Histoire et fonction de la direction des Beaux-Arts (1870-1905) - article ; n°93 ; vol.26, pg 39-50
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Romantisme - Année 1996 - Volume 26 - Numéro 93 - Pages 39-50
Héritière de la Surintendance générale des Bâtiments du roi et des Arts et Manufactures, la direction des Beaux-Arts n'acquiert son autonomie et son unité que sous la IIIe République. Institution clé du système des Beaux-Arts, elle est le pivot des relations entre l'art et l'Etat. Placée entre responsabilité ministérielle et contrôle parlementaire, elle définit sa théorie du service public. Quel homme placer à sa tête, à la croisée des chemins des artistes, des gestionnaires, des politiques ? Les profils des différents directeurs permettent de dégager une tendance générale à la professionnalisation, le Directeur incarnant le nouveau modèle culturel des élites administratives de la république bourgeoise et libérale.
Inherited from the Surintendance générale des Bâtiments du roi et des Arts et Manufactures, the direction of the Beaux-Arts gained its full autonomy and unity during the Third Republic. This major institution of the Beaux-Arts System is the main interlocutor between Art and State. Between ministerial's responsabilities and parliamentary control, the Beaux-Arts direction defined its own theory on public services. What man was to be the head of this direction ? An artist ? An administrator ? A politician ? Someone who gathered the qualifies of those three professions, or even someone with a completely different background ? The profiles of the successive directors answer those questions. They enable us to underline a general tendancy towards professionalization, the director being the new cultural model of the Bourgeois and liberal Republic.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Marie-Claude Genet-
Delacroix
Histoire et fonction de la direction des Beaux-Arts (1870-1905)
In: Romantisme, 1996, n°93. pp. 39-50.
Résumé
Héritière de la Surintendance générale des Bâtiments du roi et des Arts et Manufactures, la direction des Beaux-Arts n'acquiert
son autonomie et son unité que sous la IIIe République. Institution clé du système des Beaux-Arts, elle est le pivot des relations
entre l'art et l'Etat. Placée entre responsabilité ministérielle et contrôle parlementaire, elle définit sa théorie du service public.
Quel homme placer à sa tête, à la croisée des chemins des artistes, des gestionnaires, des politiques ? Les profils des différents
directeurs permettent de dégager une tendance générale à la professionnalisation, le Directeur incarnant le nouveau modèle
culturel des élites administratives de la république bourgeoise et libérale.
Abstract
Inherited from the Surintendance générale des Bâtiments du roi et des Arts et Manufactures, the direction of the Beaux-Arts
gained its full autonomy and unity during the Third Republic. This major institution of the Beaux-Arts System is the main
interlocutor between Art and State. Between ministerial's responsabilities and parliamentary control, the Beaux-Arts direction
defined its own theory on public services. What man was to be the head of this direction ? An artist ? An administrator ? A
politician ? Someone who gathered the qualifies of those three professions, or even someone with a completely different
background ? The profiles of the successive directors answer those questions. They enable us to underline a general tendancy
towards professionalization, the director being the new cultural model of the Bourgeois and liberal Republic.
Citer ce document / Cite this document :
Genet-Delacroix Marie-Claude. Histoire et fonction de la direction des Beaux-Arts (1870-1905). In: Romantisme, 1996, n°93. pp.
39-50.
doi : 10.3406/roman.1996.3125
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1996_num_26_93_3125Marie-Claude GENET-DELACROIX
Histoire et fonction
de la direction des Beaux- Arts (1870-1905)
Institution républicaine, la direction des Beaux-Arts est en réalité l'héritière de
l'ancienne et prestigieuse Surintendance générale des Bâtiments du Roi et des Arts et
Manufactures, créée en 1664 puis dirigée par Colbert. Sa gestation administrative et
politique a été longue, et elle n'a véritablement acquis son autonomie et son unité que
sous la Troisième République ', en définissant sa théorie du service public et une nou
velle méthode de gestion et d'organisation de ses services et de ses bureaux, dont il
n'est possible de saisir la logique complexe que sur le long terme. Il serait trop long
d'évoquer son œuvre importante et originale, mais il est hors de doute qu'elle doit
beaucoup à la qualité et à la compétence des hommes qui ont été à sa tête et auxquels
nous nous intéresserons ici : Charles Blanc, Philippe de Chennevières, Eugène
Guillaume, Albert Kaempfen, Paul Mantz, Jules-Antoine Castagnary, Gustave
Larroumet, Henri Roujon et Henri Marcel, qui se sont succédé de 1870 jusqu'à 1905,
date à laquelle fut créé le sous-secrétariat des Beaux- Arts pour l'artiste et homme
politique Etienne Dujardin-Beaumetz, qui se passera des services d'un directeur des
Beaux-Arts. La fonction et le poste ne seront ensuite recréés qu'en 1919 pour Paul
Léon qui en assumera la charge jusqu'en 1933.
Les Beaux-Arts, apanage traditionnel de la couronne et du monarque, se transfo
rment progressivement après la Révolution en service public, au même titre que
l'Instruction publique. La Ille République leur a conféré un statut d'autonomie dans le
cadre d'un service public culturel, celui de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.
La réforme du Conseil d'Etat ayant rendu l'administration indépendante du pouvoir
politique 2, la dichotomie entre pouvoir politique et pouvoir administratif s'affirme
après la réforme de l'Université et les différentes réformes de l'enseignement qui
confortent dans les années 1880-90 l'autonomie du pouvoir intellectuel et de son pro
longement qu'est le pouvoir administratif \ La IIP République s'est donc ici consti
tuée l'héritière de la monarchie.
Autonomie et unité de l'administration des Beaux- Arts
Comme l'ensemble de française, l'administration des Beaux- Arts
a été « républicanisée » lorsque le Conseil d'Etat s'est vu attribuer des nouveaux pou
voirs de contrôle de l'action publique et de garantie des droits individuels des citoyens 4
1. M.C. Genet-Delacroix, Art et Etat sous la Ille République. Le système des Beaux-Arts 1870-1940,
Publications de la Sorbonne, 1992, p. 166-169. Voir sur l'action de l'Etat en matière de peinture de 1870
à 1914 : P. Vaisse, La IIIe République et les peintres, Paris, Flammarion, 1995.
2. Le Conseil d'Etat, son histoire à travers les documents d'époque : 1799-1974 (Histoire de l'administ
ration française), Paris, Ed. du C.N.R.S., 1974.
3. Ch. Charle, La République des universitaires, Seuil, 1994.
4. Le Conseil d'Etat..., op. cit.
ROMANTISME n° 93 (1996-3) 40 Marie-Claude Genet-Delacroix
par une réforme qui consacrait l'autonomie du pouvoir administratif par rapport aux
pouvoirs politique et judiciaire. Une nouvelle philosophie s'instaure alors à la direc
tion des Beaux-Arts, qui légitime de 1870 à 1905 sa politique et sa fonction par une
nouvelle conception libérale avant d'évoluer vers une vision plus démocratique de
l'utilité sociale des Beaux- Arts et de promouvoir de nouveaux corps de professionnels
de la gestion et de la connaissance des arts et du patrimoine 5. Un rapport rédigé en
1874 et déposé à la Chambre le 8 septembre 1875 par le député Charton, membre du
conseil supérieur des Beaux- Arts et ami du ministre de l'Instruction publique Jules
Simon, expose les fondements de ces nouvelles conceptions 6. La démonstration de
Charton, après une petite leçon de « science administrative » au goût du jour, repose
sur l'idée que, pour l'essentiel, les Beaux-Arts dépendaient auparavant de la maison
du chef de l'Etat, « moins comme un service public que comme une... mise en scène
de la puissance souveraine ». C'est en fait le problème de la notion de service public,
alors en pleine évolution, qui est au cœur de la réflexion : au problème théorique
s'ajoutent ceux qui découlent de la nature et de la finalité socio-esthétique des Beaux-
Arts dans un régime libéral et démocratique tel que celui qui est alors en pleine
construction. Les hommes de la Ille République s'efforcent de concilier la souverai
neté de la puissance publique et l'absolu de la liberté individuelle 7, et leur conception
de l'art est influencée par ce grand débat et par les contradictions dans lesquelles ils
se débattent. Dans une thèse de doctorat en droit publiée en 1913, Le Chartier expr
ime bien l'antagonisme entre l'intérêt public et intérêts privés qui est l'une des carac
téristiques de l'administration des Beaux-Arts :
Si le service des Beaux-Arts ne touche à aucun intérêt public absolument essentiel tel
que l'instruction publique, la défense nationale, il peut contrarier au contraire une mul
titude d'intérêts privés. Le théâtre, les salons, les commandes officielles, soulèvent de
nombreuses et difficiles questions de personnes, cachées sous des questions de principe
que la passion ou les ambitions déçues enveniment facilement. Beaucoup plus que cela
ne devrait être et qu'on ne pourrait même le supposer, la politique règne en maîtresse
en ces matières x.
La conception nouvelle du rôle de l'Etat rejaillit sur le contenu de la production
artistique. Le premier directeur des Beaux-Arts, Charles Blanc 9, déplorant que l'école
française délaisse la « grande peinture », expose ce que l'Etat doit attendre des
artistes :
La tendance de notre école à préférer l'art anecdotique, familier et purement descriptif,
nous l'avons signalée depuis longtemps, et nous n'étions pas les seuls à nous en apercev
oir, puisque le gouvernement lui-même a fondé naguère un prix de 10000 francs pour
restaurer la plus haute peinture et la sculpture de style... Au contraire, son droit est de
5. M.C. Genet-Delacroix, « Etat et pa

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