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Description
Sujets
Informations
Publié par | Les Éditions du Net |
Date de parution | 27 décembre 2021 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782312087160 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Karola avec un « K »
Maud Millet
Karola avec un « K »
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteure ou de ses ayants-droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08716-0
Je dédis ce roman
À la Guinee ,
Aux gardiens de sa mémoire à travers le temps,
À ceux que j’ai aimés à jamais disparus,
À ma fille,
À mes amis.
Avant-propos
Tout homme s’interroge, un jour, sur ce que fut son passé… Il ne trouve pas toujours les réponses à son interrogation mais, au détour d’une pensée, d’un regard, d’une occupation, d’un objet, d’un animal, d’une rencontre, c’est la révélation ! S’interroger sur sa vie, ce que l’on a ressenti, ce que l’on a perçu au fil du temps, à travers l’espace, est fondamental pour comprendre notre vraie nature.
Avoir conscience du passé, de nos actes, de nos émotions, de nos sensations, c’est aller plus loin… C’est dépasser le « qu’en dira-t-on », les mauvaises habitudes qui ont, hélas, la vie dure et c’est tirer la quintessence de ce qui fut beau, de ce qui fut vrai, de ce qui a façonné notre personnalité, de ce qui nous permet de percevoir le monde, les hommes tels qu’ils sont, pas ce que nous voudrions qu’ils soient… Dans la vie, il y a le passé, le présent, le futur. Toute destinée est une suite d’événements et de conséquences, allant de ce passé à notre futur. Nous les trouvons sur notre chemin, mais sont-ils écrits ? Inévitables ? Quoi qu’il en soit, il nous faut les accepter, car ils nous éclairent sur ce que doit être notre futur. Ils vont déterminer les « missions » que nous aurons à accomplir avant de nous projeter dans l’au-delà, qui ne sera qu’une amplification agréable ou désagréable de notre vie terrestre.
Parfois, nous avons le sentiment d’être « synchronisé » avec une autre personne à travers le temps et l’espace… Ce phénomène n’existe que parce qu’il a un sens dans notre vécu respectif et en prendre conscience est un privilège, cela reste néanmoins un mystère qu’il faut analyser en son âme et conscience. Où nous sommes-nous connus ? Avant ou après quoi ? Personne ne le sait… Pourquoi sommes-nous sur la même longueur d’onde ? Cela reste une énigme. Mais chaque fois que deux filaments se croisent, une petite étincelle jaillit, et c’est la rencontre, le feu d’artifice, le miracle ! Après, c’est à chacun de mûrir sa propre réflexion en se laissant guider par ce fil d’Ariane qui nous conduit vers l’amour et la connaissance, en toute humilité…
Le passé nous rattrape toujours
Nous étions en 1922. Je me cachais dans les hautes touffes de plantes exotiques qui embaumaient le parc où tu te promenais chaque jour. L’après-midi était chaude, étouffante, comme en Guinée … J’avais appris, à l’occasion d’un voyage en France , que tu vivais à Pointe -à- Pitre , dans une magnifique maison de maître. Mais avant de t’aborder, je voulais t’apercevoir, te respirer dans ton univers et tu ne tardas pas à apparaître… Tu te dirigeais vers ta maison, vêtue d’une robe à tournure en taffetas jaune citron. Ta taille était prise dans un énorme nœud à l’arrière, couvrant les hanches et ses pans s’étalaient jusqu’aux genoux. Tu portais un petit chapeau de paille, exécuté jadis par l’une de tes ancêtres qui tenait boutique, en 1832, dans un quartier chic de Paris . Je le connaissais ce chapeau tu le mettais parfois à Kindia … Le nœud de satin couleur ivoire maintenait tes longues boucles de cheveux roux parsemées de filaments blancs, tes mains étaient garnies de dentelle noire, laissant apparaître la première phalange des doigts et leurs beaux ongles bien entretenus. Tu tenais dans ta main gauche une ombrelle, également en dentelle de Chantilly noire. Les rayons du soleil amplifiaient les nuances et le chatoiement de ta robe, tu étais tout simplement resplendissante !
Mais il fallait que je me décide à t’aborder, après toutes ces années qui s’étaient écoulées depuis notre dernière rencontre à Paris , en 1877, dans ce petit hôtel de la rue du Père Corentin où nos adieux, une fois encore, avaient été déchirants. Il me fallait te quitter pour rejoindre mon pays et mon laboratoire… Allais -tu me reconnaître ? Oui , bien sûr, j’étais toujours noir, mais mes cheveux étaient devenus gris ce qui me donnait un air triste, moi qui étais si joyeux ! Je me suis avancé vers toi au moment où tu commençais à grimper les premières marches du perron j’ai vu un petit singe roux à gueule noire s’agripper à toi. Tu l’as pris dans tes bras comme un ami… Il devait te rappeler Fouta , ton chimpanzé bien aimé. Enfin je t’ai appelé :
– Karola ! Karola ! C’est moi, Victor…
Tu t’es retournée. Tes yeux, si bleus, avaient un peu perdu de leur éclat mais ton teint était toujours clair, parsemé de quelques petites taches de rousseur. Tu étais encore très belle, très élégante, j’étais à nouveau sous ton charme !
– Karola, parle-moi, je t’en prie ne me reconnais-tu pas ?
– Si, je te reconnais… Tu es le docteur Sadetine… Victor Sadetine. Mais que fais-tu ici dans ma propriété je ne me souviens pas de t’avoir invité !
– J’arrive de France… Je suis parti depuis plusieurs semaines de Conakry, sur un navire anglais qui transportait des marchandises pour un affréteur à Marseille. Je lui ai dit que j’étais médecin, capable de soigner les malades durant toute la traversée et il a consenti à me prendre à bord de son navire.
– Mais, enfin, que me veux-tu ? Qu’attends-tu de moi ?
– Je viens te chercher, comme je te l’avais promis. Souviens -toi Karola … ne t’avais-je pas dit que nous nous retrouverions un jour ?
– Tu es devenu fou ! Me chercher… tu n’y penses pas ! J’ai aujourd’hui soixante-dix ans et tu en as soixante-dix-sept si ma mémoire est bonne. Nous sommes vieux tous les deux, alors retourne d’où tu viens, c’est préférable. Moi, je suis très bien ici, je ne quitterai cette demeure pour rien au monde. J’y ai vécu heureuse avec un homme qui m’a beaucoup aimée. Il était tendre, généreux, ne cessant de me protéger. Nous sommes restés trente ans ensemble. Après, je lui suis restée fidèle, je le serai jusqu’à ma mort… Grâce à lui, j’ai pu me faire une place dans la société antillaise où il était très respecté. Il m’a donné un titre, celui de Comtesse et cette demeure. Toi, qu’as-tu fait pour moi ?
– Mais, Karola, je t’ai sauvée la vie !
– Oui, mais ensuite tu m’as abandonnée… Je t’ai cherché pendant de longues années, tu ne répondais pas à mes courriers… J’ai appris plus tard que tu t’étais marié et tu voudrais maintenant que je prenne la responsabilité de te soustraire à tes proches, à ton travail ? Jamais entends-tu jamais je ne ferai une telle chose… Nous n’avons plus rien à faire ensemble.
– Pourrais-tu, au moins, m’héberger pour ce soir ? La nuit tombe déjà, je n’ai nulle part où aller.
– Bien sûr, tu peux entrer… Demain , nous nous rendrons à l’embarcadère pour y trouver un de mes amis qui est Capitaine de vaisseau. Il te dira quand tu pourras quitter Pointe -à- Pitre et rejoindre l’Afrique .
J’ai cru en cet instant qu’elle ne serait plus jamais à moi… Karola me fit entrer dans un grand salon où les meubles d’ébène et d’acajou sentaient bon la cire. De superbes objets étaient disposés, ça et là, et je reconnus une très belle sculpture qu’elle avait achetée en Guinée, ainsi que quelques masques TOMA côtoyant des tableaux de maîtres, probablement acquis par le Comte qui semblait avoir fait fortune dans les plantations de canne à sucre aux Antilles. Quelques belles pipes, sculptées en écume de mer étaient alignées sur un petit guéridon. Elles appartenaient à son époux, ce gros fumeu