De nos propres ailes
165 pages
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De nos propres ailes , livre ebook

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Description

L'équipe de volley du lycée Saint-Exupéry vient de réaliser son rêve : elle a gagné la Coupe de France Heaven et va partir disputer la finale internationale à La Désirade ! Elle sont six amies inséparables. Et puis, il y a Gladys, la remplaçante, qui vient d'arriver dans l'équipe. Dans le RER qui les ramène chez elles, les amies ont du mal à contenir leur joie. Elle sont si excitées que l'une d'elles, Tina, tombe dans un escalator et se casse l’épaule. C’est donc Gladys qui la remplacera à La Désirade. Les filles ne peuvent pas envisager que Tina ne les accompagne pas et décident donc de mettre en place une cagnotte pour payer son billet d’avion. Il leur reste 3 mois pour rassembler 1000 euros. Elles se réuniront donc chaque mois et verseront une somme fixe dans la cagnotte. Puis un jour, la cagnotte, cachée dans un casier du gymnase, disparaît… Seule l’une des sept filles a pu faire le coup, mais qui, et pourquoi ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782747076210
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Kinga Wyrzykowska a longtemps rêvé d’être volleyeuse. Elle y pense encore parfois. Sélectionné à de nombreux prix, son premier roman, Memor , a reçu le prix Plume Cultura. De nos propres ailes est son deuxième livre.
 
 
 
À mes papillons joyeux, Marguerite, Barthélémy et Suzanne. À Jean-Baptiste, et nos horizons. À mes sœurs, Marta et Klara, si loin parfois mais sous le même ciel étoilé, toujours.
 
 
 
 
 
 
 
 
Illustration de couverture : Clément Oubrerie
 
© Bayard Éditions, 2017 18 rue Barbès, 92128 Montrouge Cedex
ISBN : 978-2-7470-7621-0
Dépôt légal : janvier 2017 Première édition
 
Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Tous droits réservés. Reproduction, même partielle, interdite.
Table des matières
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« C’est vraiment le slogan le plus pourri de l’histoire du sport », songe Gladys tandis que s’élève, dans le gymnase de Villedomblin, le cri de ralliement des joueuses de son équipe :
– Avec Saint-Ex… Volley, plus haut ! Volley… plus haut ! Volley, encore plus haut !
Elle observe de loin le cercle rouge et compact formé par leur accolade. C’est le même rituel avant chaque match : elles se tiennent par la main, les paupières closes, concentrées, en silence. Et soudain l’une d’elles lance la formule magique, reprise trois fois par le reste de la bande. Comme d’habitude, Gladys reste à l’écart, sans chercher à pénétrer le groupe, qui l’a oubliée de toute façon, habitué à fonctionner à six. Elle est la nouvelle, la remplaçante. À moins d’un miracle, ou d’une catastrophe, elle ne jouera pas. Elle restera vissée au banc de touche, à part.
Quelques mètres devant elle, l’animateur de la Coupe nationale Heaven redouble d’efforts pour se faire entendre. L’homme, rubicond sous une chevelure blonde peroxydée, est chargé de gonfler à bloc les spectateurs du vaste gymnase René-Doriant.
– Tous gagnants, y a pas de perdants à la Coupe Heaven !
L’essentiel, c’est de participer…
 
Son micro fonctionne mal. Des auréoles de sueur maculent sa chemise émeraude aux couleurs de l’incontournable sponsor : la marque de soda Heaven. Les imposants gradins disposés autour du terrain de volley peinent à se remplir, désertés par les supporters des équipes éliminées dans la matinée. Les finalistes – en maillot rouge ou bleu – rejoignent leurs entraîneurs respectifs. Un néon cassé clignote au-dessus du filet. Elles ne le remarquent pas. Elles se concentrent en vue de l’affrontement ultime. Il y a des mois qu’elles s’y préparent et c’est maintenant : la conclusion du tournoi le plus important de l’année, le seul qui leur ouvre la porte d’une compétition internationale.
– L’essentiel, c’est de participer… C’est la loi de la compétition…
Un larsen siffle la fin de la phrase tandis que des amplis s’échappent les premières notes électroniques d’un morceau de dance . Quelques applaudissements timides tentent de suivre son rythme saccadé.
Le présentateur pointe le doigt vers l’équipe bleue.
– Mesdames et messieurs, elles ont réalisé un sans-faute et n’ont pas cédé une seule manche de tout le tournoi. Ce sont de magnifiques championnes : un tonnerre d’applaudissements pour l’équipe du lycée Gustave-Flaubert à Bramisson dans les Hautes-Alpes !
– Pour Bramisson, atchik, atchik, atchik ! les encourage un supporteur.
– Aïe, Aïe, Aïe ! répliquent les joueuses en chœur.
– Elles ont fait un très beau parcours elles aussi, reprend le maître de cérémonie, en se tournant vers l’autre équipe. Ça fait cinq ans qu’elles jouent ensemble et aux dires de Julie, la capitaine, elles sont aussi proches à la ville que sur le terrain ! On accueille les winneuses du lycée Antoine-de-Saint-Exupéry de Mallarmeuil.
– Yo, yo, yo ! Et hip, hip, hip pour Julie ! scandent, déchaînées, les filles de « Saint-Ex ».
Julie, une petite nerveuse dont les longues boucles brunes encadrent un minois de rongeur aux aguets, sourit les lèvres serrées pour ne pas dévoiler ses bagues. Tina, la plus grande du clan des rouges, lève le poing d’un air de défi en direction de l’équipe adverse. Elle les menace en silence de ses pupilles opaques, brillantes comme des billes recouvertes d’une laque noire. Elle les prévient. Elle est là pour gagner. Elle, et ses cinq acolytes. Elles ne se laisseront pas dérober la victoire. Ses coéquipières l’imitent et se tournent à l’unisson vers leurs ennemies du jour. Les autres les toisent, à travers les mailles du filet. Milena, une blonde robuste au teint de lait, les provoque gentiment :
– À Saint-Exupéry, on n’est pas des Madame Bovary !
Elle ajoute, plus bas :
– … ni des joueuses pourries !
Aussitôt, elle explose de rire en épiant la réaction de ses coéquipières. Ses copines pouffent, complices. L’hilarité les gagne. Elles se tapent dans le dos et sautillent en reprenant leur devise :
– Volley, plus haut ! Volley… plus haut ! Volley, encore plus haut !
Julie, la capitaine, entraîne Gladys malgré elle dans leur joyeuse mêlée.
– Waouh, l’ambiance est chaude-bouillante à Villedomblin pour cette finale ! enchaîne l’animateur, qui s’est avancé au centre de la salle. Ça va être serré, ça va être sportif, ça va être explosif. Et pour cause… Tous les ans, Heaven vous fait rêver, Heaven vous fait voyager, Heaven vous transporte. Ce sera le paradis pour les six titulaires de l’équipe gagnante…
Il s’interrompt pour adapter sa voix à la gravité du moment :
– J’ai bien dit SIX, pas sept, pas huit, mais SIX… Les règles sont les règles, elles sont cruelles mais c’est pour la bonne cause : la beauté du sport, l’émulation permanente, le dépassement de soi, bref, la compétition. L’entraîneur de l’équipe victorieuse choisit SIX championnes dans son écurie : sa dream team , la crème de la crème… celles qui vont passer une semaine de folie à l’autre bout du monde, où elles disputeront la Coupe internationale Heaven !
Il s’arrête de nouveau et apprécie l’effet de ses paroles sur le public et les participantes, puis applaudit lentement, tout seul, pour montrer l’exemple. Un frisson d’espoir parcourt les filles de l’équipe rouge. Depuis qu’elles sont benjamines, elles rêvent de partir jouer ailleurs, loin, comme des pros. Elles doivent gagner. Elles se le sont juré.
La concentration remplace peu à peu l’excitation. Les joueuses remontent leurs genouillères et envahissent le terrain, pour ne pas perdre une seconde des cinq minutes d’échauffement. Les balles roulent et décollent, s’écrasent et s’envolent. Les paumes claquent bruyamment. Les filles sautent, plongent et courent. Elles affûtent leurs services, qui s’écrasent, redoutables, à quelques centimètres de leurs concurrentes. C’est une démonstration de force réciproque à laquelle se livrent les finalistes. Des deux côtés du filet règne la même concentration religieuse.
Gladys a rejoint docilement le banc de touche. Hersant, l’entraîneur, l’interpelle :
– Gladys, va t’échauffer, au moins ! Allez ! On se bouge !
Gladys hésite puis avance mollement vers Nejma, Andrea et Morgane qui attendent en file pour peaufiner leurs smashs. Nejma, c’est l’arme cachée. La plus discrète du groupe. Elle aime surprendre l’ennemi et économise ses forces. Elle, si douce, avec son chignon de danseuse et ses manières de jeune fille rangée, s’avère redoutable dans les moments cruciaux. À l’échauffement, son smash est une caresse. Dans le vif de l’action, il terrasse l’ennemi. En attendant, les bleues de Flaubert épient, narquoises, les rebonds inoffensifs et lents de sa balle dans leur camp. Andrea, la boute-en-train de la bande, complice et volontiers espiègle, feint d’encourager sa coéquipière : « Pas mal, ma Nej, c’est mieux que d’habitude ! » avant de s’élancer à son tour. Par contraste elle tire de toutes ses forces, largement hors des limites du terrain. « Bravo ! Andrea, comment t’assures ! » raille-t-elle tandis que Morgane envoie une passe impeccable à Julie. Gladys l’observe avec envie. Sa silhouette de roseau ne manque jamais de magnétiser ceux qui la regardent. Tout est parfait en elle, jusqu’à son impeccable eye-liner qui souligne, en toutes circonstances, ses yeux verts en amande. Gladys louche, dépitée, sur ses cuisses, brunes, désespérément grasses. Pourquoi a-t-elle mis un short ? À côté de Morgane qui paraît flotter, légère, au-dessus des autres, elle ressemble à un petit boudin vissé sur des quilles de plomb.
– Bon, tu smashes ou tu dors ?
Julie la rappelle à l’ordre. Il n’y a pas de temps à perdre. Gladys hoche la tête et court jusqu’au filet, dans lequel échoue son tir hésitant, au moment où l’animateur peroxydé annonce le début du match.
Déjà, les filles se regroupent autour d’Hersant. Unies, solidaires, inséparables. Gladys ignore Julie qui l’invite à les rejoindre. Elle se réfugie sur « son » banc. Puisqu’elle ne jouera pas, puisqu’elle ne joue JAMAIS , elle refuse de faire semblant de participer. C’est FINI . Elle a bien compris qu’elle n’avait pas sa place dans l’équipe, malgré tous ses efforts. Elle a essayé de s’intégrer depuis son inscription à l’AS en septembre. Elle n’a raté aucun entraînement, aucun match, toujours prête à remplacer l’une ou l’autre au pied levé. Elle a travaillé dur, souvent seule, avec le mur comme unique partenaire. Ses efforts ont porté leurs fruits : elle a marqué des points décisifs en qualification, quand Morgane a lâché au dernier moment. Ça n’a rien changé : quand elles sont six, elle reste sur la touche. Elle n’en demande pas beaucoup, pourtant. Elle n’a JAMAIS rien réclamé. Elle ne s’est pas offusquée que personne n’envisage qu’elle parte, elle aussi, à la Coupe internationale Heaven. Dernière arrivée,dernière servie  : elle a pris le pli, docile. Seulement, elle a besoin, comme tout le monde, d’un peu de considérat

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