Les secrets murmures du vent des drailles
142 pages
Français

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Les secrets murmures du vent des drailles , livre ebook

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Description

Des braqueurs supposés mourant dans un accident, un butin introuvable.... un étranger achetant un domaine et révolutionnant les habitudes... deux familles que tout oppose mais dont les enfants s’aiment.... un berger qui détient la clef des secrets... une terre qui vibre de tous ces êtres et de bien d’autres choses encore, enfouies dans ses entrailles... un roman aussi atypique que son auteur.... et un drôle de filigrane.... si le bonheur s’accommodait d’un joli brin d’immoralité ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juillet 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782363156488
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les secrets murmures du vent des drailles
Secrets de vie - Tranches d amour

René Paloc

2017
ISBN:9782363156488
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Du même auteur
 
Loisirs
La Chasse , éditions Hatier, Paris, 1977.
L’encyclopédie de la chasse , éditions ATP Chamalières, Proxima et Artémis, 2000.
Le dictionnaire de la Chasse , éditions CPE Romorantin, 2008.
Cuisine
L’en vers de la table , éditions Gabriandre, Saint-Jean-de-Valériscle, 2003.
Le croquembouche , éditions NPL, Sète, 2008.
Romans et nouvelles
Berthou la braconne , éditions Jean Subervie, Rodez, 1979.
Le bastardou des Euzes , éditions Gabriande, Saint-Jean-de-Valérisce, 2001.
Le croque-Cévennes , éditions Gabriande, Saint-Jean-de-Valérisce, 2004.
Un parfum de treilles , éditions de Borée (L’Ecir), Clermont-Ferrand, 2009.
Culture
Petit dictionnaire des mots ensoleillés , éditions NPL, Sète, 2010.
L’intégrale des plus belles expressions , City éditions, 2013.
Essais
S’indigner ne suffit plus , Mon petit éditeur, 2014.
 Celui qui ranime le passé  pour connaître ce qui est nouveau, celui-là est un maître. 
Confucius
 Tous les chemins sont faits de pierres 
Proverbe Tzigane
Albespeyres
 

 
Lorsqu’il a fallu débaptiser les lieux portant le nom d’un saint ou d’une sainte pour satisfaire aux exigences des révolutionnaires impies, on a choisi «   Albespeyres   » . Un nom qui en dit long si l’on s’en tient à l’explication qu’il s’agit d’un paysage où le peuplier blanc : «   alba   » en occitan, qui normalement ne se plaît qu’au voisinage de l’eau, se marie avec les «   peyres   » , c’est-à-dire les pierres et les rochers de la colline, au milieu desquels il se sent à l’aise on se demande bien pourquoi. Une cohabitation que personne n’a jamais réussi à expliquer, mais qui vaut aux lieux une réputation imagée en forme de symbole : sur une telle place ne peuvent vivre que des gens aussi imprévisibles que le phénomène, ne faisant guère de la logique une valeur absolue.
Vu d’en bas, le chemin qui conduit jusqu’au village prend des allures de longue grimpette, qui n’encourage guère à tenter l’ascension. D’abord, il faut franchir le col et ensuite, redescendre un peu. Jusqu’à rencontrer cette armée de platanes, plantés un peu trop serrés pour leur tempérament belliqueux, dont les branches s’imbriquent les unes dans les autres, pour se battre en duel à la moindre occasion. Lorsque les gens en ont assez de les entendre se disputer, ils dressent leurs échelles, prennent la hache et la scie et se mettent à élaguer à tour de colères d’hommes. Alors, les grands arbres se retrouvent complètement déshabillés – ici, on dit «   déplumés   » – leur squelette réduit à quelques bras tordus, que prolongent, ici ou là, des restes de mains aux doigts mutilés. Mais dès que le printemps affiche son renouveau, la Nature veille à rendre aux géants leur allure altière.
Tout au bout de cette avenue qui, malgré tout, fleure la bonne humeur, on traverse un pont de pierre aux arches majestueuses, enjambant une rivière qui charrie bien davantage de cailloux que d’eau. Juste au-dessous de la montagne, elle avale goulûment toutes les sources qui lui passent à portée de gueule, pour aller les vomir des dizaines et des dizaines de kilomètres plus loin. Ce qui fait une bien longue infidélité à son lit. Quand même, de temps en temps, il lui prend la fantaisie de faire un brin de toilette. Ça se passe en général au plus fort de l’été, lorsqu’un orage de tous les diables vient noyer les barres rocheuses, et passer sa grosse colère en s’époumonant à coups de blasphèmes. Alors, l’eau dégouline de partout. Ruisselle de la moindre faille. Déborde de chaque creux. Lave les rochers. Les égratigne. Ravine. Mord, Croque. S’accumule enfin en vagues agressives, qui s’en vont dégringoler jusqu’au tréfonds de la vallée dans un désordre à couper le souffle. La rivière coulera pendant quelques jours, et disparaîtra aussi soudainement qu’elle était arrivée. Toute contente de se retrouver proprette, pimpante et parfumée de frais. Et même, parfois, parée de myriades de paillettes d’or volées à la roche. De cette rivière-là, dans le fond, on aurait pu facilement s’en passer. Sauf qu’elle excite un peu la curiosité, elle ne sert à rien.
Une fois qu’on a passé le pont, on découvre le village, qui pousse au fur et à mesure qu’on plante des maisons. Il s’étale. S’étire. S’installe. Prend ses aises. En arrière des premières habitations, la place joue des coudes afin de tenter de préserver son espace vital dévoré par des arbres. Ce n’est pas la faute des plus vieux, centenaires pour la plupart, mais des plus jeunes, prétentieux comme point. Jamais un tilleul ne pourra remplacer un chêne. Même pas un orme !
La fontaine est baptisée le «   griffe   » . Du monument originel, il ne reste qu’un énorme phallus tricéphale, engrossant à perte de temps de ses puissantes verges ensemencées de belle et tendre fraîcheur, les vasques d’un bassin qui accouche de ruisselets turbulents, courant au ras des murailles avec l’espoir de s’échapper vers la vraie rivière. Celle qui vit. Qui chante. Rit. Danse. Qui descend tout droit de ces deux énormes mamelles plantées par-dessus la crête. Tétons agressifs de nourrice épanouie, que le ciel tente d’embrasser, de sucer de ses grosses lèvres goulues.
L’église, forcément, a beaucoup perdu de son éclat. Avec le temps, les rites ont abandonné tout ce mystère d’ordinaire incompréhension qui se cachait sous les accents savants du latin. Mais l’histoire demeure d’un passé encore récent, où il fallait bien en passer par la religion à tous les stades de l’existence. De l’autre côté, le temple rappelle que tout le monde n’est pas ici du même avis en matière de dévotion, et que pendant trop longtemps, les uns et les autres se sont étripés jusqu’à n’en plus pouvoir d’enterrer leurs morts ou de compter leurs exilés. Et pourtant, excepté ces histoires de papistes et de camisards qui ont pris un fameux bémol, on a l’impression que rien n’a changé. Que rien n’a bougé. Un peu comme si le village s’était installé en dehors du temps et des événements. En tout cas, la bonne humeur qui est ici de mise ressemble à du bonheur qui ne dirait pas son nom. Le contentement des gens simples, heureux de pousser le temps devant eux sans chercher de midi à quatorze heures, sans regretter celui qui est derrière ni trop s’inquiéter de celui qui leur reste à mesurer, fait plaisir à voir.
Dans le fond, ce village a de la chance. Il est situé assez haut pour vivre en paix, sans l’être trop pour souffrir de l’ennui des cimes, du mal des montagnes. Au printemps, les couleurs nouvelles et les odeurs fraîchement échappées de tout ce qui sent bon, se confondent. S’amalgament. Se marient. Grisent de plaisir. D’un plaisir qui file son bonhomme de chemin, jusqu’à entendre sonner en fanfare l’arrivée de l’été. Un temps à la gloire du soleil qui va s’en donner à cœur joie. La légende raconte qu’un jour le soleil a tapé si fort, que même les rochers en sont morts, figés dans un grand désordre de clapas [1] . Aujourd’hui, le soleil s’est assagi et on l’aime bien. C’est le guide qui s’y entend pour conduire jusqu’à l’enchantement des soirs paisibles, lorsque la fraîcheur monte du plus profond des vallées, tandis que la musique des sonnailles bringuebale de toute sa langueur au cou des brebis, jusqu’à se perdre au-delà des collines.
Dès que l’automne embouche sa trompette, la nature dans son entier se découvre un grand besoin de coquetterie. Charrie l’odeur pimentée des champignons et des truffes. Sème aux quatre vents l’arôme des fruits sauvages. Vient dire que c’est le temps de la chasse. Temps d’assouvir des instincts ancestraux.
L’hiver est un peu moins gai mais sans être triste, parce qu’il n’y a rien de désespéré. La nature s’est endormie pour un temps, fatiguée de toute la peine qu’elle s’est donnée jusque-là

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