Chasseuse de cristaux : Rêves de sable - Tome 2
132 pages
Français

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Chasseuse de cristaux : Rêves de sable - Tome 2 , livre ebook

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Description

Tourelle a tourné le dos à Rivrene et vogue à présent vers un continent brûlant sous un soleil implacable, entre dunes de sable et mines noires d’obsilène. Pourtant elle ne peut se défaire ni de ses fantômes, ni de ses désirs. Dans ce nouveau pays, exact opposé de son passé de glace et de blancheur et qui semble l'attendre, elle devra partir à la recherche d'elle-même autant que de nouveaux cristaux. Car la quête qu’elle croit avoir laissée derrière elle est loin d’être terminée. Et cette fois-ci, il y va de l'avenir du monde.


Après Vestiges de neige, Julie Derussy nous propose de suivre son héroïne dans ses Rêves de sable, le second et dernier volet de sa Chasseuse de cristaux.

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2015
Nombre de lectures 39
EAN13 9791094725603
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chasseuse de cristaux Tome 2
Rêves de sable
Julie Derussy
Collection du Fou
Pour ma petite sœur, Pauline, Et puis pour les yeux minéraux.
Prologue
Quand on est au bord de la mer, on est aussi au bord de la terre.
La mer. Toute cette eau qui s’étend là, devant moi, immense et salée – je le sais, je l’ai goûtée. La mer.
Il est midi. Avril neige doucement sur la laine noire de mon pull. Je regarde Rivrene s’achever en vagues écroulées sur la digue.
Il est midi, et moi, Tourelle, vingt ans et des débris, je m’apprête à quitter la terre qui m’a vue naître.
Mais avant que je découvre l’or, avant que je m’abandonne au soleil, avant que je ne glane, sur mon oreiller, des cheveux blonds, il faut que je retourne au fond de cette galère, il faut que je retourne au fond de moi-même et que je plonge dans l’obscurité de mes pensées.

Des noms tournent dans ma tête.
Yvain Léo Julieth Anja Léo Furtif Julieth Tourelle Esther Léo Tourelle Julieth Tourelle Léo Léo. Ils tournent, retournent en rond dans ma tête, c’est comme une ronde, Léo Tourelle Julieth je tourne, tourne en rond – Tourelle.
J’habite mes rêves. Obscurité colorée. Parfois j’ouvre les yeux, je m’éveille d’un rêve – ou est-ce le rêve qui m’éveille ? Des yeux de lune s’occupent de moi. Ils me nourrissent et le monde s’accroche à moi. Je suis là, je suis toujours là.
Mais je reviens. Je me sens revenir. C’est plus fort que moi. La vie m’habite. Il faut que je bouge. Je vois ma main se lever, je roule sur moi-même – je suis tombée sur le parquet.
Je reviens.
Je suis une mauvaise herbe.

Quand je repense à ces instants où j’errais quelque part à la frontière du rêve et du réel, et, qu’en fermant les yeux, je ressens à nouveau le mélange des sensations et des songes, c’est cette image qui me vient. Si je voulais une belle comparaison, une métaphore pleine de dignité, je dirais que je suis un phénix – je renais de mes cendres. Mais, si je veux être absolument sincère, l’image sur laquelle s’arrête mon esprit, c’est celle d’une mauvaise herbe. Une de ces vilaines choses qui défient les jardiniers, plantent leur laideur et leurs racines dans n’importe quelle terre, prêtes à tout pour se perpétuer. L’ivraie séparée du bon grain.
Une mauvaise herbe.

Donc, je suis revenue de mes rêves. Il a fallu du temps. Du temps pour que mon corps cesse de marcher au ralenti, et plus encore pour que la réalité se remette à exister. J’ai longtemps continué de parler à mes fantômes, parce qu’ils étaient plus présents que la Reine et Hazi. Elles étaient deux ombres, quand les autres étaient vivants à côté de moi, en moi, et je me blottissais dans leurs bras. Pendant tout ce temps, Hazi m’a nourrie comme une enfant, lavée, bordée, empêchant mon corps de partir. Peut-être que, plus tard, quand je suis revenue, je lui en ai voulu pour ça, pour avoir pris soin de moi, pour m’avoir retenue, liée au monde réel. Je ne sais pas.
J’étais bien. Je ne voulais pas rejoindre la réalité qui fait mal. Je n’étais pas taillée pour elle, je m’y brisais sans cesse. Et pourtant, je suis revenue. Mauvaise herbe.
Chapitre 1 : Dans le ventre du bateau
– Au moins une cuillerée encore. Tu n’as rien mangé.
C’est mauvais. Tout simplement mauvais. Bien la peine d’habiter avec une reine pour subir une bouffe comme celle-là.
– C’est très bon. C’est toi qui n’aimes pas le poisson. Tu devrais en manger plus souvent, ça rend intelligent, a répondu la voix, lisant dans mes pensées.
Je me suis rencognée dans mon oreiller et j’ai pris un air buté. Hazi, contrariée, a froncé les sourcils et m’a fixée de son regard noir. Derrière son épaule, un autre regard noir me fustigeait. Julieth, mince et brune. Je ne m’étais pas encore habituée à sa nouvelle silhouette.
– Ce n’est pas possible, elle a dit, tu es vraiment une enfant gâtée.
– Certainement pas. Je peux t’assurer que personne dans mon enfance ne m’a gâtée.
– C’était juste une expression. Mange.
J’ai soupiré. J’étais têtue, mais Julieth aussi. Sans parler d’Hazi, qui était muette, mais savait très bien se faire comprendre. J’étais en train de considérer la possibilité de résister juste pour le plaisir de les énerver, lorsque j’ai senti une caresse glisser le long de mon bras.
– Elle a raison, il a dit, tu as besoin de reprendre des forces.
Je me suis retournée. Léo était allongé près de moi, et il me regardait avec son petit sourire en coin. J’ai résisté à l’assaut de tendresse.
– Mais qu’est-ce que vous avez tous à vous mettre sur ce lit, il est trop petit, je n’ai plus de place pour mes jambes, c’est toujours la même chose ! Tu ne peux pas aller sur le lit d’Hazi pour une fois, Léo ?
– Je préfère être près de toi.
– Bien sûr, j’ai répliqué, j’ai toujours été ton animal de compagnie préféré.
Mais ça m’avait quand même fait plaisir de l’entendre dire ça et je me suis redressée pour manger. Mon accès d’énervement m’avait épuisée, le moindre mouvement me coûtait. Hazi, imperturbable, a tendu vers moi la cuillère. J’ai essayé d’avaler tout rond, mais j’ai quand même senti le goût.
– Merci, Hazi, je n’ai plus faim.
Mon effort de politesse lui a fait comprendre que je ne mangerais décidément plus. Elle m’a regardée, a hoché la tête, puis elle s’est levée et a quitté la pièce, emportant avec elle l’assiette à moitié pleine. Tout de suite, Julieth a entrepris de remettre en place le drap qui était froissé.
– Tu es obligée de faire ça maintenant ? j’ai demandé. Ça me fatigue.
– Tu es toujours fatiguée et tu ne quittes presque jamais le lit. Quand veux-tu que je le fasse ?
Elle n’avait pas tort. Je me suis retournée pour me blottir contre Léo. Je me rendormais déjà. J’allais rêver et ils seraient là tous les deux. Parfois je regrettais de n’être jamais seule, mais la plupart du temps, j’étais contente. Ils étaient comme deux anges gardiens, comme deux ailes dans mon dos, deux longues ailes de plumes blanches. Autrefois, il avait neigé des plumes. Il me semblait qu’il neigeait à présent, des flocons légers dans la chambre, édredon blanc me protégeant. J’ai souri à mes songes.

C’est le plafond.
Il me regarde dans mon sommeil. Peut-être que ça arrive quand on l’a trop scruté et qu’il se met à vous scruter à son tour. J’ai empoigné l’édredon pour l’empêcher de me voir, mais je sentais qu’il pouvait encore distinguer mes doigts et ma forme crispée sous les couvertures.
– Qu’est-ce que tu fabriques, Tourelle ?
– C’est le plafond. Il me regarde.
– Tu as vraiment de drôles d’idées. C’est à force de rester dans ce lit. Il est temps que tu cesses d’hiberner.
– Encore ? Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi.
Julieth me demandait constamment de me lever, mais jusqu’à présent, Léo avait eu la bienveillance, et surtout la nonchalance, de me laisser tranquille.
– Je t’assure que ça te ferait du bien. D’ailleurs, moi aussi je commence à tourner en rond dans cette cabine.
– Toi ? Tu n’as jamais rien fait de ta vie, je ne vois pas ce que ça peut changer.
J’ai fait une tentative d’émergence. Le plafond avait cessé de me fixer. J’avais encore sommeil. Si j’avais la force de me traîner jusqu’au pot de chambre, je me rendormirais plus facilement. Comme Julieth n’était pas là, je me suis tournée vers Léo. Il contemplait ses ongles.
– Tu crois que je devrais cesser de me les couper et les limer, plutôt ? il m’a demandé, l’air très sérieux.
– Comment peux-tu me poser une question aussi futile ? Est-ce que les morts ne sont pas censés avoir des préoccupations plus importantes ?
– Comment peux-tu passer tes journées au lit ? Est-ce que les vivants ne sont pas censés avoir des occupations plus importantes ?
– Va au diable, Léo, fiche moi la paix !
– Parfait, il a dit, et il est sorti.
Il n’y avait plus personne pour m’aider à sortir du lit maintenant. Toujours là pour me taper sur les nerfs

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