Gusse
177 pages
Français

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Description

Ce troisième roman de François Barberousse aurait dû être publié en 1938-39 chez Gallimard. Il ne paraîtra pas. Gusse, le héros du roman, est soldat pendant la Grande Guerre. Pour autant, le roman ne peint en rien la guerre elle-même. Il décrit le désespoir d'un jeune homme qui constate que la communauté paysanne qu'il aimait se délite au fil des années de conflit. Chaque permission est pour lui l'occasion de constater que le monde paysan est profondément blessé dans ses usages, dans ses valeurs. « L'âge d'or » des campagnes françaises (ainsi a-t-on pu nommer la période des années 1880- 1900) a bien disparu. Bien qu'éloignée du front, la Sologne et sa ruralité profonde ne sont donc pas à l'abri des changements. Et tout l'art de ce roman est de savoir les peindre avec force et avec tact.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 décembre 2013
Nombre de lectures 36
EAN13 9782365752350
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

François Barberousse
 
 
Gusse
 
 
Avant-propos
de Pierre Paliard
(Petit-fils de François Barberousse)
 
© Marivole pour la présente édition, 2012.
© Pierre Paliard 2012 pour l’avant-propos de la présente édition.
 

 
 
 
Avant-propos
 
François BARBEROUSSE
 
François Barberousse est né en Sologne à Brinon-sur-Sauldre le 31 mars 1900. Son père était un paysan aisé qui devint meunier. François était le dernier fils d’une fratrie de 12 enfants. Il fréquente l’école communale de La Chapelle-d’Angillon où ses camarades lui donnent le surnom de Bayard pour son tempérament combatif et généreux. Madame Fournier, mère d’Alain-Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes, est alors son institutrice. Il obtient son Certificat d’Études, et malgré ses talents remarqués et le soutien de son dernier instituteur, il ne pourra intégrer le collège de Bourges auquel on le promettait. Ses frères partis à la guerre, il se trouve obligé dès l’âge de quatorze ans de travailler comme un adulte sur le domaine. Ce qui ne l’empêche pas de désirer ardemment rejoindre le front pour y prendre sa part de gloire. Il sera incorporé, dès ses 18 ans, en 1918, quelques mois avant qu’on ne signe la paix, sans avoir pu prendre part aux combats. C’est finalement le début d’une carrière militaire qui le conduira, tout jeune, une première fois au Maroc, puis en Allemagne (occupation de la Ruhr), et à nouveau au Maroc où il participe à la guerre du Rif. Il revient en France au début des années trente à Tours, et y rejoint le 501 e  régiment de chars. Ayant commencé à écrire, et désireux de se rapprocher de la vie littéraire parisienne, il demande une mutation qui le conduit à l’École des Chars de Versailles en 1936.
Il fréquente en particulier Louis Guilloux, Louis Martin-Chauffier, Jean Paulhan et Isabelle Rivière, se souvient Micheline Paliard, sa fille. Tandis que sa jeune carrière littéraire connaît un succès manifeste après la publication de ses deux premiers livres chez Gallimard, il décide en 1939 de partir pour le front alors qu’il n’était pas contraint de le faire en tant que cadre administratif. Après la brève campagne de 1940, il prend contact avec le général Delestraint et entre aussitôt dans la résistance active. Instructeur militaire de l’armée secrète pour les Bouches-du-Rhône, il dispose le 2 novembre 1942, quand les Allemands pénètrent en zone sud, d’une troupe de 250 hommes, bien encadrés, qui assurera la protection de la famille du général Giraud lorsque celui-ci rejoindra l’Algérie. Recherché par la Gestapo, il doit emprunter plusieurs identités lors de ses nombreux déplacements en France. Il est commandant des FFI du 10 e  arrondissement à Paris lors de la libération de la capitale et participe par la suite au nettoyage de la pointe d’Arvert et à la libération de l’île d’Oléron.
 
Affecté à Alger au lendemain de la guerre comme chef d’escadrons dans un régiment de cavalerie, il est reçu par le général commandant la région militaire qui lui déclare : « Barberousse, j’ai pris connaissance de vos états de service, je suis heureux de vous accueillir… En ce qui concerne la Résistance, rassurez-vous, nous ne vous en tiendrons pas rigueur ! »
Outre cet accueil pour le moins déconcertant, il découvre en Algérie une réalité sociale qu’il n’avait pas connue vingt ans auparavant au Maroc. Bouleversé par la misère des populations indigènes et l’indifférence de la plupart des coloniaux à leur égard, il dénonce aussi leur exploitation par les puissants. « Il faut vraiment être allé en Afrique du Nord pour comprendre la signification de ces deux mots : haillons et misère. Dans Alger même, il n’est pas rare de rencontrer des hommes, des femmes, des enfants, vêtus, si l’on peut dire, de loques sans nom et dans un tel état de misère physiologique qu’ils font invinciblement penser aux déportés des camps nazis. Dans les vieilles rues, derrière la cathédrale on les peut compter par centaines… » écrit-il dans un texte de 1946 non publié. Il note aussi l’expression hostile des regards jetés sur les promeneurs qui s’aventurent dans les quartiers indigènes et écrit, faisant la comparaison avec le Maroc qu’il a connu : « Même dans les souks de Fez, en 1925, au plus fort de la période critique, on ne regardait pas ainsi le Français isolé. » Il concluait enfin par ces mots : « Il me semble évident que les choses ne pourront pas très longtemps continuer ainsi.» Conséquent avec lui-même, il demandera à être dégagé des cadres de l’armée. Il ne souhaitait pas être engagé dans un conflit prévisible et qu’il condamnait par avance. À l’âge de 46 ans, il lui faut retrouver un métier. Il trouvera à s’employer dans une société industrielle et y gravira rapidement les plus hauts échelons.
Dès lors, et sans que nous en connaissions les raisons,
François Barberousse renonce à écrire. Il prendra sa retraite à Cahuzac, dans le Lot-et-Garonne, où il résidera jusqu’à son décès en 1979. Il y est enterré avec son épouse.
 
L’œuvre littéraire
 
Mais c’est la littérature qui l’intéresse depuis son plus jeune âge. Ses études, arrêtées au niveau du Certificat d’Études primaires, ne l’empêchent pas d’avoir dévoré tout ce qui lui tombe sous la main dans le cadre inattendu de la ferme familiale. Maître Justin Barberousse, son père, avait acheté plusieurs « bibliothèques bourgeoises» mises en vente à la mort de leurs propriétaires. À la veillée, la famille rassemblée écoutait la lecture que celui-ci imposait à tous. Et François en tire un immense profit. Cette boulimie s’accompagne d’une mémoire peu commune. Il construit là une culture buissonnière faite de passion et de curiosité. Il écrira donc très vite de petits textes et des poèmes. Notons au passage que deux de ses sœurs ont elles-mêmes grand appétit de lecture. Une lettre d’Alain-Fournier du 19 février 1914 en témoigne. Il n’a pu envoyer un exemplaire du Grand Meaulnes à mesdemoiselles Barberousse et le regrette, car, dit-il, « j’avais cru voir chez elles une avidité à s’instruire qui m’avait ému ». Ceci confirme bien l’originalité de ce milieu campagnard ouvert à l’aventure des lettres. Ayant obtenu un exemplaire de Marie-Claire, le roman autobiographique de Marguerite Audoux paru en 1910 avec une dédicace de l’auteur (« À mesdemoiselles Barberousse qui gardent les moutons dans la Sologne tout comme Marie-Claire »), l’une d’entre elles répond avec beaucoup d’application dans un français châtié en signant « Rose Barberousse, bergère solognote». Peut-être y avait-il là une certaine coquetterie, mais ces échanges littéraires entre bergères disent étonnamment bien la vitalité de cette culture rurale travaillée par l’amour du savoir et le goût des lettres.
Dès 1935, c’est L’Homme sec que publie la NRF, suivi en 1936 par Les Jours aux volets clos, également à la NRF. Précédant la page de titre du deuxième roman une note annonce au lecteur la parution prochaine d’Épis de glane, un recueil de contes et nouvelles, et signale deux romans « en préparation ». Le premier a pour titre Gusse et le deuxième Gilbert Preslier. Pourtant, aucun de ces trois ouvrages ne sera publié. Nous avons pu retrouver en 2010 les manuscrits d’Épis de glane et de Gusse qui vont ainsi sortir de l’oubli. Gilbert Preslier, quant à lui, reste introuvable, y compris dans les archives de Gallimard. Ces romans et nouvelles trouvaient leur place dans le projet éditorial de Gallimard, tel qu’il apparaît en quatrième de couverture de l’édition de L’Homme Sec de 1935 sous le nom de «Tableaux de la paysannerie française» à côté d’autres romans d’inspiration paysanne signés par Marcel Arland, Marcel Aymé, Henri Bosco, Jean Giono, Roger Martin du Gard, Henri Pourrat, Jules Renard et autres.
En composant ses livres, François Barberousse a manifesté très clairement son intention de rendre fidèlement la vérité de la vie paysanne. Il exige d’un écrivain de la terre d’être un paysan comme il le fut lui-même, et il ajoute dans la préface de L’Homme Sec : « Qu’on ne s’y trompe pas, la chose est beaucoup plus rare qu’on ne le croit. Pour être un vrai paysan, il ne suffit pas d’être fils ou petit-fils de paysan et de vivre à la campagne. Il faut avoir peiné sur la glèbe, il faut avoir courbé son dos sur la c

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