Un modèle collectiviste martiniquais
174 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Un modèle collectiviste martiniquais , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
174 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La SICA de Fond Saint-Jacques est la première et la plus ancienne société d’intérêt collectif agricole de la Martinique. Sa naissance, en 1957, se situe à un moment crucial de l’histoire de la Martinique, ex-vieille colonie qui peine à endosser son tout nouveau statut de département d’Outre-Mer. Depuis douze ans, les mutations se succèdent et s’accélèrent dans tous les domaines : rural, social, anthropologique, économique, politique... C’est une nouvelle étape pour le monde des campagnes martiniquaises et celui qui gravite autour de la « Transat » et du transport maritime, dont l’influence ne cesse de croître.


En plaçant la vie quotidienne de la SICA au centre de cet ouvrage, Guy Flandrina fait un choix judicieux à au moins deux titres. En interrogeant les acteurs de l’époque, il souligne l’urgence de sauver de l’oubli ce qui peut l’être. Par l’étude des archives qu’il a su aller chercher, il analyse un modèle dont l’efficacité ne s’est jamais démentie en soixante ans d’existence. Au passage, le lecteur attentif saura y voir un hommage appuyé à un modèle de développement qui conserve plus que jamais sa pertinence dans la conjoncture actuelle.


Et puisque ces dernières années, les anciennes colonies francophones des Antilles-Guyane ont entrepris d’écrire elles-mêmes leur histoire contemporaine, ce travail est aussi une précieuse contribution à cette – trop tardive ? – entreprise collective.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791093143446
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Guy F landrina
Un modèle collectiviste martiniquais
La S ICA de Fond Saint-Jacques

2020
Sommaire
Préface
Un univers à ne pas oublier !
Avant-propos
Préambule
Une première historique
Première partie : La croix, le glaive, la terre, les fers
Du sucre, du rhum… du sang, des larmes
La vie paysanne en Martinique au début du  XX e  siècle
Conscience en marche
Intégration politique, phagocytage économique
Seconde partie : Saint-Jacques, alea jacta est !
Naissance de la première S ICA
Essaimage de S ICA
À qui profite le… fruit ?
Mutations économiques et sociales
Femmes dockers néantisées
L’esprit est là, les revenus fantômes…
Le canal historique ciblé
Les moniteurs de a première heure
Communion et racines
La réussite de la S ICA , reflet des efforts de chacun
Les Demoiselles de la chapelle
Haut lieu de rayonnement intellectuel
Conclusion
Community wealth building
SOS, le navire fait… or
Utopie régénératrice
La corde qui soutient le pendu
Gare au trou de mémoire !
Postface
Des témoins privilégiés
Les S ICA dans la casse sociale
En conclusion
S ICA et M ANA , mano en mano
Annexe
Statuts originels de la S ICA de Fond Saint-Jacques
Lexique et abréviations
Sources et documentation bibliographique
Livres
Journaux et revues
Rapports et procès-verbaux
Archives
Crédits iconographiques
Notes
Iconographie
Résumé

En couverture : cette sculpture monumentale en aluminium, intitulée Hospitalidad Guayaquileña, est exposée sur l’avenida de las Américas, dans le nord de la ville de Guayaquil, en Équateur. Conçue par le maire, Jaime Nebot, et sculptée par l’artiste Edgar Cevallos, elle a été inaugurée par la municipalité en 2018. La hauteur des mains est de 12 mètres, sur une base de 10 mètres. Cshacune d’elles pèse environ 8 tonnes. ©Edgar C EVALLOS /Photo Guy F LANDRINA 2019.
Du point de vue de l’auteur de ce livre : « Cette œuvre équatorienne n’est pas seulement une poignée de mains symbolisant une rencontre avec l’autre. Elle est aussi l’expression d’une fraternelle solidarité en mouvement ».
Le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi, la société n’est qu’un rêve de prédateur. Daniel P ENNAC
Préface
Un univers à ne pas oublier !
En 2018, c’est avec fierté que plusieurs coopérateurs ont fêté les soixante ans de leur outil de travail, soixante ans d’efforts, de sacrifices, de réussites et de soucis : la plus ancienne S ICA de la Martinique.
Conçue en 1957, puis mise en place en janvier 1958, la S ICA du Fond Saint-Jacques conserve encore aujourd’hui un dynamisme remarquable et continue de cultiver sa particularité. Cette étude, qui comble un vide, appréhende le contexte de la période où, à la fin des années cinquante et au tournant des années soixante, commence une nouvelle mutation du monde rural martiniquais.
Mais pour mieux comprendre et cerner le monde paysan du début des années soixante, il faut remonter loin en arrière.
En 1958, quand éclôt la S ICA du Fond Saint-Jacques, il n’y a que cent dix ans que l’esclavage a été aboli et que le monde post-esclavagiste des campagnes a accumulé transformations, retournements, bouleversements, conversions, métamorphoses, c’est-à-dire de bien multiples et rapides mutations.
La première transformation est venue du mouvement économique contemporain de la fin de la servitude. Cette secousse économique engendra la construction des dix-sept usines centrales entre 1843 et 1871. On vit, sur ces trente années, naître de nouvelles familles rurales de petits propriétaires ex-esclaves ou anciens libres de couleur désirant agrandir leurs parcelles. Ces nouveaux propriétaires paysans fondaient beaucoup plus leurs activités sur la production vivrière, sur les secondaires cultures d’exportation et l’activité artisanale, pour lesquelles ils et elles étaient fournisseurs des marchés des bourgs et des hameaux. Mais ils et elles ravitaillaient pour une certaine part en canne à sucre les nombreuses petites distilleries et sucreries traditionnelles.
Le deuxième retournement vint des trois graves crises capitalistes mondiales qui frappèrent le sucre de canne entre 1884 et 1905. Ce fut, dans le pays, une série de faillites, le déclin ou la mort de petites sucreries et minimes distilleries vendues aux enchères, le poids accru des grandes usines centrales qui rachetèrent les petites exploitations endettées, réamorçant ainsi concentration et remembrement agraire. Ce fut, conséquemment, l’exode rural vers les gros bourgs, le port de Fort-de-France ou l’émigration vers le canal de Panama. On vit s’affaiblir considérablement la production du café et du cacao et l’on assista à la disparition de fait de la culture du coton et du tabac. Ces productions perdaient leur statut de cultures secondaires d’exportation ; elles devenaient des provisions de la consommation locale voire simplement familiale, dont les petites exploitations, avec la fabrication de la farine de manioc, se faisaient désormais les pourvoyeurs. Le paysage rural en fut fortement marqué, mais pareillement la structure sociale de la population rurale. Enfin, ce fut tout de même l’essor du « rhum z’habitant » (c’est-à-dire le rhum agricole), fabriqué par les distilleries mieux loties dont beaucoup appartenaient aux mulâtres. Aux côtés des grands planteurs, ceux-ci formaient une des couches de la paysannerie riche, les uns et les autres se distinguant de la masse des paysans pauvres.
En troisième lieu, d’autres rebondissements et bouleversements en grand nombre se produisirent dans la période allant du début de la Grande Guerre (1914) à la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945). Ce fut tout d’abord, jusqu’en 1921, une période éblouissante pour le rhum, véritable produit stratégique lors de la guerre de tranchées et de position en France. Utile pour le ravitaillement de la troupe mobilisée et nécessaire pour les hôpitaux, son exportation fit exploser la fortune des grands planteurs. La culture de la canne connut, en ce temps-là, des sommets florissants.
Mais la conjoncture changea avec les mesures législatives françaises, à commencer par le contingentement du rhum de 1922 et 1924. Dès 1925, le nombre de distilleries avait diminué drastiquement. Les salaires furent fortement grignotés et les luttes sociales se multiplièrent. Avec le contingentement de la production du sucre en 1933, les années trente vinrent prolonger la crise de la décade précédente. La célèbre Marche de la faim de février 1935 enflamma le climat social d’une Martinique enfoncée dans le marasme agricole.
Puis la Seconde Guerre mondiale amplifia les problèmes. Il ne s’agissait plus de la conjoncture de 1914-1918 ; plus rien ne se vendait à cause du blocus maritime. Les stocks s’étaient accrus, mais les matériels et les équipements des usines, des distilleries et des exploitations étaient peu utilisés et parfois en état de quasi-abandon.
Tout au long de ces trente années, la petite paysannerie s’endetta lourdement. D’autres petits paysans souffrirent de la faim de terres tandis que quelques fonctionnaires, dont beaucoup d’instituteurs, la nouvelle couche montante de l’élite noire et mulâtresse, s’investirent sur de petites exploitations. C’est dans ce cadre que le Conseil général engagea en 1931, pour la petite paysannerie, la parcellisation du domaine de Fond Saint-Jacques, qui était propriété de la colonie et située sur le territoire du maire de Sainte-Marie, par ailleurs président du Conseil général, Joseph Lagrosilliere. La fin de la guerre ne vit pas d’amélioration du sort du petit monde rural.
Quatrièmement, une dure conversion s’imposa dans la période de 1945 à 1960. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale et de la grave dégradation économique à l’époque de l’amiral Robert, l’économie essentiellement agricole, reposant sur la monoculture de la canne à sucre, eut du mal à se relever. Les exportations vers la France et les circuits commerciaux ayant été interrompus pendant six ans, le matériel, par manque de rentrée d’argent frais, sous-utilisé et mal entretenu, était devenu pour une large part obsolète. Malgré une timide volonté de reprise et les aides gouvernementales, le

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents