Bois-énergie et dynamisation de la sylviculture: un danger pour la forêt morvandelle?
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Publié le 14 juillet 2016
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Langue Français

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Bois-énergie et dynamisation de la sylviculture: un danger pour la forêt morvandelle? Parmi les recommandations du Grenelle de l’Environnement il est proposé d’atteindre 20% d’énergies renouvelables en 2020. Forts de ces conclusions le Ministère de l’Agriculture et l’ADEME(Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Énergie) préconisent de développer la production de bois à des fins énergétiques et un Comité Interprofessionnel du Bois-Énergie a été créé pour valoriser cette filière. Les conséquences en sont inéluctables: raccourcissement des rotations sylvicoles, sélection d’essences à croissance rapide et exploitation totale des houppiers. Comme d’autres énergies renouvelables telles que les bio-carburants, les effets pervers à long terme l’emportent sur les avantages immédiats à court terme.  Il est nécessaire de rappeler que l’acidification des sols, un des principaux risques environnementaux à l’échelle de la planète, n’est pas seulement due à la pollution atmosphérique (d’origine industrielle ou agricole) mais en bonne partie aussi à la... croissance des arbres!! Le mécanisme est connu (il s’agit d’un déséquilibre ionique au niveau de l’alimentation racinaire) mais il est inéluctable et ne peut être compensé que par la cessation totale des récoltes, ce qui est bien entendu incompatible avec l’exploitation forestière. Ce phénomène est cependant contrebalancé par la décomposition de la litière et par l’altération minérale, c’est-à-dire la libération d’éléments nutritifs (potasse, phosphore, calcium, soufre, fer, manganèse, etc...) par la roche, par les apports atmosphériques et le colluvionnement, qui contribuent à enrichir les sols. Lorsque la croissance des arbres est lente, décomposition et altération compensent dans une certaine mesure l’appauvrissement des sols qui résulte de la croissance des arbres et ralentissent donc le phénomène d’acidification si la forêt est exploitée de façon raisonnable, c’est-à-dire sans excès. Toute accélération de la croissance et de l’exportation du bois (les deux vont de pair) va donc créer un déséquilibre, sauf sur les très bons sols (a priori plus propices à l’agriculture qu’à la sylviculture) et générer de l’acidité qui ne pourra plus être compensée. Les sols vont donc se dégrader et devenir de moins en moins productifs. Le phénomène qui a vu le jour dans les sols agricoles depuis la mécanisation de l’agriculture et le recours systématique aux intrants (pesticides et fertilisants), va apparaître à son tour dans nos forêts: pour maintenir la production au niveau du marché, il va falloir recourir à la fertilisation et donc épandre des engrais ou des amendements calciques sur des surfaces énormes. C’est actuellement le cas dans la forêt landaise et il est probable que cette pratique va se généraliser sur la totalité de la surface forestière de la France. Cette course sans fin (courir pour ne pas tomber) est ce qui nous pend au nez si des précautions ne sont pas prises dès maintenant pour parer à ce danger:  Interdire la production de bois-énergie et le raccourcissement des rotations sur les sols les plus pauvres  Favoriser des essences tolérant l’acidité et dont la litière se décompose facilement, comme par exemple le chataîgnier, d’utilisation traditionnelle dans le Morvan l’introduction d’essences exotiques à croissance rapide (par exemple l’eucalyptus), Interdire auxquelles les sols et leurs habitants (les organismes décomposeurs: bactéries, champignons, vers de terre...) sont inadaptés: le cas du Portugal est exemplaire!!  Le Morvan, qui est une des principales régions productrices de bois en France, ne va pas être épargné par les incitations qui ne vont pas manquer de se faire jour auprès des propriétaires forestiers privés, avides de voir la forêt rapporter (à nouveau) de l’argent, et cette fois-ci sur le très court terme. La menace est donc également financière et il est bien dommage que la vision protectionniste de l’environnement (coûteuse sur le court terme mais rentable sur le long terme: les générations futures de Rio!) ait été remplacée par une vision utilitariste, qui va être catastrophique pour les mêmes générations futures. JF PONGE Professeur émérite du Muséum National d’Histoire Naturelle, Membre du Conseil Scientifique du GFSFM [th/:ptgnoPth.elmiechFis/aincranF/selleudividnIsrv.cniodi.mab/wwweuEsrbqi/ruRsrf.]
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