ANTIQUITÉS GRECQUES
Georg Friedrich Schœmann
Traduction de l'allemand par Charles Galuski
Paris - 1884-1885
TOME PREMIER
TOME PREMIER
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE. - LA GRÈCE HOMÉRIQUE
DEUXIÈME PARTIE. - LA GRÈCE HISTORIQUE
PREMIÈRE SECTION — CARACTÈRE GÉNÉRAL DE LA CITÉ GRECQUE.
CHAPITRE I. - Des différentes races qui ont formé la nation grecque. — CHAPITRE II. -
Constitution de l'État grec. Idée générale et dispositions particulières. — CHAPITRE III.
- Des formes principales de gouvernement. — CHAPITRE IV. - Bourgeois et artisans. —
CHAPITRE V. - De l'éducation publique. — CHAPITRE VI. - Idée de l'État. Antagonisme
des partis.
DEUXIÈME SECTION. — DOCUMENTS HISTORIQUES SUR LA
CONSTITUTION DES ÉTATS PARTICULIERS.
CHAPITRE I. - La royauté. — CHAPITRE II. - Abolition de la royauté. Causes et
conséquences. — CHAPITRE III. - L'oligarchie. — CHAPITRE IV. - Races et classes —
CHAPITRE V. - Organisation de la puissance publique. — CHAPITRE VI. - Politique
conservatrice. — CHAPITRE VII. - Chute de l'oligarchie. — CHAPITRE VIII. - Æsymnètes
et législateurs. — CHAPITRE IX. - Les tyrans. — CHAPITRE X. - Avènement de la
démocratie. — CHAPITRE XI. - Caractères de la démocratie. — CHAPITRE XII. -
Réactions et luttes.
TROISIÈME SECTION. — CONSTITUTION DES PRINCIPAUX ÉTATS DE
LA GRÈCE.
CHAPITRE I. - Gouvernement de Sparte.
§ 1. - Les Hilotes. — § 2. - Les Périèques. — § 3. - Les Spartiates. — § 4. - Législation de
Lycurgue. — § 5. - Les Rois. — § 6. - Le Sénat. — § 7. - Les Assemblées du peuple. — §
8. - Les Éphores. — § 9. - Les Magistratures secondaires. — § 10. - Administration de la
justice. — § 11. - Des devoirs civiques. — § 12. - Organisation militaire. — § 13. -
Politique de Sparte. — § 14. - Décadence et ruine.
CHAPITRE II. - Gouvernement de la Crète.
CHAPITRE III. - Gouvernement d'Athènes, Exposé historique.
§ 1. - Le pays et les habitants. — § 2. - Ancienne constitution d'Athènes. — § 3. -
Changements antérieurs à Solon. — § 4. - Constitution de Solon. — § 5. -
Développement de la démocratie. — § 6. - Décadence et ruine.
CHAPITRE III (suite). - Gouvernement d'Athènes. Organisation de la cité.
§ 1. - Les esclaves. — § 2. - Les Métèques. — § 3. - La Bourgeoisie. — § 4. -
Classifications et corporations. — § 5. - Le Conseil des Cinq-Cents. — § 6. - L'Assemblée du peuple. — § 7. - Les Fonctions publiques. — § 8. - Les Finances. — § 9.
- La Justice. — § 10. - Rôle moral de l'Aréopage. — § 11. - Education civique et
habitudes sociales. — § 12. - Gouvernement d'Athènes jusqu'à la conquête romaine.
TOME SECOND
QUATRIÈME SECTION. - RELATIONS INTERNATIONALES.
CHAPITRE I. - Principes généraux. — CHAPITRE II. - Les amphictyonies. — CHAPITRE II. -
L'oracle de Delphes. — CHAPITRE IV. - Les grandes fêtes. — CHAPITRE V. - Les
fédérations provinciales. — CHAPITRE VI. - Affaires coloniales. — CHAPITRE VII. -
Symmachie spartiate. — CHAPITRE VIII. - Symmachie athénienne. — CHAPITRE IX. - La
ligue éolienne. — CHAPITRE X. - La ligue achéenne.
DEUXIÈME PARTIE DE LA DEUXIÈME DIVISION - ANTIQUITÉS
RELIGIEUSES.
CHAPITRE I. - Caractères généraux de la religion grecque. — CHAPITRE II. - L'état et le
culte. — CHAPITRE III. - De l'idolâtrie. — CHAPITRE IV. - Édifices religieux. — CHAPITRE
V. - Les offrandes ou ex-voto. — CHAPITRE VI. - Les sacrifices. — CHAPITRE VII. - La
prière. — CHAPITRE VIII. - Les malédictions. — CHAPITRE IX. - Les serments. —
CHAPITRE X. - La divination. — CHAPITRE XI. - Les oracles. — CHAPITRE XII. -
Conjurations et sortilèges. — CHAPITRE XIII. - Purifications et expiations. — CHAPITRE
XIV. - Les Orphiques et les Orpheotélestes. — CHAPITRE XV. - Les grands mystères. —
CHAPITRE XVI. - Sacerdoces, fonctions relatives au culte. — CHAPITRE XVII. - Cultes
officiels et solennités religieuses. — CHAPITRE XVIII. - Confréries. — CHAPITRE XIX. -
Culte des phratries et des gentes. — CHAPITRE XX. - Culte domestique. — CHAPITRE
XXI. - Funérailles et culte des morts.
INTRODUCTION
Nous ne possédons aucune notion sur l’état social et les relations du peuple grec,
avant le temps que les poésies homériques nous retracent, sinon avec
l’exactitude de l’histoire, du moins avec le charme d’une vérité poétique et
saisissante. Tout ce qui a précédé est caché sous un voile impénétrable, en l’état
actuel de nos connaissances ; c’est à peine si quelques points particuliers
peuvent fournir matière à des hypothèses plus ou moins vraisemblables. Les
anciens, pour qui, en Grèce aussi bien qu’ailleurs, la race humaine était sortie du
sein de la terre, fécondée par la force créatrice de la chaleur céleste, se
représentaient naturellement les populations autochtones de cette contrée
comme plongées à l’origine dans une complète barbarie, d’où elles avaient été
tirées, soit par le concours de divinités favorables ou d’hommes privilégiés, soit
par l’influencé d’autres peuples, parvenus à un plus haut degré de civilisation1.
Niais la science moderne, qui ne saurait reconnaître de populations autochtones,
dans le sens où l’entendaient les anciens, nous enseigne que la Grèce avait reçu
ses habitants de l’Asie, patrie originaire, sinon du genre humain tout entier, du
moins de la race qui a peuplé toute l’Europe, la race caucasique. Quand et par
quel chemin eurent lieu les premières migrations d’Asie en Europe, c’est ce qu’il
n’est pas prudent même de conjecturer2. Sans doute il semble qu’il dut être fort
simple pour des peuplades asiatiques de tourner les côtes du Pont-Euxin et de
gagner la Grèce par la Thrace et la Macédoine, ou d’y aborder à travers les îles
qui forment comme une chaîne entre l’Asie et l’Europe ; malheureusement, il est
hors de doute que la configuration actuelle de ces contrées diffère de leur forme
primitive, que des cataclysmes ont déchiré d’anciens continents, et substitué à la
terre ferme le Pont-Euxin, la mer Égée et les îles. Les anciens eux-mêmes ont
mentionné ces révolutions, dont l’idée leur avait été suggérée par l’aspect des
lieus, ou s’était fixée dans leur esprit comme un souvenir des temps antérieurs ;
car rien n’autorise à croire que, à l’époque où se sont produits ces événements
géologiques, les contrées qu’ils ont bouleversées fussent désertes. Il n’est pas
non plus facile de décider si les premiers habitants de la Grèce appartenaient à la
même branche de la race caucasique que ceux qui nous sont connus
historiquement, ou si quelque rameau, peut-être de souche celtique ou illyrienne,
n’a pas été étouffé