Bienheureux sommes-nous d’êtres minoritaires !
52 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Bienheureux sommes-nous d’êtres minoritaires ! , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
52 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comme dans bien des pays européens, les églises françaises connaissent une inquiétante désertion. L’Église catholique est devenue une religion parmi d’autres, avec une influence politique et sociale désormais très réduite, tout en conservant chez beaucoup l’image d’une institution qui cherche à maintenir son emprise.

Paul Valadier, avec sa vigueur et sa clarté coutumières, s’attache à mettre en lumière ce qu’implique, pour les fidèles, cette situation minoritaire. Sans tomber dans l’idéalisation du déclin ni dans le rêve d’une reconquête, il s’agit de comprendre comment l’Église peut continuer à y porter le message de la Bonne Nouvelle, en quoi elle peut continuer à féconder la société. L’Esprit Saint nous invite en effet à chercher le Royaume ici et maintenant, comme il l’a fait toujours et partout, en des temps et des lieux qui n’étaient pas nécessairement plus propices.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9782728934591
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Introduction Chapitre premier. Inconfortable et bienheureuse minorité Inconfortable minorité Bienheureuse minorité Chapitre 2. Fécondes sagesses Accords dans le désaccord Enjeux sur la vérité Le mensonge ou le règne des infox (fake news) Quêtes de la vérité Porte-à-faux fondamental Chapitre 3. Contributions Public et privé Troubles sur la mort Minorité et diversité religieuse Les protestantismes Les islams Chapitre 4. Problèmes partagés Un défi majeur Problèmes pour la République Comité consultatif ­d’éthique Loi dite « séparatisme » Interrogations Notes Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte
Introduction
­L’avenir du catholicisme dans notre pays inquiète. La France ­n’est pourtant pas seule en cause : ­l’Irlande, qui a envoyé les premiers évangélisateurs sur le continent européen, connaît une inquiétante désertion des églises, non moins que ­d’autres pays comme ­l’Allemagne ou ­l’Espagne. Faut-il désespérer, ou attendre ces renouveaux (revivals) ­qu’a connus le passé ? Après une baisse de la pratique, peut-on pronostiquer des « retours » surprenants ? On peut se souvenir ­qu’en France, après la tempête révolutionnaire (1789-1795) qui a vu ­l’Église catholique se diviser en Église réfractaire et en Église constitutionnelle à la suite de la Constitution civile du clergé (12 juillet 1790), et se combattre mutuellement sans pitié, ­l’époque de la Restauration et le xix e siècle plus largement ont connu une vitalité impressionnante tant dans des élans missionnaires sans précédents que dans le renouveau de congrégations religieuses, surtout féminines, ou dans le domaine ­des initiatives sociales.
On se gardera de tout pronostic comme de toute espérance vaine. Notre réflexion partira plutôt de la situation effective du catholicisme en France, et on ­s’avancera à qualifier une telle situation de minoritaire . Après avoir été dominante dans une France qui se targuait ­d’être catholique, ­l’Église ­n’est plus ni religion ­d’État ni celle de la « majorité des Français » : elle est une Église parmi ­d’autres confessions religieuses, la plus importante sans doute, mais marginale. De plus, tout en connaissant cette situation nouvelle, elle reste comme écrasée dans ­l’opinion publique par sa réputation ­d’avoir été dominante, de ­s’être imposée par le bras séculier comme la seule « vraie » religion contre les protestantismes, ­d’avoir régné pratiquement sans partage sur les esprits, et donc ­d’avoir façonné nos mœurs et nos lois. Si bien ­qu’à la désertion des églises ­s’ajoutent des tentatives de délester nos législations de toute trace de christianisme, ce qui est déjà largement accompli en matière sexuelle (contraception libre et gratuite, inter­ruption de grossesse, etc.) comme dans le vaste champ de la vie familiale (divorce, mariage pour tous, PMA, etc.) et des mœurs de la vie courante, homosexualité ou bisexualité paraissant comme des réalités respectables et louables qui devraient échapper à tout jugement moral, la « fierté » gay ne tolérant pas ces interventions dépréciatives… Nous assistons même à une nouvelle « censure » inquisitrice qui interdit tout jugement sur ces nouvelles façons de se comporter ! Malheur à qui fait quelques objections ou mises en doute à ­l’égard de ces « progrès » que seuls des esprits réactionnaires et en « retard sur leur temps » peuvent mettre en doute ! ­L’intolérance dogmatique a trouvé ses nouveaux champs ­d’inquisition…
Il découle de ce contexte cavalièrement évoqué une situation en porte-à-faux puisque, minoritaire dans les faits, ­l’Église catholique garde sa réputation de domination, surtout quand, par un anticléricalisme pas aussi mort ­qu’on le pense, est entretenu le soupçon de son désir toujours vivace ­d’emprise aussi totale que possible sur la société…
On va ­s’efforcer, dans les pages qui suivent, de prendre en compte le fait ­d’être minoritaire. On le prendra justement comme un fait, sans ­l’élever au rang de situation idéale, tenue pour vraiment évangélique, ni non plus comme une situation bien préférable à ­l’époque où la Chrétienté conjuguait pouvoir politique et pouvoir ecclésial. Comme on sait, cette Chrétienté a vécu (elle qui donna son nom à ­l’Europe ­jusqu’au xviii e siècle), et ­l’on ne rêve plus ­d’en renouveler la forme. On prend acte des données de notre histoire sans y voir non plus une débâcle ou un déclin.
Mais prendre acte signifie aussi ­qu’on cherche à comprendre comment cette même Église peut et doit proposer son message de salut et ­d’espérance dans ce contexte nouveau. Elle doit le faire, pensons-nous, sans se battre les flancs, sans exalter non plus sa situation difficile, sous prétexte ­qu’elle dépouillerait ­l’Église de toute prétention au prestige ou au pouvoir. Elle doit le faire parce que nous tenons que ­l’Esprit Saint ne cesse de la convoquer, ici et maintenant, à vivre la Bonne Nouvelle et ­qu’il exige ­l’inventivité, non le remords, ­l’esprit de revanche, la timidité, le repli sur soi, la peur de dis-­paraître. Il demande de tenir debout, non de ­s’aplatir sur le sol, comme un soumis ou un renonçant. En quoi consiste ­d’ailleurs ­l’attitude singulière du chrétien. Mais tenir debout dans la tempête ­n’est pas une exigence aisée à honorer ! Car si beaucoup plient ou désespèrent, la foi doit aider à comprendre que, même en disparaissant, le grain de blé enfoui en terre ressurgira sans doute plus fort. Mais autrement ! Quoique ­disparaissant, il est porteur ­d’avenir, donc ­d’espérance de vie.
On montrera donc ­d’abord (chapitre premier) ­qu’une situation minoritaire est à la fois inconfortable et heureuse, ­qu’elle peut apporter une sagesse féconde (chapitre 2), et que si elle ­n’aboutit pas à un repliement sectaire, elle constitue un élément positif dans une société moderne (chapitre 3), sans toutefois ignorer les problèmes graves posés par une telle situation (chapitre 4).
Chapitre premier
Inconfortable et bienheureuse minorité
Il ­n’est sans doute ni très fécond ni très éclairant ­d’étaler les sondages et les chiffres pour démontrer à quel point le catholicisme dans nos pays occidentaux, tout particulièrement en France, a perdu de son emprise sur la société et est devenu ce ­qu’il est convenu ­d’appeler « minoritaire ». Le voyageur qui circule dans nos régions peut découvrir à quel point les églises sont désertées, souvent ­d’ailleurs faute de desservants, de prêtres en particulier. Désertion nullement propre à notre pays et dont les causes sont, bien entendu, beaucoup plus profondes ­qu’un manque de ministres ordonnés. Mais, on ne le dira jamais trop : devant cette « sécularisation 1 » insistante, prolongée, profonde, les autorités ecclésiastiques ­n’ont pas su réagir comme il aurait convenu pour répondre aux attentes fondées des chrétiens, et même, à proprement parler, à leurs droits aux sacrements et à la distribution de la Parole. Pire, au Brésil, par exemple, où ­l’autorité romaine a interdit sans ménagement des communautés dans lesquelles beaucoup de gens pauvres trouvaient réconfort matériel et spirituel, elle a ouvert la voie à ­l’expansion ­d’un pentecôtisme régressif, théologiquement et humainement parlant, et fait reculer ­d’autant plus la présence de ­l’Église catholique dans ces lieux de grande misère. ­L’expansion de ce pseudo-« ­christianisme » ne manquera pas de provoquer sur le long terme des déceptions profondes et donc une prévisible déchristianisation, sans parler des conséquences politiques de cet « évangélisme » ultraconservateur, qui alimente des partis politiques ­d’extrême droite. On est donc en droit de redouter que ce pentecôtisme fou engendre incroyance et athéisme. La sécularisation a bon dos pour faire oublier les responsabilités proprement ecclésiastiques et magistérielles dans cette marginalisation de ­l’Église catholique.
Inconfortable minorité
Une telle situation ne peut ­qu’engendrer chez beaucoup de fidèles une nostalgie pour les temps passés, pour une France dite « catholique », ­d’ailleurs plus fantasmée que réelle : ici encore, ­l’histoire est instructive pour entrevoir à quel point les reconstructions passéistes sont trompeuses. Elle montre que la France, de tout temps, fut traversée par des divisions religieuses, un scepticisme populaire plus vif ­qu’on ne pense, une distance affichée de la part des plus grands. Ainsi en fut-il par exemple à la cour entourant nos rois dits « catholiques » ou chez une partie de ­l’aristocratie, frivole plus que confessante, « voltairienne » avant la lettre plus que fidèle à la foi et aux mœurs évangéliques. Jacques Maritain parlait avec beaucoup ­d’à-propos ­d’une chrétienté « décorativement chrétienne ». Les apparences y étaient ; la réalité, sans doute beaucoup moins. ­D’ailleurs, quoi ­qu’il en soit du passé, ­c’est ­aujourd’hui que le chrétien est appelé à vivre et à croire. Il ne lui est pas demandé de caresser ­l’idée illusoire ­d’un monde où le témoignage aurait été facilement accepté et partagé, la foi, admise, ­l’Évangile imprégnant les esprits et les mœurs.
Si ­l’on parle ici de « minorité », il faut bien comprendre ­qu’une telle situation ne trouve pas ailleurs les mêmes caractéristiques. En cette affaire, ­l’histoire et son poids restent décisifs, mais aussi la façon plus ou moins biaisée de lire ce passé, qui peut être partisane ou unilatérale. Ainsi, pour ne retenir que cet exemple, on peut dire que ­l’Église catholique en Algérie est minoritaire, mais sur elle pèse un passé colonial déterminant pour son mode de présence et pour les fidèles ­qu’elle rassemble désormais : non plus des Européens, ou très peu, à la différence du temps de ­l’Algérie dite française, mais un grand nombre ­d’Africains et ­d’Asiatiques, et évidemment des nationaux, chrétiens de longue date ou convertis de ­l’islam. ­L’histoire, celle du colonialisme, mais aussi ­l’histoire lointaine, celle de ­l’Église de saint Augustin, marque de manière décisive la manière de vivre la foi chrétienne dans un pays devenu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents