Du même auteur................................................
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Les dits de l’ensoleillée vive
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En prémices de joie je voudrais t’apporter des brassées de froment et des jonchées d’oiseaux dans l’herbe des collines des rires dans les arbres et des couloirs d’eau de mon enfance des prairies de soleil des profondeurs de calme et des parfums
Ô des parfums
À l’aube des rencontres je veux quérir pour toi les brumes tièdes et le rythme du vent des cieux lavés emplis d’envols de grives de rutilants fossés des myrtilles des prêles de la houlque laineuse des écorces fleuries et des chants Ô des chants
Un vent gonfle les jours
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Marie-Pascale Jégou
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N’éveillez pas mon amour avant l’heure je saurai bien attendre un peu à pas de loup je vaquerai en la demeure mettrai la table ferai le feu et broderai la nappe à jour
Il a fauché le blé les barbes des épis à ses cheveux sont emmêlées n’éveillez pas mon roi sur son lit de froment je saurai bien attendre encore un peu de temps
J’ai à faire de la cave au grenier brebis malade à bercer barrière du pré qui ne ferme Ah ! ne vous hâtez point empressées mes mains cueillant les roses au mur et rajustez la longe des bœufs roux brûlantes qu’avez-vous ? paix je vous prie qui versez le lait dans la bergerie
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Les dits de l’ensoleillée vive
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Cœur qui ne se peut contenir pauvre cheval emballé vaisseau sur la mer en délire milliard de roses empourprées que n’allez-vous boire à la source glacée
J’y vais ! j y cours ! mais s’il allait se réveiller ’ pour peu que je m’encoure au pré trouver la table mise déserte la demeure je viens j’arrive je suis là Ô mes jambes de laine ne me trahissez pas Je sais que mon soleil sur sa couche de blé entrouvre ses yeux purs
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Marie-Pascale Jégou
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Ô douceur me vient de la lumière je voudrais la crier dans les rues
Mais passants je suis folle allez votre chemin ne suis qu’une femme en liesse
Les choses sont trop belles trop plein de nos enfances le chant fou des grillons trop lourd le poids de gloire qui pèse dans mon corps
Ne me regardez plus Ne suis qu’une femme dont le sein trop menu renferme un océan
S’il tangue mon esprit vous qui ne le supportez entourez d’un treillis la trop soûle espérance qui me force à danser
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Les dits de l’ensoleillée vive
Trouvez-moi la colline où je puisse crier le nom que prend l’amour quand il touche l’aimée
Des forêts s’ajoutent aux forêts l’incendie va tout prendre passants qui le savez creusez pour mon salut des feux de reculée