Soigner du nord au sud
191 pages
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Soigner du nord au sud , livre ebook

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Description

Danielle Perreault a neuf ans la première fois qu’elle souhaite s’expatrier: son père s’est fait offrir un poste à la nouvelle Université du Rwanda et, pour elle, c’est tout décidé : ils partent en Afrique ! Mais son père, à sa grande déception, refuse... Dix ans plus tard, toujours attirée par l’aventure, elle part enseigner au Togo. Elle reçoit un salaire de vingt dollars par mois, mais elle est logée, nourrie, et on lui fournit la mobylette. Que demander de plus?!

C’est le début de sa grande passion, celle d’aller à la rencontre de différentes cultures. Se destinant d’abord à l’anthropologie, elle bifurque vers la médecine, animée du désir de se rendre utile. Elle exercera souvent son métier parmi les Cris et les Inuits du nord du Québec, pour qui elle développera une profonde affection, mais également autour du globe, participant à plusieurs missions d’aide humanitaire, au Bénin, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux Philippines, en Sierra Leone...
Connue du public comme vulgarisatrice et chroniqueuse, chevalière de l’Ordre national du Québec, Danielle Perreault raconte ici ses séjours à l’étranger avec l’exubérance, l’humour et la ferveur qui ont fait sa marque. Elle témoigne du formidable privilège que lui a offert l'exercice de la médecine : soigner et aimer des milliers de personnes, une à la fois.
À notre arrivée à Sokodé, ville située au centre du pays, à 340 kilomètres de la capitale, Lomé, trois gamins portent nos grosses valises sur leur tête et guident notre groupe vers la maison des sœurs de l’Assomption. Bienvenue ! s’exclame sœur Bégonia, une Espagnole tout heureuse de nous voir débarquer. Après avoir raté mon avion au départ de Paris, transité pendant quarante-huit heures en Côte d’Ivoire et voyagé pour la première fois en taxi-brousse, je nage dans le bonheur. J’ai un lit dans une salle commune, au cœur d’une maison au toit de tôle ondulée, sans électricité, mais avec l’eau courante. Je suis presque déçue de ce confort relatif, m’étant imaginé coucher sur une natte par terre dans une hutte de paille !
Chaque jour au guidon de ma mobylette, je suis aux premières loges pour assister à des scènes joyeuses et animées, comme ces ribambelles d’enfants en costume kaki et sac à dos se rendant à l’école, ou ces femmes Kotokoli, un nourrisson accroché dans le dos par un large pagne et une lourde charge sur la tête. Je traverse de longs champs pour rejoindre le collège qui regroupe des bâtiments blancs de deux étages et dont la construction n’est pas tout à fait achevée. L’accueil des élèves est sympathique, leur sourire aux dents immaculées est large et accueillant.
Bien sûr, enseigner à dix-neuf ans est audacieux, pour ne pas dire présomptueux. Mais j’y prends un grand plaisir.

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782764442142
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon et Véronique Marcotte

Conception graphique : Nicolas Ménard
Mise en pages : Nathalie Caron
Assistance à la rédaction : Grégoire Viau
Révision linguistique : Élyse-Andrée Héroux
Lecture de sûreté de la présente édition : Sabrina Raymond
Photographies (couverture et cahier photos) : Archives personnelles de l’autrice
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Soigner du nord au sud / Danielle Perreault.
Noms : Perreault, Danielle, Dre, auteur.
Collections : Biographie (Éditions Québec Amérique)
Description : Mention de collection : Biographie
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20200088661 | Canadiana (livre numérique) 2020008867X | ISBN 9782764442128 | ISBN 9782764442135 (PDF) | ISBN 9782764442142 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM : Perreault, Danielle, Dre. | RVM : Femmes médecins—Québec (Province)—Biographies. | RVM : Aide humanitaire québécoise—Récits personnels.
Classification : LCC R464.P43 2020 | CDD 610.92—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2020

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2020.
quebec-amerique.com











À mes enfants, Jessica et Éric, à qui je partage ces mots de Pablo Neruda qui m’ont inspirée dans les moments difficiles
« Hoy es hoy y ayer se fue, no hay duda »
(« Aujourd’hui est aujourd’hui, hier c’est terminé, il n’y a pas de doute. »)


AVANT-PROPOS
On me demande souvent ce qui me motive depuis toujours à parcourir le monde sans relâche.
On ne part pas nécessairement pour combler un vide, fuir quelque chose ou chercher une montée d’adrénaline ! Pour moi, partir signifie aller à la rencontre de l’autre et de sa culture : des cultures multiples pour lesquelles j’ai toujours éprouvé une immense passion. Puis, une fois rentrée à la maison, j’espère sensibiliser les miens à la grande indigence qui sévit dans tous les coins de la planète.
En parcourant mes souvenirs, je me suis dit que je ne devais pas garder pour moi des moments si intenses, ces échantillons de vies qui m’ont amenée à côtoyer de grandes souffrances et de grandes forces chez l’être humain ; ces instants où, grâce à mon travail de médecin confrontée à des situations difficiles, j’ai pu mettre des visages sur une tragédie, apprendre le prénom d’un homme, d’une femme ou d’un enfant derrière le séisme d’Haïti ou la crise d’Ebola. Par souci de discrétion, j’ai toutefois modifié les noms de mes patients dans cet ouvrage.
J’ai voulu tracer des portraits d’humains. Raconter ces hommes et ces femmes que j’ai rencontrés autant dans le Grand Nord canadien que dans les pays du Sud et qui, souvent, se sont avérés de véritables héros de l’ombre. Rendre hommage à ces gens à la fois forts et fragiles, combatifs et résignés, qui ont tenté de protéger les leurs, qui se sont dressés dans l’adversité. Eux qui m’ont obligée à me poser la question : Et moi, qu’aurais-je fait dans leur situation ?
Ces gens-là forment l’humanité en marche.
J’espère sincèrement que ce livre vous donnera le goût, à vous aussi, d’écouter ce qui se passe « ailleurs ».
Danielle Perreault


BLIZZARD MORTEL
Puvirnituq (Nunavik), années 2000
La toundra, qui recouvre une bonne partie de l’extrême nord du Québec, est une terre de roche plate et de lichen, dépourvue d’arbres. Avec ses rafales pouvant aller jusqu’à 150 km/h, le blizzard rend la visibilité nulle en soulevant la neige au sol. Toute sortie est interdite. Dans ce contexte, comment l’avion peut-il atterrir pour embarquer mes malades et mes blessés en état critique ? Je hais les blizzards.
Décembre 2003. Mary, une sage-femme inuite, met au monde un nouveau membre de la communauté. Mais trois jours plus tard, cette belle petite fille, cinquième enfant de sa maman de vingt-huit ans, ne va pas bien. Elle refuse de téter et respire trop rapidement. Son état se détériore au point où on doit l’intuber. Je décide de la transférer à Montréal, à 1644 kilomètres au sud. Je contacte le centre EVAQ (Évacuations aéromédicales du Québec), qui juge la situation prioritaire. Un avion-hôpital, un Challenger , est alors mobilisé depuis Québec avec, à son bord, un urgentiste et une infirmière. Cependant, on me dit : Ce n’est pas certain qu’on puisse se rendre . Je regarde dehors pour chercher les indices d’un début de tempête : la danse de bourrées de neige au sol ou un déplacement rapide de flocons à l’horizontale. Rien de tout ça, c’est le calme plat. Mais on prévoit dans les prochaines heures un blizzard qui pourrait nous isoler pendant des heures, voire des jours. Alors, pas d’évacuation médicale, pas de ravitaillement à l’épicerie ou à la pharmacie, annulation des départs comme des arrivées.
Comment pourrai-je offrir des soins intensifs à ce nouveau-né pendant des jours, étant donné le manque d’équipements, de tests en laboratoire et de médicaments spécifiques pour soigner un enfant aussi malade ?
Mais revirement de situation ! Le Challenger tente sa chance pour venir chercher le bébé avant que les vents ne condamnent la piste. À trente minutes de son arrivée, l’ambulance quitte l’hôpital, emportant ma petite patiente vers l’aéroport. À ses côtés, un infirmier qui, faute de respirateur, doit la ventiler manuellement. Comme je suis soulagée de son départ ! Sauf que, dix minutes plus tard, la voix de l’infirmier éclate sur le transmetteur radio. On a pris le clos ! Dans le franc-parler saguenéen, cela signifie que les ambulanciers ont quitté la route, ils sont dans le fossé.
Dans la nuit noire, le chauffeur de l’ambulance, malgré son expérience, a perdu de vue la route, balayée par les vents. Il a basculé sur le côté. Je n’ose pas imaginer l’infirmier essayant de stabiliser l’enfant dans cette position précaire… Les pompiers finissent par arriver pour les sortir du pétrin, mais j’apprends au même moment l’annulation du Challenger .
On n’y voit plus rien. Le blizzard a gagné.
L’ambulance revient donc à l’hôpital avec le bébé, et Julie et moi nous empressons de le prendre en charge. Tour à tour, nous nous relayons pour ventiler la fillette à la force de nos mains (à noter que les ventilateurs n’arriveront à Puvirnituq qu’en 2008, et pas avant 2012 dans les villages de la côte). Pendant notre manœuvre, nous discutons de la prochaine intervention à prévoir selon l’évolution de son état. Parce que ça ne va pas bien : sa tension artérielle chute, elle cesse d’uriner. Nous gardons un contact téléphonique avec un pédiatre à Montréal, mais nous n’avons pas l’équipement pour lui donner des soins optimaux.
La maman, inquiète, nous visite brièvement plusieurs fois dans la nuit, discrètement, sans dire un mot. Les Inuits ont depuis longtemps accepté les sentences parfois cruelles de leur nature nordique. Et ils savent qu’on fait toujours de notre mieux.
Toutes les heures, je jette un coup d’œil dehors en espérant, fort inutilement, le retour au calme. Puis, à 7 h du matin, comme par magie, le vent fou s’est estompé. Sans plus attendre, on relance le Médivac (évacuation médicale, par avion dans le cas présent). Cependant, un autre obstacle se présente : la piste ne peut pas être déblayée pour permettre l’atterrissage du Challenger . Mais pour le Twin Otter, un avion plus petit et beaucoup plus facile à manœuvrer, la piste est praticable. Après toute une nuit au chevet du bébé, nous passons le relais à une autre équipe. Si le Challenger ne peut pas venir à nous, nous irons au Challenger . La petite est mise sur le Twin Otter qui décolle pour Kuujjuaq, à deux heures de vol, où l’attend le Challenger pour la ramener au sud.
La maman ne peut accompagner l’enfant. Elle rejoindra sa fille par vol commercial. Cette règ

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