Système éducatif et inégalités sociales en Haïti
530 pages
Français

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Système éducatif et inégalités sociales en Haïti , livre ebook

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Description

Cet ouvrage est un outil indispensable pour toutes les personnes désireuses de comprendre le système éducatif et les contradictions de la société d'Haïti, plus riche des colonies françaises au XVIII° siècle, première république noire depuis 1804, mais considérée aujourd'hui comme le pays le plus pauvre d'Amérique, dont le système scolaire, grandement privatisé, creuse les inégalités.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 1 345
EAN13 9782336272474
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Système éducatif et inégalités sociales en Haïti
Le cas des écoles catholiques

Louis-Auguste Joint
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Remerciements PRÉFACE INTRODUCTION Première partie - ANALYSE SOCIO-HISTORIQUE DU SYSTÈME ÉDUCATIF EN HAÏTI
CHAPITRE I - LA CONSTITUTION DU SYSTÈME ÉDUCATIF HAÏTIEN CHAPITRE II - L’OCCUPATION AMÉRICAINE ET SES EFFETS SUR L’ENSEIGNEMENT EN HAÏTI CHAPITRE III - LA RÉFORME ÉDUCATIVE DE 1979 ET L’ENJEU DU BILINGUISME CHAPITRE IV - DE LA RÉFORME ÉDUCATIVE DE 1979 AU PLAN NATIONAL D’ÉDUCATION ET DE FORMATION DE 1997
Deuxième partie - LES ÉCOLES CATHOLIQUES CONGRÉGANISTES : HISTOIRE ET ORGANISATION D’UN MONDE À PART
CHAPITRE V - HISTOIRE ET LOCALISATION DES ÉCOLES CATHOLIQUES CONGRÉGANISTES SAINT MARTIAL, SAINT LOUIS DE BOURDON ET JUVENAT DU SACRÉ CŒUR CHAPITRE VI - LA VIE PÉDAGOGIQUE ET ÉCONOMIQUE DES ÉCOLES CHAPITRE VII - COMPOSITION DE LA POPULATION SCOLAIRE ÉLÈVES ET ENSEIGNANTS CHAPITRE VIII - LA DYNAMIQUE RELATIONNELLE DANS LES ÉCOLES
Troisième partie - LES PRATIQUES PÉDAGOGIQUES, CULTURELLES ET RELIGIEUSES DES ÉCOLES CATHOLIQUES
CHAPITRE IX - LE CONTEXTE SOCIO-ÉDUCATIF ET LES REPRÉSENTATIONS DES ACTEURS CHAPITRE X - DISTINCTION ET SÉLECTION SOCIALE À TRAVERS LES ÉCOLES CATHOLIQUES CONGRÉGANISTES CHAPITRE XI - LA CULTURE HAÏTIENNE ET LE BILINGUISME DANS LES ÉCOLES CATHOLIQUES CONGRÉGANISTES CHAPITRE XII - L’ÉCOLE CATHOLIQUE CONGRÉGANISTE EST-ELLE ENCORE RELIGIEUSE?
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ANNEXES LISTE DES TABLEAUX
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296019706
EAN : 9782296019706
A la mémoire de ma mère, Financile Joint Mazile
A toutes les personnes qui luttent contre l’analphabétisme en Haïti.
Remerciements
Je veux remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce travail. Ma profonde gratitude s’adresse d’abord à Monique de Saint Martin, pour ses conseils, sa lecture critique et le soutien constant qu’elle a apporté à ce travail. Je suis aussi reconnaissant aux autres chercheurs de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, particulièrement Danièle Hervieu Léger, Emile Poulat, François Bonvin. Je garde un grand souvenir des regrettés professeurs Henri Desroches et Pierre Bourdieu pour leur éminent enseignement et leurs conseils qui m’ont guidé dans la recherche.

Je remercie mes lecteurs assidus : Michèle et François Babinet, Marie Claire Desoutter, Marie Dany Joint Saint-Paul, Paulette Jno-Baptiste Durizot, Pierre Cauvin, Jean Léon Auguste, Jean-Marie Théodat, René Bélenus et d’autres collègues ou amis pour leur lecture critique et leurs sages conseils.

Fondation de Connaissance et Liberté d’Haïti (FOKAL : Fondasyon Konesans Ak Libète) qui ont soutenu financièrement une partie de cette recherche.

Ma reconnaissance s’adresse aussi aux équipes de direction et à toutes les personnes interviewées des établissements de Saint Martial, de Saint Louis de Bourdon et du Collège Juvénat Sacré-Cœur à Port-au-Prince et Carrefour, pour leur accueil et leurs informations. Je remercie particulièrement Wilner Girault qui a manifesté un intérêt particulier à cette recherche et qui m’a beaucoup soutenu lors de mon enquête de terrain.

J’exprime ma gratitude envers les amis et parents : Roland et Marie Claire Desoutter, Maguie Charles, Régine Duverneau, Mackenzie Pascal, Jimmy Saint Jean, Sénèque, Lamarre et Jacquecène Joint, qui m’ont aidé dans la transcription des interviews enregistrées sur des cassettes.

Je remercie particulièrement mon épouse Marie-Dany et mes enfants Louis-Joany et Léo-Emmanuel qui ont dû subir mon « ascèse intellectuelle », pour parodier Karl Rahner, dans l’aboutissement de ce travail.
PRÉFACE
Cet ouvrage de Louis Auguste Joint vient combler une lacune grave dans la sociologie de l’éducation en Haïti et dans la Caraïbe, pour s’être attaqué au problème des écoles congréganistes catholiques dans leur rapport à la reproduction des inégalités sociales. Haïti est en effet le pays où les disparités sociales sont tellement criantes que certains observateurs en viennent à parler d’un pays coupé en deux, ou encore de deux pays dans le même espace, car les inégalités sociales se répercutent au niveau culturel et laissent découvrir deux cultures, comme s’il s’agissait d’un véritable apartheid qui régissait les rapports sociaux. C’est pourtant en s’éloignant de toute tendance à la démagogie et de toute passion que Auguste Joint se penche sur les sources des inégalités sociales en Haïti à partir de l’action des écoles congréganistes que d’habitude les sociologues de l’éducation manient avec des pincettes et sur la pointe des pieds. Cette entreprise considérée comme délicate est conduite avec rigueur mais hors de toute perspective objectiviste, en reconnaissant au départ une implication personnelle dans cette recherche, car Joint déclare avoir profité de ces écoles congréganistes qui ont assuré sa formation et sur lesquelles il prétend porter un regard de sociologie critique.
Dans la méthodologie mise en œuvre, les théories convoquées comme celles de Durkheim, Bourdieu, Passeron ou de Weber ne sont jamais appliquées mécaniquement. Auguste Joint a voulu rester au plus près des données empiriques recueillies à partir d’une longue enquête minutieuse menée sur trois écoles congréganistes pendant la période récente de troubles politiques et de haute insécurité.
L’ouvrage s’ouvre sur un rappel de l’histoire du système scolaire haïtien, en remontant à l’époque coloniale esclavagiste aux XVIIe et XVIIIe siècles. L’éducation pour les esclaves se résumait dans l’inculcation de certaines bribes d’instruction religieuse, tandis que de rares écoles fonctionnaient uniquement pour quelques colons et affranchis. Dans tous les cas, pendant le premier demi-siècle d’indépendance, l’instruction publique n’existait pas pour les anciennes masses d’esclaves devenus paysans. Sous le régime de Dessalines, premier chef d’Etat ( 1804-1806), l’école est offerte d’abord aux militaires, étant entendu que le pays demeurait encore fortement militarisé pour se préparer au retour éventuel des colons esclavagistes. Mais des écoles privées sont permises, pourvu qu’elles soient sous la surveillance de l’Etat. Ce qui frappe dans l’histoire du système scolaire c’est que rien n’est mis en place pour que l’instruction soit dans la pratique à la portée de tous les citoyens. Le concept même de citoyens égaux entre eux n’est pas vraiment à l’horizon, car un siècle après l’indépendance, seuls 8% de la population sont scolarises, pendant qu’à la même époque à Cuba, les élèves des écoles constituent 36% de la population. Et quand en Haïti des écoles sont établies dans les campagnes rurales, c’est pour mieux maintenir les paysans sur les terres et non pour leur formation à la citoyenneté. Il est curieux cependant que ce soit sous la pression des revendications populaires de 1843 que des reformes du système scolaire sont pour la première fois proposées. Le principe de l’instruction publique obligatoire pour tous a beau être admis et couché dans les lois et les décrets, les troubles politiques incessants rendent difficile sinon impossible la mise en pratique du principe.

La signature du Concordat entre le Vatican et l’Etat en 1860 avait été conçue comme un saut que pouvait enfin réaliser le pays au niveau de l’accès à une scolarisation universelle. A la vérité, les congrégations religieuses établies à la faveur de ce concordat se mettaient tout d’abord au service des classes aisées et l’obsession avait été la formation d’une élite intellectuelle capable de rivaliser avec les élites des pays occidentaux. De la sorte le fossé ne pouvait que s’élargir entre l’élite et les classes populaires, et spécialement les paysans. Plus tard, entre 1915 et 1934, avec l’occupation américaine et ses prétextes de rétablissement de l’ordre, on pouvait raisonnablement s’attendre à une politique éducative rigoureuse, mais c’était se laisser aller au rêve, l’occupant américain se contentait de créer quelques écoles professionnelles et cherchait à supplanter la prépondérance française dans le

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