Le prédateur céleste. Notes sur le sacrifice Mazahua - article ; n°1 ; vol.70, pg 153-165
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Journal de la Société des Américanistes - Année 1984 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 153-165
Jaques GALINIER. Le prédateur céleste. Notes sur le sacrifice mazahua. La théorie mazahua du sacrifice, telle que peut la décrire l'observation ethnographique, révèle les pans les plus intimes d'une vison du monde secrète, en vigueur dans des communautés puissamment intégrées par ailleurs à la vie économique de la capitale mexicaine. Rapportant l'union des sexes et les cycles des astres à une même conception de la mort, l'idéologie sacrificielle occupe encore aujourd'hui une place centrale dans la cosmologie indigène et permet de rendre compte de la persistance souterraine de l'identité mazahua.
El predator celeste. Notas sobre el sacrificio mazahua. La teoria mazahua del sacrificio, tal como puede describirla la observación etnográfica, révéla los aspectos más íntimos de una vision del mundo sécréta, en vigor en las comunidades campesinas fuertement integradas, por otra parte, en la vida económica de la capital mexicana. Asociando la union de los sexos y los ciclos de los astros a una misma concepción de la muerte, la ideologia del sacrificio ocupa aún hoy en día un lugar central en la cosmologia indigena y muestra la persistencia subterránea de la identidad mazahua.
The celestial predator. Notes on the mazahua sacrifice. The mazahua theory of sacrifice, as described by ethnographie observation, reveals what are perhaps the most intimate aspects of a vision of a secret world still prevalent among the mazahua farmers despite their now habitual contact with the capital city of Mexico. Their ideology of sacrifice, which associates sexual union and the cycles of the stars with a conception of death continues to play a central role in the indigenous cosmology and it casts much light on the subterranean persistance of the mazahua identity.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Galinier
Le prédateur céleste. Notes sur le sacrifice Mazahua
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 70, 1984. pp. 153-165.
Résumé
Jaques GALINIER. Le prédateur céleste. Notes sur le sacrifice mazahua. La théorie mazahua du sacrifice, telle que peut la
décrire l'observation ethnographique, révèle les pans les plus intimes d'une vison du monde secrète, en vigueur dans des
communautés puissamment intégrées par ailleurs à la vie économique de la capitale mexicaine. Rapportant l'union des sexes et
les cycles des astres à une même conception de la mort, l'idéologie sacrificielle occupe encore aujourd'hui une place centrale
dans la cosmologie indigène et permet de rendre compte de la persistance souterraine de l'identité mazahua.
Resumen
El predator celeste. Notas sobre el sacrificio mazahua. La teoria mazahua del sacrificio, tal como puede describirla la
observación etnográfica, révéla los aspectos más íntimos de una vision del mundo sécréta, en vigor en las comunidades
campesinas fuertement integradas, por otra parte, en la vida económica de la capital mexicana. Asociando la union de los sexos
y los ciclos de los astros a una misma concepción de la muerte, la ideologia del sacrificio ocupa aún hoy en día un lugar central
en la cosmologia indigena y muestra la persistencia subterránea de la identidad mazahua.
Abstract
The celestial predator. Notes on the mazahua sacrifice. The mazahua theory of sacrifice, as described by ethnographie
observation, reveals what are perhaps the most intimate aspects of a vision of a secret world still prevalent among the mazahua
farmers despite their now habitual contact with the capital city of Mexico. Their ideology of sacrifice, which associates sexual
union and the cycles of the stars with a conception of death continues to play a central role in the indigenous cosmology and it
casts much light on the subterranean persistance of the mazahua identity.
Citer ce document / Cite this document :
Galinier Jacques. Le prédateur céleste. Notes sur le sacrifice Mazahua. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 70,
1984. pp. 153-165.
doi : 10.3406/jsa.1984.2243
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1984_num_70_1_2243LE PREDATEUR CELESTE.
NOTES SUR LE SACRIFICE MAZAHUA
Jacques GALINIER *
Les Mazahuas n'ont guère attiré, jusqu'à notre décennie, la curiosité des
diverses disciplines anthropologiques. L'archéologie, en particulier, ne livre
aucune clé permettant de suivre les modalités de leur établissement sur le plateau
de Toluca-Ixtlahuaca, à l'Ouest de la vallée de Mexico. Si les caractéristiques
linguistiques du mazahua, grâce aux travaux de Soustelle (1937) et plus récem
ment d'Amador Hernandez (1976), sont désormais mieux déchiffrées, les études
ethno-historiques restent pas trop insuffisantes, exception faite des ouvrages
d'Ymhoff (1979), de Ruiz Chavez (1979) sur la région de San Felipe del Pro-
greso, et de la thèse de Gomez Montero (1979) décrivant les systèmes de charges
héréditaires. Deux monographies seulement, celles de Cortès Ruiz (1972) et
d-'Iwanska (1972) présentent une ethnographie raisonnée des communautés de
cette zone. Pourtant, les Mazahuas s'affirment encore aujourd'hui comme un
bloc massivement indigène, ancré aux portes même 4e ûa capitale mexicaine.
Cette population misérable d'ouvriers agricoles, de petits propriétaires, que de
maigres terres ne parviennent plus à nourrir, a connu un exode démographique
vers la capitale proche, timide dans les années 30, puis soutenu à partir de
1950-70, qui a été à l'origine d'un phénomène sociologique original, un mouve
ment pendulaire continu d'hommes et de femmes, au rythme des semaines et des
fluctuations du marché du travail, entre Mexico et les onze municipalités de la
région mazahua.
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant d'observer que cette intégration
extrêmement étroite des Mazahuas au milieu de la ville a découragé l'intérêt des
ethnologues en quête d'authenticité pour des populations de paysans-prolétaires
urbains, et a suscité de nouvelles controverses sur l'agonie de la tradition mésoam
éricaine. C'est dans ce climat qu'il convient d'examiner la thèse sur la non-
indianité mazahua défendue, en particulier, par L. Arizpe dans un travail très
approfondi sur la théorie des migrations, et dans lequel l'auteur, au prix de
positions maximalistes, rejette toute perspective ethnographique qui assignerait
au groupe mazahua une culture proprement indigène (Arizpe, 1978). Avec con
viction, l'auteur souligne que la plupart des traits permettant d'attribuer aux
Mazahuas une identité propre, sont des créations surgies de la période coloniale,
et met en relief le caractère obsolète d'une ethnographie victime de l'illusion
d'une indianité moulée dans le creuset préhispanique. De telle sorte que, pour
* Université de Paris X, Nanterre, 200, avenue de la République, 92001 Nanterre Cedex.
J.S.A. 1984, LXX : p. 153 à 166. 154 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
Arizpe, la spécificité culturelle des Mazahuas ne se manifeste guère que par la
présence d'oratoires, de quelques particularités vestimentaires (la ceinture chez
les femmes) et d'une langue amérindienne (' es casí el único pilař de la cultura
mazahua prehispánica \ Arizpe, p. 204). Mais l'embarras de l'auteur devient
évident lorsqu'ils s'agit de décrire des normes de comportement social, et dont le
caractère local ou national ne peut être affirmé (soumission à l'autorité des
parents, dépenses ostentatoires pour les fêtes, etc.). De fait, une des seules
enquêtes ethnographiques sur une communauté mazahua dont nous disposions à
ce jour, ' Purgatorio e Utopia ', apporte tous les arguments nécessaires à la
thèse d'Arizpe (Iwanska, 1972). Dans cet ouvrage, on peut lire en effet que les
spécialistes religieux ont disparu depuis que les Mazahuas ont accepté le ' pro
grès ' et rejeté * toutes les superstitions liées à ce type de sorcellerie ' (Iwanska,
p. 112), ou bien encore que ' l'intérêt esthétique pour la nature n'existe pas chez
eux ou que, la personnification du monde naturel est faible, voire nulle ' (op.
cit., p. 95).
L'affaire paraîtrait donc entendue : les Mazahuas ne présenteraient pas de
différences socio-culturelles significatives par rapport aux paysans de langue
espagnole de la Meseta de Toluca '. Ainsi l'ethnographie des communautés
indiennes et la sociologie des migrations semblent se donner la main pour refu
ser aux Mazahuas toute indianité, la première par défaut de preuves, l'autre au
nom d'une définition politique de l'indien, d'une extériorisation de son essence,
qui, pour juste qu'elle soit, laisse en blanc tout ce qui relève du vécu des
hommes et des femmes mazahuas, de leur affectivité, de leur rapport au monde.
Car, dans chacune de ces études, le grand absent, c'est toujours le système co
smologique mazahua, la réflexion sur l'espace et le temps, sur l'origine de
l'homme et son destin. C'est donc sans surprise que l'on retrouve ici toutes les
faiblesses d'une anthropologie sociologisante qui, en réaction contre l'archaïsme
d'un certain culturalisme ethnographique, dénie aux sociétés indiennes actuelles
tout droit à l'expression symbolique, si elle n'est pas inscrite dans des codes
explicitement visibles. Comme si l'urbanisation et le métissage faisaient basculer
en bloc tout le système de représentation indigène dans un syncrétisme culturel
paysan dominé par le catholicisme populaire. Or, ce qui à mon sens constitue le
cœur de l'indianité mazahua, c'est le fonctionnement d'un certain type de pen
sée symbolique que l'on ne peut en aucun cas confondre avec celui des paysans
métis, même s'il existe entre les systèmes cognitifs de ces deux groupe des zones
de recouvrement évidentes. Force nous est donnée de reconnaître que toutes les
sociétés attribuent aux phénomènes qu'elles observent dans leur environnement
des propriétés sémantiques, et qu'une des tâches majeures de l'ethnologie reste
malgré tout d'en découvrir les grandes lignes. Cela au prix, bien souvent, d'une
approche intimiste, patiente, qui appelle une écoute non seulement de

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