Xavier-Édouard Lejeune. Enquête de Michel et Philippe Lejeune, Calicot, Paris, Arthaud-Montalba, 1984  ; n°1 ; vol.26, pg 91-94
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Xavier-Édouard Lejeune. Enquête de Michel et Philippe Lejeune, Calicot, Paris, Arthaud-Montalba, 1984 ; n°1 ; vol.26, pg 91-94

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Histoire de l'éducation - Année 1985 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 91-94
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Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Serge Chassagne
Xavier-Édouard Lejeune. Enquête de Michel et Philippe
Lejeune, Calicot, Paris, Arthaud-Montalba, 1984
In: Histoire de l'éducation, N. 26, 1985. pp. 91-94.
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Chassagne Serge. Xavier-Édouard Lejeune. Enquête de Michel et Philippe Lejeune, Calicot, Paris, Arthaud-Montalba, 1984. In:
Histoire de l'éducation, N. 26, 1985. pp. 91-94.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1985_num_26_1_1328critiques 91 Notes
conduit au niveau de la commune. Mais les exceptions ne trouvent
guère d'explications. L'hostilité des grands propriétaires à l'instruc
tion est seulement évoquée. La question de la dispersion de l'habitat
apparaît à plusieurs reprises, sans que soient prises en compte des
différences locales qui doivent bien exister. On peut en dire autant du
climat, du métayage, des revenus et, dans le domaine scolaire, des
avantages attachés aux postes, de la prolongation de la scolarité
après 13 ans (localisée, elle, mais non expliquée), des écoles congré-
ganistes, des influences locales réactionnaires et de la déchristiani
sation.
Ainsi, de nombreuses pistes sont indiquées, mais peu explorées.
Dans sa conclusion, l'auteur s'achemine vers la notion, capitale à
notre avis, de types de scolarité. Avec prudence, il croit pouvoir en
discerner un, qui lie émigration, alphabétisation, déchristianisation et
orientation à gauche. Mais il en existe d'autres certainement. Leur
connaissance aurait permis d'avancer des hypothèses explicatives que
l'auteur se garde bien de formuler. D termine d'ailleurs sur le regret de
n'avoir pu prendre en compte la répartition de la propriété foncière,
la vente des communaux, l'émigration définitive...
Tout en s'associant à ses regrets et en approuvant sa prudence, on
peut se demander si, en bon connaisseur de la Creuse, il ne pouvait pas
aller plus loin. D fallait réunir, au moins pour une date, le maximum
de données concernant l'école et les facteurs qui l'affectent de l'exté
rieur ; ce travail pouvait être fait au niveau des cantons, même si
ceux-ci n'étaient pas homogènes ; une analyse factorielle aurait orga
nisé l'ensemble de ces données et fourni à l'auteur des matériaux plus
faciles à exploiter. Mais les recherches sont longues et le chercheur
souvent isolé . On peut supposer que Daniel Dayen aurait employé ces
méthodes si elles avaient été à sa portée au moment et dans le lieu où
il a entrepris ses recherches.
Jacques GAVOILLE
LEJEUNE (Xavier-Edouard). Calicot, / Enquête de Michel et
Philippe Lejeune. - Paris : Arthaud-Montalba, 1984. 366 p.
Après le Journal de Ménétra (1), voici, dans la même collection,
une nouvelle autobiographie passionnante pour l'historien : celle de
(1) Cf. Histoire de l'éducation, n° 17, décembre 1982, pp. 104-105. 92 Notes critiques
Xavier-Edouard Lejeune, né en 1845, vendeur dans les magasins de
nouveautés à Paris à partir de 1858, d'où le surnom générique de
calicot, que ses descendants ont donné ici pour titre au récit des
«Étapes de sa vie», rédigé entre 1860 et 1868. Premier intérêt
évident : le besoin (physique ? psychologique ? mystique ? en tout
cas, toujours mystérieux) d'écrire et de se raconter, succédané chez
maint enfant des classes populaires de la littérature entr'aperçue en
fin de scolarité primaire (ici Le Génie du christianisme, reçu en prix
de rédaction à 13 ans). La langue de Calicot celle d'un adolescent
de 15-23 ans est d'une pureté et d'une qualité qui font assurément
honneur à ses maîtres, mais révèle aussi la fascination qu'exercent les
« belles lettres » sur les enfants privés de culture littéraire dans leur
milieu d'origine.
L'histoire individuelle de Xavier-Edouard Lejeune est banale et,
à ce titre, exemplaire. Issu d'une liaison rompue aussitôt qu'il fut
conçu (mais il le cache sous une fiction romancée qu'éventent ses
descendants perspicaces), il est élevé par ses grands-parents (papa
Charles, maman Marianne) à Laon. Son grand-père, « droit, loyal »,
lecteur enthousiaste de JJ. Rousseau, indifférent et tolérant en
matière religieuse, vétéran des campagnes de 1813-1815, sa grand-
mère « d'une constitution forte et vigoureuse » , plus affligée « des
malheurs d'autrui que de ses propres peines » , le marquent à jamais.
De cinq à sept ans, il fréquente « l'école enfantine » de Mme Bénit :
une garderie de 8 h du matin à 6 h du soir, d'où il était néanmoins
possible de « s'évader » pour explorer, parfois dangereusement, la
campagne péri-urbaine. A sept ans, le voici à l'école des Frères, rue des
Cordeliers (« une prison »), dont il dresse de mémoire le plan (p. 45).
Chaque élève assis sur de grands bancs sans tables doit acheter les
trois livres, en usage : un abécédaire, un évangile et un recueil de
prières, base de l'enseignement de la lecture, de l'orthographe, de la
morale et de la religion. « Chacun se levait à tour de rôle pour lire
dans son livre ou pour répondre à une question écrite sur le grand
tableau noir ». Si un élève perd un livre (ou se le fait voler, ce qui
arrive à notre héros), il reçoit « une volée de coups de baguette » sur
les doigts et subit un enfermement de plusieurs heures dans la cave.
En 1855, année de l'exposition universelle qu'il voit, sa mère, coutur
ière (une honnête grisette, semble-t-il), le prend avec elle à Paris, et
le met pour quelques mois dans une autre école de Frères, impasse
Saint-Guillaume. « Les heures de la journée se passaient en leçons
de catéchisme, en conférences religieuses auxquelles de petits êtres de
8 à 12 ans ne comprenaient rien, en cantiques chantés par toute la critiques 93 Notes
classe, en prières récitées à genoux sur les bancs le matin en arrivant,
à midi avant de partir déjeuner, à une heure de l'après-midi en ren
trant en classe, le soir avant de quitter l'école » (p. 88). Lorsque sa
mère déménage, il entre pour ses deux dernières années de scolarité à
l'école communale du faubourg Montmartre dirigée par un laïc,
M. Badoureau. Certes, on y fait encore les prières du matin et du soir
« pour obéir au programme dressé par l'Université » , mais on n'y
chante plus de cantiques et l'on épargne aux enfants les fastidieuses
conférences religieuses. « Chose étrange pourtant :les punitions cor
porelles étaient en usage dans cette école comme chez les Frères »
(p. 95). « L'école était divisée en deux classes, la première de cin
quante élèves répartis en trois divisions, et la seconde de cent à cent
vingt élèves en trois divisions (...). Dans la première classe, les
cinq longues tables (avec pupitres) s'alignaient avec leurs bancs dans
toute la largeur de la haute salle largement éclairée par de grandes
fenêtres. Le bureau du maître était placé sur une estrade encadrée
dans une sorte d'alcôve avec un escalier de cinq marches de chaque
côté pour y parvenir. A droite et à gauche de cette tribune étaient
les bureaux des deux moniteurs qui secondaient M. Badoureau pour
l'administration des études (1). Cet ensemble ressemblait à un tribunal
avec président et assesseurs » (p. 96). On aura compris que cette
école, « à peu près unique en son genre » à cette date, applique
encore les méthodes de l'enseignement mutuel, dont Xavier-Edouard
loue les effets. « On y faisait de rapides progrès. Elle était fréquentée
non seulement par des enfants du peuple comme moi, mais encore
par des fils de la petite bourgeoisie et des commerçants » . « Les
leçons de M. Badoureau étaient claires, précises, intéressantes et se
fixaient facilement dans la mémoire même quand il s'agissait de sujets
abstraits » (p. 99). Dans sa douxième année, il suit les cours de caté
chisme, le jeudi, à l'église paroissiale pour préparer sa première com
munion. Mais ce n'est pas pour lui &#

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