Des groupes pour penser
167 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Des groupes pour penser , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
167 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

En groupe, notre capacité d'être et de faire avec les autres est d'emblée sollicitée. Confronté à la multiplicité des altérités et des malentendus, même si l'on n'est pas trop défensif, l'expérience du groupe est une épreuve. De ce fait plutôt banal, nombre de gens se sentent meurtris voire annulés par le différent, et empêchés de penser ce qu'ils ressentent, ou de formuler ce qu'ils pensent, tout en le discutant, car ne parvenant pas à apprendre des autres ou des événements de leur vie, ni à développer leurs capacités de penser. Cet ouvrage propose une relance de la réflexion sur ce que veut dire penser, ainsi que sur la conduite des groupes qui rendent possible et fécond le travail de penser avec les autres. De nombreux récits sont donnés au plus près des « observables » à l'oreille ou à l'oeil nu. La formation psychologique par l'expérience du groupe est sans doute un incontournable. Elle conduit à bien des découvertes essentielles qui déniaisent sur soi et les autres. Elle éclaire sur les enjeux inconscients ou non qui entravent la perception des réalités externes ou internes, dont font partie les processus psychiques collectifs et cognitifs et pas seulement socioaffectifs, auxquels chacun contribue, à son insu ou non.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304047318
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des groupes pour penser
André Sirota
© 2018 ISBN:9782304047318
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Prologue
Table des matières
Partie I :L’émergence des pratiques de groupe
Partie II :Des espaces groupaux pour parler et penser avec les autres
1. Le groupe : lieu privilégié d’accès à la parole se déployant en parlant avec d’autres
2. Groupe de parole, prise de parole en groupe – L’expérience du groupe
3. Caractères d’un énoncé interprétatif ou d’une interprétation
4. La nécessité de lieux pour parler avec d’autres de ce que l’on vit, dans son métier, par exemple, et de ce que l’on dit de ce que l’on fait.
5. Quelle est mon expérience et « d’où je parle » ?
6. Analyse de pratiques, Groupe Balint, groupe de parole?
7. Qu’est-ce qu’une souffrance professionnelle et institutionnelle ?
Partie III :Un dispositif d’analyse en groupe de parole
1. Périodicité et durée
2. Le groupe et l’espace de confiance du groupe
3. L’analyste de groupe, ou consultant, ou tiers externe
4. Les Règles
5. La fonction tierce du cadre de règles et du groupe ; le tiers externe.
6. Une modalité de travail et ses variantes, pour un groupe mis en turbulence ou en crise
Partie IV :Différentes situations de travail d’expression, d’a nalyse, de régulation, d’élaboration ou de travail culturel pa r des échanges en groupe
1. Un groupe de parole avec des allocataires du RMI
2. À propos des attaques initiales du cadre ou de l’objet dans un groupe.
3. Contre la loi du père peut-on apprendre ?
4. Un groupe de parole en prison
5. Changement participatif, résistances au changement, émergence d’une souffrance collective
6. Être coparticipant ou coanimateur dans un groupe, c’est se risquer à l’épreuve du groupe par l’éveil de la rivalité que le groupe induit
7. Intervenir dans une organisation en crise
8. Cécile. Une élève en dérive qui met une classe en émoi, et comment les professeurs ont travaillé, pensé à l’aide d’un tiers externe pour intervenir
Partie V :À l’écoute d’un groupe et de ses participants : registres de notre réceptivité et de nos interventions
1. Un exercice pour des sessions de formation à l’écoute et à la communication avec les autres
2. Quelques exemples de propos-amorces pour s’entraîner à imaginer comment on répondrait
3. Les registres repérables dans les communications verbales
4. Deux illustrations, à discuter, de cette « grille » de lecture
5. La reformulation clarification élucidatrice
Partie VI :Ce que l’expérience du groupe rend possible
Bibliographie récapitulative
Du même auteur Aux Éditions LeManuscrit : Sirota, A. 2017,Pervers narcissiques. Comprendre Déjouer Surmonter, Paris, Le Manuscrit. Direc tion oucodirectiond’ouvrages collectifs &auteurdehapitre c s dans chac unde cesouvrages Sirota, A. 2017,Violences entre générations. Transformation ou répétition ? Paris, Le Manuscrit. & chezdautreséditeurs Sirota, A. y Garcia Oramas, M. – J. 2014,Violencia en la escuela. De las violencias sufridas a las violencias cometidas, Bibiloteca Universidad Veracruzana, Editora de Gobierno del Estado de Veracruz, Mexico. Neculau, A. & Sirota, A. 2010.Indivizi si societati sechestrate (Individus et sociétés séquestrés) – Approches psychosociologiques. Iasi, Edition de l’Université “Alexandru Ioan Cuza”, Roumanie. Sirota, A. 2009.Violence à l’école. Des violences vécues aux violences agies. Paris, Éditions Bréal. Rey, F. et Sirota, A. 2007.Des clés pour réussir au collège et au lycée,ouvrage réalisé avec une équipe de professeurs d’un établissement scolaire expérimental de l’Éducation Nationale, le Collège Lycée Expérimental d’Hérouville-Saint-Clair, Toulouse, Érès.
«Lesir cherchetoujoursàse mettre au présent. Il appelle l’incarnation même s’il fait erreur sur le partenaire. » OphéliaA vron, 2 01 2, La pensée scénique. Groupe et Psychodrame. Toulouse, Érès, p. 24. « Rien ne peut être aboli qui n’apparaisse, quelques générations après, comme énigme, comme impensé, c ’est-à-dire comme signe même de ce qui n’a pu être transmis dans l’ordre symbolique. » René Ka0ës, 2 03 , « Introduction au concept de transmission psychique dans la pensée de Freud », Kaës etal., Transmission de la vie psychique entre générations, Paris, Dunod, p. 45. [1] « Comment aider les enfants déprivés ? « Il est évident qu’on doit s’occuper d’eux. Contrairement à ce qui se passait autrefois, la communauté accepte aujourd’hui d’assumer la respons abilité des enfants déprivés. L’opinion publique abonde même dans ce sens et exige qu’on fasse le maximum pour les enfants dont l’environnement familial est défaillant. D’ailleurs, beaucoup de nos difficultés actuelles viennent de la mise en application de cette nouvelle attitude. « Ce n’est pas en légiférant ou en mettant en place un appareil administratif qu’on aidera les enfants déprivés. Ces mesures, pourtant indispensables, ne constituent qu’une toute première étape. Seuls desêtres humains, des êtres humains compétents sont capables de s’occuper correctement d’enfants, mais, hélas, ils sont peu nombreux à l’heure actuelle. Ils seraient plus nombreux si» Extrait de la conférence donnée par Winnicott, en jjanvier19 50 à l’Association des écoles maternelles : Comment comp enser la perte de l’environnement familial chez les enfants déprivés. DonaldW ooinnds W ic ott, 2010, Lesobjets transitionnels, Paris, Petite Bibliothèque Payot, p. 89–90. Footnotes
1. ^Un « enfant déprivé », selon l’expression winnicottienne généralement écrite ainsi en langue française, peut être traduit par « enfant délaissé ». Un enfant délaissé est un enfant laissé pour compte, un enfant qui n’a pas été attendu, qui n’a pas été pris et soutenu par ce que Piera Castoriadis-Aulagnier a appelé le contrat narcissique originaire puis primaire ; c’est un enfant n’ayant pas connu dans son premier
environnement – parents, parenté, ou autres adultes ou parents adoptifs ou substituts parentaux – la qualité de présence à autrui qu’un adulte peut prodiguer s’il est doté de ce que Winnicott nomme la préoccupation maternelle première. Certes, cette privation peut être la conséquence d’une situation de guerre, et non la conséquence d’être né de parents complètement défaillants.
Prologue
Dès notre arrivée au monde, après ceux qui nous ont portés, nous avons beaucoup à apprendre et à y grandir, à agir pour construire no tre vie en marchant sur bien des chemins tout en ignorant leur débouché et parvenir à faire ce que nous avons à y faire, dans ce monde, où nous avons à être un parmi d’autr es dans des groupes et aux carrefours entre bien des groupes emboîtés. Pour réussir utilement sur ce chemin, pour soi et pour les autres, sans lesquels nous ne pouvo ns vivre, nous tenir à la verticale et continuer à grandir, il existe aujourd’hui une formation psychologique par l’expérience du groupe. Ce livre est écrit pour transmettre quelque chose à toutes celles et ceux qui ont pris déjà la responsabilité d’un groupe de formation, ou s’apprêtent à s’y lancer. Il est curieux que soient toujours aussi fortes les réticences et même les oppositions radicales à l’expérience du groupe de formation psy chologique par la verbalisation et l’analyse de ce que l’on ressent ici et maintenant de ses implications, de ses émotions et des résonances multiples qui nous traversent entre le soi et le non-soi, en présence des autres. Dans un groupe où la tâche est de parler de ce que l’on ressent, ici et maintenant, nous pouvons prendre contact avec ce qu’il y a d’én igmatique, mais d’observable en groupe du fait des phénomènes de transfert d’entité s inactuelles sur des éléments constitutifs et structurants de l’environnement actuel où l’on se trouve. Pourquoi cette résistance parfois forcenée à l’expression de soi et à l’écoute des autres par des échanges de mots pour s’entendre et entendre autrui dans un espace pluriel où l’effort pour comprendre peut aboutir ? Et pourtant, comme le pensait Ophélia Avron, nous disposons de l’humaine capacité à entrer en immédiate relation avec les autres du fait d’une pulsionnalité d’interliaison. Entrer en relation ? Est-ce tant désiré ? Ou est-ce plutôt bien redouté ? Entrer en relation avec autrui, accéder à l’altérité de l’autre suppose d’entrer d’abord et en même temps en relation avec soi-même. Le travail de prise de contact avec son intimité psychique pour différentier le soi du non-soi, afin de pouvoir percevoir autrui là où il est, et plus d’un autre et de plusieurs autres là où ils sont, est une activité incessante, jamais achevée. Les mobilisations psychiques et pré-élaboratives comme les rationalisations défensives suscitées par l’anticipation d’une telle expérience dépendent de bien des facteurs. Ces mobilisations dépendent pour une part de notre propre chemin pour s’en approcher, mais aussi de ce que l’on a cru entendre de la composition des groupes, des lieux, des tâches de base, des médiations, des configurations des rappor ts de place, des effets ou des émergences des processus inconscients d’interposition comme de superpositions de scènes entre les actuelles et les inactuelles qui, elles, sont intemporelles. Lors de l’expérience du groupe d’analyse, chacun est invité à prendre contact avec son intimité psychique. Là, si l’on est vraiment là où l’on est, et pas ailleurs en même temps, on pressent les écrans qu’on se fabrique pour ne pas voir. Puis, on met des mots dessus qui
les révèlent et montrent ce qu’ils dissimulent. On comprend que l’expérience du groupe de formation par l’analyse de ce que l’on ressent ici et maintenant en présence des autres invite au travail psychique et de culture par la pr ise de conscience vécue de ces superpositions transférentielles qui protègent des petites blessures narcissiques ou de biens grandes auxquelles nous sommes ramenés lors de la mise en relation des réalités hétérogènes des mondes externes et des mondes internes, qui ne coïncident pas, entre lesquels il n’est point d’harmonie, ni de chemin de retour vers le paradis perdu. Au contraire, l’engagement dans le travail psychiqu e, travail de culture (Nathalie Zaltzman), donne accès à une possibilité de désembrouiller suffisamment ce qui relève du soi et du non-soi (Winnicott), sans pour autant le délier. Cet engagement permet d’approcher des logiques hétéronomes entre mondes i nternes et externes (Piera Castoriadis-Aulagnier), si l’on supporte la fulgurance de l’interprétation et sa violence interpellante, mais éclairante, dénaïvisante. Pour le supporter, sans doute est-il nécessaire d’avoir laissé se déployer en soi, grâce à ses prédécesseurs, une curiosité intellectuelle et culturelle pour les faits et les réalités psychiques, psychosociales ou anthropologiques. C’est cette curiosité qui donne accès au travail de culture et au plaisir sublimatoire qu’il peut procurer. Ce plaisir dépend de la capacité de rire de sa propre bêtise. Elle fait grandir. Pour ce travail, et pour le plaisir humanisant auqu el ce travail donne accès et réciproquement, des dispositifs pratiques et précis avec des règles du jeu sont nécessaires. Ils rendent féconde l’expérience d’échanges de paroles avec d’autres. À cette fin, il faut un cadre. C’est une autre affaire que celle du « cadre », une notion plus difficile à définir. [1] Paul-Claude Racamier écrit : « Le soin est un entourage. Pour mieux dire il est unentourement. Il lui faut un espace. Il lui faut un cadre. » « Le soin est un processus. Or, il n’y a pas de processus qui puisse se dérouler dans le vide ou dans l’abstrait : là, il lui faut un cadre. » Le cadre ? Paul-Claude Racamier le veut vivant. Il n’est pas une notion administrative ou hiérarchique. C’est pourquoi il revisite Donald Woods Winnicott, pour qui : « () de toute évidence le cadre s’inspire de la relation de la mère avec l’enfant »où « nous y retrouverons leholding, lehandling, et même lenursing: autant dire qu’il sera au cadre une triple fonction de portance, de maintenance et même de nourrissage. (Comme on l’entend, tout cela se dit en français presque aussi bien qu’en anglais). S’il est vrai que les organismes de soins sont comme les mères, ce ne sera cependant pas une vérité dont on doive abuser. » « La notion du cadre se situe donc en toute proximité avec une fonction de contenance et avec une vertu de potentialité. » « Mais, avant que de franchir le pas qui nous attend, faut-il rappeler que les règles de la situation psychanalytique sont () organisatrices de cette relation et constituent autant de repères pour () baliser la relation psychanalytique dans sa double dimension du transfert et du contre-transfert : indices pour la meilleure détection des significations latentes. Je désire souligner que ces règles, édictées par l’ana lyste, s’appliquent à lui-même tout comme aux patients : c ’est vrai pour les horaires, vrai pour les principes symétriques d’association libre et d’attention flottante. La règle, que l’analyste forme et formule, il s’y soumet lui-même : c ’est une règle quasi constitutionnelle. Freud invente le cadre. Il s’y soumet. Nous nous y soumettons. Nous nous promettons de ne pas le manipuler à notre guise. C’est bien parce que l’analyste se soumet lui-même à la règle qu’il édicte et qu’il
impose au patient, qu’il ne saurait agir en dictateur. Et si quelque oppression devait se manifester au sein de la relation analytique, ce ne serait pas du fait du cadre, mais bien au contraire du fait de ceux qui s’arrogent la licence de manipuler le cadre à leur gré et à leur avantage. » « Le malheur est que la distorsion et le mépris du cadre vont de pair avec la distorsion et le mépris de la vérité. « La psychanalyse est un art assez délicat pour que l’honnêteté commande de respecter les règles de sa pratique. » Je m’accorde d’être en filiation avec ces pensées de Paul-Claude Racamier par ce que j’ai lu de lui et par la correspondance que j’ai entretenue quelque temps avec lui quand je [2] terminai l’écriture de la thèse de doctorat d’État (1997) qui, pour partie, traite des figures sociales ou psychosociales de la perversion narcissique et du travail du psychanalyste sans [3] divan auprès de groupes dans des institutions. Nos échan ges de lettres se sont interrompus au moment où j’avais prévu de lui rendre visite, le rencontrer enfin, et parler avec lui de vive voix. Son style d’écriture et d’ex pression de ses pensées m’ayant fort intéressé. Alors que je m’apprêtais à lui écrire à nouveau afin de prendre rendez-vous, Paul-Claude Racamier avait atteint son dernier jour. *** Nous sommes tout le temps dans des groupes emboîtés, croisés avec une multitude d’autres groupes, du plus proche au plus lointain. Nous ne cessons d’être et de faire avec les autres, même si d’aucuns ne rêvent que de faire sans ou agissent et ne jouissent qu’aux dépens d’autrui. Le groupe est toujours là, ici et maintenant, ne serait-ce que dans notre tête. Bien que nous ne nous tenions à la verticale que grâce aux constructions sociales et culturelles qui nous donnent forme, léguées par nos prédécesseurs et dans la mesure où nos contemporains les portent aussi, bien que nous soyons sujets de groupe, sujets de [4] groupes sociaux, sujets sociaux et politiques, l’expérience du groupe comme espace groupal de formation psychologique et culturelle n’est pas « naturellement » présente dans les cursus de formation des individus, dans les Écoles. Elle en est même remarquablement absente. Or, tout ne s’apprend pas en famille ou dans les structures qui en tiennent lieu. En effet, les structures sociales ont des fonctions psychologiques. Dans le meilleur des cas, elles servent d’étayage externe aux systèmes de défense psychologiques des individus qui les composent. Les êtres humains ont besoin d’étayage externe pour se protéger d’une émergence à la conscience des angoisses archaïques et des traces impensées, sinon impensables parfois, des expériences de vie qui ont été traumatiques avec leurs affects associés souvent démesurés. C’est pourquoi tout cha ngement dans les formes d’organisation sociale est redouté. Tout changement est anticipé, plus ou moins inconsciemment, comme annonciateur d’une catastrophe, d’un effondrement, comme si les systèmes de défense intérieurs à chaque individu ne dépendaient que des systèmes sociaux externes sans intervention du travail psychique, du travail de culture. Est-ce une peur de soi ou une peur des autres ? Est-ce parce que l’on préfère rester niais plutôt que comprendre et grandir ? Cependant, la formation psychologique et culturelle de l’individu par l’expérience du groupe, via différentes médiations, sollicitant, par des mises en activité tant les différentes
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents