Psychopathologie collective et cryptoculture - article ; n°3 ; vol.13, pg 171-180
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Description

Déviance et société - Année 1989 - Volume 13 - Numéro 3 - Pages 171-180
Alors que la nécessité de prendre en compte les données culturelles d'un milieu précédemment à toute pratique psychiatrique s'impose, il n'en va pas de même pour tout ce qui, en marge de la culture établie, sur un mode moins explicite, se forme de rumeurs, d'adages, mais aussi de non-dit, et dont l'amalgame devient propre à une communauté.
Pourtant, dès lors où cette notion d'appartenance devient effective, cette alchimie apparemment secondaire peut devenir si envahissante qu'il conviendrait peut-être mieux de parler à son sujet de «cryptoculture» qu'il s'agit alors de décoder impérativement avant d'entreprendre toute approche thérapeutique, systémique ou non.
Even though it is necessary to take into account the cultural datas of a society prior to any psychiatric practice, it isnt't the same for all the rumors, adages, and silences that are forming, on a less explicit mode in the margin of the main culture and whose amalgam becomes the characteristic of a community.
However, when this notion of pertaining becomes effective, this alchimy apparently of minor importance can become so overwhelming that one should better refer to it as a «cryptoculture» that has to be imperatively decoded before undertaking any therapeutical approach, wheter systemical or not.
Wahrend sich die Notwendigkeit aufdrängt, die kulturellen Gegebenheiten eines jeder psychiatrischen Praxis vorhergehenden Umfeldes zu berücksichtigen, gilt nicht unbedingt dasselbe fur all das, was sich, am Rande der etablierten Kultur und auf weniger ausdrückliche Weise, an Geruchten, Lebensweisheite, aber auch an Ungesagtem, formt, und dessen Verquickung einer Gemeinschaft eigen wird. Sobald jedoch dieses Verstândnis von Zugehörigkeit Wirklichkeit wird, kann diese anscheinend zweitrangige Alchimie so verreinnahmend werden, dass es vielleicht angemessener ware, von ihr als «Kryptokultur» zu sprechen, die es allerdings vor jeglicher therapeutischen Annährerung, sei sie globaler Art oder nicht, zu entschlüsseln gilt.
Zelfs wanneer het in acht nemen van de kulturele omgevingsfaktoren voorafgaand aan elke psychiatrische praktijk zich noodzakelijkerwijze opdringt, dan nog gelden andere regels voor allés wat zich op een minder uitgesproken wijze aan de rand van de gevestigde kultuur vormt en dit door een zonderling mengsel van geruchten, spreekwoorden en niet-gezegdes eigen aan een samenle- ving. Nochtans kan dergelijk samenraapsel na een algemene maatschappelijke aanvaarding zo overweldigend worden dat het wellicht beter past om te spreken van een «cryptokultuur», een geheime kultuur die zeker moet ontcijferd worden vooraleer men overgaat tot een al dan niet systematische therapeutische aanpak.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

Louis Gaborit De Montjou
D. Boisvert
J. M. Guilé
K. Zukowska
Psychopathologie collective et cryptoculture
In: Déviance et société. 1989 - Vol. 13 - N°3. pp. 171-180.
Citer ce document / Cite this document :
Gaborit De Montjou Louis, Boisvert D., Guilé J. M., Zukowska K. Psychopathologie collective et cryptoculture. In: Déviance et
société. 1989 - Vol. 13 - N°3. pp. 171-180.
doi : 10.3406/ds.1989.1795
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1989_num_13_3_1795Résumé
Alors que la nécessité de prendre en compte les données culturelles d'un milieu précédemment à toute
pratique psychiatrique s'impose, il n'en va pas de même pour tout ce qui, en marge de la culture établie,
sur un mode moins explicite, se forme de rumeurs, d'adages, mais aussi de non-dit, et dont l'amalgame
devient propre à une communauté.
Pourtant, dès lors où cette notion d'appartenance devient effective, cette alchimie apparemment
secondaire peut devenir si envahissante qu'il conviendrait peut-être mieux de parler à son sujet de
«cryptoculture» qu'il s'agit alors de décoder impérativement avant d'entreprendre toute approche
thérapeutique, systémique ou non.
Abstract
Even though it is necessary to take into account the cultural datas of a society prior to any psychiatric
practice, it isnt't the same for all the rumors, adages, and silences that are forming, on a less explicit
mode in the margin of the main culture and whose amalgam becomes the characteristic of a
community.
However, when this notion of pertaining becomes effective, this alchimy apparently of minor importance
can become so overwhelming that one should better refer to it as a «cryptoculture» that has to be
imperatively decoded before undertaking any therapeutical approach, wheter systemical or not.
Zusammenfassung
Wahrend sich die Notwendigkeit aufdrängt, die kulturellen Gegebenheiten eines jeder psychiatrischen
Praxis vorhergehenden Umfeldes zu berücksichtigen, gilt nicht unbedingt dasselbe fur all das, was sich,
am Rande der etablierten Kultur und auf weniger ausdrückliche Weise, an Geruchten, Lebensweisheite,
aber auch an Ungesagtem, formt, und dessen Verquickung einer Gemeinschaft eigen wird. Sobald
jedoch dieses Verstândnis von Zugehörigkeit Wirklichkeit wird, kann diese anscheinend zweitrangige
Alchimie so verreinnahmend werden, dass es vielleicht angemessener ware, von ihr als «Kryptokultur»
zu sprechen, die es allerdings vor jeglicher therapeutischen Annährerung, sei sie globaler Art oder
nicht, zu entschlüsseln gilt.
Zelfs wanneer het in acht nemen van de kulturele omgevingsfaktoren voorafgaand aan elke
psychiatrische praktijk zich noodzakelijkerwijze opdringt, dan nog gelden andere regels voor allés wat
zich op een minder uitgesproken wijze aan de rand van de gevestigde kultuur vormt en dit door een
zonderling mengsel van geruchten, spreekwoorden en niet-gezegdes eigen aan een samenle- ving.
Nochtans kan dergelijk samenraapsel na een algemene maatschappelijke aanvaarding zo
overweldigend worden dat het wellicht beter past om te spreken van een «cryptokultuur», een geheime
kultuur die zeker moet ontcijferd worden vooraleer men overgaat tot een al dan niet systematische
therapeutische aanpak.Déviance et Société , 1989, Vol. 13, No 3, pp. 171-180
PSYCHOPATHOLOGIE COLLECTIVE
ET CRYPTOCULTURE
L. GABORIT de MONTJOU* D. BOISVERT* J.M. GUILÉ*
et K. ZUKOWSKA*
Simon, âgé de trente ans, nous a été référé par le docteur Y. Celui-ci signale
dans sa demande de consultation:
Interné huit fois depuis 1981 au Centre de Détention pour vols à Saint-Daniel.
Aurait tué un ami à l'âge de 12 ans par accident. Problèmes d'adaptation sociale.
Fonctionne bien au Centre, même, s'y sent en sécurité.
En fait, Simon G. a demandé au docteur Y. de pouvoir rencontrer un
psychiatre. En effet, depuis plusieurs mois déjà, il se pose des questions sur ce
qui a pu l'amener à commettre un certain nombre de crimes. Il ne parvient pas
à délimiter clairement sa part de responsabilité.
Il se décrit comme un garçon timide, paisible, sensible, pacifiste. Il craint la
violence. Il ne tolère ni l'injustice, ni les passages à l'acte des autres. Son idéal
de vie ne correspond absolument plus à ce qu'il a vécu ces dernières années.
Surtout, il est intrigué par le fait que la plupart des forfaits commis ont trois
points en commun:
1. Pour la grande majorité, ils ont été effectués à Saint-Daniel.
2. Ils ont été commis au cours d'états d'ivresse.
3. Le plus souvent, il s'est lui-même dénoncé à la police.
Mais ce qui le surprend le plus, c'est de constater qu'il n'a jamais pris seul
l'initiative de commettre l'un de ces délits. A chaque fois, en effet, une de ses
connaissances à Saint-Daniel est intervenue, lui donnant l'idée du projet délin-
quantiel tout en lui indiquant les modalités pour le mener à bien.
Simon est incapable de décrire avec précision son état d'esprit lors des délits;
par contre, il se souvient du sentiment de culpabilité qui l'accablait ensuite et
qui est à l'origine de ses auto-dénonciations fréquentes.
Professeur-adjoint, Département de Psychiatrie, Université McGill, Montréal (Canada) et
Centre de Recherche en Psychopathologie de la Côte-Nord.
171 Biographie personnelle
La biographie de Simon est assez particulière et nous allons tenter de la résu
mer brièvement.
Simon est né le 8 juin 1958 à Saint-Daniel. Il est le dixième d'une famille
de treize enfants dont cinq sont décédés, quatre lors de leur naissance et une
sœur décédée lors d'une crise d'épilepsie en 1983. Il est donc actuellement
l'avant-dernier des sept enfants vivants.
Son père est actuellement âgé de 70 ans. Retraité, il travaillait comme menuis
ier. Simon a beaucoup de mal à le définir, mais souligne que malgré un infarc
tus du myocarde, survenu il y a quelques années, il est actuellement en bonne
santé. Lorsque je lui demande de préciser la personnalité de celui-ci, il me
répond, gêné: «II est correct, bien qu'il prenne de l'alcool à l'occasion...» Sa
mère est âgée de 67 ans, il ne la définira que sur le plan somatique: «Elle est
bourrée de maladies... Diabète... Elle est toujours malade...» Puis il me dira:
«Elle est cependant correcte...»
Antécédents judiciaires personnels
Ils sont très impressionnants eu égard à l'âge de Simon.
En effet, de 1981 à aujourd'hui, il a accumulé des condamnations qui, au
total, représentent 147 mois et 8 jours de détention.
Ses forfaits sont multiples et très souvent récidives.
Il s'agit de facultés affaiblies au volant, de fraudes dans les magasins, de
multiples introductions par effraction dans des lieux publics ou habitations par
ticulières, de vols de véhicules, de refus de se présenter devant la Cour après
sommation de comparaître.
Entre 1971 et 1988, il a passé la majeure partie de son temps à la prison de
Saint-Eustache.
Il déclare se plaire beaucoup dans cet établissement, se sentant ici en sécur
ité.
Interrogé sur les raisons qui pourraient expliquer l'unité de lieu de la plupart
de ces délits, il m'explique: «A Saint-Daniel, je ne sais pas ce qui se passe... Je
ne suis pas le bienvenu quand je vais là... On m'invite à prendre un verre... Puis
je deviens plus dur... Et je fais des affaires... Le lendemain, je ne comprends pas
pourquoi... la personne avec qui j'ai pris un verre la veille a disparu... Et moi,
je vais me dénoncer à la police. »
II ajoute ensuite: «Lorsque je vais ailleurs, je n'ai jamais de problèmes... Le
monde là-bas ne me connaît pas...»
Pour tenter de mieux comprendre les raisons psychologiques et sociologi
ques à l'origine de cette unité de lieu, nous avons abordé avec Simon les événe
ments qui se sont déroulés dans la localité de Saint-Daniel lors de son enfance
et de son adolescence.
172 A l'époque, la famille comptait huit enfants. Le père travaillait comme
garde-chasse en saison estivale et il travaillait aussi comme menuisier. Les
parents semblaient bien s'entendre.
Madame décrivait son fils à l'époque comme un garçon «nerveux et sensi
ble». Il s'entendait bien avec ses frères et sœurs et ne présentait pas le moindre
comportement anormal. Sur le plan scolaire, il semb

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