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  • cours - matière potentielle : du xviie siècle
  • mémoire - matière potentielle : l' absolution du roi
  • mémoire
  • exposé
  • cours - matière potentielle : du xviie siècle quelques
  • mémoire - matière potentielle : l' abjuration d' henri iv
679 La guerre des statues. Monuments des rois de France et d'Espagne à Rome au XVIIe siècle Diane H. Bodart Universidad de Poitiers Dans son Traité des statuës de 1688, François Lemée consacrait plusieurs pages à la valeur politique des monuments royaux, en particulier dans son chapitre intitulé «Du droit de statuë» qu'il commençait en ces termes: «on reconnoist ordinairement de qui dépent un lieu, soit à l'image du Seigneur qui y est élevée, ou à ses Armes qui y sont attachées»1.
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  • version parisienne de l'estampe romaine reproduisant la colonne de l'esquilin
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Langue Français

Extrait

La guerre des statues.
Monuments des rois de France et d’Espagne à Rome
au XVIIe siècle
Diane H. Bodart
Universidad de Poitiers
Dans son Traité des statuës de 1688, François Lemée consacrait plusieurs pages à la valeur
politique des monuments royaux, en particulier dans son chapitre intitulé «Du droit de statuë»
qu’il commençait en ces termes: «on reconnoist ordinairement de qui dépent un lieu, soit à
1l’image du Seigneur qui y est élevée, ou à ses Armes qui y sont attachées» . Le portrait du roi,
tant figuratif qu’héraldique, signalait par son exposition publique l’identité de celui qui détenait
la légitime juridiction sur le territoire. Dans cette topographie et même, à plus vaste échelle, dans
cette géographie du pouvoir dessinée par l’image, la statue royale, inamovible et constamment
visible, était assurément le comble de l’expression de l’autorité du souverain. Le monument
public, après avoir retrouvé place dans l’espace urbain des villes italiennes à la Renaissance pour
célébrer les vertus guerrières des princes et condottieri, sur l’exemple de l’Antiquité, était désormais
devenu au XVIIe siècle l’apanage des monarques régnants, véhiculant un message de souveraineté
2indépendant de la geste militaire . L’usage de la représentation statuaire qui marquait le territoire
d’un sceau monumental à l’image du roi, était à l’évidence circonscrit aux frontières du royaume.
Il existait toutefois en Europe une exception de taille, une sorte de zone franche qui accueillit au
cours du XVIIe siècle quelques statues de souverains étrangers: Rome. La ville éternelle était alors
dénommée «teatro del mondo» parce que les équilibres et les tensions de la politique internationale
s’y répercutaient sous forme de représentation, dans le cadre du cérémonial pontifical déterminant
3la hiérarchie entre les diverses couronnes . Or sur cette scène arbitrée par le souverain pontife, les
monarques catholiques jouissaient d’un droit à l’image en tant que fils et défenseurs de l’Eglise.
Leurs portraits trouvaient place dans les palais de leurs ambassades, de leurs cardinaux protecteurs
1 * Je tiens à remercier Carlos Hernando Sánchez, pour le soutien de toujours dans mes recherches, et Diana Carrió-
Invernizzi, Bernardo García García et Hendrik Ziegler pour les discussions fructueuses. F. Lemée, Traité des statuës, Paris,
1688, p. 324 (éd. par D. H. Bodart et H. Ziegler, Weimar, sous presse).
2 U. Keller, Reitermonumente absolutistischer Fürsten. Staatstheoretische Voraussetzungen und politische Funktionen,
Diss., München-Zurich, 1971; H. W. Janson, “The Equestrian Monument from Cangrande della Scala to Peter the
Great”, in id., 16 Studies, New York, 1973, p. 157-188; V. Bush, The Colossal Sculpture of the Cinquecento, Ph. D., New
York-London, 1976; L. Seelig, “François-Gaspard Adams Standbild des Feldmarschalls Schwerin”, in Münchner Jahrbuch
der bildenden Kunst, 3e série, XXVII, 1976, p. 155-198.
3 G. Signorotto et M. A. Visceglia (éd.), La corte di Roma tra Cinque e Seicento “Teatro” della politica europea, Roma,
1998; M. A. Visceglia, La città rituale. Roma e le sue cerimonie in età moderna, Roma, 2002.
679Diane H. Bodart
et de leurs alliés parmi la noblesse romaine, mais encore dans les dépendances de leurs églises
et couvents nationaux. Ils pouvaient même être exposés en public, dans l’espace consacré des
4églises ou sur les façades et les places urbaines à l’occasion de fêtes profanes ou religieuses .
5Mais il s’agissait habituellement de tableaux ou d’images éphémères , à la visibilité maîtrisée. Au
cours du XVIIe siècle, les deux principaux acteurs sur cet échiquier d’envergure internationale, à
savoir les rois de France et d’Espagne, parvinrent pourtant à positionner durablement des statues,
non sans soulever entre eux d’interminables conflits qui devaient d’ailleurs remarquablement
inquiéter l’autorité pontificale.
François Lemée était d’ailleurs parfaitement avisé du droit au monument public auquel
6son souverain, Louis XIV, pouvait aspirer sur le sol romain . La raison d’être de son traité, qui
reconstituait l’histoire de la statuaire depuis les origines de la création divine jusqu’à ses jours,
n’était autre que de justifier l’inouï colosse de bronze doré du Roi Soleil érigé deux ans plus tôt
à Paris sur une place créée à cet effet la place des Victoires. Ce monument n’était à son sens
ni un signe d’orgueil, ni une incitation à l’idolâtrie, contrairement à ce que prétendaient ses
7détracteurs, au sein de la cour comme dans les franges protestantes en exil . Il s’inscrivait en fait
dans la plus pure tradition des monuments honorifiques développée depuis l’Antiquité, ne s’en
distinguant que par sa qualité d’incomparable exemplum, tant par son admirable conception que
par l’excellence des vertus de son inestimable modèle. Parmi les différents exemples modernes
mentionnés pour appuyer ses propos, Lemée cite une «statue équestre» d’Henri IV dressée à
8Rome «sous le portique» de Saint-Jean-de-Latran, «à cause qu’il avoit abjuré l’heresie» . Sur la
base de cet illustre précédent, il appelait de ses vœux l’érection dans la ville éternelle d’un pareil
monument en l’honneur de Louis XIV qui avait le mérite bien plus grand d’avoir «destruit
l’heresie», par la révocation de l’édit de Nantes en 1685.
En réalité, Lemée avait opéré une double confusion. L’absolution d’Henri IV par le pape
Clément VIII Aldobrandini avait certes donné lieu à un monument commémoratif, mais il
s’agissait d’une petite colonne honorifique, couronnée d’une croix fleurdelisée, soutenant de part
9et d’autre deux figures de bronze, le Christ en croix et la Vierge de l’Immaculée Conception .
Erigée en 1595 sous un édicule face à l’église Saint-Antoine de l’Esquilin, d’obédiance française,
4 D. H. Bodart, “Enjeux de la présence en image. Les portraits du roi d’Espagne dans l’Italie du XVIIe siècle”, in
The Diplomacy of Art. Artistic Creation and Politics in Seicento Italy, éd. par E. Cropper, Bologna, 2000, p. 77-99; id., “I
ritratti dei re nelle collezioni nobiliari romane del Seicento”, in La nobiltà a Roma in età moderna, éd. par M. A. Visceglia,
Roma, 2001, p. 307-352; id., “Le portrait royal sous le dais. Polysémie d’un dispositif de représentation dans l’Espagne
et dans l’Italie du XVIIe siècle”, in Arte y Diplomacia de la Monarquía Hispánica en el siglo XVII, éd. par J. L. Colomer,
Madrid, 2003, p. 89-111; id., “Vebreitung und Zensierung der Königlichen Porträts im Rom des 16. und 17. Jahrhun-
derts”, in Vorträge aus dem Warburg-Haus, 8, 2004, p. 1-67.
5 Parfois de taille colossale, telle la statue équestre du roi des Romains Ferdinand III, apparue au sein d’une machine
de feux d’artifice lors des fêtes données sur la place d’Espagne en l’honneur de son couronnement en 1637; M. Fagiolo
dell’Arco, Corpus delle feste a Roma/ 1. La festa barocca, Roma, 1997, p. 289-294.
6 Sur la stratégie de représentation monumentale développée par les rois de France à Rome au XVIIe siècle, voir D.
Erben, Paris und Rom. Die staatlich gelenkten Kunstbeziehungen unter Ludwig XIV., Berlin, 2004, p. 219-291.
7 H. Ziegler, “Le demi-dieu des païens. La critique contemporaine de la statue pédestre de Louis XIV”, in Place des
Victoires. Histoire, architecture, société, éd. par I. Dubois, A. Gady et H. Ziegler, Paris, 2003, p. 49-65.
8 Lemée, Traité des statuës, cit. (n. 1), p. 315, 351.
9 Bodart, Verbreitung und Zensierung, cit. (n. 4), p. 10-12; Erben, Paris und Rom, cit. (n. 6), p. 222-223.
680LA GUERRE DES STATUES. MONUMENTS DES ROIS DE FRANCE ET D’ESPAGNE...
elle se trouve depuis les rénovations urbaines des années
1880 dans la cour latérale de la proche basilique de Sainte-
Marie-Majeure. De façon fort significative, la cour de France
fut rapidement informée de l’inauguration de ce monument,
grâce à l’envoi d’une estampe de Philippe Thomassin (fig. 1),
commandée par le vicaire de Saint-Antoine, Charles Anisson,
10qui avait largement contribué à la réalisation du projet . La
gravure fut immédiatement traduite à Paris par Jean Leclerc
(fig. 2), non sans apporter des modifications substantielles.
La planche romaine, portant le visa du Saint-Siège, reproduit
les épigraphes du piédestal qui soulignent que la colonne fut
dressée «ad memoriam absolutionis Henrici IV». Elle insiste
d’ailleurs sur ce message

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