Le Temps des carnets intimes
258 pages
Français

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Le Temps des carnets intimes , livre ebook

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Description

Au salon, le sapin des forêts devenait un de nos plus beaux arbres de Noël. David était seul, près de moi, et nos mains se frôlaient. Avec une régularité de fileuse, je brassais, tirais les guirlandes qu'il me tendait, hâlant à moi cet amour insensible. Innocemment, David me livrait ses mains et, par ses yeux, son âme. Perchée sur l'escabeau, je me penchais vers lui, puis j'arquais mon corps en arrière. Imitant la grossière Angèle, tel un peintre de génie copiant une toile médiocre, je me transformais en ange pervers. Visage candide, bel oeil meurtri, regard en coulisse, maigres hanches provocantes, mais si subtilement que nul n'aurait pu soupçonner le démon de la femme éclos un soir de Noël dans cet acide corps de très jeune fille. David: depuis l'enfance, l'être que Beige a chevillé au coeur. Celui avec qui elle expérimente taquineries et espiègleries... puis celui qui lui fera connaître les affres de la jalousie et de la colère... Un amour qui s'enracine dans le temps de l'innocence, que l'on voit évoluer, se transformer, s'intensifier, s'exaspérer avant d'être compromis par la marche de l'histoire... Prenant pour arrière-plan la bourgeoisie aussi légère que guindée du début du XXe siècle, l'opus d'Huguette Lombard restitue avec une belle précision psychologique l'éducation sentimentale d'une héroïne que l'on voit grandir et mûrir, découvrir et se questionner, s'enthousiasmer et s'embraser, au fil de pages délicatement patinées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2013
Nombre de lectures 31
EAN13 9782342010169
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0086€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Temps des carnets intimes
Huguette Lombard Le Temps des carnets intimes Deux amours, deux femmes, l’aube et le crépuscule
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0118833.000.R.P.2013.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2013
Le temps des carnets intimes J’ai la chance d’habiter encore la maison de mon en-fance, rue de Rivoli, tout près de la place de la Concorde. C’est un grand bonheur de pouvoir à tout instant mettre ses pieds dans ses petits souliers d’enfant. Nombreux sont ceux qui souhaitent pénétrer dans la maison de leur jeunesse, l’appartement déserté, clos pour eux à jamais, tirer la sonnette des jamais plus, réveiller les odeurs et couleurs du commencement de leurs vies. Cette haute porte cochère au marteau en mufle de lion, je la franchis chaque jour, et de mes fenêtres, je contemple ce que mes yeux tout neufs regardaient il y a tant d’années, le grand jardin sévère,LesTuileries, qui n’accorde ses grâces qu’à ceux qui l’aiment. Certains soirs d’hiver pareils à ce soir-là, à demi cachée dans les plis des anciens rideaux de peluche grenat du sa-lon, l’enfant s’étonne de la danse immobile des statues de neige et de silence, dans le cri noir des arbres. « Bonsoir Jupiter, bonsoir Junon ! » et une révérence à Vénus, déesse de l’Amour, celle qui me sourit secrète-ment. La petite fille en pèlerine se hausse sur la pointe des pieds, elle étend sa petite main pour toucher un orteil sa-cré, un pan de draperie glacée, elle s’éloigne à cloche-pied en chantonnant comme un oiseau. Je m’appelle Beige parce que je m’appelle Berthe.
* * * Que ce soit pluie, vent, soleil ou neige, le samedi à cinq heures moins le quart exactement, Grand-père venait frap-per à ma porte cérémonieusement : « Mademoiselle est
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prête ? Oh, oh, elle a mis son plus joli chapeau ! Alors allons-y… » Je lui faisais la révérence et prenais son bras, il me fal-lait lever beaucoup le mien car Grand-père mesurait un mètre quatre vingt. Maria se carrait à la porte de sa cui-sine, et proclamait que nous étions le plus beau des couples. Angèle, la très jeune bonne, sortait de l’office les seins ballants sous son corsage, une mèche dans le cou, et nous regardait passer : « Tout est bon à ces jeunesses pour ne pas travailler ! Allons, ouste, va fourbir les couverts, ma fille ». Maria houspillait la pauvre fille qui disparais-sait dans son antre à toute vitesse. Elle n’a jamais été indulgente, Maria, nibonneenvers les humbles… Que de pauvres filles ont trimé sous sa houlette vengeresse, terri-fiées par ses éclats de voix. Elle les renvoyait pour des peccadilles, jalouses de son autorité, et en vérité, Bonne-Maman, souvent en voyage desorties et plaisirs, la laissait faire, bien heureuse d’être déchargée de tout fardeau do-mestique. La féroce Maria n’aimait que nous et ne s’intéressait qu’à nous seuls. Un point c’est tout. Nous descendions l’escalier, j’entends letap-tap de la jambe de bois de Grand-père dans l’entrée sonore de notre immeuble. Le rideau de la loge de notre vieille concierge s’écartait, découvrant un bon et hideux sourire. Et puis, vlan ! L’air froid de décembre sous les arcades en courant d’air… Nous nous hâtions difficilement, à cause de la jambe de Grand-père qui luttait, fièrement dressé dans sa pelisse à col de loutre. Il avait belle allure, mon vieux militaire, coiffé d’un de ces anciens gibus pelu-cheux qui le rendait encore plus grand. Cinq heures de l’après-midi en décembre, les opales nocturnes des arcades s’allumaient une à une, clignotaient dans l’air froid qui s’endiamantait autour d’elles. Les passantes frileuses, emmitouflées jusqu’au nez rose, pressaient le pas sans s’arrêter à la chaleur tentante
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