L  EDITORIAL … Des sources qui coulent à flots
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L' EDITORIAL … Des sources qui coulent à flots

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Extrait

L’ EDITORIAL … Chercheur, collecteur, enquêteur… la représentation mythique du journaliste, construite tout au long du XX ème siècle, perdure dans les esprits. Au cœur du métier se trouvait jadis la collecte d’informations et le journaliste avait volontiers, au regard de la société, un profil de « chasseur ». Sorte de héros épique, il combinait ardeur du globe-trotteur et talent du grand écrivain. Aujourd’hui encore, le métier apparaît souvent sous les mêmes traits, au travers des mêmes grandes figures. Et, l’image du reporter, il faut l’avouer, supplante toutes les autres quand il s’agit de donner une représentation de la profession. Seulement, les supports de presse écrite, les exigences et les conditions de travail ont sensiblement évolué, ces dernières années. Et, avec elles, le métier de journaliste. Des sources à l’article fraîchement sorti des rotatives, l’information emprunte désormais un dédale de canaux, qui se sont multipliés de façon exponentielle. Et, la matière brute, préalable au travail journalistique, arrive à haut débit dans les rédactions. Face à ce flot d’informations, des rédacteurs en chef, des journalistes et des secrétaires de rédaction ont une mission quotidienne : livrer en temps et en heure des journaux de qualité. La contrainte est d’autant plus forte que, dans la presse quotidienne, régionale ou nationale, la fréquence de parution impose sa loi. Ces contraintes de différents ordres ne peuvent aller sans une refonte, de l’intérieur, du métier lui-même, ni sans l’examen de certaines questions cruciales. Il paraît dès lors essentiel de se demander dans quelle mesure et sous quelles conditions l’afflux et la diversification des sources de l’information influent sur les pratiques de la presse quotidienne. Remontons donc ensemble le cours tumultueux des sources, arrêtons-nous sur leurs impacts avant d’examiner les ressources dont dispose le journaliste pour demeurer acteur de sa profession. Des sources qui coulent à flots  A- Diversité et abondance des sources 1 a) Un dédale de canaux Les rédactions étaient alimentées à l’origine par les canaux plus « traditionnels » que sont le courrier et le téléphone. Le fax a accéléré le flux. Le web l’a précipité. Désormais, les canaux se ramifient en un éventail large. Or, le poids du journal reste le même : même nombre de rubriques, même nombre ou quasiment de signes utilisés….La tension se fait donc plus vive entre le volume d’éléments d’information « entrant » et l’ état de l’information « sortante », délivrée par les rotatives. Gérard Royer, ancien rédacteur en chef adjoint de Presse-Océan, a été le témoin de cette évolution à pas de géant. « En quelques six ans, quand j’étais à la rédaction de Presse-Océan, j’ai vu d’abord le rythme des fax s’accélérer de façon phénoménale. Et puis ensuite, le rythme des mails. C’est colossal !  », s’étonne-t-il encore. Le dédale des canaux est à l’image des sources : étendu et varié. b) quelles sources… au quotidien ? Les journaux, nationaux ou régionaux, se façonnent à partir de sources d’information plurielles. Autant de pages et de rubriques, autant de papiers naissant d’ une déclinaison de sources bien connues. Les journalistes, qu’ils soient localiers ou correspondants, viennent d’abord nourrir, jour après jour, le quotidien pour lequel ils travaillent. Le travail d’investigation passe souvent pour la première des sources. Autre vecteur primordial : les agences de presse avec l’incontournable AFP. Le « fil », défilement continu des dépêches, injecte sans interruption sa dose d’information sur les Macintosh. Dossiers, communiqués et conférences de presse livrent enfin aux journalistes le magma du « nouveau ». Du moins, c’est ce concept de nouveau qui intéresse la profession : rupture dans le cours habituel de la vie, il mérite donc, si nouveauté et intérêt il y a, un traitement journalistique. c) des productions polymorphes Les canaux et les sources, on l’a vu, se multiplient ;les éléments d’information transmis revêtent également des formes diverses. La matière brute se fait volontiers polymorphe : elle peut aussi bien offrir les traits du dossier conséquent que celui du matériau oral, émis lors de conférences de presse. Les communiqués, eux-mêmes, arrivent squelettiques, minces ou bien en chair. Quant aux dépêches, elles adoptent aussi une forme plus ou moins condensée sur les écrans. De la simple ligne au texte de deux feuillets déjà très structuré, elle offre, à celui qui la reçoit, des niveaux de traitement très hétérogènes. A l’œil nu, le défilement des dépêches peut ainsi paraître plus ou moins hermétique, en fonction de l’option sélectionnée. L’Agence France Presse permet, en effet, de choisir le format des dépêches. Le mot « dépêches » reste souvent associé, dans l’esprit du néophyte, à l’idée de brièveté. Le journaliste, a contrario, sait qu’il peut exploiter une gamme de formes étendue. Courte, moyenne ou développée sera la dépêche, selon les besoins du rédacteur. Courte, elle se limite à quelques mots-clefs. Moyenne, elle est proche du feuillet. Développée, la dépêche peut aller jusqu’à prendre la taille de l’enquête. 2 B- Des flux à plusieurs vitesses Les flux d’information arrivent dans les rédactions avec un débit à deux vitesses. Le résultat de démarches différentes dues elle-mêmes à des sources aux fonctionnements différents. Certaines sources correspondent au travail d’enquête de la part des journalistes. D’autres sources, « volontaires » et insistantes, réclament de leur propre initiative un traitement journalistique. a. Du journaliste vers les sources : C’est dans l’essence même, théoriquement, du métier de journaliste que d’aller enquêter, rechercher, débusquer, collecter…C’est dans sa définition même que de rassembler la matière nécessaire à l’écriture d’articles. Seulement, ce flux d’informations recueillies, à l’extérieur des rédactions, est un flux irrégulier en fonction du support, de sa fréquence, de ses moyens. Comme nous l’évoquerons, plus avant dans ce document, l’investigation est parfois devenue une denrée rare ou, du moins, rencontre sur son chemin de plus en plus d’obstacles. b. Des sources vers le journaliste Un autre flux d’informations, continu et abondant celui-là, arrive directement au cœur des rédactions. A l’origine de ces textes, plus ou moins développés, inondant les canaux, se trouvent des sources actives et volontaires. Entreprises, institutions et collectivités livrent ainsi efficacement leurs messages …à domicile ! S’il n’y prend garde, le journaliste n’a plus qu’à « consommer » sur place, à l’intérieur de la rédaction … De l’existence ces flux à deux vitesses naît une tentation : répondre au rythme élevé de production du quotidien en recourant aux sources les plus présentes, les plus à portée de plume…Une tentation à laquelle une frange de journalistes essaie, quand les moyens le lui permettent, de résister. C- Agence France Presse « sacralisée » La parution de quotidiens et l’élaboration de certaines rubriques ne tiennent parfois « qu’à un fil », celui de l’ AFP. Ainsi, Patrice Guillier, rédacteur en chef adjoint du Courrier de l’Ouest, journal appartenant au groupe de la Socpresse, évoque la place prépondérante de l’ agence dans le processus de fabrication : « On n’est abonnés qu’à une seule agence, c’est l’AFP. Pour des raisons économiques, on ne fonctionne plus qu’avec elle. C’est quand 3 même la troisième ou quatrième agence mondiale donc ça couvre pas mal nos besoins. » Il précise aussi les besoins des quotidiens dont il s’occupe : «  En moyenne, on a 2 pages et demie d’informations générales chaque jour qui paraissent dans les trois titres Le Courrier de l’Ouest, Le Maine Libre et Presse-Océan. Ces pages-là sont faites ici pour tout le monde. Et, on les fait avec l’AFP. » Un recours à l’AFP est donc récurrent dans les pratiques. Mais, quel fonctionnement est celui de l’agence et surtout, quelles en sont ses limites ? a. Un fonctionnement bien huilé Les mécanismes et les moyens dont dispose « l’agence », comme la nomment les journalistes, sont colossaux. 1100 agenciers, à pied d’oeuvre chaque jour. Un million de mots produits en pas moins de 6 langues. 12 500 clients. Et des qualités que tous ou presque lui rattachent. « Fiabilité et rapidité sont nos maîtres-mots » , assure ainsi Michel Cariou, responsable du bureau de l’AFP à Rennes. Le fonctionnement, assuré par ceux que le Centre National de Documentation Pédagogique désigne comme « les vaillants soldats des médias » (1), paraît bien rodé. Investigation sans relâche, rédaction de dépêches sur place, envoi par ordinateur portable, confrontation à l’agence de Londres puis diffusion aux médias mondiaux. C’est sans doute la raison pour laquelle l’ AFP a, aujourd’hui, cette notoriété : une figure d’idole, au monde des sources. Seulement, la croyance en cette manne connaît quelques failles et certains s’emploient à en souligner les limites. b. Agencier et journaliste : des clones ? L’agencier fait donc figure, dans le monde des médias, de sorte de journaliste nec plus ultra. La conception que la plupart s’en font le place au plus proche de la source d’information originelle ou font de lui cette source première. Ainsi, la propension d’investigation apparaîtrait dès lors comme un trait discriminant entre l’agencier et le journaliste, le premier s’y livrant totalement tandis que le second, on le verra, se trouve limité dans ses démarches d’enquête. Or, la réalité est souvent autre et la remontée vers l’identification des sources vertigineuse. Les journalistes des quotidiens s’approvisionnent, pour une partie, au « fil » alimenté par des agenciers, eux-mêmes soumis à d‘autres sources et contraints, dans leur démarche, par les exigences des clients. Erik Neveu redéfinit ainsi le cadre d’action de l’agencier. Selon lui, « il devient aussi de plus en plus un journaliste subordonné à une forme de sur-mesure dans les commandes de ses collègues clients. Un correspondant de Reuter fut ains
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