Mon Rêve
38 pages
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Description

Mon Rêve est un recueil de nouvelles inspirées de la vie en société Burkinabé dans l’environnement de l’auteur et traite des maux et tracas de la vie de tous les jours, mais dont l’amour triomphe toujours. Le décors : la capitale Ouagadougou et ses environs; les « règles du jeu » qui s’imposent aux personnages: la culture Burkinabé.

Informations

Publié par
Date de parution 07 janvier 2013
Nombre de lectures 22
EAN13 9782312007144
Langue Français

Extrait

Mon Rêve
Éric Gervais Bazongo
Mon Rêve
Recueil de Nouvelles Africaines












Les éditions du net 70, quai de Dion Bouton 92800 Puteaux
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-00714-4
Amour pour la vie
En présence de mes amis mariés que j’enviais parfois, je rêvais d’une grande manifestation relative à mon propre mariage : long cortège, protocole, enfants d’honneur ; le tout couronné par le regard amoureux de Arlette braqué sur moi comme un projecteur. J’étais très ému d’avoir évité de me mettre cette corde au cou. J’imaginais à la fois que pendant que les célibataires s’empressaient d’entrer dans la danse, les mariés par contre se débattaient pour en ressortir avec des sueurs froides. En somme, j’étais un peu embarrassé, mais je ne regrettais pas ma décision. Je pouvais me vouer librement à l’écriture. Grâce à ces nouvelles que j’écrivais dans certains journaux de la place, je gagnais un peu ma vie.

Subitement et sans que je l’aie voulu, une image vint défiler dans ma tête comme dans un film. Je tentai de vite l’éteindre avant qu’elle ne prenne de l’ampleur. Ce fut impossible. L’image devint plus vive, plus intense encore. La rupture de mon idylle avec Arlette m’absorba. Je me revis content, excité le jour de son anniversaire. Remontant l’Avenue de la liberté encore appelée rue 56, qui menait à son domicile au secteur 12, j’avais l’intention de lui faire une surprise. J’avais dans ma poche une bague emballée dans un petit carton. En ne voyant pas mon engin à deux roues elle pensait surement que j’étais parti. Au moment où je décidai de lui offrir le fameux bijou, elle était absente, mais la porte de sa chambre baillait. Tout de suite, je sortis prendre un peu d’air. Puis une heure après, je l’aperçus, là, devant le portail d’une de ses amies et voisine. Un autre garçon, assis sur un tronc d’arbre, la retenait sur ses cuisses, la couvrant de longs et incessants baisers.

Quand elle remarqua ma présence, elle prit peur. Je m’éloignai d’eux à grands pas, la mort dans l’âme. J’avais la sensation que cette trahison était plus douloureuse qu’une paire de claques. Lorsque je me remémorais la scène, les larmes me montaient encore aux yeux. Sans commentaire à l’aube, je rangeai mon matériel de musique et je quittai ce lieu pénible.

Je remis rapidement les néons à Noël, un grand frère qui habitait le quartier Paspanga (paix à son âme) et je rentrai chez moi. Je n’eus pas le temps nécessaire pour dormir.

Dans les jours qui suivirent, je devais me préparer pour aller à une autre invitation, à la cité An II chez Ali B, un de mes meilleurs camarades d’enfance.
Cette invitation s’annonçait bien. J’étais heureux de sortir seul pour une fois, de pouvoir m’amuser et me défouler pour oublier ma peine. Il y avait beaucoup d’invités : des élèves, des étudiants, des fonctionnaires, des particuliers pour la plupart ; parmi les demoiselles, une jeune et charmante fille à la beauté éclatante. Ali me fit la surprise de me conduire vers elle.

– Viens. Je souhaite te présenter une cousine, me dit-il. Liliane, je te présente Eudes. Son nom peut te dire sans doute quelque chose. Eudes, je te présente Liliane.
Liliane était celle dont la voix n’avait jamais cessé de me troubler au téléphone chaque fois que j’appelais pour demander mon ami.

Je la regardai pour la première fois avec insistance, et je senti un trouble l’envahir. Je lui avais demandé de prendre place à côté de moi, parce que j’étais seul, sans cavalière. Tout en évitant de m’ingérer dans sa vie privée, je lui servais des commentaires peu drôles. Au début, elle s’enferma dans un mutisme total, puis elle finit par me sourire.

Au moment de partir, je lui glissai mon numéro de téléphone entre les mains et lui sollicitai en même temps son adresse. J’arrivai à la maison heureux. Puis je m’inquiétai. N’était-ce pas une erreur de ma part de vouloir me lancer dans une nouvelle aventure ? Avais-je déjà oublié la blessure profonde qu’Arlette m’avait infligée ? Certainement pas. J’oubliai aussitôt ce brusque sentiment que j’éprouvais pour Liliane. Ou plutôt, je tentai d’oublier. La jolie figure de la demoiselle disparut rapidement. Mon boulot occupait toutes mes pensées jusqu’au jour où je la revis à la maison avec son cousin.

– Eudes, je me suis permis de venir avec Liliane, me dit Ali. Elle ne cessait de me fatiguer à ton sujet.

Je ne savais plus quoi dire. Le regard de Liliane fixé tout droit sur moi était à la fois chargé de sensibilité et empreint de reproche.
– Quel jour viendrez-vous donc me rendre visite ? Quand je serais sur mon lit de mort à l’hôpital ? Plaisanta-t-elle à un moment où Ali s’était éclipsé.

– Bientôt, lui répondis-je
Le retour de mon ami m’évita les commentaires. Sa présence me mit parfaitement à l’aise, car la causerie se porta sur un autre sujet. Entre-temps le battant de notre portail s’ouvrit.
Édith, la copine d’un autre ami, m’appela.

– Viens m’aider à régler une situation, chéri Eudes.
Liliane tira son cousin et ils s’en allèrent sans même chercher à comprendre. De toute façon, je ne leur devais rien comme excuse. Je me sentis vexé par cette attitude. Ils partirent et je décidai de ne plus songer à elle ni à ce malentendu.

Ma décision fut hélas impossible. Des semaines après, Ali me demanda de remettre des produits pharmaceutiques à sa cousine. Elle habitait à Dapoya, à quelques kilomètres de chez moi. J ‘observais Ali avec un air soupçonneux. Liliane lui avait-elle fait une confidence qu’il me cachait ? Était-ce sa façon de vouloir nous rapprocher l’un de l’autre ? je ne cessais pas de me poser une multitude de questions. Ne pouvant pas refuser de rendre le service, je pris le colis de mon ami et m’en allai.

Les parents de Liliane logeaient près de l’église Sacré-Cœur de Dapoya où je priais chaque dimanche matin. Des enfants s’amusaient devant la porte cochère. J’éteignis mon cyclomoteur que je me mis à pousser. Manifestement je tentais de ne pas m’inquiéter, mais le cœur n’y était pas. Ce fut la première fois que j’y mettais les pieds, et je ne savais pas comment les parents de Liliane allaient me recevoir. Au même moment, je vis une main qui ouvrait le battant du portail de l’intérieur de la cour. Liliane me fixait du regard, l’air surpris.







– Eudes ?
– Oui ! Comme promis, je suis là aujourd’hui.
– Ça va bien chez vous ?
– Très bien.

Elle m’aida en prenant le vélomoteur. Je lui remis aussitôt les médicaments. Elle eut un sourire.
– Merci. J’avais sollicité Ali de me les apporter ; seulement je ne savais pas qu’il allait vous faire gaspiller du carburant pour si peu.
– Ce n’est pas du gaspillage, avançai-je.
– Entrez, je vous sers de l’eau à boire.

À ce moment, je ne pus m’empêcher de m’exclamer d’un air content.
– Belle baraque ! Vous vivez là avec vos parents ?
– Pas tout à fait
– Je m’imaginais que…
– Que quoi ? me coupa-t-elle. On dirait qu’il y a un peu d’évolution. Cela suppose que vous pensez à moi ?

J’esquissai un sourire. Dans la grande maison, elle m’invita à prendre place dans un fauteuil rembourré. Elle prit place à côté de moi. Je me surpris soudain entrain de lui dire qui je suis, de lui parler de mes démarches pour un projet de roman. Nous savions tous les deux que ce ne serait jamais facile. Liliane avait la politesse d’écouter avec attention avant de donner son point de vue. Le temps fila comme un rêve en présence de Liliane. Cela me fit du bien, parce qu’il y avait belle lurette que je m’étais juré de ne plus approcher les filles. J’avais le sentiment qu’elles ne m’aimaient pas. Lorsque je m’apprêtais à partir, elle se leva et me retint par la main.

– Eudes ne vous en allez pas si vite, je suis présentement seule ici ; Tous mes parents sont sortis aussi les enfants jouent dehors.
– Je dois rentrer, Liliane. Je n’ai pas vu l’heure qui filait et mes parents aussi peuvent s’inquiéter.

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