indépendance. Au cours de cette période, ils vont parfois s’adonner à des pratiques risquées pour la santé dans l’espoir de s’intégrer à un groupe, d’améliorer leur image en société ou d’affirmer leur maturité et leur 1autonomie . Fumer est l’une de ces pratiques qui comportent des risques, puisque l’usage du tabac est non seulement l’une des principales causes du cancer du poumon, mais aussi un facteur de risque associé à de nombreuses autres Pour le présent article, on a utilisé les données de maladies. De fait, les recherches montrent que sur l’Enquête sur le tabagisme chez les jeunes, qui a été l’ensemble des décès enregistrés au Canada au début des menée en 1994, pour montrer la prévalence du tabac années 90, près de 20 % étaient attribuables à la chez les enfants et les adolescents au Canada ainsi que 2consommation du tabac . La cigarette est donc la les conditions et les milieux sociaux qui influent sur leur première cause de maladie, d’incapacité et de décès comportement. prématuré que l’on pourrait prévenir au Canada. Dans la plupart des cas, l’habitude de fumer s’acquiert Fumer est une «initiation» Les jeunes gens envisagent pendant l’adolescence. Il peut s’écouler des dizaines souvent de fumer pour affirmer leur maturité, faire face d’années avant que les effets dangereux du tabac à une situation stressante, s’intégrer à un groupe ou commencent à se manifester, mais la santé des jeunes afficher leur indépendance vis-à-vis de la famille. Après fumeurs est immédiatement exposée à de nombreux avoir fait une première expérience «initiatique» de la risques, tels que l’accoutumance à la nicotine, l’affai- cigarette, et selon la réaction de leur entourage, ils vont blissement des fonctions pulmonaires, de la toux et la commencer à fumer en société et de plus en plus souvent. respiration sifflante, l’aggravation des tendances Enfin, une certaine dépendance à la nicotine risque de 3asthmatiques et d’autres types d’insuffisance respiratoire. s’installer, et la cigarette risque de devenir une nécessité . oTENDANCES SOCIALES CANADIENNES – HIVER 1996 STATISTIQUE CANADA – N 11-008-XPF AU CATALOGUE q q q 3 En 1994, près de 15 % des enfants et des L’Enquête sur le tabagisme chez les fumeurs habituels, et plus des trois quarts adolescents âgés de 10 à 19 ans (580 000) jeunes a montré de son côté qu’environ d’entre eux fumaient chaque jour. La ten- étaient des fumeurs habituels et 7 % 5 % des enfants âgés de 12 ans se situaient tation d’expérimenter la cigarette paraît (256 000), des fumeurs débutants. Le pour- dans la catégorie des fumeurs, bien que être à son point culminant au début de centage des fumeurs était le même chez les peu de ces enfants fumaient tous les l’adolescence, puisque 12 % des adoles- filles et chez les garçons, mais la consom- jours. Par contre, près du tiers des cents de 14 ans étaient des fumeurs mation des garçons était un peu plus adolescents âgés de 19 ans étaient des débutants, alors que ce pourcentage élevée que celle des filles. Les garçons qui fumaient tous les jours consommaient en moyenne 13,2 cigarettes quotidiennes, alors COMPLÉMENT D’INFORMATION TSC que les filles n’en consommaient que 11,5. Les fumeurs débutants commencent parfois par faire une première expérience de la cigarette en ne fumant que de L’Enquête sur le tabagisme chez les jeunes de 1994 temps en temps, et si les effets phy- siologiques leur paraissent négatifs, il L’Enquête sur le tabagisme chez les jeunes a été réalisée par Statistique Canada arrive qu’ils ne recommencent jamais. En en 1994 à la demande du ministère fédéral de la Santé. Spécialement conçue 1994, 12 % des jeunes gens entraient pour s’adresser aux jeunes gens de 10 à 19 ans, cette enquête a permis, pour la dans la catégorie des anciens fumeurs première fois depuis 1978, d’interroger dans tout le Canada des enfants et des débutants. Cependant, lorsque les pairs, adolescents âgés de 10 à 14 ans sur leur comportement et leur attitude à l’égard les parents ou d’autres membres de leur de la cigarette. Près de 14 300 élèves de 10 à 14 ans ont été sélectionnés à par- entourage adoptent une attitude permis- tir d’un échantillon aléatoire établi parmi les établissements scolaires situés dans sive ou considèrent que fumer en société les 10 provinces. Suivant les instructions d’un intervieweur de Statistique est acceptable, ils risquent de se mettre à Canada, ces élèves ont répondu à un questionnaire par écrit. Parallèlement, fumer de plus en plus souvent. 9 500 autres jeunes gens âgés de 15 à 19 ans étaient interrogés au téléphone. Il est courant que les jeunes gens s’effor- Pour l’Enquête sur le tabagisme chez les jeunes, on a quelque peu modifié cent d’arrêter de fumer, mais le résultat de les définitions utilisées dans les enquêtes précédentes sur l’usage du tabac. leurs efforts est généralement de courte Dans ces enquêtes, en effet, tous les consommateurs de tabac étaient comp- durée. Près de 44 % des fumeurs habituels tés comme des fumeurs, sans qu’il soit tenu compte de l’amplitude de leur avaient réussi à cesser de fumer pendant expérience. Pour l’enquête de 1994, on a voulu faire la distinction entre les répondants qui venaient de commencer à fumer (fumeurs débutants) et lesmoins d’un mois, 20 % pendant moins de répondants qui fumaient déjà régulièrement (fumeurs habituels ou fumeurs).douze mois, et seulement 2 % pendant une Dans le présent article, les termes «fumeurs» et «fumeurs habituels» sontannée ou plus. Seulement 1 % des jeunes utilisés indifféremment.gens entraient dans la catégorie des anciens fumeurs, ce qui laisse supposer qu’il est Un fumeur habituel (ou fumeur) a fumé au moins 100 cigarettes dans plus difficile d’arrêter de fumer une fois le sa vie et a fumé au cours des 30 jours qui ont précédé l’enquête. stade de l’expérimentation passé. – Un fumeur habituel quotidien a fumé au moins 100 cigarettes dans sa vie et a fumé au moins une cigarette par jour au cours des 30 jours L’habitude de la cigarette se contracte qui ont précédé l’enquête. jeune et sa prévalence augmente avec – Un fumeur habituel non quotidien (occasionnel) a fumé au moins l’âge D’après l’Enquête sur le tabagisme 100 cigarettes dans sa vie et a fumé au cours des 30 jours qui ont au Canada menée en 1994, 84 % des précédé l’enquête, mais pas tous les jours. fumeurs canadiens adultes avaient com- Un ancien fumeur a fumé au moins 100 cigarettes dans sa vie, mais n’amencé à fumer avant l’âge de 20 ans. pas du tout fumé au cours des 30 jours qui ont précédé l’enquête.Apparemment, les personnes qui n’ont Un non-fumeur a fumé moins de 100 cigarettes dans sa vie. La catégoriejamais fumé pendant l’enfance et des non-fumeurs comprend les sous-catégories suivantes :l’adolescence ne commenceront jamais. – Un fumeur débutant a fumé de 1 à 99 cigarettes dans sa vie et a 1. Department of Health and Human Services des fumé au cours des 30 jours qui ont précédé l’enquête. États-Unis, Relationship between cigarette smok- ing and other unhealthy behaviors among our – Un ancien fumeur débutant a fumé de 1 à 99 cigarettes dans sa vie, nation’s youth: United States, 1992, statistiques mais n’a pas fumé au cours des 30 jours qui ont précédé l’enquête.de l’état civil et de la santé des centres de contrôle et de prévention des maladies et du centre natio- – Un totalement non-fumeur a fumé moins d’une cigarette entièrenal des statistiques sur la santé, données oanticipées, n 263, 24 avril 1995. dans sa vie. 2. Eva M. Makomaski Illing, Murray J. Kaiserman, • Pour des renseignements complémentaires, consulter l’Enquête de 1994 sur le «Mortality Attributable to Tobacco Use in Canada otabagisme chez les jeunes, Santé Canada, produit n H49-98/1994F au catalogue.and its Regions, 1991», Revue canadienne de osanté publique, vol. 86, n 4, juillet-août 1995. (Pour 1991, on estime que 41 408 décès étaient attribuables à l’usage du tabac.) oSTATISTIQUE CANADA – N 11-008-XPF AU CATALOGUE TENDANCES SOCIALES CANADIENNES – HIVER 1996 4 n’était que de 4 % chez les adolescents âge on commence à fumer pour imiter ou un adolescent avait d’amis fumeurs, plus de 19 ans. ses amis. Les jeunes gens de 10 à 14 ans il était susceptible de fumer lui-même. ont ajouté d’autres raisons : 56 % d’entre Environ 8 % des jeunes gens âgés de 10 à Les amis ont une influence consi- eux ont déclaré que l’on commence à 19 ans dont un seul ami fumait étaient eux- dérable sur le comportement des fumer par curiosité, 46 % parce que «c’est mêmes des fumeurs habituels, mais le jeunes gens Les pairs exercent une cool», et 45 % parce que les copains les pourcentage grimpait à 42 % chez les jeunes influence profonde sur le comportement plus populaires fument. gens dont cinq amis ou plus fumaient. Par des jeunes gens. Près des trois quarts des Dans l’Enquête sur le tabagisme chez les contre, les jeunes gens dont aucun ami enfants et des adolescents âgés de 10 à jeunes, la relation entre l’exemple des amis proche ne fumait étaient généralement des 19 ans ont répondu à l’enquête qu’à leur et la cigarette est évidente : plus un enfant non-fumeurs, puisque seulement 1 % de ces jeunes gens étaient des fumeurs habituels et 2 %, des fumeurs débutants. Les catégories de fumeurs de cigarettes TSC L’attitude des parents influence le comportement des enfants... La désap- Groupe d’âge probation des parents pourra dissuader les 10 à 19 ans 10 à 14 ans 15 à 19 ans enfants de commencer à fumer, ou au % contraire les inciter à fumer en cachette. Dans l’Enquête sur le tabagisme chez lesTotal 100 100 100 jeunes, les fumeurs débutants ont souventFumeur habituel 15 7 24 répondu que leurs parents ignoraient qu’ils Fumeur quotidien 10 2 18 fumaient. Cependant, l’exemple des Fumeur occasionnel 5 4 6 parents qui s’abstiennent de
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