Albert Savarus
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Description

1842. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Le jeune monsieur de Soulas ne pouvait pas se dispenser d’avoir un tigre. Ce tigre était le fils d’un de ses fermiers, un petit domestique âgé de quatorze ans, trapu, nommé Babylas. Le lion avait très-bien habillé son tigre : redingote courte en drap gris de fer, serrée par une ceinture de cuir verni, culotte de panne gros-bleu, gilet rouge, bottes vernies et à revers, chapeau rond à bourdaloue noir, des boutons jaunes aux armes des Soulas. Amédée donnait à ce garçon des gants de coton blanc, le blanchissage et trente-six francs par mois, à la charge de se nourrir, ce qui paraissait monstrueux aux grisettes de Besançon : quatre cent vingt francs à un enfant de quinze ans, sans compter les cadeaux ! Les cadeaux consistaient dans la vente des habits réformés, dans un pourboire quand Soulas troquait l’un de ses deux chevaux, et la vente des fumiers. Les deux chevaux, administrés avec une sordide économie, coûtaient l’un dans l’autre huit cents francs par an. Le compte des fournitures à Paris en parfumeries, cravates, bijouterie, pots de vernis, habits, allait à douze cents francs. Si vous additionnez groom ou tigre, chevaux, tenue superlative, et loyer de six cents francs, vous trouverez un total de trois mille francs. Or, le père du jeune monsieur de Soulas ne lui avait pas laissé plus de quatre mille francs de rentes produits par quelques métairies assez chétives qui exigeaient de l’entretien, et dont l’entretien imprimait une certaine incertitude aux revenus. A peine restait-il trois francs par jour au lion pour sa vie, sa poche et son jeu.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 49
EAN13 9782824709635
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
ALBERT SA V ARUS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
ALBERT SA V ARUS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0963-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.ALBERT SA V ARUS
DÉDI É A MAD AME ÉMI LE DE GI RARDI N,
Comme un témoignag e d’affe ctueuse admiration,
DE BALZA C.
   salons où se pr o duisait l’ar che vê que de
Besançon sous la Restauration, et celui qu’il affe ctionnait était celuiU de madame la bar onne de W ae ville . Un mot sur cee dame ,
le p er sonnag e féminin le plus considérable p eut-êtr e de Besançon.
Monsieur de W ae ville , p etit-ne v eu du fameux W ae ville , le plus
heur eux et le plus illustr e des meurtrier s et des r enég ats dont les av
entur es e xtraordinair es sont b e aucoup tr op historiques p our êtr e raconté es,
était aussi tranquille que son grand-oncle fut turbulent. Après av oir vé cu
dans la Comté comme un clop orte dans la fente d’une b oiserie , il avait
ép ousé l’héritièr e de la célèbr e famille de Rupt. Mademoiselle de Rupt
réunit vingt mille francs de r entes en ter r e aux dix mille francs de r entes
en biens-fonds du bar on de W ae ville . L’é cusson du g entilhomme suisse ,
les W ae ville sont de Suisse , fut mis en abîme sur le vieil é cusson des
de Rupt. Ce mariag e , dé cidé depuis 1802, se fit en 1815, après la se conde
r estauration. T r ois ans après la naissance d’une fille qui fut nommé e P
hi1Alb ert Savar us Chapitr e
lomène , tous les grands p ar ents de madame de W ae ville étaient morts
et leur s successions liquidé es. On v endit alor s la maison de monsieur de
W ae ville p our s’établir r ue de la Préfe ctur e , dans le b el hôtel de Rupt
dont le vaste jardin s’étend v er s la r ue du Per r on. Madame W ae ville ,
jeune fille dé v ote , fut encor e plus dé v ote après son mariag e . Elle est une
des r eines de la sainte confrérie qui donne à la haute so ciété de Besançon
un air sombr e et des façons pr udes en har monie av e c le caractèr e de cee
ville . D e là le nom de P hilomène imp osé à sa fille , né e en 1817, au moment
où le culte de cee sainte ou de ce saint, car dans les commencements on
ne savait à quel se x e app artenait ce squelee , de v enait une sorte de folie
r eligieuse en Italie , et un étendard p our l’Ordr e des Jésuites.
Monsieur le bar on de W ae ville , homme se c, maigr e et sans esprit, p
araissait usé , sans qu’ on pût sav oir à quoi, car il jouissait d’une ignorance
crasse  ; mais comme sa femme était d’un blond ardent et d’une natur e
sè che de v enue pr o v erbiale ( on dit encor e p ointue comme madame W
atte ville ), quelques plaisants de la magistratur e prétendaient que le bar on
s’était usé contr e cee r o che . Rupt vient é videmment de rupes . Les
savants obser vateur s de la natur e so ciale ne manquer ont p as de r emar quer
que P hilomène fut l’unique fr uit du mariag e des W ae ville et des de Rupt.
Monsieur de W ae ville p assait sa vie dans un riche atelier de
tourneur , il tour nait  ! Comme complément à cee e xistence , il s’était donné
la fantaisie des colle ctions. Pour les mé de cins philosophes adonnés à
l’étude de la folie , cee tendance à colle ctionner est un pr emier degré
d’aliénation mentale , quand elle se p orte sur les p etites choses. Le bar on de
W ae ville amassait les co quillag es, les inse ctes et les fragments g é
ologiques du ter ritoir e de Besançon. elques contradicteur s, des femmes
surtout, disaient de monsieur de W ae ville  : ― Il a une b elle âme  ! il a
v u, dès le début de son mariag e , qu’il ne l’ emp orterait p as sur sa femme ,
il s’ est alor s jeté dans une o ccup ation mé canique et dans la b onne chèr e .
L’hôtel de Rupt ne manquait p as d’une certaine splendeur digne de
celle de Louis X I V , et se r essentait de la noblesse des deux familles,
confondues en 1815. Il y brillait un vieux lux e qui ne se savait p as de
mo de . Les lustr es de vieux cristaux taillés en for me de feuilles, les
lamp asses, les damas, les tapis, les meubles dorés, tout était en har monie av e c
les vieilles liv ré es et les vieux domestiques. oique ser vie dans une noir e
2Alb ert Savar us Chapitr e
ar g enterie de famille , autour d’un surtout en glace or né de p or celaines de
Sax e , la chèr e y était e x quise . Les vins choisis p ar monsieur de W
aeville , qui, p our o ccup er sa vie et y mer e de la div ersité , s’était fait son
pr opr e sommelier , jouissaient d’une sorte de célébrité dép artementale . La
fortune de madame de W ae ville était considérable , car celle de son mari,
qui consistait dans la ter r e des Roux e y valant envir on dix mille liv r es de
r ente , ne s’augmenta d’aucun héritag e . Il est inutile de fair e obser v er que
la liaison très-intime de madame de W ae ville av e c l’ar che vê que avait
imp atr onisé chez elle les tr ois ou quatr e abbés r emar quables et spirituels
de l’ar che vê ché qui ne haïssaient p oint la table .
D ans un dîner d’app arat, r endu p our je ne sais quelle no ce au
commencement du mois de septembr e 1834, au moment où les femmes étaient
rang é es en cer cle de vant la cheminé e du salon et les hommes en gr oup es
aux cr oisé es, il se fit une acclamation à la v ue de monsieur l’abbé de
Grance y , qu’ on annonça.
― Eh  ! bien, le pr o cès  ? lui cria-t-on.
―  Gagné  ! rép ondit le vicair e-g énéral. L’ar rêt de la Cour , de laquelle
nous désesp érions, v ous sav ez p our quoi. . .
Ce ci était une allusion à la comp osition de la Cour r o yale depuis 1830.
Les légitimistes avaient pr esque tous donné leur démission.
― . . . L’ar rêt vient de nous donner g ain de cause sur tous les p oints,
et réfor me le jug ement de pr emièr e instance .
―  T out le monde v ous cr o yait p erdus.
― Et nous l’étions sans moi. J’ai dit à notr e av o cat de s’ en aller à Paris,
et j’ai pu pr endr e , au moment de la bataille , un nouv el av o cat à qui nous
de v ons le g ain du pr o cès, un homme e xtraordinair e . . .
― A Besançon  ? dit naïv ement monsieur de W ae ville .
― A Besançon, rép ondit l’abbé de Grance y .
― Ah  ! oui, Savar on, dit un b e au jeune homme assis près de la bar onne
et nommé de Soulas.
― Il a p assé cinq à six nuits, il a dé v oré les liasses, les dossier s  ; il a
eu sept à huit confér ences de plusieur s heur es av e c moi, r eprit monsieur
de Grance y qui r ep araissait à l’hôtel de Rupt p our la pr emièr e fois depuis
vingt jour s. Enfin, monsieur Savar on vient de bar e complétement le
célèbr e av o cat que nos adv er sair es étaient allés cher cher à Paris. Ce jeune
3Alb ert Savar us Chapitr e
homme a été mer v eilleux, au dir e des Conseiller s. Ainsi, le Chapitr e est
deux fois vainqueur  : il a vaincu en Dr oit, puis en Politique il a vaincu le
libéralisme dans la p er sonne du défenseur de notr e hôtel de ville . « Nos
adv er sair es, a dit notr e av o cat, ne doiv ent p as s’aendr e à tr ouv er p
artout de la complaisance p our r uiner les ar che vê chés. . . » Le président a
été for cé de fair e fair e silence . T ous les Bisontins ont applaud

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