Un demain sans hier
219 pages
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Un demain sans hier , livre ebook

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Description

Fuyant leur monde mourant, les éternels ont semé sur Terre les germes qui avaient déjà éteint leur civilisation.
Dans une petite ville du sud de la France, à l’aube de ses trente ans Laura végète, seule et taciturne.
De son côté, Raphaël vient de réussir une mission à hauts risques en délivrant la fille kidnappée d’un milliardaire chinois.
Dans un monde qui affiche tous les signes de déclin, quel est le lien entre cette jeune scientifique flamboyante que le Times compara à Léonard de Vinci, ce mercenaire impitoyable au passé oublié et ces étranges immortels ?
A priori aucun.
Pourtant, des événements extraordinaires vont les propulser au cœur d’une épopée au-delà de l’espace et du temps, là où le bien et le mal trouvent racine sur la Terre et ailleurs…
Et si l’histoire n’était qu’un éternel recommencement, et si les coïncidences n’existaient pas, et si l’éternité résidait dans un demain sans hier ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 janvier 2022
Nombre de lectures 6
EAN13 9782312087504
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un demain sans hier
Le Ken
Un demain sans hier
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-08750-4
Prologue
Californie été 1916
En ce dimanche d’août, l’activité à l’hôpital d’Oakland avait été relativement calme. Le pasteur Harold Williams y venait chaque fois après l’office à l’église de sa paroisse.
Les effluves captivants de jasmin canalisaient les velléités agressives des paroissiens et contribuaient à adoucir cette journée d’azur aux températures clémentes.
« Yahvé vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. Yahvé se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il fut affligé en son cœur » .
Ainsi avait-il commencé son prêche ce matin-là en lisant un passage de la Genèse. Les dernières informations du front venant d’Europe l’avaient mis dans un état de réel désarroi. Décrites comme des moyens modernes pour écourter cette guerre terrible, de nouvelles armes naissaient chaque jour dans un charnier de boue et de sang. Les dernières en date n’étaient autres que ces canons, enchâssés sur un corps blindé mu par des chenilles d’acier. Les chars d’assaut venaient de faire leur entrée pour la première fois de l’histoire sur le champ de bataille de la Somme, dans les Hauts de France. Une fois de plus, l’ingéniosité de l’homme flirtait avec la dame à la faux qui faisait ravage à l’autre bout du monde.
« Seigneur », pensait-il, « pourvu que la souffrance de ton fils sur la croix ne fut pas en vain » . Depuis toujours, la guerre était une de ces constantes dégradantes de la dignité humaine. Il se disait parfois que rien n’avait fondamentalement changé. Comme un spectateur de la société qui l’entourait, il avait l’irrépressible sentiment que le monde courait à nouveau le plus grand des dangers : celui de s’attirer les foudres de Dieu. Malgré sa peine et sa douleur, sa foi demeurait inébranlable. Il partageait l’amour et la vocation pour Dieu depuis sa plus tendre enfance et pour son plus grand bonheur. Il se voyait tel le berger remettre ses brebis dans le droit chemin.
Comme chaque dimanche après sa messe, il allait à l’hôpital pour prendre soin de ceux que la santé avait abandonné. Il exprimait tous les jours de la gratitude pour ce que sa vie lui avait donné et considérait comme normal de vouer sa vie aux autres. Le soutien moral qu’il donnait inlassablement aux malades était tel un don, les soulageant de leur souffrance par ses mots d’amour et de paix.
L’infirmière de service vint à sa rencontre ce jour-là.
– Révérend, nous avons un malade qui demande à vous parler immédiatement. Il pense sa dernière heure venue et…
– Je vous suis, répond-il de sa voix grave et sereine. La compassion visible sur son visage était toujours perçue comme un signe sincère de réconfort. Il apportait une dimension spirituelle qui faisait parfois défaut à la routine de l’hospice. À son contact, le corps médical se sentait plus proche de ces personnes et de leur douleur.
Ils entrèrent dans une chambre commune où vingt lits étaient parfaitement alignés. Les parfums d’éther et de discipline étaient la seule alternative au chaos de leurs derniers instants. Il côtoyait depuis longtemps la souffrance mais jamais son cœur ne s’était détaché à la vue de ces corps déformés.
L’infirmière l’amena au chevet d’un homme âgé, avoisinant les quatre-vingts ans, visiblement affaibli. Son teint mat et sa peau burinée par le soleil soulignaient les origines méditerranéennes.
– Je crois qu’il est d’origine Turque, chuchota l’infirmière comme pour compléter les pensées du révérend.
Aussitôt qu’il l’aperçut, le vieil homme saisit la main du pasteur et le regarda dans les yeux avec une vivacité qui surprit Harold Williams.
– Haji, c’est mon nom, prononça-t-il d’une voix faible au fort accent étranger. J’arrive à la fin de mon existence et je dois soulager mon âme d’un poids lourd de soixante ans, mais je ne veux parler à personne d’autre que vous.
Il souriait. Sa sérénité illuminait son visage. Harold Williams posa sa main sur la sienne et l’écouta.
– Vous seul, homme d’église et de foi, peut comprendre ce que j’ai à dévoiler, dit-il en regardant l’infirmière qui partit après un signe de tête du pasteur. Il s’assit près du vieil homme, sa main toujours scellée dans la sienne. Il respirait péniblement, marquait de longues pauses avant de reprendre son souffle pour poursuivre. Le pasteur l’écouta d’abord poliment, puis visiblement de plus en plus intéressé. Haji ne cessait de parler. Il buvait régulièrement afin d’hydrater sa gorge desséchée. De nouvelles étincelles de vie s’animaient en lui. Les témoins de la scène virent à plusieurs reprises le révérend tourner les pages de sa bible, comme s’il y cherchait quelque chose. Il n’écoutait plus seulement, il soutenait la conversation, posant lui-même des questions au vieillard extenué. Puis , Haji se cala confortablement dans son lit et ferma les yeux. La flamme qui s’était emparée de lui cette dernière heure l’avait consumé.
Harold Williams prononça les derniers sacrements et après un souffle discret, Haji s’éteignit, un air apaisé drapait alors son visage.
L’infirmière qui croisa le Pasteur, alors sur le point de quitter les lieux, le trouva bouleversé. Il lui porta un regard vide, porteur de détresse et murmura, « et Yahvé dit : je vais effacer de la surface de la terre les hommes que j’ai créés… » et il s’en alla d’un pas pressé. La croix de bois usée qui pendait à son cou depuis sa plus tendre enfance, se balançait sous ses pas.
Fuente del sol, au sud de Valladolid , Espagne , de nos jours
Carlos Marco arriva sur le chantier à six heures du matin. Déjà , l’aube augurait des chaleurs supplicieuses. Le genre de journée à n’accepter que des travaux à l’abri du soleil. Mais son client payait gracieusement ses services. D’ailleurs il était là, lui aussi, déjà en train d’évaluer ce que deviendrait la propriété après les travaux terminées. Mike Murray accueillit Carlos avec son sourire habituel. Ce grand dadais, légèrement voûté, se déplaçait lentement. Sa poignée de main énergique exprimait cependant toute la détermination qui l’habitait.
Mike était de ces hommes d’affaires Anglais qui décidèrent, à la fin des années quatre-vingt-dix, de s’établir au soleil. Nombre d’entre eux avaient pris pour terre d’adoption le Sud-Ouest de la France. N’en déplaise aux mauvaises langues, ces capitaux venant de la Perfide Albion permettaient de restaurer un patrimoine laissé en désuétude en redonnant à cette région un visage patiné et revigoré. Une façon pacifique de reprendre cette Aquitaine dont ils en furent chassés lors de la bataille de Castillon le dix-sept juillet quatorze cent cinquante-trois.
Mike , et Maria , son épouse, avaient pris un autre chemin par une poussée du destin les emmenant vers l’Espagne . Un an plus tôt, ils étaient passés à côté d’une magnifique propriété dans le Périgord Noir . Un couple d’Américains les avait coiffés sur le poteau en offrant au vendeur dix mille euros de plus que le prix initialement demandé.
Le jour même, sous le coup d’une impulsion encore inexpliquée, Mike décida de surprendre son épouse. Il loua une voiture, traversèrent les Pyrénées et offrit à Maria l’opportunité de chasser sa déception en découvrant pour la première fois le pays d’origine de ses grands-parents.
Ce qui devait être un séjour de réconfort se transforma rapidement en une révélation. L’Andalousie leur explosa littéralement au visage, dans un ouragan d’accents, de couleurs et de saveurs. Leurs cœurs vibraient au rythme du flamenco, cette soirée où leurs regards complices disparus se ravivèrent alors.
Curro Albaycin, chanteur et personnage de légende dans le quartier d’Albaycin de Grenade, les subjugua en donnant vie à un poème de Federico Garcia Lorca. La guitare flamenca qui l’accompagnait transcendait chacune de ses postures passionnées. De ce coup de cœur naquit une conviction, ils allaient vivre dans ce pays.
Leur soudaine soif d’aventure les poussa plus loin. Ils voulurent en savoir davantage sur cette culture qui les stimulait. Ils remontèrent vers le nord pour explorer la province de Castillo y Léon. Les jours qui suivirent furent dédiés à découvrir cette région, et conforta leurs premières émotions. Mike remit plusieurs cartes d’affaire aux meilleures agences immobilières de la contrée. Son cahier des charges était simple et stimulant :
– Je cherche une belle propriété, mon plafond est trois millions d’euros. Je demeure à l’hôtel El Jardin De La Abadia à Valladolid jusqu’à samedi midi.
Avant la fin de son séjour, il reçut nombre d’appels la plupart dans un très bon anglais pour lui dévoiler « La » propriété recherchée.
– Vous avez mon adresse électronique, répondait-il amusé et excité à la fois. Envoyez-moi des photos, des descriptifs et je vous répondrai si j’y vois un intérêt.
Son détachement apparent était une protection à un nouvel échec, même s’il avait la certitude dans son for intérieur que cette fois serait la bonne.
À regret ils virent les jours s’égrener et finalement ils durent retourner en Angleterre avec dans le cœur les aquarelles sonores ibériques.
À l’atterrissage, Heathrow arborait un arc-en-ciel aux couleurs maussades d’un plafond nuageux incertain. Maria fit un vœu. À peine arrivés à leur domicile, elle se précipita sur son ordinateur oubliant pour quelques instants le froid humide des anciennes demeures londoniennes restées inhabitées. Les offres immobilières s’affichaient par dizaines. Le tri dura trois heures et quatre choix potentiels sortaient du lot. Mais l’adrénaline boostée par l’excitation se dissipa et la fatigue reprit le dessus. Ils décidèrent de s’octroyer une courte pause et d’apprécier à sa juste valeur bienfaitrice un thé de Ceylan. Le téléphone sonna, avec lassitude Mike décrocha. Une femme l’aborda alors dans un Anglais d’oxford des plus parfaits.
– Bonjour, je suis Mélani

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