NATURE et PERCEPTION
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Peu importe l’endroit, peu importe le continent, peu importe la culture, à toutes les fois que je montrais ces photos, la même question revenait sans cesse : c’est quoi çà ? Je me faisais alors un devoir de ne rien dévoiler, de laisser planer le mystère afin que chacun puisse en fin de compte y découvrir un sens, une réalité, une explication qui lui soit propre. Il en est ainsi de la nature en général. La nature est un merveilleux mystère que l’homme tente de déchiffrer. En ce sens, la nature n’est que perception. La physique quantique en notre siècle, va encore plus loin lorsque qu’elle admet que l’acte même de perception par l'observateur et la chose observée forment un seul et même système. C'est l'acte même d'observation et la prise de conscience qu'il entraîne qui concrétise la réalité, la matière observée. Un document de 47 pages illustré de plus de 35 photos insolites et pourtant bien réelles qui nous questionne sur notre rapport avec la poésie de la nature.
«Le monde visible ne devient le monde réel que par l’opération de la pensée» (Gleizes, Metzinger)

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Publié le 17 juillet 2013
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

1 Tout n est que perception. occidentale en fournit un ©Claude Paquet bon exemple. Si bien Peu importe lendroit, peu importe le continent, peu que lexplication de la importe la culture, à toutes les fois que je montrais nature est à la fois ces photos, la même question revenait sans cesse mythique, religieuse, : cest quoi çà ? Je me faisais alors un devoir de ne m é t a p h y s i q u e , rien dévoiler, de laisser planer le mystère afin que scientifique, romantique chacun puisse en fin de compte y découvrir un et jen passe. Le sens, une réalité, une explication qui lui soit propre. dictionnaire français Littrée donne au mot Il en est ainsi de la nature en général. La nature est nature plus de 29 sens un merveilleux mystère que lhomme tente de et acceptions tandis déchiffrer. En ce sens, la nature nest que quun certain Lovejoy lui perception. La physique quantique en notre siècle, accorde plus de 66 sens différents. va encore plus loin lorsque quelle admet que lacte même de perception par lobservateur et la chose En Occident, le projet ontologique de la modernité observée forme un seul et même système. Cest aura été de simplifier la complexité. Au lieu de lacte même dobservation et la prise de conscience comprendre la nature dans sa complexité, nous quil entraîne qui concrétise la réalité, la matière lavons simplifié en y transposant ce que nous observée. sommes, un fragment aura donc servi à totaliser le Tout, sorte dhomonisation de la nature par sa «Le monde visible ne devient le monde réel que domination. par l opération de la pensée» (Gleizes, Metzinger) Alors que le monde grec sait déjà que la terre est De la préhistoire à nos jours, la nature est passée une sphère et quil en a établi les dimensions à peu sous lil inquisiteur des différentes sociétés qui de chose près, elle restera pour les chrétiens un tentèrent de lexpliquer par loriginalité de leur disque pendant 1 500 ans encore; lêtre humain y propre perception. La différence entre la vision occupant la place centrale. Léglise, notre Sainte orientale bouddhiste où tout est dynamique et le Mère lÉglise remplace la Terre-Mère universelle. dualisme statique-dynamique de la science
Lastrologue, le forgeron, lalchimiste, tous rêvent de moyens rapides pour arriver à dominer le milieu. Le rêve oriente lactivité humaine. La magie devient un raccourci par lequel lhomme veut pénétrer le secret et le mystère de la vie. La grande originalité de lalchimie fût de créer les instruments qui permirent les actes de broyer, moudre, brûler, distiller, dissoudre la matière ainsi que lobservation des résultats. Lalchimie a été le pont qui a permis à limagination datteindre les rives de la science». (Mumford, Technique et civilisation, 1953)
 au ra atten re e oyen- ge o sous n uence des Arabes, des mathématiques, la rechercheCopernic et Galilée furent les premiers à démolir la expérimentale, les sciences exactes de la nature vision chrétienne du monde. inspirées des Grecs soient réintroduites en Europe. Un mouvement sempara des esprits. t«iIql u (l e u s n , i  v e e t r l s e ) se spte érscroitn ndaagnes sl ee lna nsgoantg lee ds etrsi amnagtlehsé, mleas-«Pour lalchimiste, la nature livre ses secrets par lacercles et autres figures géométriques, sans connaissance scientifique et la contrainte magique lesquelles il est humainement impossible d en com-des sciences occultes. Lalchimiste perpétue le prendre un seul mot; sans elles, nous partons à tmecythhnei qudeu dfeo trrgaenrsomn utdaeti olna  dep rléah imstaotiirèer e. etT oudjeo ulrasl S a ag v i e at n o t r u e r c e i  d p a a n r s S  til u lm n an o  b D s ra c k u e r   in l  a D b is y c r o in u t rs h e e s » a . n(d GOalpiliénieo, nIsl  of Galileo, Doubleday Anchor Books, N.Y. USA, 1957, p.237-empreint de «religiosité», cest le drame mystique 238) de dieu, sa vie, sa mort, sa résurrection, qui est projeté sur la Matière pour la transmuer. Avec Galilée samorce une véritable crise de Lalchimiste traite la Matière comme le «prêtre», le civilisation: la terre nest plus le centre du monde, devin, interprètent les Mystères. La Matière cest la terre qui tourne autour du soleil et non transmuée acquiert le symbole de limmortalité (Or) linverse.. Par cette seule affirmation, Galilée met et de la rédemption par loeuvre alchimiste. fin à près de vingt et un siècles dune conception de
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lunivers clos telle que propagée par la Bible depuis que partageant les vues de Galilée ainsi que la lAntiquité jusquau Moyen Age. Toute une vision du révolution scientifique qui samorce, Descartes monde sécroule. Lhomme se retrouve perdu et comprit quil fallait redonner à lhomme une place seul dans linfini où lhomme nest plus le centre. dans linfini sous peine danathème et de réclusion sociale. 1632 marque lannée où la nature est déchue, vaincue.Maintenant conquise, la déesse archaïque de la Terre-Mère est vidée de sa substance spirituelle pour déchoir vers la disgrâce de son nouvel attribut ; la nature est une machine.
Les signes naturelles signalant la présence de Dieu deviennent des abstractions mathématiques et géométriques. Contrairement à Pythagore pour qui les mathématiques représentaient la pensée de Dieu et la nature sa symphonie, avec Galilée, les mathématiques deviennent des lois pures et dures, froides tandis que la nature amorce sa décadence. La nature est ainsi dépouillée de ses formes, de ses couleurs, de ses odeurs, en somme, la substance intrinsèquement divine remplacée par des concepts mécaniques.
Lhomme en est décentré spirituellement et psychologiquement. Cette «hérésie» de Galilée Puisque la première certitude est celle de mon sera sévèrement jugée par le tribunal de existence révélé par la conscience, par la pensée lInquisition : Galilée devra se rétracter sous peine (Je pense donc je suis) et que le néant, linfini, la de mort. Descartes saura très bien analyser le nature, ne peuvent pas penser, alors je, ma contexte théologique de lépoque et sempressera conscience dêtre, est le point dappui de toute de redéfinir la place de lhomme dans linfini. Bien connaissance.
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Cest par ma conscience que le monde, les naturel sur une base purement mécanique, galaxies, les planètes, la nature, lautre existent. Descartes transféra lordre divin à la machine, celle Descartes vient de déposer à nouveau lhomme sur qui assouvira notre désir de domination. Dans son le trône de lunivers, inspirée par la théologie Discours de la Méthode , il observe: chrétienne. En actualisant lIncarnation de Dieu dans le Je, Descartes déjoue lInquisition et Car elles (les difficultés en physique) mont fait voir quil redonne à la lhomme une position est possible de parvenir à des connaissances qui anthropocentrique. soient fort utiles à la vie; et quau lieu de cette philosophie spéculative quon enseigne dans les Avec Descartes, lhomme est déposé sur le trône écoles, on en peut trouver une pratique, par de lunivers. Lespace devint réel; il sagit alors de laquelle, connaissant la force et les actions du feu, se lapproprier, le temps est réel; alors divisons-le de leau, de lair, des astres, des cieux et de tous en heures et minutes, la matière est réelle; les autres corps qui nous environnent, aussi codifions-la en la mesurant et la pesant. distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions «Oui la nature peut-être mesurer mais l homme employer de la même façon à tous les usages ne doit pas en être la mesure» (Marie Victorin). auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre maîtres et possesseurs de la nature Ce désir de dominer la nature orienta lesprit humain vers lextérieur et suggéra le besoin dagir Ainsi lhomme nest pas perdu dans lunivers mais sur ce monde et ainsi créer les instruments seulement égaré et seule la science lui permettra nécessaires pour y parvenir. La méthode de retrouver son chemin. Avec Descartes, lunivers scientifique naissante permit de simplifier le devient mécanique, machiniste, technologique et complexe, disoler les éléments entre eux. La lhomme en est le maître. La nature est un chose science se spécialisa en concentrant lanalyse matérielle, une machine coupée de toute réalité uniquement sur le monde matérielle, elle devait en spirituelle. effet dé-spiritualiser la nature. Poursuivant sur sa lancée, Descartes propose Dorénavant, la nature est associée à un ensuite la thèse selon laquelle il est impossible de mécanisme, une machine. En décrivant le monde trouver une différence entre lanimal et la machine.
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9 Spinoza, quant à lui, déclara que les humains sont Ce désir de dominé la nature orienta lesprit humain en droit « de se servir des bêtes à notre guise et vers lextérieur et suggéra le besoin dagir sur ce de les traiter selon ce quil nous convient le mieux monde et ainsi créer les instruments nécessaires puisquelles ne saccordent pas avec nous par pour y parvenir. La méthode scientifique de nature et que leurs sentiments sont, par nature, lépoque permit de simplifier le complexe, disoler différents des sentiments humains ». Finalement, le les éléments entre eux. La science se spécialisa en philosophe Fichte compléta le tableau et affirma concentrant lanalyse uniquement sur le monde dans sa doctrine du droit naturel en 1796, que tous matérielle, elle devait en effet dé-spiritualiser la les animaux domestiques sont «sous la tutelle» de nature de ses mythes archaïques. lhomme en vue «dune utilisation régulière» et ne sont que «propriété». Quant aux animaux «La nature de Galilée, écrite en langage sauvages, ils sont «nuisibles» et «considérés mathématique, la nature de Descartes, où tout se comme un ennemi ». Voilà comment a été formulé fait par matière et mouvement est bien loeuvre du ce qui en Occident fait figure de lieu commun : Dieu créateur. Mais ce Dieu, léternel géomètre lanthropocentrisme ne reconnaît pas de droit à la de Voltaire, est en réalité la plus formidable créature, il ne connaît que les hommes et ses caution que la raison humaine ne se soit jamais besoins qui perpétueront, comme plusieurs donnée dans sa conquête de la nature.» (Jacques sociétés antiques auparavant, lasservissement Roger, La science nous renvoie notre image in Série sciences des hommes à travailler comme des bêtes de en société no.9, Autrement, avril 1993, p.131) somme : lesclavagisme comme concept de la cupidité humaine et, au pire, à éliminer ceux qui Cest dans les ouvrages théoriques intitulés résisteront. Principia et Opticks que Newton postule que tous les phénomènes observés impliquent une Depuis le paléolithique, lhomme nà cessé de créerfdoersmcrei ptdioe n mmaastsheé, mdatei qtuaei llee,t  dgeé ovmoélturimqeu e ets oduse des outils de plus en plus sophistiqués pour accroître le pouvoir de lhumain sur sonpmrionucvipeemse dntes la:  gDéioeum éat ricer éeét  dlee  lomios nmdaet hàé pmaarttiir des environnement et ainsi assurer sa survie. Comme ques. nos ancêtres australopithèques qui accordaient auxL«uOnr darreb rme éceastn iuqnuee  smuaccchéidnae  àà l foardbrrieq duee rl ad nuatbuories»:. outils un aura spirituel, la machine deviendra la (Descartes)  nouvelle déesse profane de lhomme moderne.
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11 Grâce à la révolution scientifique, lespace, le Auparavant, dans lAntiquité et au Moyen Âge, les temps, la matière devinrent des entités choses, les corps révélaient leur essence à algébriques, géométriques. La science naturaliste lhomme par la contemplation qui permettait à lêtre néchappa pas à cette tyrannie instrumentale; elle de se rapprocher du divin. Avec Galilée, Descartes tenta elle aussi de hiérarchiser la nature à partir de et Newton, nous assistons au dépouillement du réel lhomme comme valeur suprême et chercha à partir et à léviction de Dieu de la matière. de cette perception à établir lorientation de nos choix. Le Royaume de Dieu est aux cieux, celui de lhomme sur terre. Ainsi le désir de lhomme La nature existait pour être explorée, pour être moderne nest plus de contempler la création mais envahie; elle devait être conquise pour être dagir et transformer les choses qui lentourent ce comprise. La machine devient linstrument de cette qui implique la mutation suivante : lhomme ne connaissance et lordre divin fut transférer à la cherche plus son salut dans lau-delà mais ici-bas. machine ; Dieu devint le «grand horloger» de lunivers. Le mépris affiché par lÉglise envers la Agir sur le réel, voici donc le travail de lartisan, de nature et le corps humain - le corps tend à la lingénieur propulsé au premier rang. Le corruption - ouvrit toute grande les portes aux développement des techniques est non seulement visions mécaniques et machinistes de la science. une révolution matérielle mais aussi un La machine, par sa copie des fonctions et des bouleversement cosmologique et bien sûr membres du corps, ne projetait que la vision dun métaphysique. Toute la conception cosmologique corps mutilé déjà martyrisé, flagellé, haï par la de lUnivers, toute la conception traditionnelle des religion. objets et des formes que lhomme avait patiemment mise en place seffondre comme un jeu de carte. Usurpant le pouvoir de création à Dieu, Galilée, Au yeux de lhistorien des sciences Alexandre Descartes, Newton, devinrent les démiurges de la Koyré, il sagit «de la révolution la plus profonde modernité, les instigateurs du coup dÉtat accomplie ou subie par lesprit humain depuis métaphysique amenant à la divination de lhomme. linvention du Cosmos par les Grecs». Cest exactement dans cet optique que sest Mais surtout, agir sur le réel implique que le monde accompli la grande révolution scientifique. est imparfait donc perfectible, que la nature est
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