Eïdenemar
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Description

Eïdenemar, la Voleuse d'esprit, est une épée au pouvoir étrange qui recèle un lourd passé. À travers les âges, la magie qu'elle recèle a causé bien des ravages. Elthornal, jeune orphelin élevé par les elfes, va l'apprendre à ses dépens...
Cette nouvelle écrite à partir du thème "De la chair à l'acier" s’adresse à tous les amateurs de fantasy.

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Publié le 28 août 2014
Nombre de lectures 18
Licence : En savoir +
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Langue Français

Extrait

Eïdenemar DeDavid DuménilRetrouvez plus de nouvelles et des informations sur la trilogie fantasyLe Livre de la Créationsur http://www.lelivredelacreation.niloo.fr
En des temps reculés, un corps céleste s’écrasa en Anskama. Sa chute, telle un signe des dieux ne passa pas inaperçue et l’on en retrouva un unique morceau noircipar la chaleur. De cette pierre, le savoirfaire d’antan sut extraire un minerai à la blancheur aveuglante. Il fut confié aux plus grands artisans dans le but ultime de créer une arme unique sur tout le continent dont la puissance se révélerait légendaire. Fondue grâce au feu ardent des dragons, forgée par les nains, mélangée à l’acier pour plus de solidité et enchantée par les plus grands seigneurs elfes, ainsi naquit la plus blanche des épées, concentré de l’ensemble des plus grandes connaissances accumulées jusqu’alors, la meilleure arme de toute la création. Le fil de sa lame ne devait jamais s’émousser, l’éclat de sa blancheur ne jamais s’éteindre, les sculptures de son pommeau ne jamais s’éroder. Une fois terminée, plus rien en ce monde n’était capable de la briser, de la faire fondre même le feu sacré des dragons qui lui avait donné vie. Et pourtant, c’est au cœur de sa lame que résidait son pouvoir. Un pouvoir qui surpassait celui de n’importe quel autre artefact enchanté. Pour cette raison, elle fut nommée dans l’ancienne langue Eïdenemar, la Voleuse d’Esprit. De la chair à l’acier, de l’acier à la chair, l’esprit passait grâce à elle. Une simple blessure de sa lame et votre esprit s’y retrouvait emprisonné jusqu’à ce qu’elle frappe à nouveau. À ce moment là, votre esprit pénétrait dans cet autre corps que l’acier avait blessé et l’esprit le plus fort s’emparait du corps, reléguant l’autre à une simple étincelle de vie qui disparaissait bien vite. Néanmoins, l’épée n’était pas sans danger pour son porteur car l’esprit bloqué dans l’acier s’opposait à lui et tentait de le commander. Seuls les esprits les plus puissants avaient le pouvoir d’en user à leur guise et de profiter de l’ensemble du savoir de l’âme piégée dans l’épée. De par sa nature, Eïdenemar causa la chute de bien des empires, fit naître de grandes dynasties, permit à bien des hommes de vivre plusieurs vies comme elle en fit sombrer d’autres dans la folie. Cette épée, héritage des temps anciens, apparut à travers les âges tantôt comme un fléau, tantôt comme une bénédiction jusqu’à la Bataille des Quatre Éléments. En ce triste jour, deux armées de grande ampleur se firent face pour un ultime combat. Elfes, nains et hommes se dressèrent pour affronter Orgilias, elfe noir aux desseins maléfiq ues qui, chevauchant Serthir, le dernier dragon rouge, menait ses troupes recrutées parmi les mercenaires et les êtres à l’âme sombre. À cette époque, Aldor, seigneur des elfes détenait Eïdenemar qui était vide de tout esprit. Aldor connaissait le pouvoirde l’épée et comptait bien y enfermer l’esprit d’Orgilias. Mais pour cela, encore fallaitil arriver jusqu’à lui!  Dans chaque armée, la moitié des guerriers possédait la maîtrise des quatre éléments en plus de la science des armes et la magie se déchaîna sur le champ de bataille. Des corps tombèrent par milliers. La terre tremblait. Le feu brûlait. Le vent soufflait. L’eau se déchaînait. Les quatre éléments par l’intermédiaire des mages se livraient eux aussi un combat sans merci. Un certain équilibre s’imposa sur le champ de bataille jusqu’au moment où Serthir succomba à ses multiples blessures malgré la magie ancestrale qu’il possédait. Orgilias se retrouva alors sans monture et en poussant son cri de ralliement, Aldor s’élança vers le chef des ennemis. Cependant une flèche le priva de son cheval et il roula à terre pour se relever devant Orgilias. Les deux elfes se jugèrent l’épée au poing et les sortilèges aux lèvres. Aucune parole ne fut échangée, le regard suffisait. Le duel commença. Orgilias ignorait tout d’Eïdenemar mais il ne prenait pas le risque d’être blessé. Le combat s’éternisa, les sorts rebondissant contre les boucliers et les lames s’entrechoquant sans relâche. Voyant qu’il ne pouvait avoir le dessus, Aldor tenta une manœuvre délicate. Il s’avança d’un pas dans une position instable et attendit que l’elfe noir frappe. Au dernier moment, il se décala et alors que l’arme de son ennemi lui lacérait le flanc, il fit fi de la douleur et porta un coup qui toucha au but.
Les yeux d’Orgilias serévulsèrent alors que son esprit quittait sa chair. Aldor se prépara à l’assaut de l’esprit de son ennemi. Si l’elfe noir parvenait à prendre le contrôle de son bras ne serait ce qu’une seconde et à frapper un autre soldat, son esprit quitterait l’acier pour la chair et tout serait à refaire. Le seigneur elfe mesura alors toute l’étendue du pouvoir d’Orgilias. Son esprit était d’une puissance incommensurable et lorsqu’il lança le premier assaut, Aldor eut le plus grand mal à le repousser. Il sut dès lors qu’il ne pourrait pas le vaincre et qu’il allait s’emparer de son corps. Alors dans un ultime élan de volonté, il s’enfonça Eïdenemar dans le cœur.L’esprit d’Orgilias fut transféré dans le corps mourant d’Aldor. Mais il lutta de toutes ses forces pour revenir dans Eïdenemar. Et il y parvint. L’épée restant plantée dans la chair, elle constituait un réceptacle pour cet esprit en perdition. Ainsi, le seigneur elfe mourut et l’esprit d’Orgilias fut emprisonné dans la lame. Lorsque la bataille prit fin, on netrouva plus aucune trace d’Eïdenemar. Le déchaînement de la magie était tel qu’on ne reconnaissait plus le paysage. Certains corps avaient été ensevelis par les séismes ou les flots en furie voire portés en d’autres lieux par le vent ou incinérés par les flammes. Eïdenemar disparut donc du continent et la Bataille des Quatre Éléments entra dans la légende. Jusqu’au jour où... La clairière était jonchée des cadavres des brigands et des soldats. Voilà plusieurs mois que cette bande de horslaloi hantait la forêt, dépouillant ceux qui la traversaient. Deux bataillons de cavaliers avaient été envoyés pour y mettre un terme. La chose était faite. Borh fouillait le champ de bataille à la recherche d’une nouvelle épée puisque la sienne s’était brisée lors de son dernier affrontement. Mais les vieilles épées des brigands n’attiraient guère son attention et il se refusait à dépouiller ses propres soldats. Borh, viens voir par ici.  Il reconnut immédiatement la voix de son frère. Comme lui, il commandait un détach ement de cavaliers. À trente ans passés, les deux frères étaient toujours inséparables. Ils avaient fait les quatre cents coups ensemble dans leur jeunesse et dès qu’ils en avaient l’occasion, ils partaient au combat ensemble. Étant jumeaux, ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eau excepté un détail. Borh préférait avoir les cheveux courts alors que Torh arboraient fièrement sa queue de cheval à la mode guerrière. Depuis peu, le lien qui les unissait s’était légèrement modifié. En effet, Borh s’était marié il y a quelques mois et sa femme attendait un heureux événement. Torh s’adaptait volontiers à ce nouveau mode vie car il était heureux que son frère fonde une famille. Borh s’avança en direction de la voix et pénétra sous une des tentes en toile qui constituaient le camp des brigands. Son frère se trouvait là tout excité par sa découverte. Regarde ça ! Dans ce coffre, les brigands ont entassé les bijoux, celuici contient leur argent, celui là toutes sortes d’objets de grande valeur comme la porcelaine, énuméra Torh en détaillant chaque coffre.  Il désigna le dernier et en souleva le couvercle triomphant. Mais c’est dans celui ci que tu devrais trouver ton bonheur.Borh écarquilla les yeux. Devant lui se trouvait tout un assortiment d’armes de toutessortes, de l’arbalète au fléau en passant par la dague; le tout était entassé un peu n’importe comment.Mais que comptaientils faire de tout ça ? Ils devaient vouloir écouler leur stock en ville. Beaucoup de marchands ne s’intéressent pas à l’origine de la marchandise qu’on leur présente s’ils voient qu’elle a de la valeur, rappela Torh réaliste.  Borh commença à retirer les armes une par une en prenant soin de ne pas les abîmer. Un éclair blanc attira son attention. Plongeant précautionneusement sa main dans le coffre, il en retira une épée blanche comme la neige, de la lame au pommeau. Le guerrier la soupesa et l’empoigna fermement.
Une très belle arme, appréciatil en connaisseur, bien équilibrée et finement ciselée. Je crois que je vais la prendre. Moije n’hésiterais pas une seconde, s’exclama Torh sans quitter l’épée des yeux. Elle serait magique que ça ne m’étonnerait pas.Lorsqu’ils rentrèrent au château, l’épée blanche pendait sur les flancs de Borh, soigneusement rangée dans son fourreau. Après avoir fait leur rapport à leur supérieur, ils descendirent jusqu’au village pour fêter leur victoire à la taverne.Le lendemain, les deux frères se retrouvèrent dans la cour d’entraînement du château alors que le soleil hivernal tardait à se lever d’autantplus qu’une masse nuageuse obscurcissait le ciel. Toute la nuit, les averses de neiges avaient déversé leurs flocons tapissant le sol d’un manteau blanc. Ainsi malgré le froid mordant, les deux jumeaux se trouvaient dehors foulant de leur pas cette neige fraîche. Allez Borh, il est temps d’essayer ta nouvelle arme, le pressa son frère en se défaisant de sa cape de fourrure. Cela te réchauffera. Avec plaisir! acquiesça l’intéressé toujours prêt à relever les défis lancés par son jumeau. Les deux guerriersse placèrent face à face, l’arme au poing. Après quelques passes pour s’échauffer et dénouer leurs muscles engourdis, ils passèrent aux choses sérieuses, enchaînant bottes et parades. Borh était satisfait de sa nouvelle épée bien meilleure que la précédente. Plus légère, elle lui faisait gagner en rapidité et en souplesse. Une sensation étrange l’envahit alors que son arme s’éveillait, réchauffée par la chaleur de sa main comme si un court instant, il avait senti une autre présence dans sa tête. Ce moment de déconcentration lui valut une remarque comme il se trouvait à la merci de Torh. La vie en couple te ramollit on dirait, lui lançatil pour le remuer. Ne savoure pas ta victoire trop vite, le prévint Borh avec un sourire forcé car en son for intérieur, cette drôle de sensation perdurait et se renforçait même. L’ignorant, il redoubla d’ardeur cherchant une faille dans la défense de son adversaire. Soudain, son bras se tendit en avant à une vitesse fulgurante sans qu’il en eut conscience. C’est avec le regard d’un autre qu’il eut l’impression de voir son épée partir à la rencontre de son frère. Torh eut à peine le temps de reculer pour parer. Il essuya les quelques gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Retiens tes coups! Le but n’est pas de m’estQuel adversaire sera à taropier ! Tu imagines ! hauteur pour un entraînement avec toi après? plaisanta le guerrier aux cheveux longs d’un ton faussement enjoué. À la vérité, il avait eu peur. L’atmosphère du combat s’était alourdi et l’insouciance du début avait fait place au malaise. Je savais que tu n’aurais aucun mal à parer ce coup, rétorqua Borh avec une assurance feinte. Il se sentait mal à l’aise. Il n’avait jamais voulu porter un coup aussi vicieux comme si quelqu’un avait pris un instant le contrôle de son bras! Borh secoua la tête pour s’ôter ces idées ridicules de l’esprit. Le duel reprit plus calmement. Cependant, Borh sentait que quelque chose ne tournait pas rond. De drôles d’idées s’immisçaient dans sa tête, des émotions étranges, des envies de sang,...  Il trompa la garde de son adversaire mais arrêta son arme à quelques centimètres de l’épaule. Du moins il voulut l’arrêter. Sous ses yeux ébahis, son bras agit autrement et l’épée poursuivit sa course et faisant fi des vêtements mordit la chair. Aie ! Le cri résonna dans la cour silencieuse. C’était plus un cri de surprise que de douleur car une simple éraflure n’était rien pour un tel guerrier aguerri. Un éclair blanc passa dans les yeux de Torh, fugitif, mais qui marqua un changement radical dans l’expression de son visage. Sa mine se fit tout de suite plus sombre, moins amicale avec les traits tirés.
Borh quant à lui se sentait libéré d’un poids. Il avait retrouvé tous ses esprits et réalisé l’ampleur de son geste.Désolé, s’excusatil piteusement, je n’ai pas pu arrêter mon bras à temps.Ce n’est pas grave. Continuons, l’encouragea son jumeau. Même sa voix semblait désormais plus menaçante.  Néanmoins, Borh ne remarqua aucun de ces changements, se concentrant sur la reprise de l’entraînement. Soudain, le combat prit une toute autre tournure. Torh accéléra ses mouvements, donnant plus de forces à ses attaques. Croyant qu’il le mettait à l’épreuve, son adversaire augmenta lui aussi la cadence mais la vivacité des attaques l’obligeaientà rester sur la défense.  Puis, Torh changea du tout au tout. Il enchaîna plusieurs bottes totalement inconnues de Borh dont l’épée lui échappa bientôt glissant sous un tas de bois empilé non loin de là. Alors qu’il levait les mains en signe d’abandon, Torh poursuivit son enchaînement. Sans hésiter un instant, il transperça la poitrine de son jumeau d’un coup mortel.Incapable de comprendre ce qui venait d’arriver, Borh s’écroula face contre terre, un filet de sang s’écoulant à la commissure des lèvres etles yeux rivés sur le rictus de plaisir qui déformait le visage de son frère jumeau. Pourquoi ? haletatil les yeux emplis d’incompréhension. Mais sa question demeura sans réponse. Le visage de Torh changea révélant une expression d’horreur lorsqu’il comprit l’horrible crime qu’il venait de commettre. La panique s’empara de lui et il s’enfuit en courant, pénétrant dans le château. Dans sa hâte, il percuta une servante se rendant en cuisine. Peur et folie se mêlèrent dans ses yeux lorsqu’il l’égorgea. Uncri aigu retentit révélant que la femme de chambre en haut de l’escalier avait vu la scène. Torh dut courir et la rattraper pour mettre fin à sa vie. À ce moment, son esprit apeuré et pris de folie avait perdu d’avance le combat qui se déroulait dans sa tête car Orgilias était de retour dans ce corps de guerriermage et il se lectait de la situation. L’esprit de l’elfe noir avait mis du temps à se réveiller de son long sommeil mais, après avoir forcé Borh à blesser son frère, son esprit s’était déversé dans la chair de ce dernier quittant sa prison d’acier. Il ne lui avait fallu que quelques instants pour prendre possession du corps et tuer Borh affaiblissant par la même occasion l’esprit avec lequel il cohabitait. Aucune âme ne pouvait résister à sa puissance ! La vue du corps ensanglanté de la femme de chambre raviva en lui les souvenirs d’anciens massacres. Un sourire diabolique étira ses lèvres. Il avait à nouveau besoin de voir couler le sang. Ce château allait servir d’exemple. Le monde entier devaitsavoir qu’Orgilias l’Ancien était de retour ! Ansha fut troublée dans ses pensées par le cri aigu d’une femme. Elle frissonna. Le feu qui brûlait dans l’âtre suffisait à peine à la réchauffer. Elle décida de partir à la recherche de son mari; lui saurait ce qui se passait. À cette heure, il devait se trouver dehors, dans la cour d’entraînement. À cette pensée, elle enfila un lourd manteau de fourrure et entreprit de descendre, les deux mains posées sur son ventre. Selon les sagesfemmes, la naissance était prévue dans un mois et il lui devenait de plus en plus difficile de se déplacer. Elle parvint en bas sans problème. Le couloir était étrangement silencieux et elle entrebâilla la porte de la grande salle inquiète. Sa bouche s’ouvrit sur un cri muet. Les corps mutilés des convives se mêlaient à la nourriture étalée par terre. Les belles tapisseries qui ornaient les murs avaient pris une teinte vermeille. Elle eut un haut le cœur et referma en hâte la porte mettant fin à cette vision d’horreur. Toutes ses pensées se tournèrent alors vers son mari. Malgré son état, elle courut à perdre haleine jusqu’à la cour d’entraînement et ouvrit la porte à toute volée. Un gémissement monta de sa gorge lorsqu’elle vit le corps de son mari gisant à terre. Elle tomba à genoux à ses côtés mêlant la neige ensanglantée à sa robe.
 Des larmes roulèrent sur ses joues que le froid ne cristallisa pas tout de suite et qui tombèrent goutte à goutte sur le visage de Borh. Ansha, gémitil les lèvres gelées.  La jeune femme étouffa un cri de joie entre ses larmes. Il était encore en vie. Je suis là mon amour ! le rassuratelle. Qui a fait ça? Que s’estil passé ? T... Torh ! hoquetatil. C’est lui qui m’a blessé. C’... C’était étrange. Il cracha du sang. Ce combat était étrange. Nous n’étions pas nousmêmes. Ton frère! s’étonna Ansha dans un sanglot. Alors c’est lui qui a massacré tous ceux présents dans la grande salle.  Borh roula des yeux effaré. C’est impossible. Il n’est plus luimême ! Quelque chose a pris possession de lui. Une vitre se brisa et un corps décharné s’écrasa au sol. Un rire diabolique résonna à l’une des fenêtres, un rire qu’ils connaissaient bien... Ansha jeta un regard implorant vers son mari. Tout allait trop vite et elle ne suivait pas. Fuis ! lui ordonnatil d’une voix ferme. Fuis et emmène notre enfant loin d’ici. Pour appuyer ses dires, il posa délicatement sa main sur son ventre. Cette caresse réchauffa le cœur d’Ansha.Mais toi ? murmuratelle. Je ne peux pas te laisser ici. Pars! J’ai perdu tropde sang. Fuis vers le nord ! Mais je peux aller chercher de l’aide au village.Non! le coupa Borh en mettant toute son énergie dans sa voix. Si Torh est devenu fou, c’est là qu’il se rendra ensuite. Fuis vers le nord et la grande forêt. Fais le pour notreenfant.  La jeune femme fut secouée par un sanglot et ses larmes coulèrent plus fort. Mais je ne peux pas t’abandonner. Comment vaisje survivre sans toi ? Pars, la suppliatil implorant. Fais le pour lui.  Du doigt, il désigna le ventre rond de sa femme. C’est pour lui que tu dois vivre désormais. Alors, Ansha se releva secouant son manteau et sa robe pour en chasser la neige. Et elle partit, jetant un ultime regard à son mari. Mais un éclair attira son attention. Elle s’approcha du tas de bois et en retira une épée d’une blancheur incroyable. Elle la cacha sous sa robe. Elle savait à peine se servir d’une arme mais elle pourrait toujours la revendre si besoin était. En outre, l’épée exerçait sur elle un certain attrait.  Avisant son geste, Borh voulut la mettre en garde contre cette lame qu’il jugeait maléfique mais son heure était venue et il expira dans un dernier râle d’agonie.Avec précaution, Ansha pénétra en cuisine, s’empara d’un sac rempli de provisions et s’enfuit par le pontlevis vers la silhouette protectrice des arbres centenaires à plusieurs kilomètres de là.  Au rythme où elle avançait, piétinant dans la neige, il lui fallut toute une journée pour atteindre son objectif. À la tombée de la nuit, elle arriva enfin sous le couvert des arbres. Ses jambes la trahirent et elle s’effondra sur le sol. Ses larmes s’étaient taries depuis ce matin tellement elle avait pleuré son défunt mari. Peu importe car il ne lui restait même plus la force de pleurer. La nuit tombait et le froid avec elle, lui gelant les plus infimes parties de son corps.  En réponse à son désespoir, les hurlements des loups saluèrent le lever de la lune. Elle ne savait où aller et elle n’avait rien pour faire du feu et se réchauffer. Elle était seule au milieu des arbres et le village le plus proche se trouvait à plus de vingt kilomètres d’ici en suivant la lisière de la forêt. Elle ferma les yeux et s’abandonna au sommeil, espérant ne jamais revoir la lumière du jour.
 Ce furent les elfes et non les loups qui la trouvèrent inanimée. Elfes comme nains demeuraient secrets et se cachaient volontiers de la vue des hommes à cette époque mais ils ne pouvaient laisser un être humain surtout avec un enfant à naître mourir sur le pas de leur royaume.  Ansha fut conduite dans la cité elfiquedissimulée au cœur de la forêt profonde là où la magie sylvestre demeurait la plus forte. Ils la soignèrent et la laissèrent se reposer dans une des chambres du palais princier. Mais la pauvre femme avait perdu toute envie de vivre et seul l’enfant qui grandissait en son sein lui apportait un faible réconfort. Au cours de sa lente convalescence, elle leur raconta sa vie et ses péripéties et les elfes l’écoutèrent attentifs mais sans émettre un seul commentaire. Ce fut dans cette chambre qu’Ansha donna naissance à un magnifique garçon en pleine santé. Mais sa mère affaiblie par sa tristesse ne supporta pas cette dernière épreuve de l’accouchement et dans un dernier soupir, elle laissa son enfant aux mains des elfes. Ces derniers lui donnèrent le nom d’Elthornal, Hiver telle la saison qui l’avait vu naître. À sa naissance, les elfes pour qui l’avenir révélait certains secrets surent que sa destinée serait d’affronter l’être qui avait tué son père. Alors qu’ils avaient accueilli Ansha comme une intruse, Elthornal s’intégra parfaitement à leur peuple en grandissant. Il fut élevé par la famille d’Orthas, un vieux mage elfe connu et respecté pour sa sagesse. Sa fille Lalia s’occupait de son éducation et l’élevait comme son fils tandis que le vieux sage lui prodiguait son enseignement. Elthornal apprit bien vite l’art de la magie, du combat mais également celui de la dissimulation et à utiliser toutes ces compétences avec sagesse. Elfes et hommes n’évoluent pas à la même vitesse. Mais, en grandissant, Elthornal se lia d’amitié avec le fils de Lalia : Iltrial. Ainsi, le fils de Borh eutil une enfance presque normale, isolé du monde. Mais en vingt ans, la vie avait bien changé. Eïdenemar avait libéré l’âme qu’elle contenait et il avait suffit d’une année à Orgiliaspour se réorganiser. Il avait pris la tête des elfes noirs, reformé une armée et s’était emparé du pouvoir. La vie était alors devenue un enfer pour tous les habitants du continent. Mais Orgilias voulait également étendre son influence sur les elfes et le s nains, ses ennemis d’antan. De la forteresse noire de Minarworth au centre d’Anskama, il lança ses sorts les plus puissants. Des séismes secouèrent les réseaux de galeries des nains au cœur de leurs montagnes et un mal incurable se mit à ronger les arbres des forêts elfiques. Chaque jour qui passait voyait l’influence d’Orgilias sur Anskama s’accroître.Les elfes n’avaient raconté qu’une partie de la vérité à Elthornal. Il savait seulement que son père avait été tué par Orgilias et il entretenait donc depuis son plus jeune âge une haine féroce à l’encontre de cet être maléfique. Un jour qu’il se rendait en compagnie d’Iltrial dans la clairière où ils s’entraînaient quotidiennement, le spectacle l’horrifia. Les chênes majestueux qui protégeaient la clairière avaient dépéri en une nuit laissant place à des troncs squelettiques dépourvus de feuilles. Un seul pas en ce lieu lui suffit pour ressentir le mal né des sorts d’Orgilias; un processus irréversible que seul la mort de son initiateur pourrait briser.  Alors, Elthornal sut qu’il était temps pour lui d’aller affronter l’assassin de son père. Il alla faire part de sa décision à Orthas dès son retour. Les traits du vieil elfe se tirèrent à cette nouvelle. L’heure est donc venue, soupiratil les traits crispés. Mais avant ton départ, il y a plusieurs choses à propos desquelles nous devons discuter.  Orthas lui fit signe de le suivre. Intrigué par les propos du vieux sage, Elthornal obéit et se laissa guider jusqu’à une pièce dans laquelle il n’avait jamais pénétré : la chambre d’Orthas. Il prit place dans un des fauteuils qui meublaient la salle et attendit la suite des événements. Orthas s’avança jusqu’à un coffre qu’il déverrouilla d’une formule magique. Avec précaution, il en retira Eïdenemar et l’apporta à son protégé. Les yeux d’Elthornal brillèrent devant la splendeur de l’épée. Jamais il n’avait vu une telle arme! Mais quel était le rapport avec sa situation ?
De multiples questions se bousculent dans ton esprit à la vue de cette épée, devina sans mal Orthas. J’y répondrai une à une mais laissemoi d’abord te conter une histoire.Et le vieil elfe lui révéla la véritable identité du corps d’Orgilias et la manière dont l’elfe noir s’en était emparé. Tout ce qu’Ansha avait dit avant de mourir, il le lui apprit. Mais son récit ne s’arrêta pas là. La création d’Eïdenemar, son pouvoir, la Bataille des Quatre Eléments et sa réapparition dans les mains de Borh, rien ne fut épargné à l’esprit d’Elthornal qui absorba une grande page de l’Histoire. Quand ce déluge de paroles eut cessé, il resta un long moment immobile, les yeux dans le vague à assimiler au mieux toutes ces histoires. Orthas respecta ce silence et attendit un moment avant de reprendre la parole. Il est temps que tu commences à poser tes questions,l’encouragea l’elfe. Je te promets d’y répondre par la vérité.  Elthornal fixa ses yeux verts sur lui et lui demanda sur un ton de reproche parfaitement justifié. Pourquoi m’avoir raconté ces mensonges sur la mort de mon père? Et pourquoi m’avoir caché l’existence de cette épée ? La réponse aux deux questions découle de cette épée, commença le vieux sage en désignant Eïdenemar posé sur une table entre lui et le jeune homme. Cette épée exerce une certaine attirance sur les gens, celle la même que je lis dans ton regard.  Elthornal cligna des yeux comme pour contredire son maître. Que se seraitil passé si tu l’avais vu enfant? Tu n’aurais souhaité qu’une chose, t’entraîner avec et partir le plus tôt possible te venger d’Orgilias.Mais j’ai toujours voulu mevenger d’Orgilias! protesta Elthornal dans un cri. Laisse moi terminer, l’arrêta Orthas la mine sévère. Un tel événement aurait eu de sombres conséquences. Si par accident, dans l’ardeur de la jeunesse, tu avais blessé ton adversaire ou même toi, que se seraitil passé ? Il était nécessaire que tu ais acquis suffisamment de connaissances pour connaître l’entière vérité. Durant tout ce temps, je n’ai pensé qu’à ta propre sécurité. Les arguments d’Orgilias étaient emplis de sagesse. Il avait sans nul doute longuement fléchi avant de prendre une telle décision. Les elfes n’aimaient guère mentir préférant la vérité telle qu’on la trouve dans la nature. Pourtant, Elthornal doutait encore du bien fondée de la décision qui l’avait fait vivre dans le mensonge depuis vingt ans. Vous auriez pu me parler de cette épée sans me la confier pour autant. J’aurais connu la rité sans m’exposer aux dangers que vous avez cités.Voilà qui est bien raisonné mais tu oublies la curiosité qui bouillonne en toi. Dès que ta mèrem’a montré cette épée, je l’ai tout de suite identifiée. Je suis né à une époque où Eïdenemar hantait encore bien des légendes et sa pureté étincelante ne laissait aucun doute sur sa vraie nature. Conscient du pouvoir qu’elle représentait, je l’ai dissimulé dans ma chambre, dans ce coffre. C’est l’unique raison qui m’a poussé à t’interdire l’accès à cette pièce. Et pourtant, souvienstoi, cela ne t’a pas empêché de tenter d’y pénétrer. Fort heureusement, mon sort veillait et tu t’es brûlé la main sur la poignée de porte. Si tu avais eu connaissance d’Eïdenemar, tu n’aurais eu de cesse de la dénicher.Elthornal ne put qu’acquiescer devant cette vérité. Le vieil elfe avait réellement envisagé toutes les possibilités qui s’offraient à lui et choisi la meilleure. Puisque le passé t’a été révélé et que le présent t’est connu, concentronsnous sur l’avenir, lui proposa soudain Orthas.  Le jeune homme acquiesça. Sur ce sujet, de multiples questions lui brûlaient les lèvres. De cette question va dépendre celles qui vont suivre, le prévint Elthornal le visage grave. Pensezvous nécessaire et possible que j’aille affronter Orgilias?
 Orthas laissa paraître sa surprise un instant avant de redevenir impassible. Voilà une question qui démontre que je t’ai appris à réfléchir avec sagesse. Cette soif de vengeance qui te ronge le cœur est légitime. Orgilias a tué ton père et s’est emparé du corps de ton oncle. Mais les prophètes elfes ont prédit que ton destin était d’affronter ce monstre et qu’avec toi brillait la lueur dela libération. C’est en vue de ce jour que je t’ai entraîné et si tu as besoin de ma bénédiction, sache que je t’apporte tout mon soutien. C’est sur tes épaules que repose l’espoir de milliers d’êtres mais ce nouveau poids ne doit jamais te déstabiliser mais plutôt raviver tes forces. Je suis prêt à l’affronter, affirma Elthornal sans peur ni vantardise, mais je dois connaître le meilleur moyen d’y arriver.Orgilias ne quitte jamais sa sombre forteresse de Minarworth et c’est là que tes pas te conduiront.Il te faudra trouver un moyen d’y pénétrer pour l’y affronter. Mais ne sousestime jamais ses défenses. Souvienstoi que son esprit est ancien et retors. Mais surtout, sur le trajet, évite le combat! L’éclat de ton épée attirerait tous les regards et Orgilias ne laissera pas circuler longtemps l’arme qui a causé sa perte une fois déjà.Et comment vaisje faire pour me repérer à l’extérieur. Je n’ai jamais quitté la forêt.La mine d’Orthas se fit plus morne.J’en suis désolé. Je suis sûr que tu aurais aimét’amuser avec d’autres humains mais loin de la forêt, je n’aurais pas pu assurer ta sécurité et je ne pouvais permettre cela. Le monde extérieur est fort différent de notre cité et tu y seras vite perdu c’est pourquoi je te propose un compagnon de route. Qui estce? s’enquit Elthornal intrigué. Iltrial! Non! Iltrial ne connaît pas plus le monde extérieur que toi. Il s’agit d’un être que tu ne connais pas. Mais je te propose de manger avant de te le présenter. Le jeune homme jeta un coup d’œil à la fenêtre. Le soleil était déjà à son zénith et il venait de passer toute la matinée à converser avec Orthas. Si cela ne tenait qu’à lui, il aurait voulu faire immédiatement connaissance avec le mystérieux inconnu mais malheureusement, son maître et son ventre n’était pas du même avis. Il accepta de déjeuner ici et de prendre son mal en patience.Il mangea sans appétit, encore bouleversé par ce qu’il venait d’apprendre. Ainsi, son destin était d’affronter Orgilias. Il l’avait toujours souhaité mais savoir que dece souhait dépendait le sort du peuple elfe lui donnait matière à réfléchir. Il avait vingt ans, un âge ridicule pour les elfes immortels et jeune pour un humain, pourquoi étaitce à lui d’affronter l’elfe noir? Ne devraitil pas patienter le temps d’acquérir l’expérience qui lui manquait? L’idée l’effleura un court instant. Néanmoins, chaque seconde qui passait voyait la forêt s’amenuiser et sans cet environnement protecteur, les elfes seraient bientôt à la merci d’Orgilias. Et ça, il ne pouvait le permettre ! Le repas prit fin. Elthornal allait enfin connaître l’identité de son futur compagnon.Il ne va pas tarder à arriver, dit Orthas qui avait remarqué son impatience croissante. Mais permet lui de se présenter avant de laisser éclater ta curiosité. Elthornal n’écouta même pas le vieil elfe. Toute son attention était fixée sur le bruit de pas qui retentissait derrière la porte. On frappa poliment. Entrez ! Nous vous attendions ! La porte s’ouvrit dévoilant la silhouette d’un... nain! Contrairement à certains préjugés, les nains et les elfes ne se haïssaient pas. Leurs deux peuples étaient là bien avant les humains et au même titre que les dragons désormais éteints, ils faisaient partis des anciennes races. De par ce fait, des liens très fort les unissaient. À une certaine époque, nains et elfes avaient guerroyé l’un contre l’autre mais ces guerres appartenaient au passé. En outre, le retour d’Orgilias avait renforcé le dialogue entre les deux nations menacées par sa puissance croissante.  Ainsi, Elthornal avait en maintes occasions rencontré des nains alors qu’il n’avait eu aucun contact avec les humains. Mais le nouveau venu lui était inconnu. D’une taille honorable de un
mètre, le nain possédait une barbe fournie mais exceptionnellement courte. Son visage encore lisse laissait deviner son jeune âge. Le nain les salua d’un signe de tête puis tourna son regard vers le jeune humain. Ils restèrent un long moment à se dévisager l’un et l’autre cherchant entre autre à discerner leur personnalité.Elthornal, je te présente Itelhornar Brisefer, émissaire du roi Monhenthar auprès du peuple elfe. Heureux de vous rencontrer, dit Elthornal respectant les règles de politesse.  Mais il les abandonna bien vite pour une approche plus directe. Quelles affaires vous amènent en ce lieu ? Orthas le foudroya du regard. Il n’était pas censé poser de questions pour le moment. Mais le nain lui rétorqua aussitôt : Je suis venu porter plusieurs messages aux rois des elfes et non rendre des comptes à un impertinent qui vit dans la cité.  Elthornal avait mérité cette repartie un peu glaciale mais son orgueil était piqué au vif. L’impertinent qui se tient devant vous s’apprête à partir dans le but de libérer votre peuple du joug d’Orgilias. Il mérite donc un minimum de respect.Avant cela, il devrait faire preuve d’un peu plus de ce respect qu’il vante tant au lieu de se comporter comme un rustre qui fait honte au peuple qui l’a élevé.Le seul rustre que je vois ici, c’est celui qui se permet d’insulter les membres de la famille deson hôte, lâcha le jeune homme irrité par l’attitude hautaine d’Itelhornar.Par quel nom désigner alors celui qui se plaît à offenser l’invité de sa maison, rétorqua le nain tout aussi agacé. Un imbécile ! Cela suffit ! La voix sèche d’Orthas fit aussitôt taire les belligérants. J’attendais de vous autre chose que ce semblant de joute verbale. Dégainez vos armes au point où vous en êtes et souillez ces lieux en y faisant couler votre sang. La colère du vieil elfe était palpable dans l’air, pourtant, Itelhornar se risqua à se justifier, se croyant dans son bon droit. Ce sont ses paroles qui ont déclenché l’hostilité. J’ai jugé approprié de le remettre à sa place. Les torts sont partagés des deux côtés, le coupa Orthas, et rien ne justifiait de telles parol es. L’heure est bien trop grave pour que l’on perde notre temps dans des disputes enfantines! Je vous offre mes excuses, s’amenda Elthornal l’air penaud. Ma question était déplacée.Le visage du nain se radoucit en voyant qu’Elthornal agissait de sa propre initiative et avec sincérité. Je les accepte volontiers et je vous prie d’accepter les miennes également car je n’ai fait qu’envenimer la situation.Voilà qui est mieux, les félicita Orthas. Nous allons pouvoir continuer sur de meilleures bases. D’un geste, il invita Itelhornar à s’asseoir à leur côté.Itelhornar est venu nous avertir que la situation dans les montagnes empirait aussi et qu’il était temps d’agir.Mon roi proposait aux elfes de s’allier à nouveau pour affronter l’armée d’Orgilias, poursuivit le nain, mais je crains que ce soit impossible. Nos deux peuples ne sont plus assez puissants désormais pour un tel combat. Il est dommage que nous n’ayons pas réagi plus tôt lorsqu’Orgilias n’avait pas encore retrouvé toute sa puissance, regretta le nain d’une voix amère. Quant aux humains, ils sont trop divisés et déjà sous la coupe de l’elfe noir pour nous venir en aide. Notre seul espoir réside en votre personne et sur ce que les elfes
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