Démocratie et éducation à la citoyenneté en Afrique
256 pages
Français

Démocratie et éducation à la citoyenneté en Afrique , livre ebook

-

256 pages
Français

Description

La démocratie en Afrique semble relever d'une entreprise aussi interminable que désespérée. Les conflits ethniques, les violences, les dictatures tendent à en repousser indéfiniment l'avènement. Cet ouvrage analyse les concepts de démocratie et de citoyenneté pour les mettre à l'épreuve des cultures et traditions africaines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2008
Nombre de lectures 464
EAN13 9782296194397
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dédicace

Je dédie ce livre à ma famille :
- Mon feupère ElhadjAlpha Saliou Dambyetmafeue mère
ThiernoDiénaba OulinkoBaldé;
-Mon frèreElhadjMamadou Baldéqui a été arrachéàmon
affection età celle de notre famillele 9 mai2007 ;
- Mon épousequiatant enduréàmescôtés mais dont la
détermination et le soutienconstants ont été d’une valeur inestimable ;
- Mesenfants qui ont étéprivésde l’affection paternelle, à laquelle
ils ont droit,durant mes multiplesetparfoislonguespériodesd’absence
mais qui m’ont encouragéà poursuivre.

Préface

Le problème de ladémocratie enAfrique est un vieuxproblème,
maisle moins qu’on puisse dire est qu’il est loin d’avoir trouvé sasolution.
Les questions qu’il soulèvesonthabituellementde deuxordres.
Toutd’abord,ilyades questions théoriques.Celles-ci peuventconcerner le
droit,lalégitimité même,de ladémocratie en milieuafricain : est-il juste,
souhaitable,raisonnable,de considérer qu’elle est un idéal politique valable
pour des nations qui n’ont ni lamêmeculture,ni les mêmes traditions,ni les
mêmes valeurs que l’Occident ?Dans lamesure où leconcept de démocratie
est indissociable decelui des droits de l’homme,n’ya-t-il pas là
l’expression d’un ethnocentrisme inacceptable,procédant de
l’universalisationabvisionusive d’uneanthropologique propreà
l’Occident ?
Les interrogations peuvent également porter sur lecontenu,les
modalités de mise en œuvre duconcept de démocratie.Celui-ci est loin
d’être univoque,etBella Baldé montre,dans sapremière partie,que des
Grecsànos jours ilapris desformes trèsdiverses,voire antagonistes.
Démocratie directe ou représentative,républicaine oulibérale,jacobine ou
décentralisée, laïque oucommunautariste,les possibilités sont nombreuses,
et le mondeoffreaujourd’huiun large éventail d’exemples variésdu
concept. Quel modèle l’Afrique doit-ellechoisir,et ne pourrait-elle pas,
commebien d’autrescultures,inventer ses propres solutions,sapropre
conception de ladémocratie ?Faut-il nécessairementcopier les procédures
et les institutions de ladémocratie occidentale représentative, alors même
qu’on entend dire ici ou làqu’elle est encrise,et ne doit-on pasaucontraire
inventer des moda?lités nouvellesCe sont làquelques unes des questions
queBella Baldéaborde dans son ouvrage.
Maisàcôté deces problèmes théoriques,il ya aussi des problèmes
factuels.Commentfavoriserl’avènementde ladémocratie enAfrique ?
Toute latradition philosophique tendàmontrer que ladémocratie est
indissociable d’une éducation quiàla foisinstaure etconsolide les
institutionsdémocratiques,mais inversement reçoit d’elles son inspiration.
Platon, Rousseau,ou plus prèsde nousJohn Dewey, nedissocientpas
réflexion politique etréflexion pédagogique.Ils montrent que ladémocratie
(ou la République) n’est pas seulement unecertaineforme d’organisation et
derépartition despouvoirs, maisaussiun esprit,unevertu qui ne peut
s’acquérir que par l’éducation.Et ils montrent que toute méthode éducative
n’est pas égale pourcela,mais quecertaines démarches didactiques et
pédagogiquesfavorisentle développementde l’espritdémocratique, alors
que d’autres yfontobstacle.
De ce pointdevue, l’ouvrage de Bella Baldévientàson heure.
Pendantlongtemps, le débat surladémocratie enAfrique s’estfocalisésur

la nature des régimesen place, pourcritiquer leur orientationautoritaire,
voire despotique et paternaliste.Latonalité générale des discours était la
déploration et l’incantation.Déploration devant leconstalet quecombat
anticolonial’liste etaccèsauxindépendancesn’aientpaspermis un progrès
décisifversla démocratie, etdevantla généralisation de phénomènes tels
que la corruption,le népotisme ou leclanisme,lamontée de
l’individualisme,etc.Incantation enfaveurde l’avènementd’institutions
démocratiques qui surgiraient miraculeusement,on ne sait tropcomment.
Ce qu’apporte de nouveau et d’important le livre deBella Baldé,
c’est une réflexionsurlesconditionsd’instauration de la démocratie en
Afrique.Il ne seborne pasàcritiquer lasituationactuelle – qui ne leferait?
– ni à appelerdeses vœux unerénovation desmœurspolitiques – qui ne la
souhaiterait ?Il essaye de définirlescontoursde cetterénovation, et surtout
iltente devoirenquoi elle pourrait éviter d’apparaîtrecomme une rupture
radicale par rapportàla cultureafricaine, l’importation d’un modèle
extérieurcopiésurdespays qui sont pour laplupart lesanciens
colonisateurs.Par là,il échappeau dualisme qui marque tant de discours,
tant d’ouvrages sur l’Afrique ou lesAfricains: l’opposition quasi mécanique
entre « tradition » et « modernité »,qui débouche sur une multitude de lieux
communs et de proposconvenus.
Il montre qu’il est possible de s’inspirer decertaines pratiques
traditionnelles et qu’on peutàbon droit se demander s’il n’yapas une
« inventionafricaine de la démocratie » comparableàl’invention grecque,
américaine oufrançaise. De ce pointdevue, lespages qu’ilconsacreàla
pratique de lapalabre,par exemple,sont exemplaires et susciteront
certainementbien des discussions,qui ne peuvent qu’êtrebénéfiques pour
l’avancement de laréflexionsurl’universalité desdroitsde l’homme.
Al’heure oùleschoses semblentenfinbougerdansle continent
africain etoùl’Europeredécouvre l’intérêt decertainesformesdevie
communautaire échappantauxlimitesde la démocratie formelle
représentative,unetelleréflexion devraitintéresser un large public, etpas
seulementafricain.Al’heure de lamondialisation,rien de cequiconcerne
uncuneontinent ouculture ne saurait laisser indifférentlesautres ;etla
question de ladémocratie enAfrique ne vaut pas que pour lesAfricains,
maisaussi pourlesOccidentaux qui peuvent y trouver une source
d’inspiration et d’interrogation pour renouveler leurs propresformes
d’organisation politique et sociale.Ence sens,le travail deBella
Baldé,pardelàles limites de son sujet, constitueaussi unecontributionàlaréflexion
généralesurlacrise dupolitique.

FrançoisGalichet
Professeurémérite à l’IUFM d’Alsace

Introduction Générale

Pour un Européen d’aujourd’hui, dontl’histoire moderne comporte
plusde deux sièclesde pratique démocratique,une réflexion de plus surla
démocratie et sur sa construction paraîtrapeut-être dénuée de pertinence,
voire toutà fait superflue. Pour unAfricain enrevanche, dontle continent
semble découvrirdepuispeula démocratie et setrouve désormais sommé de
1
se mettre audiapason d’une mondialisationqui ne dit pas toujours son nom,
une telle réflexionrevêt une grande importance.

Aprèsle défi desIndépendances, l’Afrique se trouveaujourd’hui
confrontée avecune particulière acuité historiqueau défi démocratique.
Celui-ci est particulièrementà l’ordre dujourdepuisles violentes secousses
ayantconduità l’effondrementdubloc communiste;le continentafricain,
étantdonnéson histoirerécente, ne pouvaitéchapperà ces soubresauts.
Maisce n’est que depuis le sommet deLa Baule de 1990que lespays
africains(etne faudrait-il pasajouter: malgré leursdirigeantsd’alors?)sont
engagésdansdevéritablesprocessusd’édification derégimespolitiques
expressément démocratiques.Ces processus ontconnu etconnaissent encore
bien des difficultés, etleursfortunes sontdiverses. Ici etlà, desEtats
africains, déchirésde l’intérieurpardesoppositionspolitiques d’origine
« ethnique »,semblent se débattre dans des engrenages qui nefontplus
apparaître lamarche vers ladémocratie que sur unfond deviolences, de
troublesetde déchirementscommunautairesallantparfoisjusqu’àla
remettre encause ou lui imposer de trop longues interruptions.

Danscertains pays,même – ils sont de loin,malheureusement,les
plus nombreux –,les démocraties qui s’instaurent ne sont que defaçade, et
si l

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents