Les économistes, le pouvoir politique et l ordre social en France en 1830 et 1851 - article ; n°2 ; vol.4, pg 233-252
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les économistes, le pouvoir politique et l'ordre social en France en 1830 et 1851 - article ; n°2 ; vol.4, pg 233-252

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Histoire, économie et société - Année 1985 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 233-252
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Breton
Les économistes, le pouvoir politique et l'ordre social en France
en 1830 et 1851
In: Histoire, économie et société. 1985, 4e année, n°2. pp. 233-252.
Citer ce document / Cite this document :
Breton Yves. Les économistes, le pouvoir politique et l'ordre social en France en 1830 et 1851. In: Histoire, économie et
société. 1985, 4e année, n°2. pp. 233-252.
doi : 10.3406/hes.1985.1395
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1985_num_4_2_1395LES ECONOMISTES, LE POUVOIR POLITIQUE
ET L'ORDRE SOCIAL EN FRANCE
entre 1830 et 1851
par Yves BRETON
Tous les économistes considérés dans ce travail (1) sont des économistes libéraux.
A cette époque, en effet, seuls les économistes libéraux avaient droit au titre d'économ
istes. Le plus souvent, ils n'occupent qu'une très faible place dans les écrits et les
préoccupations des historiens de la pensée économique. Quand ces derniers les étu
dient, c'est pour montrer leur très grande faiblesse théorique et dénoncer leur très
faible contribution au travail de conceptualisation et de constitution de l'économie
politique. Ces historiens ne manquent pas non plus de souligner les erreurs dans lesquell
es ces économistes se sont fourvoyés. Par exemple, ils ne présentent la théorie de la
valeur énoncée par Frédéric Bastiat que pour en dénoncer les erreurs. De même le
combat de ce dernier contre la théorie ricardienne de la rente foncière ne trouve pas
chez eux d'écho plus favorable.
Si le critère retenu par les historiens de la pensée économique pour qu'un écono
miste figure dans leurs écrits était l'apport de ce dernier au perfectionnement ou au
progrès de l'analyse et des méthodes économiques, tous les économistes étudiés dans
cet essai seraient des éternels oubliés. L'un des objets ultimes de ce texte est de mont
rer que le champ de l'historien de la pensée économique ne devrait pas être défini,
délimité par la stricte application de ce seul critère mais au contraire être
élargi selon les modalités qui resteraient à préciser et dans le détail desquelles nous
n'entrerons pas ici. Un historien de la pensée économique peut-il en effet rester indiffé
rent au fait que tous ces économistes partageaient une conception commune de l'éc
onomie politique qui les conduisait à vouloir jouer un rôle actif et important dans la
vie de la Cité ?
De même peut-il se désintéresser des efforts accomplis par ces derniers en vue de
diffuser d'une manière aussi large que possible leur discours économique ? Enfin ne
doit-il pas chercher les multiples raisons qui ont conduit ces économistes français
dans des discussions essentiellement doctrinales alors qu'à la même époque l'économie
politique se développait dans un esprit beaucoup plus scientifique Outre-Manche ?
Notre réponse à ces diverses interrogations est négative.
Avant de justifier le choix de la période 1 830-5 1 , précisons quels seront les princ
ipaux axes de cette étude sur les économistes, le pouvoir politique et l'ordre social en
1. F. Bastiat (1801-1850) ; A. Blanqui (1798-1854) ; M. Chevalier (1806-1879) ;C Dunoyer
(1786-1863) ;J.Garmer(1813-1881) ; H. Passy (1793-1880) ; P. Rossi (1787-1848). 234 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
France. Nous présenterons d'abord les rôles qu'entendaient jouer ces économistes
ainsi que leurs revendications résultantes relatives à l'enseignement de l'économie
politique dans notre pays. Nous évaluerons ensuite dans quelle mesure ces revendi
cations ont été satisfaites et ces rôles ont été tenus. Nous exposerons finalement
les efforts qu'ils ont réalisés dans le domaine de la diffusion de leur économie poli
tique. Le choix de la période 1830-51 peut étonner. En effet, sa caractéristique majeur
e est son manque d'unité historique. Période de grandes mutations économiques,
sociales, démographiques et surtout politiques, elle peut être subdivisée en trois sous-
périodes très distinctes. La première sous-période commence à la révolution de Juillet
1830. Elle se termine à la révolution de Février 1848 qui marque la fin du régime
orléaniste. La seconde so us -période, très courte, avec cette dernière révo
lution et prend fin lors des journées tragiques de Juin 1848. Quant à la troisième et
dernière période, elle débute à la fin de la période révolutionnaire pour se terminer
par le coup d'État du 2 décembre 1 851 qui annonce l'avènement du Second Empire.
C'est donc une période riches d'événements et de bouleversements qui placent
les économistes qui l'ont traversée (2) dans des situations très différentes. Elle permet
par conséquent de mettre en relief les principales lignes de force de cette recherche.
La délimitation temporelle retenue ne sera pas stricte. Dans la mesure, en effet, où
des considérations extérieures à cette période mais pas trop éloignées cependant
seront utiles au développement de nos idées, elles seront exposées.
Pour comprendre le rôle politique que les économistes français entendaient jouer
entre 1830 et 1851, il nous faut présenter leur conception de l'économie politique
qui était dans une assez large mesure héritée de J.B. Say. Dans la première édition du
Traité d'Economie politique de ce dernier qui paraît en 1803 (3)
était définie comme la science des richesses dont l'objet était précisément d'étudier
la formation, la distribution et la consommation de ces dernières. Dans le Cours comp
let de 1828-30 qui résumait les leçons faites par J.B. Say au Conservatoire des Arts et
Métiers pendant les dix années précédentes on ne retrouvait plus la conception étro
itement chrématistique de l'économie politique exposée dans le Traité. Désormais
l'économie politique était considérée comme la physiologie de la société (4). Cette
dernière conception était sinon clairement formulée du moins déjà présentée dans un
mémoire intitulé Olbie ou Essai sur les moyens d'améliorer une nation, que le même
auteur avait écrit en 1800 afin de prendre part à un concours ouvert par l'Institut.
Concours dont le sujet était : « Quels sont les moyens, quelles sont les institutions
propres à fonder la morale chez un peuple ? » Dans ce mémoire J.B. Say soutenait
l'idée que la politique et la morale devraient être subordonnées à l'économie politique.
C'était une manière habile de montrer au pouvoir politique de l'époque la place et
le rôle que l'économiste devait tenir et jouer dans la vie de la Cité (5). La formulation
et surtout la mise en œuvre de ce principe par J.B. Say dans le cadre du Tribunát lui
valut d'être éliminé de cette institution par Bonaparte !
2. Voir note 1.
3. Du fait de l'opposition du pouvoir napoléonien, la seconde édition du Traité ne paraîtra qu'en
1814.
4. Allix propose une explication de cette évolution in « Méthode de J.B. Say », R.H.D.E.S.,
1911,pp.349-352.
5. Notons que cette position était déjà clairement formulée par Comte et Dunoyer dans les
premiers numéros du Censeur parus en 1 8 1 5-1 6. ÉCONOMISTES, LE POUVOIR POLITIQUE ET L'ORDRE SOCIAL 235 LES
Dans le contexte politique des années 1 830-5 1 , très différent de celui dans lequel
J.B. Say avait vécu et combattu, les économistes formulèrent à la manière de Michel
Chevalier, la même idée que leur illustre prédécesseur :
« L'économie politique est au corps social ce que la physiologie est au corps humain. » (6)
Les économistes, à l'instar de leurs collègues médecins et chimistes recouraient,
ou plus exactement prétendaient recourir de façon systématique à l'observation (7).
Méthode qui leur permettait d'énoncer des vérités incontestables. Quant aux écri
vains socialistes, ils ne procédaient toujours, selon nos économistes, que par pure
imagination et fantaisie et ne pouvaient dans ces conditions énoncer que des doctrines
vagues et indéterminées (8). Lors de son Cours d'économie politique professé au
Co

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents