Au Nom de l Harmonie, tome 3 : Descendance
336 pages
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Au Nom de l'Harmonie, tome 3 : Descendance , livre ebook

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Description

Après tout ce que j'avais traversé, j'apprenais que j'étais peut-être enceinte d'Alex. Une situation qui n'avait pas fini de me compliquer la vie. Malgré cela, je cherchais à tout prix à démanteler le conseil pour vivre enfin libre.


Si la plupart des petites filles rêvent d'être une princesse ou une reine, l'être réellement implique beaucoup de sacrifices qui m'obligeront à prendre des décisions difficiles.


Parviendrai-je à prendre le pouvoir sur le conseil et à vivre enfin en harmonie avec l'homme de ma vie?



« Sur fond d'amour et de rébellion, un mélange détonnant d'actions et d'émotions, Olivia Sunway nous plonge, une fois de plus, agréablement dans son monde de pouvoirs. » Valérie Bohard



Olivia Sunway est également l'auteur de plusieurs autres romans:


SAGA AU NOM DE L'HARMONIE (Zéphyr - Miroir - Descendance - Souffle de Vie)


WORKING LOVE

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2019
Nombre de lectures 44
EAN13 9782490913022
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Olivia Sunway
Au Nom de l’Harmonie Tome 3 : Descendance
© éditions Temporelles 2016 Les éditions Temporelles 52 rue Louis Baudoin 91100 Corbeil Essonnes Du même auteur : Au Nom de l’Harmonie, tome 1 : Zéphyr Au Nom de l’Harmonie, tome 2 : Miroir Working Love
Prologue
Ces derniers mois, ma vie n’avait été qu’une succession de drames. Après que le conseil m’ait effacé la mémoire pour me faire oublier Nathan et Alex, j’avais appris qu’il y avait plusieurs réalités et que le pouvoir supérieur recelait une puissance phénoménale. Aujourd’hui encore, il me manquait des bribes de souvenirs concernant mes moments de c omplicité avec Nathan. Cela me rendait affreusement triste. Outre le fait que Nathan me déteste, j’avais essayé de noyer mon chagrin en me rapprochant d’Alex. Une idée complètement débile…Je m’en rendais compte maintenant. J’avais réussi à faire sauter le sort de protection avec lui et nous avions de nouveau couché ensemble… Sans protection… Puis le double de Nathan avait fait son apparition et m’avait manipulée au point de me duper pour que j’abandonne mon Nathan dans l’autre réalité. J’ étais encore anéantie par mon geste car je ne savais pas s’il était encore en vie… De plus, Leroy était entré dans ma vie et m’avait bien fait comprendre que j’étais sa nouvelle obsession. C’est à ce moment-là que j’avais appris comment fonctionnait le pouvoir supérieur sur les guerriers ; qu’à cause de lui, ils étaient irrémédiablement attirés par moi. Et Leroy était un guerrier hybride pratiquement invincible. Difficile de lui échapper. Mais le conseil avait réussi à le capturer et m’avait obligée à le torturer en apposant ma main s ur sa marque de guerrier. Ce moment restait encore gravé dans ma mémoire et m’avait traumatisée. Cette fois, le pouvoir supérieur ne l’avait pas réduit en cendres comme avec Gaël, il lui avait seulement ôté ses pouvoirs de guerrier et son attirance malsaine par la même occasion. Pour finir, le double de Nathan était mort. Il avai t présumé de ses forces dans une réalité qui n’était pas la sienne et le temps l’avait rattrapé, ce qui me laissait penser le pire pour mon Nathan. Je devais le retrouver au plus vite. Si j’avais réussi à m’endurcir suffisamment pour garder la face devant le conseil, au fond de moi, je ne savais toujours pas comment gérer cette situation qui me dépassait.
1
Je sentais encore les bras et la chaleur d’Alex m’entourer. Ses lèvres avaient laissé une douce sensation sur ma joue. Pourtant, je n’avais que Nat han en tête. Avec tout mon désespoir, je m’accrochai à son souvenir et au moment où je l’avais lâchement abandonné dans l’autre réalité. Il me fallut plusieurs secondes pour m’apercevoir que plus personne ne me tenait mais je n’osais pas ouvrir les yeux. La peur de découvrir que Nathan ne faisait plus partie de ce monde, de mon monde, me paralysait. — Méli…, chuchota une voix faible qui me fit ouvrir les paupières d’un seul coup. Ma respiration s’arrêta une seconde et mon cœur man qua un battement lorsque je découvris Nathan allongé par terre, juste à côté de son lit, comme s’il n’avait pas eu la force d’aller plus loin. Il semblait tellement faible… Je me précipitai vers lui, le ventre noué par la peur. — Nathan ! Je tombai à ses pieds et le serrai contre moi de toutes mes forces. Il émit quelques grognements de douleur. — Est-ce que ça va ? m’affolai-je. — Tu es revenue… Cette simple phrase me fit exploser en larmes. — Je vais te ramener, sanglotai-je. Je suis tellement désolée… Nathan ne répondit pas et se détendit contre moi en fermant les yeux. L’instant d’après, il sembla tout mou dans mes bras. Oh mon Dieu ! Non… Je serrai les paupières pour me concentrer sur notre réalité. J’avais tellement peur qu’il ne soit déjà trop tard. La douleur de cette éventualité m’e mpêchait de me concentrer et augmenta ma panique. — S’il te plaît, tiens bon…, couinai-je, effrayée. Nathan ne réagit pas, toujours inerte contre moi. M es larmes coulèrent à flot, mon angoisse redoubla et ma concentration m’échappa de plus belle. Je dois y arriver ! Je dois le sauver… Faisant mon possible pour oublier l’horreur de la situation, je me retranchai dans la partie calme et magique de mon cerveau. Ma respiration s’apaisa, au même titre que la douleur et les larmes. Enfin, je réussis à me focaliser sur notre réalité. La seconde suivante, je sentis le moelleux d’un matelas contre mon dos. Mon corps était allongé et ma bouche reliée à une machine d’assistance respiratoire. Cette fois, je n’eus aucun mal à retrouver l’usage de mes différentes fonctions. Un poids lourd me comprimait tout le côté droit. J’ouvris les paupières dans un sursaut. Nathan… J’allais arracher le tube de ma bouche lorsqu’Alex m’attrapa le poignet. — Laisse-moi fairemon cœur. Je hochai la tête dans une supplique silencieuse et observai Nathan d’un air paniqué. Il semblait sans vie. Alex s’affaira à me débarrasser des différents capteurs qu’il m’avait installés. Ses doigts frôlaient ma peau par endroits et cela me troublait beaucoup trop à mon goût. —T’en fais pas,mon cœur, j’ai déjà vérifié ses constantes. Il va s’en remettre. Sa voix me provoqua un long frisson d’excitation. — Tu n’es pas médecin ! assénai-je, toujours aussi affolée. Alex s’arrêta net et me fixa durement. M on cœur, j’ai passé suffisamment de temps avec Sylvert à l ’infirmerie pour connaître les bases. — O.K., soupirai-je. Et arrête de m’appelermon cœur. Pas devant Nathan… Alex leva les yeux au ciel. — Tu sais que je n’arrive pas à me contrôler quand tu ne portes pas ce putain de bracelet !
s’énerva-t-il, comme si cela le mettait hors de lui. — Alors, rends-le-moi ! m’agaçai-je à mon tour, contaminée par sa mauvaise humeur et énervée de ressentir de nouveau cette tension électrique entre nous. Alex soupira et tenta de se calmer avant de plonger la main dans la poche de son jean pour en ressortir le bracelet. Il l’attacha autour de mon poignet sans perdre une seconde et sembla nettement plus détendu. — Cette angoisse que tu ressens, ça me rend agressif, lâcha-t-il comme pour se justifier. — Un jour, l’empathie nous semblera peut-être plus facile à gérer. — Peut-être… — Tu n’aurais jamais dû faire ça. Il me fixa sans comprendre, alors j’ajoutai : — Tu n’aurais jamais dû créer ce lien entre nous. — Je sais. Une fois libre des différents capteurs, de la perfu sion et, surtout, de cette passion incontrôlable que suscitait Alex, je reportai mon attention sur N athan. Je le poussai sur le côté jusqu’à pouvoir me lever. Je croisai ensuite les iris émeraude d’Alex. — Aide-moi à l’installer, dis-je, complètement désespérée. Alex s’exécuta, bien plus conciliant que d’habitude, et enroula un élastique au-dessus du coude de Nathan, tel un garrot. — Qu’est-ce que tu fais ? m’alarmai-je. — Je lui pose une perf. Maintenant, cesse de croire que je vais lui faire du mal et laisse-moi me concentrer. Nathan est aussi important pour moi que pour toi ! Cette réplique me cloua sur place et je suivis avec attention le moindre de ses gestes. Lorsqu’il eut terminé, il attrapa son portable et tapa quelque chose dessus. La seconde suivante, une forme floue apparut près d’Alex. Théo. Elle se jeta sur Nathan en pleurant, serra sa main avec frénésie, tandis qu’Alex se collait dans son dos pour la consoler. Pocahontasi prodiguant des caresses, calme-toi. Il va s’en sortir, chuchota Alex en lu réconfortantes. Une terrible douleur m’obstrua la gorge. Je n’avais jamais voulu faire du mal à autant de personnes. — L’autre Nathan m’a dupée…, lâchai-je dans un murmure. Alex releva la tête et me jeta un regard réprobateu r. Théo braqua ses yeux emplis de chagrin sur moi et ses iris s’assombrirent. Son visage se ferma et tout son corps se crispa. Elle se redressa d’un bond alors qu’une peur viscérale m’envahissait. Je reculai de quelques pas. Elle se téléporta, Alex aussi. Ils atterrirent tous les deux en même temps près de moi. Théo hurla comme une furie et Alex l’étreignit par derrière pour l’empêcher de m’atteindre. — Tout ça, c’est de TA FAUTE !!! hurla-t-elle, folle de rage. — Théo, calme-toi ! cria Alex en retour. J’étais paralysée. — C’est de sa faute, continua Théo en s’effondrant de nouveau. Elle se recroquevilla contre Alex et il la berça doucement dans ses bras. — Chut, ça va aller,Pocahontas, reprit Alex pour l’apaiser. Je ne l’avais jamais vu aussi tendre, même avec moi, et c’était déstabilisant. Alex me jeta un regard coupable, comme pris en flagrant délit devant quelque chose qu’il avait toujours voulu me cacher. Ses sentiments, eux, ne mentaient pas. Ce qu’il res sentait pour Théo était proche de ce que j’éprouvais pour Nathan. Si une certaine jalousie m’étreignit à ce moment-là, paradoxalement, j’étais heureuse pour lui. — Crois-moi, Théo, je regrette ce qui est arrivé. Plus que tout au monde…, murmurai-je. Nathan émit un son rauque et tout le monde se tourna vers lui. Je courus jusqu’à son lit alors que Théo et Alex se téléportaient à ses côtés. — Va chercher Sylvert ! ordonna Alex à Théo. Ils se fixèrent un moment avant qu’elle n’accepte. Puis elle disparut.
Sans perdre une seconde, j’attrapai la main de Nathan et la serrai de toutes mes forces. — Alex… ? bredouilla Nathan, sans comprendre, en le découvrant à son chevet. Il tourna ensuite la tête vers moi. Sa main se retira vivement de la mienne et il ferma les yeux. — Va-t’en. — Nathan…, murmurai-je, au bord du gouffre. — Laisse-moi, Melinda. Pars rejoindre Marc et le co nseil. Je ne veux plus te voir. Je ferai le nécessaire pour que tu aies un autre guerrier. — Non…, tu ne peux pas me faire ça… Ses paupières se rouvrirent et il me foudroya du regard. — C’est toi qui m’as abandonné dans cette autre réalité sans me donner la moindre chance de te convaincre que tu faisais erreur ! — Mais… il m’a dupée, chuchotai-je en sentant de grosses larmes dévaler mes joues. La douleur me déchira le cœur. —Méli, fais ce qu’il dit, ajouta Alex. Je levai les yeux vers lui pour découvrir qu’il semblait aussi triste que moi. Et je compris. L’empathie… — Je savais que tu ne me pardonnerais pas, lâchai-je dans un souffle en reportant mon attention sur Nathan. Je t’aimerai toute ma vie, peu importe ce qui se passe, ce sera toujours toi, Nathan. Ses iris pleins de douleur me fixèrent, accentuant encore mon chagrin. Malgré ça, je me dirigeai vers la sortie et fermai la porte derrière moi en retenant un sanglot. J’avais déjà beaucoup trop pleu pour lui… Encore une fois, mon amour pour Nathan m’anéantissait. Et cette fois, je savais qu’il n’y avait plus aucun espoir. Si l’amour est un sentiment magnifique, la perte de l’être aimé est une véritable torture. Un enfer qui contraste allègrement le bonheur d’être heureux avec la personne que l’on aime. Sylvert et Théo arrivèrent à ce moment-là. Je tentai de garder la face alors que Théo me lançait un regard acéré et que Sylvert m’adressait un salut respectueux qui dérogeait de ses habitudes. Ils disparurent dans la chambre et le battant de la porte se referma derrière eux. Je voulus rentrer chez moi mais je n’avais pas la force d’avancer. Mes jambes tremblaient et mon cœur était brisé en mille éclats. Ma poitrine me faisait souffrir le martyr tant la douleur était violente. Je ne peux pas le perdre… Seul le mur contre lequel j’étais adossée me retenait de tomber. Je me laissai glisser au sol dans un horrible sanglot. Impossible de me retenir plus lon gtemps. J’avais fait quelque chose d’impardonnable. Nathan n’aura plus jamais confiance en moi… Le monde s’écroula autour de moi pour n’être que chagrin et douleur. Il se passa un moment, quelques minutes ou une heure, je n’en savais stric tement rien. Puis quelqu’un me secoua brusquement. — Méli, ressaisis-toi ! s’époumona Alex. — Il me déteste…, couinai-je en le découvrant devant moi. — Laisse-lui le temps…, hésita Alex. — Je suis peut-être enceinte, lâchai-je comme une bombe. Le silence me répondit et les mains d’Alex se ramol lirent sur mes épaules jusqu’à ce qu’il les retire. Il s’écarta d’un pas et passa nerveusement une main dans ses cheveux. — Qu’est-ce que tu viens de dire ? demanda-t-il d’une voix blanche. — Tu as très bien compris. — De l’autre Nathan ? — Non, il était stérile… Comme tous les guerriers de sa réalité. Sa panique me contamina et se mêla à ma peine. — Mais… comment c’est possible… ? — Sérieusement, Alex ! m’agaçai-je. On ne s’est jamais protégés et je venais de revenir de l’autre réalité. Autant te dire que là-bas, je n’avais pas ma pilule. Et franchement, je n’avais pas la tête à ça ! — O.K. Tu dois faire un test, dit-il le plus sérieusement du monde. — Sans blague… Et s’il est positif, tu risques de perdre Théo, toi aussi.
— Elle ne devra JAMAIS savoir, tu m’entends ?!! — Tu ne considères même pas le fait que je pourrais le garder ? demandai-je, horrifiée. Alex secoua la tête de droite à gauche, les deux mains dans ses cheveux, blanc comme un linge. — Tu ne peux pas me faire une chose pareille, Melinda. Tu connais mon passé… Je ne pourrai jamais être un bon père, s’angoissa Alex. Et Théo…, elle n’acceptera jamais… — Je sais… Prie pour que ce soit une fausse alerte. Alex serra et desserra les dents plusieurs fois. Son angoisse était viscérale. — Tu seras un bon père, le rassurai-je. — Comment tu peux le savoir ? — Tu prends soin de Théo… — Elle n’est pas de ton avis, lâcha-t-il avec amertume. Je le dévisageai sans comprendre. — Pourquoi ? Il ferma les paupières un bref instant. — À cause de toi,mon cœur. Cette fois, ce surnom dans sa bouche ressemblait plus à une insulte qu’à un mot tendre. — Tout ça ne serait jamais arrivé sans l’empathie, l’accusai-je. Mais depuis le début, tu n’as fait que me manipuler pour m’avoir, alors assume les conséquences ! — Ne joue pas à ça avec moi ! hurla-t-il. Théo déboula dans le couloir en entendant Alex. — Qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta-t-elle en nous jetant tour à tour des regards suspicieux. Alex m’adressa un regard d’avertissement. — Rien…, lâcha-t-il froidement. On rentre. Il l’attrapa par le bras et ils disparurent. Il ne manquait plus que ça… J’aurais dû appeler un taxi et rentrer chez moi mais je voulais savoir si Nathan allait bien. Après quelques secondes d’hésitation, je retournai dans la chambre. Le lit était vide et Sylvert rangeait les différents équipements. — Il n’est plus là ? m’affolai-je. — Le fait de revenir dans sa réalité l’a remis sur pied plus vite que prévu. Je secouai la tête, déçue et triste. D’une certaine manière, c’était peut-être mieux comme ça… — Sylvert, est-ce que… vous pouvez m’appeler un taxi ? Ce dernier me jeta un coup d’œil distrait avant de froncer les sourcils. — Je pourrais, en effet. — Merci, répondis-je soulagée. J’épiais ses moindres faits et gestes en attendant qu’il daigne accéder à ma demande. J’avais l’impression qu’il prenait un malin plaisir à retarder le moment et il m’était difficile de garder la face après ce qui venait de se passer. Bizarrement, la faim démesurée que j’avais eue lors du mariage de Charlotte avait subitement disparu. Aujourd’hui, je n’avais plus aucun appétit. — Sylvert, s’il vous plaît. Ce dernier me jeta un regard impatient en rangeant les fils de la machine d’assistance respiratoire. Il se dirigea ensuite vers moi pour me dépasser, sans un mot. Je le suivis d’un pas chancelant. La boule dans mon ventre et dans ma poitrine me paralysait. Si j’avais pour l’instant réussi à stopper mes larmes, mon chagrin était toujours présent, à fleur de peau… Sans Nathan, ma vie n’a plus aucune saveur. Enfin, Sylvert attrapa le combiné du téléphone fixe et demanda à quelqu’un de venir. Un jeune homme d’une quinzaine d’années apparut devant moi. Plutôt grand et maigre, habillé d’un baggy et d’un sweat beaucoup trop large, il me détailla de la tête aux pieds. Son oreille était ornée d’un piercing, avec une tête de dragon, qui attira mon attention et ses cheveux châtain clair étaient cachés sous sa casquette. — Bertrand, ramène Notre Reine au château, s’il te plaît, lui intima Sylvert. — Bertrand ? m’insurgeai-je en jetant un regard noir à Sylvert. Je vous avais demandé un taxi !
— Écoutez, Melinda, Nathan m’a demandé d’appeler un autre guerrier pour veiller à votre sécurité et je ne pense pas qu’il accepte que vous rentriez en taxi. Le fait d’entendre son nom me serra douloureusement la poitrine. Je retins un flot de larmes en fermant brièvement les paupières. — Mais c’est un gamin…, lâchai-je enfin. — Hey ! s’indigna l’intéressé. — Bertrand ! Tu as donc oublié tout ce qu’on t’a enseigné ? — Pardon, professeur, se renfrogna Bertrand en posant un genou à terre, une main sur le cœur. Ma Reine… — C’est mieux, approuva Sylvert. — Est-ce qu’il sait où j’habite ? — Au château, répondit Bertrand qui se releva sans y avoir été invité. Pourquoi les guerriers semblent-ils tous si arrogants ?— J’aimerais rentrer chez moi, dans mon minuscule appartement, et être tranquille. Bertrand cilla en reportant son attention sur Sylvert. — Tu connais Mennecy ? Rue de Milly ? demanda Sylvert à Bertrand. Ce dernier hocha la tête. — Génial…, dis-je avec ironie. Puis, après un moment de réflexion, j’ajoutai : — Je n’ai pas mes clés… J’ai dû les laisser à l’int érieur lors de la dernière téléportation. Et la porte doit être verrouillée. — Ma Reine, commença Bertrand subitement très sérieux. J’aimerais vous aider mais je ne peux pas me téléporter dans un endroit que je ne connais pas. — Et si je vous montre une photo ? Je dois en avoir une ou deux dans mon portable. — Ça peut marcher. Je dois voir l’extérieur et l’intérieur de votre appartement pour arriver au bon endroit. — D’accord. Je sortis mon téléphone de ma poche et cherchai dans la partie « galerie » de mon portable. — Je n’ai que ça, dis-je en lui montrant une photo de Patricia et de mes autres copines assises sur mon canapé. — Je vais essayer. Sylvert se racla la gorge. — Bertrand, tu sais que se téléporter dans un endroit incertain comporte des risques. Le jeune guerrier hocha la tête. — Faites-moi confiance, professeur. Je reviens dans une minute ! dit-il avec un clin d’œil arrogant avant de disparaître. — Quels sont les risques ? m’enquis-je. — Atterrir à côté…, dit Bertrand en grimaçant. — C’est-à-dire ? — Si vous êtes à l’étage, il se peut que Bertrand se matérialise à votre fenêtre et que vous tombiez de plusieurs mètres, commenta Sylvert. — C’est rassurant…, ironisai-je. Bertrand se matérialisa de nouveau, un sourire fier illuminant son visage juvénile. — C’est bon, je maîtrise, annonça Bertrand. Je soupirai et me résignai. — D’accord, allons-y…, acceptai-je. Mais je déteste les téléportations. — J’ai des pastilles à la menthe, me proposa Bertrand de but en blanc. — Et alors ? le rabrouai-je sans comprendre où il voulait en venir. — Ça aide à faire passer la nausée lors des téléportations… — Oh, dans ce cas… Merci. J’en pris une et la glissai dans ma bouche. Bertrand m’observa quelques secondes avant de se rapprocher de moi. Ses gestes étaient maladroits et il ne semblait pas savoir comment s’y prendre pour me maintenir contre lui lors de notre saut dans l’espace. Malheureusement pour lui, je n’étais
pas dans mon état normal. Avec impatience, j’attrapai ses bras et les passai autour de ma taille, le plaquant contre moi. Bertrand se racla bruyamment la gorge, visiblement mal à l’aise. — Arrêtez de vous conduire comme un adolescent en pleine puberté ! le sermonnai-je, agacée. Et tenez-moi fermement. Je n’avais pas la patience de le ménager. — Bien, Ma Reine, dit-il, rouge comme une pivoine. — On peut y aller, continuai-je d’une voix légèrement radoucie. Il hocha la tête et resserra sa prise autour de ma taille. La seconde suivante, nous nous retrouvâmes devant mon canapé. La nausée violente qui me secoua faillit avoir raison de mon dernier repas. Mais la menthe fit son effet et cela passa rapidement. Je soupirai de soulagement d’être enfin chez moi tandis que Bertrand se dégageait immédiatement de notre étreinte, mal à l’aise. Il me fixa un instant, semblant vouloir me poser une question qu’il n’osait pas formuler. — Qu’est-ce qu’il y a ? m’enquis-je. Il devint rouge écarlate. — Je me demandais…, commença-t-il hésitant. Il déglutit péniblement et j’attendis avec impatience qu’il se décide. Je croisai les bras sur ma poitrine. — Je voulais savoir si vous exigeriez de moi la même chose que de Nathan et Alex…, reprit-il en détournant les yeux. — C’est-à-dire ? m’inquiétai-je. Bertrand tritura nerveusement le bracelet en cuir à son poignet. — C’est-à-dire… avoir des relations… intimes, ajouta-t-il en examinant le sol. Je faillis m’étouffer. — Vous plaisantez ?! m’énervai-je. — Les rumeurs disent que vous asservissez tous les guerriers et les forcez à coucher avec vous. — QUOI ??? hurlai-je hors de moi. — Ils disent tous qu’ils ne peuvent pas se contrôler en votre présence, bredouilla-t-il, les yeux toujours rivés au sol. — Ces rumeurs sont fausses ! assénai-je. Bertrand releva les yeux vers moi, l’air tendu. — Écoutez, Bertrand, lorsque je porte ce bracelet, continuai-je en lui montrant celui à mon poignet, le pouvoir supérieur est neutralisé. C’est ce pouvoir qui asservit les guerriers et les rend incontrôlables, ce n’est pas moi. Et au cas où ce n e serait pas clair, l’un des vôtres a failli me violer… — Oh…, lâcha Bertrand semblant de plus en plus embarrassé. Pardonnez-moi, Ma Reine. — Vous avez d’autres questions ? demandai-je, à bout de nerfs. — Pas pour l’instant… — Très bien, vous pouvez y aller. — Merci Ma Reine, conclut-il avec un salut respectu eux, un genou à terre et une main sur le cœur. Sa silhouette s’estompa peu à peu, me libérant légè rement de la tension qui m’habitait. Faire semblant d’aller bien était l’une des choses les plus dures qu’il m’ait été données de faire. Mais cette fois, malgré le vide dans mon cœur et da ns mon âme, je comptais me battre pour récupérer Nathan. Je ne devais pas m’effondrer et j e devais garder cet infime espoir que tout s’arrangerait. Mon portable vibra dans ma poche, me signalant l’arrivée d’un SMS. Le nom de Nathan s’afficha et mon cœur s’arrêta. Nathan :J’ai formé Bertrand, il fera ce qu’il faut pour te protéger.Ma poitrine se serra douloureusement, le chagrin qu i couvait toujours dans mes entrailles jaillit dans un flot de larmes incontrôlables.
Moi :Pardonne-moi. Je t’aime…Nathan :C’est trop tard.Malgré la douleur de cet échange, je continuai à lui répondre. Moi :Je n’abandonnerai pas !Plusieurs minutes s’écoulèrent, me laissant à l’ago nie. Je crus qu’il ne me répondrait pas jusqu’à ce que mon téléphone vibre de nouveau. Nathan :Tu n’as pas le choix ! Épouse Marc, prends tes responsabilités ! Je ne t’ai jamais aimée. C’était à cause de ton pouvoir, comme pour Alex.Non… Ce n’est pas possible… Mon chagrin redoubla en lisant ce dernier message. Je me laissai tomber au sol et me recroquevillai sur moi-même, ne ressentant que la douleur. — Putain, Méli ! cria une voix près de moi, ce qui me fit sortir du brouillard. Je regardai Alex, hébétée, et il me souleva dans ses bras. — Je t’emmène chez Morgan. Je voulus protester mais je n’en eus pas la force. Et, quelque part, c’était la meilleure option qui s’offrait à moi. Nous atterrîmes dans le salon de Morgan et la nausée me retourna l’estomac. — Plus de téléportations, articulai-je faiblement. J’ai besoin… de pastilles à la menthe… — Je sais…, me répondit Alex en ressentant les effets de son pouvoir sur moi. Vicky était assise sur le canapé en face de nous. E lle était figée, sur le qui-vive, et arborait un air paniqué en fixant Alex. — Où est Morgan ? demanda Alex d’une voix étrangement calme. — En haut… — Va le chercher. Vicky hocha lentement la tête et se leva prudemment. Elle me jeta un rapide coup d’œil avant de se diriger vers les marches. Elles craquèrent sous son poids à mesure que Vicky disparaissait dans l’escalier. Alex me déposa au sol. Quelques instants plus tard, le craquement retentit de nouveau et Morgan apparut au pied de l’escalier, le regard vif. Il no us scruta tour à tour puis nous rejoignit d’un pas prudent. — Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il finalement. — Il faut enlever ma peine…, lâchai-je en contenant le chagrin qui courait dans mes veines. Un gouffre sans fin m’engloutissait peu à peu… Morgan acquiesça et m’enjoignit de m’installer sur son canapé, ce que je fis. Lorsqu’il s’agenouilla devant moi, je levai les yeux vers Alex qui nous observait, inquiet. Morgan posa ses mains sur mon cœur et la chaleur réconfortante de son pouvoir se répandit dans chaque parcelle de mon corps. En l’espace de quelqu es secondes, je me sentis beaucoup mieux, apaisée. J’avais l’impression d’être shootée au bonheur. Le sourire que j’affichai contamina Alex et il se détendit aussitôt. — Merci Morgan, dis-je avec joie. — Ouais… merci, renchérit Alex, ce qui eut l’air de surprendre Morgan. Ce dernier était toujours en état d’alerte en observant les moindres faits et gestes d’Alex. — Je vais rentrer chez moi…, articulai-je d’une voi x pâteuse tant l’endorphine que venait de m’administrer Morgan m’engourdissait. Alex me prit doucement dans ses bras et nous ramena dans mon appartement. La nausée fut encore une fois assez violente mais il fallait croire que mon estomac était bien accroché.
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