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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 31 |
EAN13 | 9782824711782 |
Licence : | Libre de droits |
Langue | Français |
Extrait
CHARLES BARBARA
ESQU ISSE DE LA V I E
D’U N V I RT UOSE
BI BEBO O KCHARLES BARBARA
ESQU ISSE DE LA V I E
D’U N V I RT UOSE
1860
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1178-2
BI BEBO OK
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– Éfélé
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Fontes :
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– Christian Spr emb er g
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1Oh ! l’air divin !. . . N’ est-il p as bien étrang e que ces b o yaux de
mouton transp ortent l’âme hor s du cor ps de l’homme ? . . .
SHAK ESP EARE.
r ues, un vieillard se glisse le long des maisons
comme une ombr e . La courb e que dé crit sa haute taille leA fait r essembler à un fragment d’ar ce au deb out au milieu des
r uines. D e gr osses b oucles grises r oulent sur son cou ; les rides sillonnent
son fr ont d’arab esques pr ofondes ; son visag e pâle est plein de tr ous et
d’angles ; des br ouillards comblent l’ orbite de ses y eux ; la saillie de son
grand nez ombrag e des lè v r es où règne p er p étuellement le sourir e de
l’hébêtement. La tête p endante , les membr es alourdis, rê vant on ne sait à
quoi, il ne mar che p as, il se traîne . Sous des vêtements misérables, de
couleur s disp arates, à p eine assez amples p our sa maigr eur , il dissimule tant
bien que mal les outils qui le font viv r e : un violon et un ar chet. Ombr e
d’une ombr e , une femme le suit à distance . L’infortune à ce degré est rar
ement solitair e . Comme lui p enché e , comme lui d’une mélancolie funèbr e ,
comme lui p auv r ement vêtue , elle le sur v eille d’un œil où brûlent la
comp assion et la tendr esse . V ainement on v oudrait se soustrair e à l’ ennui
d’é2Esquisse de la vie d’un virtuose
tonner . elle app ar ence y a-t-il en effet que ce p auv r e homme , courbé
sous le p oids d’une misèr e sans nom, ré duit à vaguer sans r elâche de
quartier en quartier , de car r efour en car r efour , ait été jadis, au Conser vatoir e
imp érial de musique , l’un des brillants élè v es de Ro dolphe Kr eutzer ?
elques détails sur son origine et ses débuts dans la vie sont
essentiels à l’intellig ence de l’épiso de où sa raison est r esté e ense v elie sous
les mé comptes. Antoine Fer r et, son pèr e , vég était en pr o vince . C’était un
habile luthier dont l’ eng ouement p our l’art musical, ou mieux, p our les
artistes, tenait du fanatisme . Un fait en donne la mesur e . D ans une
maison où l’ esp ace suffisait à p eine à contenir ses instr uments, ses outils,
son enfant et sa femme , il s’imp osait la gêne d’une piè ce élég ante qui
vaquait rar ement. La sur prise serait grande au nom de tous les musiciens
célèbr es qui tour à tour l’ o ccupèr ent. Il ne s’agit que de caractériser un
brav e homme en qui l’ enthousiasme et la vanité étouffaient toute pré o
ccup ation d’intérêt matériel. A ucune pré vision, quelque menaçante qu’ elle
fût, ne l’ eût guéri de son désintér essement. A vant de r enoncer à l’honneur
de r e ce v oir des artistes dans sa maison, au plaisir de les v oir à sa table ,
de causer av e c eux, de les entendr e , de pr o cur er p ar-ci p ar-là . une le çon
à son fils, il se fût av euglément r uiné vingt fois.
L’ ostentation n’était que le moindr e de ses défauts. Passionné , violent,
vindicatif, d’une humeur intraitable , incap able d’ endur er la contradiction,
hor mis quand il avait affair e à des artistes, et, p ar-dessus tout, d’une
intemp érance de langue sans fr ein p ossible , il ne cessait, p ar ses manièr es
br usques, son ton tranchant, sa causticité , d’accumuler les inimitiés sur
sa tête . L’heur e triomphante de sa jour né e sonnait le soir , alor s que , se
tenant au fond de sa b outique obscur e , il avait p our auditoir e , sans compter
sa femme et son enfant, deux ou tr ois p er sonnes qui l’é coutaient b ouche
bé ante . Non content de disserter à tort et à trav er s sur la musique , de
conter sur les célébrités de sa connaissance des ane cdotes qu’il ar rang e ait
à sa façon et r e vêtait de couleur s fabuleuses, il p assait ses clients en r e v ue ,
criblait les uns de sar casmes, s’ e xprimait sur le compte des autr es de la
manièr e la plus blessante , et cela sans aucune réser v e , sans même p araîtr e
jamais se soucier du préjudice que p ouvait lui causer son indiscrétion. On
eût juré que sa clientèle dép endait de lui et non p as lui de sa clientèle . A
aucun prix il n’ eût consenti à rép ar er l’instr ument d’un homme qui le
3Esquisse de la vie d’un virtuose
contr e car rait dans ses opinions, tandis qu’il s’ empr essait de le fair e p our
un ménétrier flaeur dont il ne r e ce vait jamais un centime . Enfin, chose
incr o yable ! il lui était ar rivé , dans un moment de détr esse , de r ompr e un
mar ché avantag eux. sous le préte xte singulier que l’acheteur n’était p as
au niv e au de la mar chandise .
Les choses dont il ne song e ait p as à tir er vanité étaient justement
celles où résidaient ses v rais mérites. Ex cepté de son fils qui en avait été
le témoin, l’av entur e suivante était absolument ignoré e . Le b on homme ,
une après-midi, se pr omenait dans son mag asin. Un jeune étrang er y entra
tout à coup . On de vinait, à la p oussièr e de ses vêtements, qu’il descendait
de v oitur e . Ses y eux étaient hag ards, ses traits b oule v er sés. Il tenait un
étui de violon dans ses mains. A u fond de cet étui, dont le dos avait été
fracassé , gisait un instr ument qui n’était guèr e dans un meilleur état. Sous
les cordes que ne soutenait plus le che valet, entr e la queue et la touche ,
app araissait l’une des e xtrémités de l’âme qui avait trav er sé la table de
p art en p art et y avait o ccasionné une plaie d’une ir régularité dé chirante .
Ce sp e ctacle aristait d’autant plus que la for me du violon était d’une
suavité adorable et sa couleur d’un é clat éblouissant. A n’ en p ouv oir douter ,
c’était un instr ument de prix. En même temps que le luthier e x aminait
curieusement la blessur e , l’étrang er lui conta