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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 49 |
EAN13 | 9782824709635 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
ALBERT SA V ARUS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
ALBERT SA V ARUS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0963-5
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.ALBERT SA V ARUS
DÉDI É A MAD AME ÉMI LE DE GI RARDI N,
Comme un témoignag e d’affe ctueuse admiration,
DE BALZA C.
salons où se pr o duisait l’ar che vê que de
Besançon sous la Restauration, et celui qu’il affe ctionnait était celuiU de madame la bar onne de W ae ville . Un mot sur cee dame ,
le p er sonnag e féminin le plus considérable p eut-êtr e de Besançon.
Monsieur de W ae ville , p etit-ne v eu du fameux W ae ville , le plus
heur eux et le plus illustr e des meurtrier s et des r enég ats dont les av
entur es e xtraordinair es sont b e aucoup tr op historiques p our êtr e raconté es,
était aussi tranquille que son grand-oncle fut turbulent. Après av oir vé cu
dans la Comté comme un clop orte dans la fente d’une b oiserie , il avait
ép ousé l’héritièr e de la célèbr e famille de Rupt. Mademoiselle de Rupt
réunit vingt mille francs de r entes en ter r e aux dix mille francs de r entes
en biens-fonds du bar on de W ae ville . L’é cusson du g entilhomme suisse ,
les W ae ville sont de Suisse , fut mis en abîme sur le vieil é cusson des
de Rupt. Ce mariag e , dé cidé depuis 1802, se fit en 1815, après la se conde
r estauration. T r ois ans après la naissance d’une fille qui fut nommé e P
hi1Alb ert Savar us Chapitr e
lomène , tous les grands p ar ents de madame de W ae ville étaient morts
et leur s successions liquidé es. On v endit alor s la maison de monsieur de
W ae ville p our s’établir r ue de la Préfe ctur e , dans le b el hôtel de Rupt
dont le vaste jardin s’étend v er s la r ue du Per r on. Madame W ae ville ,
jeune fille dé v ote , fut encor e plus dé v ote après son mariag e . Elle est une
des r eines de la sainte confrérie qui donne à la haute so ciété de Besançon
un air sombr e et des façons pr udes en har monie av e c le caractèr e de cee
ville . D e là le nom de P hilomène imp osé à sa fille , né e en 1817, au moment
où le culte de cee sainte ou de ce saint, car dans les commencements on
ne savait à quel se x e app artenait ce squelee , de v enait une sorte de folie
r eligieuse en Italie , et un étendard p our l’Ordr e des Jésuites.
Monsieur le bar on de W ae ville , homme se c, maigr e et sans esprit, p
araissait usé , sans qu’ on pût sav oir à quoi, car il jouissait d’une ignorance
crasse ; mais comme sa femme était d’un blond ardent et d’une natur e
sè che de v enue pr o v erbiale ( on dit encor e p ointue comme madame W
atte ville ), quelques plaisants de la magistratur e prétendaient que le bar on
s’était usé contr e cee r o che . Rupt vient é videmment de rupes . Les
savants obser vateur s de la natur e so ciale ne manquer ont p as de r emar quer
que P hilomène fut l’unique fr uit du mariag e des W ae ville et des de Rupt.
Monsieur de W ae ville p assait sa vie dans un riche atelier de
tourneur , il tour nait ! Comme complément à cee e xistence , il s’était donné
la fantaisie des colle ctions. Pour les mé de cins philosophes adonnés à
l’étude de la folie , cee tendance à colle ctionner est un pr emier degré
d’aliénation mentale , quand elle se p orte sur les p etites choses. Le bar on de
W ae ville amassait les co quillag es, les inse ctes et les fragments g é
ologiques du ter ritoir e de Besançon. elques contradicteur s, des femmes
surtout, disaient de monsieur de W ae ville : ― Il a une b elle âme ! il a
v u, dès le début de son mariag e , qu’il ne l’ emp orterait p as sur sa femme ,
il s’ est alor s jeté dans une o ccup ation mé canique et dans la b onne chèr e .
L’hôtel de Rupt ne manquait p as d’une certaine splendeur digne de
celle de Louis X I V , et se r essentait de la noblesse des deux familles,
confondues en 1815. Il y brillait un vieux lux e qui ne se savait p as de
mo de . Les lustr es de vieux cristaux taillés en for me de feuilles, les
lamp asses, les damas, les tapis, les meubles dorés, tout était en har monie av e c
les vieilles liv ré es et les vieux domestiques. oique ser vie dans une noir e
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ar g enterie de famille , autour d’un surtout en glace or né de p or celaines de
Sax e , la chèr e y était e x quise . Les vins choisis p ar monsieur de W
aeville , qui, p our o ccup er sa vie et y mer e de la div ersité , s’était fait son
pr opr e sommelier , jouissaient d’une sorte de célébrité dép artementale . La
fortune de madame de W ae ville était considérable , car celle de son mari,
qui consistait dans la ter r e des Roux e y valant envir on dix mille liv r es de
r ente , ne s’augmenta d’aucun héritag e . Il est inutile de fair e obser v er que
la liaison très-intime de madame de W ae ville av e c l’ar che vê que avait
imp atr onisé chez elle les tr ois ou quatr e abbés r emar quables et spirituels
de l’ar che vê ché qui ne haïssaient p oint la table .
D ans un dîner d’app arat, r endu p our je ne sais quelle no ce au
commencement du mois de septembr e 1834, au moment où les femmes étaient
rang é es en cer cle de vant la cheminé e du salon et les hommes en gr oup es
aux cr oisé es, il se fit une acclamation à la v ue de monsieur l’abbé de
Grance y , qu’ on annonça.
― Eh ! bien, le pr o cès ? lui cria-t-on.
― Gagné ! rép ondit le vicair e-g énéral. L’ar rêt de la Cour , de laquelle
nous désesp érions, v ous sav ez p our quoi. . .
Ce ci était une allusion à la comp osition de la Cour r o yale depuis 1830.
Les légitimistes avaient pr esque tous donné leur démission.
― . . . L’ar rêt vient de nous donner g ain de cause sur tous les p oints,
et réfor me le jug ement de pr emièr e instance .
― T out le monde v ous cr o yait p erdus.
― Et nous l’étions sans moi. J’ai dit à notr e av o cat de s’ en aller à Paris,
et j’ai pu pr endr e , au moment de la bataille , un nouv el av o cat à qui nous
de v ons le g ain du pr o cès, un homme e xtraordinair e . . .
― A Besançon ? dit naïv ement monsieur de W ae ville .
― A Besançon, rép ondit l’abbé de Grance y .
― Ah ! oui, Savar on, dit un b e au jeune homme assis près de la bar onne
et nommé de Soulas.
― Il a p assé cinq à six nuits, il a dé v oré les liasses, les dossier s ; il a
eu sept à huit confér ences de plusieur s heur es av e c moi, r eprit monsieur
de Grance y qui r ep araissait à l’hôtel de Rupt p our la pr emièr e fois depuis
vingt jour s. Enfin, monsieur Savar on vient de bar e complétement le
célèbr e av o cat que nos adv er sair es étaient allés cher cher à Paris. Ce jeune
3Alb ert Savar us Chapitr e
homme a été mer v eilleux, au dir e des Conseiller s. Ainsi, le Chapitr e est
deux fois vainqueur : il a vaincu en Dr oit, puis en Politique il a vaincu le
libéralisme dans la p er sonne du défenseur de notr e hôtel de ville . « Nos
adv er sair es, a dit notr e av o cat, ne doiv ent p as s’aendr e à tr ouv er p
artout de la complaisance p our r uiner les ar che vê chés. . . » Le président a
été for cé de fair e fair e silence . T ous les Bisontins ont applaud