Faste et néfaste de la corbeille de mariage : mise en fiction d’une pratique sociale du XIXe siècle Corina Sandu Université de Toronto Traitée le plus souvent par les ouvrages d’ethnographie et d’ethnologie, la tradition est envisagée comme « la transmission des sensibilités, des savoirs, des formes d’organisation 1sociale » . Lorsqu’une mutation intervient dans la coutume, on l’explique par la « réaction collective à de nouvelles réalités de l’environnement économique, écologique, technologique, 2social » . Contestée souvent mais suivie en raison d’une identification symbolique avec les autres membres de la société, la coutume sociale est enregistrée, prêchée par les manuels de savoir-vivre en vue d’assurer sa transmission d’une génération à l’autre. Le discours social tourne d’ailleurs autour des fluctuations, des écarts qu’on se permet par rapport à la tradition; ce même discours englobe à la fois les tentatives de ruptures hétéronimiques dans le topos largement accepté et les démarches réparatrices lancées par les défenseurs d’une doxa qui par définition combat le renouveau. Cette étude se propose d’insister sur une tradition, une pratique sociale à racines profondes dans la société française ancienne, qui commence à s’altérer, sinon à s’effacer, au tournant du XXe siècle. La corbeille de mariage, objet rituel associé à l’un des événements majeurs de la vie sociale, perd son poids, devient éphémère en effet pour ce qui est de son contenu d’une ...