Les Seize Arhat dans la peinture chinoise (VIIIe-Xe s.) et les collections japonaises : prémices iconographiques et stylistiques - article ; n°1 ; vol.54, pg 66-84
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Les Seize Arhat dans la peinture chinoise (VIIIe-Xe s.) et les collections japonaises : prémices iconographiques et stylistiques - article ; n°1 ; vol.54, pg 66-84

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Arts asiatiques - Année 1999 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 66-84
On the basis of written sources and the analyses of painted scrolls selected from Chinese and Japanese collections, this article seeks to define the stylistic and iconographie origins of the Sixteen Arhat motif in Buddhist painting between the eighth and tenth centuries. From the work of Lu Lengjia it can be seen that paintings of arhats in series of sixteen, treated in the genre of portraits of eminent Buddhist monks, are attested already in the middle of eighth century. Because of intense demand and whidespread diffusion of the genre, primarily for religious reasons, arhat paintings become very diversified by the beginning of the tenth century. Two separate traditions dominate : the non-narrative current is characterized by minimalist composition and the narrative one by a detailed environment containing arhats of a very human type, as painted in the work of Zhang Xuan (active ca 910). The monk Guanxiu (839-912), who in the following centuries became the major reference in the field of arhat painting, developed three styles : realist, but above all grotesque and simplified, as we can see in the complete series kept in the Japanese Imperial Household collections. Steles, xylographies and literary descriptions all contributed to the transmission of Guanxiu's styles. The similarity of detail between his arhat and those of Seiryoji and Kodaiji, as well as those of Liu Songnian (ca 1207), show his enduring influence throughout the Song. The addition of two arhats would appear to be a simple incoherence rather than a deliberate creation : a result of the copying process stimulated by the magical function attributed to Guanxiu's paintings.
A l'appui des sources écrites et de l'analyse de rouleaux peints conservés dans les collections chinoises et japonaises, cet article propose de définir la genèse stylistique et iconographique des Seize Arhat dans la peinture bouddhique du VIIIe siècle au Xe siècle. A travers l'œuvre de Lu Lengjia, la prédominance des arhat en séries de seize, traités à la façon des portraits de moines éminents, est attestée dès le milieu du VIIIe siècle. Sous l'impulsion d'un marché intense et d'une large diffusion, notamment pour des raisons religieuses, la peinture d'arhat apparaît, au début du Xe siècle, extrêmement diversifiée. Deux courants iconographiques se partagent alors l'inspiration : le courant « atemporel » de composition minimaliste et le courant « anecdotique » à l'environnement détaillé relevant des arhat à l'aspect humain de Zhang Xuan (actif ca 908- 910). Devenu aux siècles suivants la référence en matière de peinture d'arhat, le moine Guanxiu (839-912) en développa trois styles : réaliste, mais surtout grotesque et simplifié, tous trois perceptibles dans la série complète de la collection impériale japonaise. Stèles, xylographies et descriptions littéraires ont contribué à la transmission de la tradition picturale des arhat selon Guanxiu. La similitude de certains détails de ses arhat avec ceux du Seiryoji et du Kodaiji et avec ceux peints par Liu Songnian (ca 1207) montre l'influence durable de Guanxiu sous les Song. Plutôt qu'une création délibérée, l'addition de deux arhat supplémentaires dans certaines séries apparaît comme une incohérence. Celle-ci résulterait du processus de copies stimulé par la fonction magique que l'on prêtait aux œuvres de Guanxiu.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Evelyne Mesnil
Les Seize Arhat dans la peinture chinoise (VIIIe-Xe s.) et les
collections japonaises : prémices iconographiques et stylistiques
In: Arts asiatiques. Tome 54, 1999. pp. 66-84.
Citer ce document / Cite this document :
Mesnil Evelyne. Les Seize Arhat dans la peinture chinoise (VIIIe-Xe s.) et les collections japonaises : prémices iconographiques
et stylistiques. In: Arts asiatiques. Tome 54, 1999. pp. 66-84.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1999_num_54_1_1433Abstract
On the basis of written sources and the analyses of painted scrolls selected from Chinese and
Japanese collections, this article seeks to define the stylistic and iconographie origins of the Sixteen
Arhat motif in Buddhist painting between the eighth and tenth centuries. From the work of Lu Lengjia it
can be seen that paintings of arhats in series of sixteen, treated in the genre of portraits of eminent
Buddhist monks, are attested already in the middle of eighth century. Because of intense demand and
whidespread diffusion of the genre, primarily for religious reasons, arhat paintings become very
diversified by the beginning of the tenth century. Two separate traditions dominate : the "non-narrative"
current is characterized by minimalist composition and the "narrative" one by a detailed environment
containing arhats of a very human type, as painted in the work of Zhang Xuan (active ca 910). The
monk Guanxiu (839-912), who in the following centuries became the major reference in the field of arhat
painting, developed three styles : realist, but above all grotesque and simplified, as we can see in the
complete series kept in the Japanese Imperial Household collections. Steles, xylographies and literary
descriptions all contributed to the transmission of Guanxiu's styles. The similarity of detail between his
arhat and those of Seiryoji and Kodaiji, as well as those of Liu Songnian (ca 1207), show his enduring
influence throughout the Song. The addition of two arhats would appear to be a simple incoherence
rather than a deliberate creation : a result of the copying process stimulated by the magical function
attributed to Guanxiu's paintings.
Résumé
A l'appui des sources écrites et de l'analyse de rouleaux peints conservés dans les collections chinoises
et japonaises, cet article propose de définir la genèse stylistique et iconographique des Seize Arhat
dans la peinture bouddhique du VIIIe siècle au Xe siècle. A travers l'œuvre de Lu Lengjia, la
prédominance des arhat en séries de seize, traités à la façon des portraits de moines éminents, est
attestée dès le milieu du VIIIe siècle. Sous l'impulsion d'un marché intense et d'une large diffusion,
notamment pour des raisons religieuses, la peinture d'arhat apparaît, au début du Xe siècle,
extrêmement diversifiée. Deux courants iconographiques se partagent alors l'inspiration : le courant «
atemporel » de composition minimaliste et le courant « anecdotique » à l'environnement détaillé
relevant des arhat à l'aspect humain de Zhang Xuan (actif ca 908- 910). Devenu aux siècles suivants la
référence en matière de peinture d'arhat, le moine Guanxiu (839-912) en développa trois styles :
réaliste, mais surtout grotesque et simplifié, tous trois perceptibles dans la série complète de la
collection impériale japonaise. Stèles, xylographies et descriptions littéraires ont contribué à la
transmission de la tradition picturale des arhat selon Guanxiu. La similitude de certains détails de ses
arhat avec ceux du Seiryoji et du Kodaiji et avec ceux peints par Liu Songnian (ca 1207) montre
l'influence durable de Guanxiu sous les Song. Plutôt qu'une création délibérée, l'addition de deux arhat
supplémentaires dans certaines séries apparaît comme une incohérence. Celle-ci résulterait du
processus de copies stimulé par la fonction magique que l'on prêtait aux œuvres de Guanxiu.Evelyne Mesnil
Kyoto
Les Seize Arhat dans la peinture chinoise (vine-xes.)
et les collections japonaises :
Prémices iconographiques et stylistiques
Parmi les thèmes en faveur dans la peinture chinoise boud textes et les peintures, dont le seul point commun est de se
dhique à partir du milieu des Tang (618-907), celui des arhat conformer au nombre de seize arhat, mais dont la liste varie.
En Chine, Yarhat Pindola a bénéficié dès le Ve siècle d'un se distingue par une pérennité iconographique et stylistique
mise en place sous les Cinq Dynasties (908-965) et par une culte individuel propice à la création d'un support iconogra
phique. Le Fayuan zhulin (4) atteste d'une première icône de large transmission dans les pays d'Extrême-Orient dont les
effets sont encore perceptibles de nos jours. L'examen des rou cet arhat utilisée dans le cadre du rituel d'invitation à Pindola
leaux peints conservés attribués à des artistes de cette époque dans les années 465-471. L'empereur Wu des Liang (r. 502-
met en relief une grande diversité technique, l'apparition de 548) aurait ainsi obtenu une guérison miraculeuse en 4904. Le
nouveaux courants ainsi que la place privilégiée de Guanxiu(1) culte de Pindola ainsi que celui de moines thaumaturges a pu
(832-912), peintre d' arhat retenu comme référence à travers contribuer au développement de celui des seize arhat en génér
les siècles. A l'appui des sources écrites et de l'analyse des al. Trois siècles plus tard, le contexte était favorable. La rel
matériaux picturaux, cet article propose de définir les lignes igion dépassait alors le cadre d'une élite intellectuelle et domi
principales de la genèse de la peinture des Seize Arhat {luohan nante, et pénétrait dans toute sa diversité les classes
tu (2)) dans un cadre chronologique préliminaire. populaires, friandes d'images pieuses et de miracles. Compar
és aux entités telles que les buddha cosmiques, les bodhi-
sattva, les vidyârâja, et autres figures bouddhiques, les arhat
présentaient en effet un aspect plus humain, quoique sous des
Du concept indien aux premières représent traits exceptionnels, qui correspondait davantage au goût de
la société chinoise du vme au xe siècle. ations chinoises
La première série de peintures des seize arhat cataloguée
D'origine indienne, le concept d'arhat désigne les disciples du est l'œuvre de Zhang Sengyou(5) (actif vers 500-550). Elle n'est
Buddha Sâkyamuni, garants de la transmission du Dharma et, toutefois pas mentionnée dans des sources antérieures au
par extension, tout saint personnage aux qualités requises Xuanhe huapum, catalogue des collections impériales Song de
l'ère Xuanhe(7) daté de 11205. Ce peintre, actif sous l'empereur pour cette mission. En Chine et au Tibet, les arhat se voient
rassemblés en groupe de seize, nombre fixé pour quelque Wu des Liang, s'était spécialisé dans les thèmes religieux
temps, et dont la liste la plus ancienne figure dans le texte inti taoïstes et bouddhiques. La peinture des seize arhat de Zhang
tulé Relation sur la durée de la Loi, énoncée par le Grand Sengyou accompagne dans ce catalogue d'autres peintures de
Arhat Nandimitra, traduit en chinois par Xuanzang(3) (602- thèmes bouddhiques dont les dix disciples du Buddha et dix
moines éminents. Quelle que soit l'authenticité de ces attribu664)1. Le texte, dans un registre dogmatique du Mahâyâna,
insiste sur les mérites de chacun et sur la répartition cosmolo tions, celles-ci codifiaient d'une certaine manière l'influence
gique de leur rayonnement mais ne fait apparaître de ces per de Zhang Sengyou, qui fut grande. De nombreux peintres de
sonnages aucune particularité concrète physique ou anecdo- sujets religieux se réclamaient de son style et par là même de
tique propre à la représentation. Le nombre seize et le choix l'iconographie qui lui était rattachée. Le thème des dix dis
de la liste demeure sans explication satisfaisante autre que le ciples du Buddha semble avoir précédé celui des seize arhat.
carré des quatre orients, hypothèse avancée par Edouard En effet, tandis qu'aucune peinture des seize arhat n'est cata
loguée avant les Tang, deux peintres actifs au Ve siècle, Xie Chavannes2. Un groupe de quatre arhat, pouvant préfigurer
Zhi{8) et Mao Huixiu(9), se voient attribuer des illustrations des les Seize arhat protecteurs de la Loi sur les quatre continents,
était en effet déjà mentionné dans des textes plus anciens3. dix disciples du Buddha dans le Lidai minghuaji{m (847)6. Les
arhat en série de cinq apparaissent en revanche dès le IVe Mais seuls Râhula, le fils du Buddha, et Pindola figurent sur

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