126
pages
Français
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2015
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2015
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Publié par
Date de parution
24 juin 2015
Nombre de lectures
103
EAN13
9791022500661
Langue
Français
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24 juin 2015
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103
EAN13
9791022500661
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Français
Les Éditions Albouraq
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Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction par quelque procédé que ce soit, sont réservés pour tous les pays à l’Éditeur.
1434-2013
ISBN 978-2-84161-585-8 - EAN 9782841615858
Émîr ‘Abd Al-Qâdir Al-Jazâ’irî
Le Livre des Haltes
Kitâb al-Mawâqif
Traduction, introduction et annotation de Max GIRAUD
T OME II
Haltes 20 à 66.
Transcription des lettres arabes
Nous adoptons une transcription simplifiée.
Pour les citations nous respectons, dans la mesure du possible, celle des auteurs. Lettre arabe Transcription ء ’ ا a/â ب b ت t ث th ج j ح h خ kh د d ذ dh ر r ز z س s ش sh ص ç ض d ط t ظ z ع ‘ غ gh ف f ق q ك k ل l م m ن n ه h و w/û ي y/î
INTRODUCTION
Wahdah al-Wujûd
La lecture de l’ensemble des Mawâqif peut donner l’impression que l’Émîr se répète et revient toujours sur le même sujet. Ce n’est pas faux, si l’on considère que le but de ses écrits est de ramener sans cesse la conscience du lecteur à la reconnaissance de l’“Unicité” (Unité) ou “Non-Dualité de la Réalité”, si l’on peut tenter de traduire ainsi la notion de Wahdah al-Wujûd qui s’est imposée dans l’école akbarienne pour définir la métaphysique de l’Un et de l’Identité Suprême ( Tawhîd ) 1 . L’expression Wahdah al-Wujûd , telle quelle, n’est d’ailleurs pas employée dans les écrits d’Ibn ‘Arabî, ainsi que le fait observer Michel Chodkiewicz 2 . Toutefois, on trouve celle de Wahdah Wujûdi-Ka , « l’Unité de Ta Réalité », dans certaines versions des oraisons quotidiennes ( awrâd ), celle du vendredi soir 3 . Cette mention unique, à notre connaissance, de Wahdah Wujûdi-Ka , qu’avait déjà signalée Maurice Gloton 4 , ne remet évidemment pas en cause l’observation générale de Michel Chodkiewicz.
L’Émîr, lorsqu’il emploie l’expression de Wahdah al-Wujûd , ainsi qu’on a pu le constater dans le Mawqif 3, s’en sert pour indiquer la doctrine métaphysique 5 . Cette dernière peut se résumer ainsi : il n’y a qu’une seule Réalité inconditionnée et infinie en Soi, qui S’autodétermine, ou S’autoconditionne, en des états multiples relatifs comprenant une indéfinité de degrés, d’aspects et modalités limités. Chez les maîtres qui la professent, dans toutes les traditions d’ailleurs 6 , elle n’est jamais le résultat d’une recherche philosophique, théologique, ou d’un quelconque raisonnement mental, mais bien l’expression d’une réalisation spirituelle directe. Une telle “actualisation” n’est en fait que la prise de conscience 7 qui autorise certains à rendre compte de la structure de la Réalité sous les divers aspects qu’elle peut présenter ; elle est aussi la seule qui puisse résoudre les contradictions inhérentes aux autres points de vue plus limités.
Wujûd
Aucun terme français n’est satisfaisant, selon nous, pour traduire le mot wujûd : tiré de la racine W.J.D ., il désigne tout d’abord l’“acte de trouver”, de “ressentir”, le “fait de faire l’expérience de quelque chose”. Il est rendu habituellement par “existence” ou “Existence”, “être” ou “Être”, toutes traductions possibles selon le degré de réalité auquel on veut l’appliquer, mais qui ne sont pas sans soulever quelques difficultés lorsqu’il s’agit de réserver cette notion à la doctrine purement métaphysique 8 . Ainsi, la traduction du mot wujûd, par “être” ou “Être”, bien que coïncidant dans son sens étymologique avec la racine arabe, peut sembler inappropriée eu égard aux limitations que peut recevoir la notion d’“être”, ou d’“Être”, au point de vue métaphysique pur 9 .
Le terme “réalité”, que nous utilisons pour rendre wujûd , n’est pas non plus indemne de risques de confusions, comme l’a fait remarquer encore René Guénon 10 , sauf quand on le conçoit métaphysiquement, au-delà de toutes les limites dans lesquelles l’enferment nos moyens de connaissance conditionnés. C’est d’ailleurs ainsi qu’il s’en est servi lui-même, comme il l’a fait avec le qualificatif “réel” qui lui est apparenté, notamment dans L’Homme et son devenir selon le Vêdânta 11 , La Métaphysique orientale 12 , et Les états multiples de l’être 13 . Dans cette perspective, selon Michel Vâlsan, al-Wujûd « pourrait être mieux rendu, au point de vue métaphysique, par “le Réel”, pour impliquer ainsi l’aspect principiel désigné par le terme de Non-Être » 14 . De même, par l’expression « al-Wujûd al-Mutlaq , on doit comprendre non seulement l’Être Pur ou l’Unité métaphysique, mais aussi le Non-Être dont le Zéro métaphysique est un des noms ; par conséquent, elle désigne la “Réalité Absolue et Totale”, comprenant la totalité des possibilités, tant celles de manifestation dont l’Être proprement dit constitue la synthèse principielle, que celles de non-manifestation incluses dans l’idée de Non-Être » 15 . Nous reviendrons plus loin sur ces définitions.
Nous conclurons sur cette question par la remarque suivante : chaque auteur peut rendre le terme wujûd par le terme de son choix, “existence”, “être”, “réalité”, etc., en l’appliquant à tous les degrés de la Réalité par des transpositions qu’il juge utiles ; l’important est que ses traductions restent cohérentes dans un ensemble où, de toute évidence, wujûd a des sens différents.
Wahdah
Le terme Wahdah , qui est riche de sens, se trouve très proche, sémantiquement, d’autres termes que nous retrouvons fréquemment sous la plume de l’Émîr, et qui expriment des aspects de l’Un ou de l’Unité : Ahadiyyah , issu de Ahad , “Un”, et Wâhidiyyah , tiré de Wâhid , “Unique”. Il n’est pas toujours facile au lecteur de percevoir les nuances entre les différentes traductions généralement retenues de ces notions : “un”, “unité”, “unicité” – voire “unitude” –, etc. Wahdah , de la racine W.H.D. , désigne l’état de celui qui est seul, singulier, solitaire, unique, un. Nous avons vu que la doctrine de la Wahdah al-Wujûd est celle de l’Identité Suprême. Or, le mot Wahdah lui-même peut aussi être traduit par cette dernière expression. On peut encore le rendre par “Non-Dualité”, si l’on préfère présenter la doctrine correspondante sous une forme non affirmative. Disons toutefois, dès maintenant, que c’est sur Wahdah que repose l’idée qu’il n’y a qu’une seule Réalité ; de là, la “solitude”, ou la “seulitude” – néologisme parfois proposé comme autre traduction –, qui lui est appliquée a pour corrélatif que cette Réalité est le Tout universel et absolu, et que cette “solitude” ne saurait donc être un manque. Bien qu’ils relèvent du domaine métaphysique, les autres termes techniques mentionnés ci-dessus désignent, d’une manière ou d’une autre, des aspects distinctifs de cette seule Réalité ; pour être plus exact, il faudrait parler, comme nous l’avons déjà dit, d’aspects par lesquels cette Réalité “S’autodétermine” ou “S’autoconditionne”, quelle que soit la nature de ces conditionnements.
La doctrine de la Wahda