Peinture secrète et sacrée : l’ocre
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Description

Le fer est partout présent sur Terre et nous le remarquons en surface car il colore les paysages en rouille quand il est oxydé. Lorsqu’il est très concentré, la couleur orange tend à devenir dominante. Les couleurs de l’ocre enchantent les peintres et depuis toujours elles ont attiré l’attention et ont été largement utilisées : pour la peinture dans les cavernes depuis le Paléolithique, mais également dans notre quotidien pour protéger des agressions naturelles, que ce soit la peau des êtres vivants ou les cuirs, pour conserver les aliments, nombre de nos fromages en attestent, ainsi que dans la composition de beaucoup de produits manufacturés tels les caoutchoucs.
Cet ouvrage présente aussi simplement que possible ce que sont les ocres, de leur formation géologique à leurs usages.

 


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 avril 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782759828333
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Patrick De Wever et Jean-Marie Rouchy
Peinture secrète et sacrée : l'ocre
Copyright

© EDP Sciences, Les Ulis, 2018
ISBN papier : 9782759822201 ISBN numérique : 9782759828333
Composition numérique : 2023
http://publications.edpsciences.org/
Cette uvre est protégée par le droit d auteur et strictement réservée à l usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette uvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales.
Présentation

Le fer est partout présent sur Terre et nous le remarquons en surface car il colore les paysages en rouille quand il est oxydé. Lorsqu’il est très concentré, la couleur orange tend à devenir dominante. Les couleurs de l’ocre enchantent les peintres et depuis toujours elles ont attiré l’attention et ont été largement utilisées : pour la peinture dans les cavernes depuis le Paléolithique, mais également dans notre quotidien pour protéger des agressions naturelles, que ce soit la peau des êtres vivants ou les cuirs, pour conserver les aliments, nombre de nos fromages en attestent, ainsi que dans la composition de beaucoup de produits manufacturés tels les caoutchoucs. Cet ouvrage présente aussi simplement que possible ce que sont les ocres, de leur formation géologique à leurs usages.
Table des matières Remerciements Introduction 1. Une peinture, l ocre Une peinture L ocre : couleur ou matière ? D où vient tout ce fer ? Les minéraux de l ocre 2. Formation Ocres d origine hydrothermale Ocres d origine tropicale Ocres d origine biologique (bactérienne) Formation par remobilisation Formation des ocres de France 3. Gisements et exploitation Les premières exploitations Les ocres du Berry et de Bourgogne Sud-Est de la France Autres gisements De l extraction au produit fini 4. Utilisations L ocre depuis quand ? Pour les soins Pour son pouvoir colorant 5. L ocre dans les mythes, les religions et l art Le culte des morts L ocre comme substitut du sang Danse Glossaire Bibliographie Index
Remerciements

L es auteurs remercient toutes celles et tous ceux qui les ont aidés à l élaboration de cet ouvrage, d une manière ou d une autre : Mireille et Patrice Béal, Philippe Clin, Alain Couté, Francesco d Errico, Paulian D umitrica, André Gonzalez, Stéphane Legal, Dominique Leroux, Jean-Pierre Lorand, Marylène Patou-Mathis, Sylvie Plantier, Marie-Pierre Ruas et Pierre Thomas.
Les dessins sont l uvre d Alexandre Lethiers, aussi efficace que compétent.
Introduction

D eux couleurs* dominent les paysages de nos campagnes : le vert et le marron. Le vert est dû à la végétation et le marron à la terre. De fait, ce marron présente tout un camaïeu de teintes plus ou moins claires, plus ou moins jaunes ou rouges ( Fig. 1 ). Ces variations de couleur dépendent de trois composants principaux : des calcaires (clairs), des composés organiques (sombres, carbone résiduel des plantes) et de la quantité de fer (sous forme d oxydes* ou d hydroxydes*) qui constituent les ocres.
Fig. 1 Terre des champs en région parisienne (Toussus-le-Noble).

La couleur rougeâtre est largement due à la richesse en fer.
© Lionel Allorge, CC BY-SA 3.0.
L ocre est connue depuis bien longtemps comme l indiquent les témoignages du Paléolithique. Et partout dans le monde, depuis toujours, il est associé à l humanisation, à l art, aux mythes sans doute, outre son usage plus pratique. Cette longue temporalité, ces usages, et peutêtre surtout cette intervention dans des rites sacrés expliquent l importance que les hommes apportent à l ocre. À l ocre ou aux ocres ? On est ici au c ur du sujet pour le géologue.
1. Une peinture, l ocre

Une peinture
U ne peinture* est généralement une matière liquide (parfois pâteuse) qui est étalée pour protéger, ou décorer une surface qu elle recouvre en lui donnant une teinte. Elle occupe toute la surface ou seulement des parties si les taches de couleurs ont pour but de laisser une représentation. Selon l objectif, la pose de peinture est effectuée par des artisans (peinture de bâtiments) ou des artistes (tableaux). Divers produits sont associés pour différents types de peintures (pigments, liants, résines, charges) qui impliquent des techniques d application spécifiques : au pinceau, au rouleau, au couteau, par projection et même à la main pour les peintures pariétales* de nos lointains ancêtres ou- dans l art contemporain. Quel que soit le type de peinture [1] , il est nécessaire de laisser sécher par évaporation des solvants.
Les composants d une peinture peuvent être de plusieurs types :
les pigments : fines poudres qui apportent la coloration telles que les oxydes de plomb (aujourd hui interdits), oxydes de zinc, oxydes et hydroxydes de fer, c est-à-dire les ocres ( Fig. 2 ). Ce sont les pigments dispersés qui confèrent la couleur*, il n y a pas dissolution de ces éléments poudreux ;
solvant ou diluant dont le rôle est de fluidifier la peinture. Ce peut être de l eau ou des solvants organiques (essence de térébenthine, white spirit ). Après application, le solvant s évapore (ou polymérise) et la peinture durcit ;
liants et charges qui agglomèrent les pigments et donnent la consistance. Les liants sont des huiles (de lin ou de noix), de la gomme arabique, des cires et les matières de charge sont des argiles*, du talc, des micas, de la silice, de la poudre de calcaire. Ils sont souvent peu opaques sauf le « blanc de Meudon », qui est de la craie écrasée ;
des adjuvants sont parfois ajoutés pour améliorer certaines propriétés de résistance (à la chaleur, aux agressions fongiques ou aux insectes), ou encore pour améliorer le durcissement.
Fig. 2 Carrière du sentier des ocres (Roussillon, Provence).

© Patrice Rochat, CC-SA-3.0.
Souvent on désigne un type de peinture par son liant ; on qualifie ainsi une peinture à l huile (quand le liant est de l huile de lin, ou de noix ), ou une peinture acrylique (où le liant est une résine acrylique). Un type de peinture, l aquarelle, tire son nom du diluant, l eau, alors que son liant est la gomme arabique, résine de l acacia (aussi connue dans l alimentation sous le code E414).
Les plus anciens usages de la peinture en tant que telle l ont été pour des représentations et se trouvent en France dans la grotte Chauvet. Elles ont 36 000 ans. Gravées et peintes avec de l ocre rouge et un colorant noir, elles figurent surtout des animaux : des chevaux, des rhinocéros, des lions, des buffles et des humains en totalité ou en partie (mains).
Dans le monde occidental, les fresques, aquarelles, peintures à l huile sont les plus connues alors que dans les pays orientaux l encre a prédominé. Pendant longtemps, la peinture a été utilisée comme témoignage de personnages, de situations, de faits historiques. Avec l apparition de la photographie et son développement, cette technique récente est devenue la plus utilisée pour témoigner (on se souvient du « choc des photos » utilisé par un magazine pour sa propagande). Affranchie de son rôle de témoignage, la peinture s est éloignée du réalisme pour devenir impressionniste, expressionniste, cubiste Elle s est alors écartée de la perception du monde héritée de la Renaissance pour devenir « conceptuelle ».
L ocre : un pigment, un colorant ou une teinture* ?
Les significations des mots colorant, pigment ou teinture diffèrent parfois selon les domaines d application. Les pigments et les teintures sont des colorants particuliers. La couleur* d une peinture est due, soit à des pigments, soit à des teintures.
Un pigment est une substance colorante, qui se présente sous forme de poudre qui ne se dissout pas dans le milieu ou sur la matière qu elle colore. Les pigments sont incorporés dans la masse d un matériau comme un plastique, une résine, un plâtre, une chaux, un ciment ou un caoutchouc (tels les joints de caoutchouc des bocaux). Les pigments peuvent aussi être mis en suspension dans un liquide constituant le liant d une peinture ou d une encre. Ils peuvent aussi être appliqués sur une surface (plâtre, cuir, textile ) sur laquelle ils se fixent. L origine des pigments est diverse. Elle fut longtemps naturelle (organique ou minérale [le cas des ocres]), et de plus en plus souvent synthétique.
Une teinture est un produit qui se dissout dans le milieu dans lequel il est introduit.
Un colorant peut être d origine naturelle ou synthétique. Les colorants naturels sont d origine animale (le rouge de la cochenille), ou végétale (le rouge de la garance, le vert de la chlorophylle, le bleu de l indigotier ).
Les ocres sont des colorants à base de pigments, on les présente aussi comme des charges colorantes.
L ocre est connue et utilisée pour sa propriété colorante depuis les temps les plus reculés. Cette matière répond bien aux exigences de la peinture sous ses diverses formes : elle se délaie en effet très facilement avec l eau, avec l huile, avec les résines, les caséines, les colles, les silicates Elle fournit deux des trois couleurs fondamentales, le jaune et le rouge et, en outre, elle permet presque toutes les teintes en mélange avec des blancs, des noirs, des bleus. Elle a un bon pouvoir couvrant, une excellente résistance à la lumière et à la chaleur, une très bonne inertie chimique, en particulier en milieu alcalin, ce qui permet son emploi dans des liants (chaux, silicate) et sur des surfaces à réaction fortement basique (mortiers de chaux, ciment). Les ocres sont aussi très appréciées pour leur non-toxicité et leur grande longévité en décoration, beauxarts et maçonnerie.
Effacer l ocre pour mieux s envoyer en l air ?
La peinture des grottes ornées fait appel à deux pigments : noir et ocre ( Fig. 3 ). L ocre, ou des argiles* ocreuses jaunes, tapisse parfois naturellement les parois. Il s

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