Un essai de biochronologie à partir de l'évolution dentaire de l'ours des cavernes. Datation du site de La Balme à Collomb (Entremont-le-Vieux, Savoie, France) [Dating of the site of the Balme at Collomb (Entremont-le-Vieux, Savoie, France) : a biochronological attempt based on dental evolution of the cave bear] - article ; n°3 ; vol.6, pg 139-149

Alain Argant

Description

Quaternaire - Année 1995 - Volume 6 - Numéro 3 - Pages 139-149
Les tendances évolutives de la lignée de l'ours des cavernes sont maintenant bien connues. Le site de la Balme à Collomb (Savoie) livre un abondant matériel paléontologique d'ours des cavernes en cours d'étude. Le matériel dentaire - M/1, P4/4 - est utilisé pour une première tentative biochronologique, en particulier l'analyse des P4/4 par la méthode morphodynamique de G. Rabeder. Les résultats de cette étude montrent que l'ours des cavernes de la Balme à Collomb est Ursus spelaeus, typique, mais non encore en fin d'évolution, vivant à une période qu'on peut situer approximativement à 30000 - 35000 ans avant l'actuel. Ces données sont conformes aux datations absolues donnant une fourchette comprise entre 24160 BP et >45200 BP.
The evolutionary tendencies of the cave-bear lineage (Ursus deningeri- > Ursus spelaeus) are now well known, particularly through dental study.
After 6 excavation field expeditions led by Michel Philippe (Museum d'Histoire Naturelle of Lyon), the Balme à Collomb site (Savoie) offers an abundant paleontological material for the study of the cave bear being carried out by the team «Paléontologie» of the Scientific Committee of the Balme à Collomb.
A first tentative dating has been done based on the dental study of M/l and P4/4. As for the fourth premolar teeth the morphodynamic method of G. Rabeder has been used in order to quantify the evolutionary degree through a morphodynamic index.
The results show that the cave bear of the Balme à Collomb is a typical Ursus spelaeus, but not at the end of its evolution, which lived during a period which can be situated approximately at 30,000 - 35,000 BP. These data match absolute datings which give a range between 24,160 BP and > 45,200 BP.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: QUATERNAIRE
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Alain ArgantUn essai de biochronologie à partir de l'évolution dentaire de
l'ours des cavernes. Datation du site de La Balme à Collomb
(Entremont-le-Vieux, Savoie, France) [Dating of the site of the
Balme at Collomb (Entremont-le-Vieux, Savoie, France) : a
biochronological attempt based on dental evolution of the cave
bear]
In: Quaternaire - Volume 6 - Numéro 3-4 - 1995. pp. 139-149.
Résumé
Les tendances évolutives de la lignée de l'ours des cavernes sont maintenant bien connues. Le site de la Balme à Collomb
(Savoie) livre un abondant matériel paléontologique d'ours des cavernes en cours d'étude. Le matériel dentaire - M/1, P4/4 - est
utilisé pour une première tentative biochronologique, en particulier l'analyse des P4/4 par la méthode morphodynamique de G.
Rabeder. Les résultats de cette étude montrent que l'ours des cavernes de la Balme à Collomb est Ursus spelaeus, typique,
mais non encore en fin d'évolution, vivant à une période qu'on peut situer approximativement à 30000 - 35000 ans avant l'actuel.
Ces données sont conformes aux datations absolues donnant une fourchette comprise entre 24160 BP et >45200 BP.
Abstract
The evolutionary tendencies of the cave-bear lineage (Ursus deningeri- > Ursus spelaeus) are now well known, particularly
through dental study.
After 6 excavation field expeditions led by Michel Philippe (Museum d'Histoire Naturelle of Lyon), the Balme à Collomb site
(Savoie) offers an abundant paleontological material for the study of the cave bear being carried out by the team «Paléontologie»
of the Scientific Committee of the Balme à Collomb.
A first tentative dating has been done based on the dental study of M/l and P4/4. As for the fourth premolar teeth the
morphodynamic method of G. Rabeder has been used in order to quantify the evolutionary degree through a morphodynamic
index.
The results show that the cave bear of the Balme à Collomb is a typical Ursus spelaeus, but not at the end of its evolution, which
lived during a period which can be situated approximately at 30,000 - 35,000 BP. These data match absolute datings which give
a range between 24,160 BP and > 45,200 BP.
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Argant Alain. Un essai de biochronologie à partir de l'évolution dentaire de l'ours des cavernes. Datation du site de La Balme à
Collomb (Entremont-le-Vieux, Savoie, France) [Dating of the site of the Balme at Collomb (Entremont-le-Vieux, Savoie, France)
: a biochronological attempt based on dental evolution of the cave bear]. In: Quaternaire - Volume 6 - Numéro 3-4 - 1995. pp.
139-149.
doi : 10.3406/quate.1995.2046
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quate_1142-2904_1995_num_6_3_20466, (3-4), 1995, p. 139-149. Quaternaire,
UN ESSAI DE BIOCHRONOLOGIE
A PARTIR DE L'EVOLUTION DENTAIRE
DE L'OURS DES CAVERNES
DATATION DU SITE DE LA BALME A COLLOMB
(Entremont-le-Vieux, Savoie, France)
Alain ARGANT*
RESUME
Les tendances évolutives de la lignée de l'ours des cavernes sont maintenant bien connues. Le site de la Balme à Collomb (Savoie) livre un
abondant matériel paléontologique d'ours des cavernes en cours d'étude. Le matériel dentaire - M/1, P4/4 - est utilisé pour une première tentative
biochronologique, en particulier l'analyse des P4/4 par la méthode morphodynamique de G. Rabeder. Les résultats de cette étude montrent que
l'ours des cavernes de la Balme à Collomb est Ursus spelaeus, typique, mais non encore en fin d'évolution, vivant à une période qu'on peut situer
approximativement à 30000 - 35000 ans avant l'actuel. Ces données sont conformes aux datations absolues donnant une fourchette comprise entre
24160 BP et >45200 BP.
Mots-clés: Biochronologie, Ursus spelaeus, étude dentaire, analyse morphodynamique, Balme à Collomb, Savoie, France.
ABSTRACT
DATING OFTHE SITE OFTHE BALME AT COLLOMB (ENTREMONT-LE-VIEUX, SAVOIE, FRANCE): A BIOCHRONOLOGICAL
ATTEMPT BASED ON DENTAL EVOLUTION OF THE CAVE BEAR
The evolutionary tendencies of the cave-bear lineage (Ursus deningeri- > Ursus spelaeus) are now well known, particularly through dental
study.
After 6 excavation field expeditions led by Michel Philippe (Museum d'Histoire Naturelle of Lyon), the Balme à Collomb site (Savoie)
offers an abundant paleontological material for the study of the cave bear being carried out by the team «Paléontologie» of the Scientific
Committee of the Balme à Collomb.
A first tentative dating has been done based on the dental study of M/l and P4/4. As for the fourth premolar teeth the morphodynamic
method of G. Rabeder has been used in order to quantify the evolutionary degree through a morphodynamic index.
The results show that the cave bear of the Balme à Collomb is a typical Ursus spelaeus, but not at the end of its evolution, which lived during
a period which can be situated approximately at 30,000 - 35,000 BP. These data match absolute datings which give a range between 24,160 BP and
> 45,200 BP.
Key-words: Biochronology, Ursus spelaeus, dental study, morphodynamic method, Balme à Collomb, Savoie, France.
1 - INTRODUCTION «Paléontologie» du Comité scientifique de la Balme à
Collomb (A. Argant, R. Ballesio, B. Caillât, H. de Cock,
Les tendances évolutives de la lignée de l'ours des M. Philippe, R. Perego, J. Weber) ne fait que commenc
cavernes (Ursus deningeri —> Ursus spelaeus) sont er, mais une première datation biochronologique peut
maintenant bien définies (Prat & Thibault, 1976; Ar- déjà être tentée.
gant, 1991). L'abondance du matériel paléontologique Le matériel dentaire se prête à un essai de datation:
recueilli après six campagnes de fouilles à la Balme à les dents se conservent bien, elles attirent depuis long
Collomb par Michel Philippe et son équipe, présente un temps l'attention des fouilleurs et ce sont elles qui ont
intérêt tout particulier. L'étude du matériel par l'équipe donné lieu au plus grand nombre d'études, souvent les
• A.R.PA, Centre des Sciences de la Terre, Université Cl. Bernard, 27-43, Bd du 11 Novembre, 69622 VILLEURBANNE Cedex.
Manuscrit reçu le OS/03/1995, accepté le 07/11/1995. 140
6 - SEXE, connu si la M/1 appartient à une demi- plus fines. Pour cet essai, j'ai retenu trois dents: la
première molaire inférieure (M/1) et les quatrièmes mandibule qui permet de connaître le sexe par le diamèt
prémolaires supérieure et inférieure (P4/ et P/4), qui re de la canine (fort chez les mâles, nettement plus
apportent toujours de nombreuses informations mor faible chez les femelles) et/ou la morphologie de la
phométriques. branche horizontale (femelle gracile, longue; mâle massive,
Un autre argument, décisif, est à souligner. Plusieurs un peu plus courbe (Argant, 1991, p. 114).
autres sites d'altitude, de découverte récente, dans les
2.12 - Tendances évolutives Alpes (Autriche, Italie, Suisse, France...) laissent espé
rer à l'avenir des comparaisons possibles, d'autant plus
fines que les progrès réalisés dans la standardisation des La lignée évolutive de l'ours des cavernes: U. etruscus
études et dans les données disponibles, augurent d'une ~> U. deningeri ~> U. spelaeus est admise par de
période faste dans la connaissance de l'ours des caver nombreux paléontologistes, même si actuellement un
nes du domaine alpin. Les travaux de G. Rabeder (1983, doute s'installe sur l'origine étruscoïde de cette lignée
1989, 1990, 1991, 1992...) autorisent l'utilisation des (Mazza & Rustioni, 1993). De toute façon, au départ, se
quatrièmes prémolaires comme marqueurs fins de l'évo trouvent les caractères arctoïdes acquis directement ou
lution des Ursidés, en quantifiant le degré évolutif sous indirectement d'U. etruscus. Il est donc parfaitement
possible d'utiliser la M/1 comme moyen de datation en forme d'un indice morphodynamique intégrant les fr
équences des différents types que l'on rencontre toujours comparant les données recueillies à la Balme à Collomb
dans un gisement. L'application de cet indice morpho à celles existantes. Il convient cependant de ne pas
dynamique à plus de 30 gisements d'Europe moyenne, oublier que cela ne peut être tenté que sur un matériel
dont de nombreux sites alpins, lui a permis de disposer suffisant, ce qui est le cas ici. Pour cette première
d'un cadre dont les sites bien datés par les méthodes molaire inférieure on assiste à l'évolution théorique
physico-chimiques constituent la trame. Il est tentant suivante:
* La longueur de la dent croît théoriquement au cours d'appliquer cette méthode à l'ours des ca