Les bases monétaires d une suprématie économique : l or musulman du VIIe au XIe siècle - article ; n°2 ; vol.2, pg 143-160
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Les bases monétaires d'une suprématie économique : l'or musulman du VIIe au XIe siècle - article ; n°2 ; vol.2, pg 143-160

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1947 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 143-160
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice Lombard
Les bases monétaires d'une suprématie économique : l'or
musulman du VIIe au XIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 2e année, N. 2, 1947. pp. 143-160.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard Maurice. Les bases monétaires d'une suprématie économique : l'or musulman du VIIe au XIe siècle. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 2e année, N. 2, 1947. pp. 143-160.
doi : 10.3406/ahess.1947.3280
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1947_num_2_2_3280•43
Les bases monétaires
d'une suprématie économique
L'OR MUSULMAN DU VIIe AU XIe SIÈCLE
créé de toutes Les un conquêtes vaste les contrées empire musulmanes s conquises, 'étendant des de qui, тпв l'océan jusque-là, et vuie Indien siècles appartenaient à n'ont l'océan pas Atlantique à seulement des aires ;
économiques différentes, — Orient sâssânide, Empire byzantin ou Occident
barbare, — elles ont fait un domaine économique nouveau, le monde
musulman, qui survivra au démembrement du califat, comme le
hellénistique au démembrement de l'Empire d'Alexandre1.
Du vme au xi* siècle, ce monde musulman exerce, sur l'Orient comme
sur l'Occident, une suprématie économique incontestée. Il la doit surtout
à la possession de l'or et à la valeur universellement reconnue de sa monn
aie. L'étude de ces bases monétaires fera l'objet du présent article qui
s'insérera ainsi dans la grande enquête ouverte par les Annales sur l'or,
les instruments des échanges et la circulation monétaire. Pourquoi les
Musulmans sont-ils les maîtres de Гог Р Quel rôle l'or musulman a-t-il
joué dans l'histoire économique du haut moyen âge ? Voilà le problème
posé.
L'appauvrissement de l'Occident en or, la concentration de l'or dans
les villes commerçantes de l'Orient méditerranéen, la domination du grand
commerce par les Levantins, maîtres de l'or, — trois faits à lier fortement,
et qui dominent toute l'économie du monde romain à partir de la fin du
ne siècle. La crise de l'Empire au ше siècle, l'abandon de Rome pour Cons
tantinople, les invasions barbares dans la Pars Occidentis vont accentuer ce
déséquilibre dans la répartition de l'or entre Orient et Occident.
Le commerce que les marchands levantins, les syri, viennent faire
dans X 'Occident barbare est exclusivement un commerce d'importation :
ils introduisent les coûteuses marchandises orientales, tissus, épices ou
i. Notre collaborateur Maurice Lombard travaille depuis des années à une
thèse, que tout annonce comme remarquable, sur La Méditerranée musulmane
V1W-XI9 s.), étude économique. П continue en même tempe ses études sur l'his
toire économique du haut moyen âge. Mous lui avons demandé de préfacer en
quelque sorte ses grands travaux en brossant la fresque d'histoire monétaire dont
on va pouvoir apprécier la puissance et la nouveauté. — L. F. 144 ANNALES
autres articles de luxe, et emportent de Гог en échange. Les pays occiden
taux ne peuvent, en effet, rien offrir d'autre aux centres de l'Orient médi
terranéen : ni articles! précieux, ni spécialités renommées, ni fourniture
massive de produits de grande consommation. C'est simplement une mine
d'or qu'exploitent les Orientaux, qu'ils exploiteront jusqu'à épuisement,
ou, tout au moins, jusqu'au moment où l'opération ne rapportera plus
des bénéfices suffisants et sûrs. Ce moment est bien près d'être arrivé au
vne siècle. Les stocks d'or que détenait l'Occident se sont progressivement
amenuisés : aucun produit d'échange pour redresser une balance commerc
iale entièrement déficitaire, pas de mines d'or non plus pour nourrir
indéfiniment le courant monétaire qui coulait vers l'Orient byzantin.
Cette « longue saignée d'or » a été pleinement analysée par Marc Bloch,
et aussi ses conséquences monétaires.
La raréfaction des pièces d'or dans l'Occident barbare, la diminution
de leur poids et la chute de leur titre traduisent, en termes monétaires,
le fait économique que nous venons d'indiquer : la fuite de l'or sans con
trepartie. Le sou d'or devient de plus en plus rare comme monnaie
réelle. Il joue déjà, la plupart du temps, le rôle de simple monnaie de
-compte. Le triens ou tiers de sou est la seule monnaie d'or courant effe
ctivement ; elle est, au vne siècle, franchement mauvaise ; son poids «st
faible, son titre variable et toujours très bas ; certaines monnaies « d'or »
sont en argent « saucé ». L'argent, métal indigène, circule de plus en plus ;
le denier, d'abord simple monnaie d'appoint, tend à devenir monnaie domi
nante. Mais le grand commerce méditerranéen, accroché à l'or, ne l'accepte
pas.
Plus d'or, plus d'importations, et le commerce des Syri périclite :
les mentions de leur activité en Gaule se font de plus en plus rares au
vu6 siècle. Un domaine desséché que n'irrigue plus aucun filet d'or, dont
le grand commerce se retire, où une économie fruste s'organise localement
le signe de l'argent : tel apparaît l'Occident barbare à cette époque.
Avec l'Empire byzantin, nous abordons le véritable domaine de l'or :
à Byzance, Гог est plus commun que l'argent et celui-ci ne joue qu'un
rôle très secondaire dans le système monétaire. La frappe de l'or est tou
jours considérée comme le privilège exclusif de l'empereur des Romains
et, de fait, si l'on met à part les pièces de plus en plus décadentes, et imi
tant le type byzantin, qu'émettent en Occident les souverains barbares, le
nomisma est la seule monnaie d'or du monde.
Où s'alimentent les ateliers monétaires de Byzance ? Stocks d'or déjà
existants ? Arrivée d'or neuf importé des pays producteurs voisins ? Entrée
d'or monnayé permise par le jeu d'une balance commerciale favorable ?
Byzance a puisé à ces trois sources.
Des stocks jïe métal précieux se sont constitués dans /les provinces
orientales de l'Empire, à la belle époque du grand commerce syro-égyp-
tien, quand l'or romain s'échangeait massivement, sur les marchés du
Levant, contre les marchandises précieuses de l'Asie. Cet or ne s'échappait
pas tout entier vers le royaume des Parthes et les marchés de l'océan
Indien : une partie importante en était retenue par la Syrie et l'Egypte,
« pays éponge », comme le sont toujours les grands pays de transit. Ces
stocks d'or ont permis par la suite à Byzance d'étouffer les crises moné- L'OR MUSULMAN DU VIP AU %Г SIECLE 145
/taires provoquées par l'affaiblissement progressif des courants d'or
neuf et des importations de monnaies où s'alimentaient ses ateliers de
frappe.
Sauf les mines de Dacie, qui étaient perdues pour elle depuis que les
invasions barbares avaient submergé les pays danubiens, les gisements
aurifères auxquels Byzance fait appel, du Ve au vne siècle, sont toujours
-ceux où s'approvisionnait la Méditerranée romaine : or du haut Nil (Nubie
et Ethiopie du Nord), qui entrait en Egypte par Assouan ; or d'Arménie et
du Caucase qui débouchait sur la côte de Colchide et, par Trébizonde,
gagnait Constantinople ; or de l'Oural qui, par l'intermédiaire des peu-
■ pies de la steppe, cheminait jusqu'aux établissements grecs de la Cherso
nese taurique. Mais, au vu® siècle, le contact n'est plus régulièrement
maintenu avec toutes ces régions minières : la route de l'or nubien est
coupée par les Blemmyes, nomades pillards qui parcourent le désert comp
ris entre le Nil, la mer Rouge et le massif éthiopien ; l'arrivée de l'or
d'Arménie, du Caucase, de l'Oural est compromise par les remous de peu
ples qui agitent la steppe, et par les progrès de la domination et de l'i
nfluence sâssânides dans ces régions.
Au moment où cet apport d'or neuf du Sud et du Nord devient de
plus en plus précaire et chaotique, le courant des monnaies drainées de
l 'Occident barbare par le commerce des Syri est sur le point de se tarir.
Nous avons vu pourquoi : le trafic unilatéral des

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