Le syndicalisme à deux visages - article ; n°3 ; vol.31, pg 505-539
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Description

Revue économique - Année 1980 - Volume 31 - Numéro 3 - Pages 505-539
Cette étude présente et compare l'exactitude des deux conceptions du syndicalisme aux Etats-Unis.
D'après la conception « du monopole », les syndicats exercent une influence néfaste au sein des systèmes capitalistes avancés, augmentant les salaires de leurs adhérents au-dessus de ce qu'ils seraient autrement et renforçant ainsi le degré d'inefficience économique et d'inégalité.
La seconde conception fait référence à l'approche institutionnelle en terme de négociations-participation : « Voice ». D'après cette dernière, les syndicats permet­tent aux travailleurs d'exprimer collectivement leurs préférences, « Voice » méca­nisme primordial en l'absence de possibilités véritables d'exprimer celles-ci par une démission individuelle : « Exit ». L'expression collective des préférences, le « Voice », conduit à un changement profond de la relation d'emploi et contribue ainsi à la croissance des niveaux de productivité et d'égalité sous de nombreux aspects.
On montre dans cette étude que les partisans de la conception « du monopole » en ignorant l'impact du o Voice », entretiennent des croyances injustifiées à l'égard des syndicats de ce pays.
Il apparaît que, l'un dans l'autre, les syndicats ne réduisent pas l'efficacité ou l'égalité économique et ne sont pas, contrairement à une opinion souvent exprimée, des organisations foncièrement corrompues, anti-démocratiques et élitistes.
change the nature of the employment relationship and, in so doing, increases the levels of productivity and equality in many settings.
The evidence presented indicates that those who focus on the monopoly face of unionisan and ignore the collective voice/institutional response view are likely to hold erroneous beliefs about unions in this country. The facts indicate that on net unions do not reduce efficiency or equality and are not corrupt, nondemocratic, or elitist organizations.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 72
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Richard B. Freeman
Monsieur James L. Medoff
Le syndicalisme à deux visages
In: Revue économique. Volume 31, n°3, 1980. pp. 505-539.
Résumé
Cette étude présente et compare l'exactitude des deux conceptions du syndicalisme aux Etats-Unis.
D'après la conception « du monopole », les syndicats exercent une influence néfaste au sein des systèmes capitalistes avancés,
augmentant les salaires de leurs adhérents au-dessus de ce qu'ils seraient autrement et renforçant ainsi le degré d'inefficience
économique et d'inégalité.
La seconde conception fait référence à l'approche institutionnelle en terme de négociations-participation : « Voice ». D'après
cette dernière, les syndicats permet-tent aux travailleurs d'exprimer collectivement leurs préférences, « Voice » méca-nisme
primordial en l'absence de possibilités véritables d'exprimer celles-ci par une démission individuelle : « Exit ». L'expression
collective des préférences, le « Voice », conduit à un changement profond de la relation d'emploi et contribue ainsi à la
croissance des niveaux de productivité et d'égalité sous de nombreux aspects.
On montre dans cette étude que les partisans de la conception « du monopole » en ignorant l'impact du o Voice », entretiennent
des croyances injustifiées à l'égard des syndicats de ce pays.
Il apparaît que, l'un dans l'autre, les ne réduisent pas l'efficacité ou l'égalité économique et ne sont pas, contrairement
à une opinion souvent exprimée, des organisations foncièrement corrompues, anti-démocratiques et élitistes.
Abstract
change the nature of the employment relationship and, in so doing, increases the levels of productivity and equality in many
settings.
The evidence presented indicates that those who focus on the monopoly face of unionisan and ignore the collective
voice/institutional response view are likely to hold erroneous beliefs about unions in this country. The facts indicate that on net
unions do not reduce efficiency or equality and are not corrupt, nondemocratic, or elitist organizations.
Citer ce document / Cite this document :
Freeman Richard B., Medoff James L. Le syndicalisme à deux visages. In: Revue économique. Volume 31, n°3, 1980. pp. 505-
539.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1980_num_31_3_408536LE SYNDICALISME
A DEUX VISAGES *
Les syndicats représentent l'institution des travailleurs la plus im
portante dans les sociétés capitalistes modernes, de taille iden
tique à celles des grandes entreprises, véritables organisations
oligopolistiques de l'industrie, à la base de la réglementation gouver
nementale de la libre entreprise. Les effets du syndicalisme sur l'éc
onomie ont provoqué pendant plus de deux siècles, depuis Adam Smith,
d'importants débats. Si des économistes comme John Stuart Mill,
Alfred Marshall et Richard Ely (un des fondateurs de l'American
Economie Association) d'une part ont soutenu que les syndicats exer
çaient des effets positifs sur l'économie, d'autres, comme Henry Simons
et Fritz Machlup, ont par contre insisté sur leurs effets négatifs. Le
syndicalisme était au centre de l'attention des milieux intellectuels
dans les années 30 et 40, et la plupart des spécialistes en sciences
sociales le considéraient comme une force positive au sein de l'écono
mie. Il est devenu dans ces dernières années un sujet de moindre
importance et il est jugé de façon moins favorable : on lui accorde
de moins en moins d'espace dans les revues scientifiques, les hebdo
madaires et les journaux. La part consacrée aux syndicats, dans les
principaux journaux économiques, est ainsi passé de 9,2 % en 1940
à 5,1 % en 1950 et 0,4 % dans les années 70. Les syndicats sont dénonc
és par la presse comme des organisations socialement irresponsables,
élitistes, anti-démocratiques, aux pratiques frauduleuses. L'analyse du
contenu des articles relatifs au syndicalisme dans les deux plus import
ants hebdomadaires, Newsweek et Time, révèle une augmentation
* L'ensemble des résultats mentionnés dans cet article est traité de façon
détaillée dans un ouvrage à paraître : What Do Union Do ? New York, Basic
Books.
Les auteurs remercient Bruno Tiphine qui a traduit en français la version
anglaise de cet article, ainsi qu'un des référée pour les améliorations qu'il a bien
voulu apporter à cette traduction.
505
Revue économique — N° 3, mai 1980. Revue économique
des critiques défavorables aux syndicats (34 % dans les années 50 et
51 % dans les années 70).
Les économistes, dont le domaine d'étude englobe les problèmes
relatifs au syndicalisme, considèrent de façon générale les syndicats
comme des institutions monopolistiques dont la seule fonction est
d'augmenter les salaires de leurs membres. Comme les augmentations
de salaires monopolistiques ont des effets sociaux pervers (il est pro
bable que ces augmentations induisent à la fois inefficience et inégal
ité), la plupart des études économiques estiment implicitement ou
explicitement que les syndicats exercent un effet négatif sur
nomie
Or il serait faux, d'après nos derniers travaux de recherche sur la
question, de considérer les syndicats comme des organisations sans
d'autres buts que celui de faire augmenter les salaires. Si les syndi
cats semblent provoquer une augmentation des salaires au-dessus du
niveau fixé par les forces libres du marché, ils exercent aussi d'impor
tants effets non salariaux sur les différents aspects de la vie industrielle
moderne. En procurant aux travailleurs la possibilité de s'exprimer
collectivement, « Voice », sur le lieu de travail et dans l'arène poli
tique, les syndicats peuvent influencer positivement le fonctionnement
du système économique et social. La recherche en ce domaine n'est
en aucun cas achevée et certains résultats sont probablement suscept
ibles de modification dans les travaux futurs. Notre travail permet
cependant de formuler une première esquisse d'une nouvelle concep
tion du syndicalisme.
1. George E. Johnson, « Economie Analysis of Trade Unionism », American
Economic Review, mai 1975, p. 23-28 pour une discussion de la tendance observée,
relative au syndicalisme, dans les principales revues économiques et Richard B.
Freeman et James L. Medoff, « Where Have All the Members Gone ? The
Dwindling of Private Sector Unionism in the US » (en cours d'élaboration), en ce
qui concerne les résultats du contenu des articles de Newsweek et Time. Le ra
pprochement entre inefficacité et tendance monopolistique des syndicats est présenté
de façon détaillée dans l'article de H. G. Johnson et P. M. Mieszkowski, « The
Effects of Unionization on the Distribution of Income : A General Equilibrium
Approach », Quarterly Journal of Economics, novembre, 1970, p. 539-561.
506 LE SYNDICALISME, ORGANE D'EXPRESSION COLLECTIVE
DES PREFERENCES INDIVIDUELLES
SUR LE MARCHE DU TRAVAIL :
LA CONCEPTION DU « VOICE »
REPONSE INSTITUTIONNELLE
Les sociétés disposent de deux mécanismes principaux pour régler
les divergences entre conditions sociales désirées et effectives. Le pre
mier, celui du marché, permet la mobilité individuelle : on quitte
(Exit) ou on entre dans le marché (Entry). Ainsi le consommateur
insatisfait change-t-il de produits. Si la soupe est trop salée, le client
change de restaurant. Le couple désuni divorce...
Sur le marché du travail, 1'« Exit » est synonyme de mobilité volont
aire et 1'« Entry » correspond à l'embauche des entreprises. En quit
tant les emplois les moins satisfaisants pour les plus désirables, en refu
sant les mauvaises places, les agents pénalisent le mauvais employeur,
récompensent les bons et contribuent à une amélioration générale de
l'efficience du système social. Le théorème fondamental de l'économie
néo-classique montre que, dans des conditions bien déterminées, le
départ (Exit) ou l'entrée (Entry) sur le marché (c'est-à-dire la mobilité
des agents, blason de la libre entreprise) produit un optimum de
Pareto (optimum où la situation de l'un ne peut être améliorée sans
diminuer celle d'un autre). L'analyse économique revient alors à une
étude détaillée des implicat

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