Zoulag
212 pages
Français

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Description

Le plus grand fléau de tous les temps a tué un milliard de personnes. L’Humanité, pour la première fois de son histoire une et indivisible, s’en est sortie. En quête de réponses sur les mécanismes du mal, les autorités, conseillées par les scientifiques, décidèrent de la création de camps spéciaux où serait internée la lie de l’espèce humaine, quelques millions de Hyde étiquetés, pucés, étudiés par une élite de docteurs Jekyll.


Au nombre de trois, ces zoulags – contraction de zombies et goulags – ont été construits en zone arctique : en Finlande, en Sibérie et au Nunavut.


Ils ne tardent pas à faire l’objet de trafics, car ces monstrueuses créatures pourraient bien être la source d’un juteux business...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782374537894
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Le plus grand fléau de tous les temps a tué un milliard de personnes. L’Humanité, pour la première fois de son histoire une et indivisible, s’en est sortie. En quête de réponses sur les mécanismes du mal, les autorités, conseillées par les scientifiques, décidèrent de la création de camps spéciaux où serait internée la lie de l’espèce humaine, quelques millions de Hyde étiquetés, pucés, étudiés par une élite de docteurs Jekyll.
Au nombre de trois, ces zoulags – contraction de zombie et goulag – ont été construits en zone arctique : en Finlande, en Sibérie et au Nunavut.
Ils ne tardent pas à faire l’objet de trafics, car ces monstrueuses créatures pourraient bien être la source d’un juteux business…


Stéphane Desienne est établi sur les bords de la Loire, le dernier fleuve sauvage d’Europe, dit-on. Il est féru de science-fiction depuis son plus jeune âge, influencé par le côté obscur des technologies, l’exobiologie, les thèmes liés à la survie.
Puisque dans le futur, tout peut arriver, ce n’est pas le pire qui provoque la terreur, mais son anticipation.
ZOULAG
Chroniques des jours d'après
Stéphane DESIENNE
Collection du Fou
1 re partie : Le syndrome finlandais
Nora Lund
Le convertible MV-22 s’éloigna du grand vaisseau dont la coque grise fendait les eaux froides du golfe de Botnie. L’aéronef se stabilisa à une vingtaine de mètres de distance du pont avant que les nacelles moteurs ne basculent progressivement de la verticale à l’horizontale. La transition du mode hélicoptère au mode avion produisit une accélération franche ainsi qu’une augmentation notable du volume sonore dans la cabine, obligeant les passagers à se munir d’un casque. L’appareil dépassa le navire qui transportait un millier de Marines puis s’inclina sur la gauche. Très vite, il grimpa à travers le ciel azur et mit le cap vers la côte.
Vers le nord.
Assise dans la zone cargo occupée par trois palettes de matériel, Nora Lund ne bougea pas d’un pouce durant la première demi-heure du vol. Ses yeux roulaient de droite à gauche et elle se maîtrisait pour ne pas rendre le contenu de son estomac lesté d’un café et d’un croissant. Elle attrapa son sac et fouilla dans l’une des poches avant. Elle en retira une petite bombe aérosol :
— Il paraît que la région pullule de moustiques, déclara l’homme à côté d’elle, d’une voix suffisamment forte pour couvrir le vrombissement des moteurs.
Les casques étant pourvus de micros, elle se demanda pourquoi il criait, elle l’entendait parfaitement bien. Il ne s’agissait pas d’un insecticide, mais de sa Ventoline, lui expliqua-t-elle après une longue inspiration du médicament.
— C’est habituel en été et puis nous sommes au pays des mille lacs. La Finlande peut se voir comme un gigantesque incubateur, un paradis pour ces satanées bestioles voraces, ajouta-t-elle ensuite.
Horace Trent la gratifia d’un sourire enjôleur, le même qu’il réservait à ses téléspectateurs.
— Si vous voulez mon avis, c’est un autre genre de bestiole vorace dont nous devrons nous inquiéter d’ici quelques heures.
— Je doute que de l’insecticide suffise à les tenir à distance.
L’appareil traversa un trou d’air. Les passagers se retrouvèrent un bref instant en chute libre puis leurs postérieurs s’écrasèrent sur l’assise aussi dure qu’une planche de bois.
Le célèbre présentateur sourit à nouveau. Son émission, Into the Wild , rassemblait chaque mois des millions de fidèles à travers le monde. Derrière sa figure de baroudeur se cachait sans doute un redoutable professionnel des médias. Un requin, avait-elle entendu dire sur une chaîne d’information concurrente. Il se sentait dans son élément.

L’aéronef hybride vira sur l’aile. Nora se cramponna à sa sangle. Au moins, elle n’avait pas vomi. Jamais elle ne s’habituerait aux voyages au-dessus du plancher des vaches, alors un appareil qui passait d’avion à hélicoptère en appuyant sur un simple bouton…
— Vous travaillez dans quel laboratoire, déjà ?
— Jean Mérieux. À Lyon.
— Le P4 ?
Nora hocha la tête.
Pour un cinéaste animalier venu de l’autre côté de l’océan, il semblait bien au fait. Ou alors, se dit-elle, il avait appris par cœur les notes rédigées par un membre de son équipe de dingues. Trois d’entre eux dormaient sur la banquette et elle se demandait comment ils pouvaient fermer l’œil dans un boucan pareil. Peut-être qu’ils s’étaient habitués au fil des aventures avec leur patron. Le quatrième larron de la bande gardait la tête penchée sur son ordinateur ultraléger. Vu qu’il n’en décollait pas le nez, elle le catalogua comme un nerd. L’écran jetait une lueur douce sur son visage d’ours et sur les verres de ses lunettes noires.
— Vous savez, dit Horace, je bosse avec ces types depuis des années. Tout va bien se passer.
Nora haussa un sourcil.
— C’est mon cinquième séjour au Zoulag Nord, mais c’est la première fois que je viens en été.
— Ah oui ?
— En hiver, le gel les paralyse, c’est moins dangereux pour effectuer des prélèvements. Durant la saison estivale, il est interdit de travailler sur le terrain.
— Je vois. À mon avis, s’ils ne bougent pas, c’est moins drôle, répondit Horace avec une pointe d’amusement.
Les caméras aimaient le mouvement, les pulses d’adrénaline que l’animateur producteur espérait transmettre au téléspectateur avachi au fond de son canapé. C’était sa marque de fabrique, insuffler un tourbillon à même de sortir un mort de sa torpeur.
— Vous avez peur, Miss Lund ?
— Je les préfère quand ils restent figés.
— Vous n’avez aucune raison de vous en faire. Je bosse avec mon équipe depuis des années et on a connu des tournages plus difficiles que celui-ci.
L’animateur-producteur quitta son siège. Nora leva les yeux vers lui. Il avait une allure de bûcheron canadien et le visage d’un surfeur australien. L’ensemble était censé projeter une aura d’assurance, voire de séduction.
— Tout va bien se passer, lui promit-il, le sourire impeccable.
Willkommen in Nord Zulag
Le MV-22 atteignit sa destination après un vol sans histoire de quarante minutes. L’appareil se présenta au seuil de la piste de la base aérienne de Rovaniemi puis réalisa sa transition du mode avion au mode hélicoptère avant de se poser comme une fleur. Après un roulage jusqu’au terminal réservé aux forces armées, il s’arrêta, et le vrombissement qui avait vrillé les oreilles pendant près d’une heure cessa enfin. Nora se dessangla immédiatement et attendit, en trépignant d’impatience, que s’abaisse la rampe cargo. Un trait de lumière se dessina dans le fond puis s’élargit, laissant entrer un flot aveuglant qui la força à plisser les yeux. Elle sourit malgré la gêne : à chaque fois, elle vivait l’instant comme une petite libération.
Un homme en uniforme impeccable les accueillit. Les ailes sur sa poche poitrine indiquaient qu’il était aviateur. Un drapeau allemand ornait son épaule gauche, juste au-dessus de son écusson d’unité.
Il leur souhaita la bienvenue sur un ton enthousiaste :
— Willkommen in Nord Zulag . Je suis le colonel Hans Dieter Faulken, votre officier de liaison de l’Union européenne, expliqua-t-il, brièvement. Les Finlandais mettent cette base à notre disposition, mais ils restent bien entendu les maîtres chez eux.
— Moi et mon équipe sommes ravis d’avoir l’autorisation de réaliser ce reportage, lui répondit Horace Trent.
Le visage de Faulken s’illumina quand il serra la main de l’animateur vedette.
— Quand Bruxelles m’a annoncé que vous projetiez de venir ici, je n’y ai pas cru ! Et maintenant, vous voilà en chair et en os !
Reconnaissant un fan de son émission, le baroudeur se permit une tape amicale sur le dos du militaire de carrière.
— Moi non plus, je n’y croyais pas, mon colonel. Enfin, toute la paperasse est finalement réglée et comme vous le dites, nous sommes là ! Donc, vous êtes notre chaperon, si je comprends bien ?
— Mon rôle se borne à m’assurer que vous ne manquiez de rien, que vous ne vous perdiez pas. Et surtout, qu’aucun de vous ne se fasse tuer. Cela étant, il faudra vous plier aux usages en vigueur.
Nora avait décidé de rester en retrait. Elle avait déjà subi le numéro que les militaires réservaient aux personnels fraîchement débarqués pour leur expliquer qu’ici, ce sont eux qui commandent. La chaleur et la luminosité la surprirent, elle qui avait l’habitude d’arriver au milieu de la nuit arctique dans une ambiance de congélateur. Si elle reconnaissait les lieux, elle peina à retrouver ses marques, perturbée par le sol gris, la forêt verdoyante et les pelouses gorgées de chlorophylle. Pas une trace de glace, ni de blanc immaculé. La base avait troqué son manteau de nacre pour ce vert presque clinquant.
La petite troupe passa devant des hangarettes d’où dépassaient les museaux effilés d’appareils de chasse de l’ Ilmavoimat , l’armée de l’air finlandaise.
— Les Finlandais gardent quatre F-18 en alerte à quinze minutes. On peut les scrambler H24, sept jours sur sept.
— Et ces réservoirs, demanda un membre de l’équipe, c’est pour l’essence des avions ?
— Ce ne sont pas des réservoirs, mais des bidons de Napalm-B, révéla simplement Dieter. En cas de problème, on n’a pas vraiment le temps de faire dans le chirurgical.
Il n’avait pas besoin d’en dire davantage.
À chaque information fournie par le colonel, Horace hochait la tête en souriant. Il calculait sans doute déjà de quelle manière les exploiter, pensa Nora. Tous ces détails dramatiques seraient ajoutés au montage.
Peut-être qu’il imaginait un petit bombardement du plus bel effet dans la bande-annonce, mais la chaîne n’autoriserait probablement pas ce genre de dépassement de budget.

Dieter les emmena dans un bâtiment flambant neuf, à l’entrée flanquée par un drapeau européen et le Siniristilippu – littéralement, le Drapeau à la Croix Bleue. Outre les machines à café, les locaux ultramodernes proposaient l’éventail de service qu’affectionnaient les techniciens des médias.
— On dispose d’un accès broadband à cent gigabits par seconde, déclama fièrement le colonel. Vous po

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