Parler en Amérique. Oralité, colonialisme, territoire
72 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Parler en Amérique. Oralité, colonialisme, territoire , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
72 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Parlures régionales, formes non écrites, hybridées, dominées, colonisées, marginales, migrantes, illettrées, clandestines, domestiques… S’articulent ces langues subalternes, dévaluées, ces manières du quotidien, ces lieux de mémoire et de l’intimité. Elles persistent, migrent, opèrent une cartographie souterraine, portent la mémoire du continent et les traces de l’histoire coloniale. S’opèrent alors des pratiques de liberté, des audaces philosophiques et littéraires qui laissent la porte ouverte à tout ce qui est susceptible d’initier une « machine intime de décolonisation ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 janvier 2019
Nombre de lectures 5
EAN13 9782897125967
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Couverture Page de titre PRÉFACE INTRODUCTION JACK KEROUAC, HOMI BHABHA ET LA LITTÉRATURE EN AMÉRIQUE FRANCO LE RÉGIME LINGUISTIQUE COLONIAL ET LA QUESTION DU QUÉBEC DU COLONISATEUR COLONISÉ UNE PLATE-FORME VERNACULAIRE DE DÉCOLONISATION L ÉCRIT ET L'ORAL POLITIQUE DE PIERRE PERRAULT CRITIQUE DE LA MARDE - ESSAI DE PENSÉE POLITIQUE ANTICOLONIALE CONCLUSION (EN FORME DE SOULÈVEMENT) DANS LA MÊME COLLECTION Copyright

MÉMOIRE D’ENCRIER
1260, rue Bélanger, bur. 201 • Montréal • Québec • H2S 1H9 Tél. : 514 989 1491
info@memoiredencrier.com • www.memoiredencrier.com

DE LA MÊME AUTEURE
Le Québec brûle en enfer. Essais politiques , Montréal, M Éditeur, 2017.
La Généalogie du déracinement. Enquête sur l’habitation postcoloniale , Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2019.
PRÉFACE
À une époque où les mots métissaient leur sens à leur sonorité en conservant allègrement leur musique, alors que les expressions postmod ou post-colonial n’avaient guère plus d’à-propos qu’une tempête de neige sur la lune, Pierre Falcon le barde de la Rivière Rouge – alias Pierriche le Rimeur – s’activait à composer des Chansons de Vérité pour les tirer du cimetière de l’amnésie.
Il y a une apparentée giboyeuse avec Pierriche à travers la quête de sens chez Dalie Giroux et sa récupération d’histoires et d’événements autrement palantés par-dessus bord. Plus encore, une courtise de l’inspiration et une approche de l’écriture venant projeter les faits abordés nettement au-delà de leur vérité. On se trouve joyeusement confronté à une œuvre d’exception qui échappe d’emblée aux classements d’usage, tant par le contenu que par son traitement. On sent percoler le vécu derrière l’essai, s’agiter le poétique derrière le témoignage et surtout convoquer à la fois une mémoire répudiée et une oralité proscrite à prendre place sur la piste de la pensée politique.
Ce que Dalie Giroux est en passe d’accomplir transcende le pacte d’écriture convenu aussi bien que celui d’une lecture à l’avance programmée. Elle est la première à faire soupçonner l’existence d’une créolité québécoise cachée tentant de sortir de son étouffement.
À parcourir ces pages issues d’une pensée en marche à travers le langage et l’espace d’un Québec à demi orphelin cherchant sa route, des images surgissent entre les rives des paragraphes. Il y a dans le projet de Dalie Giroux un lointain cousinage avec l’art haïtien de tirer lodyans, la littérature de cordelle du Nordeste brésilien ou la supplique du México profundo.
Ainsi, des légendes se rapprochent depuis le canot mythique des Pays-d’en-Haut et des chalands-radeaux billots-de-bois descendant sur le Grand-Fleuve des origines pour déboucher en bas, du côté de la Pointe-Lévy en face de Québec. Avec à leur bord, quelque Jos Violon racontant par le seul pouvoir de son archet quelque histoire magique de vérité flottante.
C’est de ce double pays qu’est issue Dalie Giroux.
Son double archet de doctorisée en sciences politiques et d’adepte aux messages des vents, des chantiers et des marées en font une des voix les plus puissantes, une pensée des plus éclatantes arrimant un Nouveau-Québec en formation.
Il sera désormais impossible de se leurrer. Impossible de concevoir et d’exprimer le Québec – un Québec-Monde s’extirpant de lui-même – à partir de ce qu’il prétendait être.
Il en était plus que temps.
Jean Morisset
La langue-pensée française commence à vivre lorsqu’elle sonne bizarre, c’est-à-dire lorsqu’elle assume les syncopes ou l’inclarté gutturale de cette gageure nommée vie.
Robert Hébert, Dépouilles , Montréal, Liber, p. 103.
INTRODUCTION
Je suis le dernier d’une tradition orale et le premier de la transposition écrite 1 .
Partant de la perspective du cosmopolitisme vernaculaire de Homi Bhabha, plongeant dans le marécage politique du langage populaire franco en Amérique, tout en s’ancrant à douleur dans l’espace-temps colonial du Québec, les textes réunis dans cet ouvrage sont liés par un objectif commun. Il s’agit d’inscrire – ou de réinscrire –, le français oral dans l’ impetus postcolonial des langues subalternes de la Nord-Amérique.
Ces langues singulières, porteuses de paysages, troublées par l’histoire et traversées par des tensions politiques sont parlées partout dans les Amériques, et passent pourtant sous le radar : ni langues officielles ni langues de l’espace public. Ce sont les langues du pays, régionales, non écrites, hybridées, dominées, colonisées, mineures, marginales, migrantes, illettrées, enfantines, domestiques : ces manières de parler qui n’ont pas droit de cité, ces manières du quotidien, des lieux, de l’intimité avec les choses.
Ces idiomes et ces langages sont dévalués et néanmoins prolifèrent, persistent, migrent, courent au sol et ce faisant portent la mémoire du continent et les marques de l’histoire coloniale de la Nord-Amérique. Par cela, ils abritent une forme de connaissance des lieux, au pli de laquelle s’élaborent des pratiques confidentielles de la liberté et des braconnages philosophiques sur la piste desquels nous nous trouvons toujours déjà. Suivant la vision de Robert Hébert :
Commence une pédagogie américaine en philosophie, démocratique, enracinée, avec de jeunes citoyens et les matériaux frais du matin : exemples et contre-exemples, cas spécifiques et merveilleux… Pour voir comment le discours philosophique rend compte de son bassin polyglotte, pluripolitique, multiracial et ethnique, polyreligieux puisque la géographie en tant qu’écriture de l’unité terrestre humaine fait aussi l’épreuve de toute rationalité dominante 2 .
Langue orale maganée, parlé colon, accent beauceron, saguenéen, gaspésien, bagout local, joual, chiac, cajun, louisianais, canuck, franglais, bilingue, michif, pidgin, idiosyncrasies familiales, langue de chantier, langue d’ouvrier, argot des malfaiteurs, langue de cuisine, langue du chien, récits, blagues, chansons, dires et maximes, mots des savoir-faire, langue de bois ou langue de la rue, créole haïtien, français maghrébin et africain parlés en Amérique : voilà une matière propre à la fabrication d’une plate-forme vernaculaire de « traduction de la culture » telle que l’imagine Homi Bhabha. Et comme l’écrit Félix Guattari à propos de la part d’art qui se trouve dans l’oralité, nous ne cherchons pas en faisant cela
… d’opposition manichéiste et nostalgique du passé entre bonne oralité et méchante scripturalité, mais [sommes à la] recherche des foyers énonciatifs qui instaureront de nouveaux clivages entre d’autres dedans et d’autres dehors, qui promotionneront un autre métabolisme passé-futur à partir duquel l’éternité pourra coexister avec l’instant présent 3 .
Tout en gardant les deux pieds solidement ancrés dans la matière foncièrement hybride de l’expression vernaculaire, continuum vivant auquel nous participons constamment et intensément sans pourtant y prêter attention, cet ouvrage invite au voyage, à l’hospitalité, à la curiosité et à une pratique de soi qui puissent initier, sans promesse de résultats, une machine intime de décolonisation – un « autre métabolisme passé-futur »…
1 Jacques Ferron, « Le mythe d’Antée », La Barre du jour 2 (4), 1967, p. 27.
2 Robert Hébert, Novation. Philosophie artisanale , Montréal, Liber, 2004, p. 138.
3 Félix Guattari, « L’oralité machinique et l’écologie du virtuel », dans Poliphonix (16), Québec, Éditions Intervention, 1992, p. 27.
JACK KEROUAC, HOMI BHABHA ET LA LITTÉRATURE EN AMÉRIQUE FRANCO
Écote, j’va t’dire – lit bien. Il faut t’u te prend soin – attend ? – donne moi une chance – tu pense j’ai pas d’art moi français ? – eh ? – idiot – crapule – tas d marde – enfant chiene – batards – cochons – buffon – bouche de marde, grandguele, face laite, shienculotte, morceau d’marde, susseu, gros fou, envi d chien en culotte, ca s’est pire – en face ! – fam toi ! – crashe ! – varge ! – frappe ! – mange ! – foure ! – foure moi’ l’

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents