Nous sommes des loups
237 pages
Français

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Description


Un thriller au cœur de la jeunesse dorée




Une meute : bande d’adolescents favorisés par la société, qui sombre dans la criminalité.



Un but : assouvir une vengeance sur la vie, leurs parents et le monde qu’on leur lègue, et qu’ils veulent « nettoyer » en supprimant les nuisibles.



Un chef dominant qui va asseoir son pouvoir sur le groupe.



Des policiers qui piétinent...



Une question : peut-on changer le monde sans changer soi-même ?



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juillet 2021
Nombre de lectures 32
EAN13 9782381535920
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nous sommes des loups (et vous êtes la proie)

 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité

Graeme VILLERET
Nous sommes des loups (et vous êtes la proie)


 
À Fanny
À mes amis
 
À toutes celles et ceux qui se sont crus assez jeunes et forts pour renverser le monde
 
 
Les loups aboient et la meute mord
 
1. Nous sommes des loups
Et vous êtes la proie.
 
2. Nous sommes des loups
Et nous chassons en meute.
3. Et les hommes se dévorent
Des perles de sueur glacées comme des lames de rasoir coulaient sur sa nuque. Sur son front. Son nez. Il jeta un œil autour de lui. Personne. Pas un bruit à part une voiture qui passait dans la rue à vive allure, loin au-dessus. Il faisait frais. Le halo lumineux de la ville embellissait le ciel clair. Une belle nuit pour mourir. Ses yeux étaient fous. Il comprima encore plus fort les cheveux du type, qui éructa, dans un filet de sang :

—  Non, non, je t’en supplie !…
La vengeance est froide et incisive comme une lame découpe la viande.
 
4. Antoine
Antoine. Dix-sept ans. Lycée Henri IV, Paris 5 e . Terminale. Peu importe la spécialité, il était promis à un bel avenir. Beau comme un paquet de fric déposé au creux du couffin à sa naissance, l’avenir. Père PDG d’une banque d’affaires championne de la gestion de fortune dans le 8 e . Mère rédactrice en chef d’un magazine de mode en vue. Branchée et écumant toutes les Fashion Week de la planète. Une semaine sur deux, donc.
HEC l’année prochaine. Si tout va bien. Impossible que tout aille mal. Antoine avait des « facilités » comme on dit pudiquement. Il bossait normalement, sans plus. Obtenait de bonnes moyennes. Un élève doué, un grand avenir professionnel devant lui. Beau comme un MBA d’Harvard déposé dans l’escarcelle, l’avenir professionnel.
Vacances d’été à Saint-Tropez, villa familiale, piscine extérieure avec vue, depuis toujours. L’hiver à Courchevel, chalet familial, piscine intérieure avec vue, depuis toujours. De temps en temps, un saut à Miami Beach, à Malaga ou Ibiza pour s’amuser, à Saint-Barth pour le plaisir, à Dubaï pour les affaires de son père. Hôtels de luxe, jamais sous les cinq étoiles. La famille, toujours la famille. Le fric, toujours le fric, sans jamais en parler.
Tout. Tout était possible. Tout s’obtenait. Même plus besoin de demander, depuis qu’Antoine avait sa propre carte de crédit, d’un noir de jais, banque inconnue du grand public. Aucune idée de combien il y avait sur le compte. De ce qu’il dépensait. Sa mère ne lui en parlait pas. Son père rarement. Sauf pour lui dire qu’il y avait des limites à ne pas franchir. Sans jamais préciser lesquelles.
Pas de limites, donc.
Un grand frère, beaucoup plus vieux. Trente ans. Avocat d’affaires entre Paris et New York. Plus souvent à New York d’ailleurs, fuyant les conventions familiales. Loft immense à Manhattan, appartement cosy dans le Marais. Gay comme les détestait son père. Qui avait fini par s’y faire. « Foutue révolution des mœurs », disait-il parfois. Foutu 21 e  siècle qui s’autorisait tous les excès. Heureux 21 e  siècle, qui autorisait tous les excès, pensait son frère.
Oui, chacun est libre de tout, pensait Antoine.
Sa mère en était triste, un peu, mais elle s’y était faite aussi, bien forcée. Mélancolique. Attendant impatiemment d’être grand-mère et un petit qui n’arriverait probablement jamais. Son frère ne s’était pas fixé. Il n’avait jamais vraiment présenté de conjoint. Seulement de vagues connaissances. Il était libre. Libre et friqué.
Le fric rend libre.
Une grande sœur. Plus proche d’Antoine. Marie. À peine sortie des études. Vingt-cinq ans, une planification gestative parfaite. Cinq ans d’écart avec l’ainé. Huit ans avec lui. Ni trop proche, ni trop éloigné. Antoine était un accident sur le tard. Une manière de ressouder un vieux truc qu’on appelle le couple. Un concept d’avant. Au 20 e  siècle. Autant parler de Jurassique. Une distance, un écart suffisant pour les études des enfants et ne pas être trop emmerdés par les couches et les biberons, selon ses parents.
Marketing, médecine, littérature. Sa sœur n’avait su choisir. Éternelle insatisfaite, compulsive, girly , emmerdeuse et un brin bitch . Les relations maternelles l’avaient fait entrer chez un grand éditeur. Elle adorait. C’était tout près de l’appartement familial. Paris 6 e . Sur le jardin du Luxembourg. Elle rentrait chaque soir à pieds, lisait et discutait avec Marta, la bonne. Elle était courtisée depuis peu par un jeune écrivain, Steve. Talentueux. Bankable , en somme. Il était beau, il était charmant, il se la jouait bohème, cheveux dans le vent — un poil trop longs les cheveux — et possédait une voiture de sport. Décapotable. Pour le plaisir. Car « tout est plaisir dans la vie » disait-il. Adepte de Formule 1 et de tout ce qui allait vite. Sportif. Un gars parfait. Vingt-sept ans. Un connard sympathique et prétentieux, imberbe autant qu’imbu de lui-même. Blond, nez légèrement trop aquilin, mince et grand, fort en gueule et en thème. Libéral et lèche-cul avec le pognon. Souhaitant l’avènement du peuple, mais pas trop. Sans la violence et avec respect des institutions. Élans révolutionnaires de salon. De quoi encanailler une famille bourgeoise durant les discussions courtoises de repas sans aspérités, et rassurer un beau-père financier.
Antoine s’entendait bien avec Steve, mais ça ne durerait pas. Antoine avait toujours été d’accord avec Steve sur un point : ce dernier pensait qu’on devait mourir à vingt-sept ans. Les plus grands étaient morts à vingt-sept ans. Jim Morrison, Jimi Hendrix, Kurt Cobain. Et tellement d’autres. Mais pas que. Trente-neuf ans était aussi un bon âge. Che Guevara, Boris Vian. Que des artistes, des grands. Écrivain, il mourrait bientôt, donc. Au faîte.
Marie rêvait d’une belle robe de mariée. D’une garden party dans les jardins d’un château prestigieux. Elle avait déjà prévu les robes des demoiselles d’honneur, dans les détails jusqu’aux ceintures en soie. Formes, couleurs. Et une longue traîne pour sa robe, comme dans les comédies romantiques anglaises. Sa sœur rêvait de s’enfermer dans un mariage arrangé comme la journée la plus parfaite de toute sa vie. Comment pouvait-on passer autant de temps à préparer quelque chose comme la journée la plus parfaite de toute sa vie ? Ça coûterait beaucoup d’argent. Son père était évidemment d’accord pour tout payer. Le bonheur de sa fille passait avant tout. Sa mère était évidemment d’accord pour l’aider à préparer sa journée la plus parfaite. La réputation de sa famille, de sa fille en particulier, passait avant tout. Élégance. Un mariage friqué. Parfait et friqué.
Le fric asservit.
Antoine était un accident, donc. Un dernier coup pour la route. Des géniteurs pourtant trop occupés pour s’occuper de lui quand il était petit. Comme aller le chercher à l’école. Comme lui faire réciter ses leçons. Comme lui donner à manger. Le changer. Le promener. Lui renvoyer la balle dans le parc. Aller l’encourager aux compétitions sportives. Jouer au foot ou lui lire une histoire avant qu’il s’endorme. Comme être présents.
Marta était là. Depuis toujours. Antoine n’avait connu qu’elle. Petite, forte, des hanches à l’épaisseur rassurante comme une peluche, laide, souriante et douce comme un savon au lait. Disponible, gentille et nonchalante comme une caricature de nounou. Toujours là. Du 1 er  janvier au 31 décembre. Pas de famille, sauf celle d’Antoine. Les trois enfants, l’un après l’autre. Pas de vie, sauf celle de s’occuper des enfants, d’Antoine. Ménage, bouffe, courses, devoirs du petit. De temps en temps un cinéma, une pâtisserie et un thé avec une copine discrète comme elle. La vie de Marta se limitait aux 6 e et 5 e  arrond

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