Un mythe oublié (2010)
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Un mythe oublié « Quelle que soit la quantité de vin ou d'hydromel que tu auras bu, un homme doit toujours se montrer digne et marcher droit ». Ce fut ainsi le précepte de Dionysos tout au long de sa vie. Je vais donc vous conter un mythe oublié. Le mythe de l'ascension de Dionysos au trône divin parmi le Panthéon de l'Olympe. Car cette histoire, plus qu'un mythe banal, nous dévoile la vraie nature de Dionysos, simple berger du Péloponnèse, fils de Diocléos. Cette histoire commence malheureusement d'une façon peu abordable, car peu reluisante pour les Dieux de l'Olympe. C'était un soir d'été où le travail avait été des plus accablants sous un soleil de plomb. En l'absence de son père, Dionysos, du haut de ses vingt printemps, rentrait le troupeau dans le bergerie quand soudain, il entendit de bruyants meuglements. Des meuglements dans une bergerie? Quelque chose ne tournait pas rond. Dionysos, svelte et courage, se précipita dans la bergerie avec son lourd bâton de bois. Ce qu'il y vit le stupéfia. Un taureau ailé en rut montait à califourchon sa sœur ainée, Aspasie. La colère succédait à la stupéfaction de cette découverte improbable. Armée de son seul bâton, il s'apprêtait à frapper le gigantesque taureau ailé, trop occupé à satisfaire ses pulsions, quand un grand fracas retentit, accompagné de hurlements à vous glacer le sang. - Zeus! Je vais t'apprendre à fricoter avec de simples mortelles! beugla une voix tonitruante.

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Publié le 11 avril 2013
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Langue Français

Extrait

Un mythe oublié
« Quelle que soit la quantité de vin ou d'hydromel que tu auras bu, un homme doit toujours se montrer digne et marcher droit ».
 Cefut ainsi le précepte de Dionysos tout au long de sa vie. Je vais donc vous conter un mythe oublié. Le mythe de l'ascension de Dionysos au trône divin parmi le Panthéon de l'Olympe. Car cette histoire, plus qu'un mythe banal, nous dévoile la vraie nature de Dionysos, simple berger du Péloponnèse, fils de Diocléos. Cette histoire commence malheureusement d'une façon peu abordable, car peu reluisante pour les Dieux de l'Olympe.
 C'étaitun soir d'été où le travail avait été des plus accablants sous un soleil de plomb. En l'absence de son père, Dionysos, du haut de ses vingt printemps, rentrait le troupeau dans le bergerie quand soudain, il entendit de bruyants meuglements.
 Desmeuglements dans une bergerie? Quelque chose ne tournait pas rond. Dionysos, svelte et courage, se précipita dans la bergerie avec son lourd bâton de bois. Ce qu'il y vit le stupéfia. Un taureau ailé en rut montait à califourchon sa sœur ainée, Aspasie. La colère succédait à la stupéfaction de cette découverte improbable. Armée de son seul bâton, il s'apprêtait à frapper le gigantesque taureau ailé, trop occupé à satisfaire ses pulsions, quand un grand fracas retentit, accompagné de hurlements à vous glacer le sang.
- Zeus! Je vais t'apprendre à fricoter avec de simples mortelles! beugla une voix tonitruante.
 Jefus encore plus abasourdi quand le taureau ailé se mit à parler sur un ton précipité :
- Que l'Olympe me vienne en aide, ma femme! Désolé ma belle, il va falloir que je m'envole vers d'autres cieux pour échapper à son courroux, je te conseille d'en faire de même avec le jeune homme qui se trouve ici.
 Etsur ce fait, le taureau ailé prit son envol après avoir défoncé le mur de la bergerie d'un coup de cornes qui valait bien son coup de reins. Sans plus attendre, Dionysos saisit la main de sa sœur qui restait figée de stupéfaction, et l'entraînait dans le plus simple appareil hors de la bergerie pour échapper à la colère de la plus puissante des déesses de l'Olympe.
 Apeine furent-ils éloignés de la bergerie que celle-ci fut réduite à néant par de vives flammes rouges, couleur de la colère de la Déesse. Mais ce n'était pas le moment de s'attendrir, et Dionysos poursuivit son chemin, traînant sa sœur qui avait du mal à avancer sans ses cothurnes.
 Maisquand un jour de déveine frappe, c'est pour toute la journée. Alors qu'ils s'enfonçaient dans la forêt, ils atterrirent dans un camps de brigands. Les trois affreux se retournèrent brusquement, couteaux en mains. Il fallait réagir rapidement avant de se voir tailler joliment de beaux colliers à la dernière mode de la forêt. Dionysos tenta donc le tout pour le tout, dans un dernier élan de désespoir.
- Messieurs! Je vous cherchais ardemment! Vous avez face à vous un fervent admirateur de vos brigandages héroïque. Votre renommée étant telle qu'elle vous interdit tout plaisir dans
les villes. J'ai donc pensé à vous offrir un peu de bon temps, dit-il en tirant sur le devant de la scène sa sœur, provoquant une réaction unanime juste en dessous de la ceinture.
 Brigandne rime pas avec sot ou attrape-nigaud, mais à la vue de cette scène, nous serions tentés de le croire. C'est ainsi que les frère et sœur se tirèrent de cette situation fâcheuse, mais ce fut aussi à ce moment-là que Dionysos nourrit sa future vengeance et que germa dans son esprit son plan machiavélique à la réalisation de celle-ci.
 Nousretrouvâmes donc six mois plus tard Dionysos dans une fructueuse affaire à Delphes. En effet, il tenait dorénavant le lieu de plaisir le plus convoité de la ville, et même peut-être de Grèce, ce qui équivalait au plus convoité du monde. Orgies, théâtre, musique. Dionysos était devenu le chef d'orchestre de tout cela, mêlant faste et débauche. L'emblème de la réussite de son établissement n'était autre que sa sœur, désirée par tout homme sensé (sans vouloir vous offenser, je n'ose point décrire sa beauté, de peur que vous me coupiez l'herbe sous mes pieds).
 Maisles créatures divines à «L'auberge des Dieux» de Dionysos était chose courante, tout comme les flots de vin plus savoureux les uns que les autres. L'attention de Zeus, Dieu des Dieux, mais dieu lubrique, ne pouvait que finir par être attiré par cette étoile dans les terres grecques. Ce fut donc inévitable de retrouver Zeus dans mon histoire à cet endroit, entouré des plus belles créatures possibles qui pinaillaient sur les boucles blanches de ses cheveux et son infinie barbe. L'apparence de ce dernier était donc plus appropriée que notre dernière fois où nous l'avions quitté. Néanmoins, la situation n'en était que plus... gênante pour un dieu, surtout pour le Dieu suprême de l'Olympe. Entouré d'un harem digne de l'empereur perse, celui-ci tenait dans une main une amphore à moitié pleine (soyons optimistes) que venait régulièrement changer Dionysos lui-même. Devant Zeus dansait langoureusement Aspasie, vêtue d'une gaze des plus légère, ce qui ne faisant qu'émoustiller Zeus un peu plus qui baladait sa main libre un peu partout dans son harem et qui se mit à enchaîner les chansons paillardes de hautes volées.
 Lasituation remplissait d'une joie perverse notre principal protagoniste. Voir Zeus ivre mort dans une situation de débauche n'était que la première partie de son plan, mais cette première réussite le convainquit que l'ambition de son projet était réalisable.
 Poussépar sa jubilation, Dionysos poursuivit son plan que vous trouverez forcément génial à la lecture de celui-ci. Il commença donc à marmonner quelques prières dans un murmure inaudible. Mais sa voix devint de plus en plus forte. A l'écoute de ses prières, je compris soudainement qu'il sollicitait la présence de Héra, femme de Zeus, en tentant de l'invoquer en exposant ses raisons dans un mélange de dévotions. Peu intéressée par les affaires bassement terrestres, Héra mit du temps à écouter cette invocation, mais devant l'insistance de celle-ci et surtout devant l'absence de son mari de l'Olympe, elle finit par y prêter attention, treize jours après le début des prières de Dionysos à son égard.
 Cefut une déesse revêche qui atterrit donc devant Dionysos, dans la piécette attenante à l'auberge. Ce dernier ouvrit les yeux dans un sourire sardonique mais néanmoins surpris de voir ses prières exaucées. Qui pouvait se vanter d'avoir réussi à faire venir une déesse, et pas la moindre?
- Que me veux-tu, mortel?! demanda impérieusement la déesse dans une humeur noire.
- Ma dame ! Me voilà honoré de votre divine présence, répondit-il dans une révérence non feinte. Je sollicitais votre présence afin de résoudre un problème épineux. J'ai cru comprendre que vous êtes exaspérée des incartades de votre mari. Il va de soi que je suis
de tout cœur avec vous. J'aurais donc une solution à vous proposer en échange de cette occasion exceptionnelle que je vous offre pour régler vos problèmes conjugaux.
 - Et bien, parle, mortel! Que voudrais-tu obtenir de moi?
- Je souhaiterais, ainsi que ma sœur, acquérir la divinité et votre pardon pour une mésaventure passée, lâcha-t-il obséquieusement.
- Comment!? Mais c'est inacceptable!
- Au contraire, cela me semble peu cher demandé face au respect que vous allez pouvoir obtenir de vos fidèles serviteurs que nous sommes mais aussi de l'Olympe en montrant que l'on ne brave pas le pacte sacré du mariage.  Héraréfléchit un instant, mais elle lâcha bien vite les négociations, trop désireuse de faire respecter sa loi dans son couple. - Soit. Je suis disposée à vous offrir divinité et pardon. Où est-il?  - Le voilà occupé depuis treize jours dans l'auberge, ivre mort et entouré de jeunes filles.  Ivrede fureur, ce fut ainsi que Héra débarqua dans l'optique d'infliger une correction retentissante à son époux infidèle. Mais lorsqu'elle aperçut Aspasie, elle ne put retenir une exclamation de stupeur. - Toi!  Surle coup, je me suis bien dis que le plan de Dionysos tombait à l'eau, mais celui-ci intervint promptement, alors que Zeus ne reconnaissait toujours pas sa femme, l'alcool clapotant dans ses oreilles et embrumant sa vision divine : - Ma Dame! Tenons-en nous à notre accord. J'ai demandé votre pardon, vous nous l'avez donné, j'ose espérer que vous n'avez qu'une parole. Il se trouve que ce jour-là, jour terrible pour nous tous, la frénésie de votre époux apparaissait comme indomptable, ma sœur ne put s'opposer à ses désirs. - Il n'y a aucune excuse pour ce qu'elle a fait. Éprouver un quelconque plaisir charnel avec mon époux à ma place est impardonnable. Je vais réduire en cendre cette petite dinde! - Non! N'en faites rien! Regardez-là! Ne voyez-vous pas qu'elle ne peut faire ombrage à votre éblouissante beauté et majesté? Elle me paraît bien pâle devant votre grâce astrale.  Abeau flagorneur, résultat prometteur. Voilà que Héra, déesse peu guillerette mais coquette, changea de facette devant cette argumentation de poète.
- Mon brave, me voilà charmé par vos excuses que je devine sincères. Je vais donc me montrer miséricordieuse à votre égard et à celui de votre pauvre sœur, qui a eu bien des malheurs.
 Etvoilà que toute sa frustration se reporta dans une puissante détonation sur son mari ivre, qui allait devoir survivre à l'ire de son épouse des plus jalouses. Qu'à cela ne tienne, on remarquait beaucoup de tendresse de cette punition infligée avec affliction. Réveillé par la détonation, Zeus en était tout désorienté quand il sentit sa toge brûler. Mais cela n'avait que pour but de dévoiler impudiquement la puissance, ou plutôt l'impuissance, du Dieu des Dieux au pieu (vous m'excuserez, je n'ai pu m'en empêchez).
Cette franche rigolade n'avait aucune chance de figuré dans un récit tel l'Illiade, c'est pourquoi ce mythe tomba dans l'oubli, jusqu'à ce jour où je vous en fais grâce. Zeus fut couvert de ridicule à l'image de ses testicules, et je vous le livre sans scrupule.
 Maisce fut aussi l'occasion où Dionysos et Aspasie obtinrent leur divinité. L'un devint le Dieu de la vigne, du vin et de ses excès ainsi que du théâtre et de la tragédie. L'autre 1 devint la Déesse des plaisirs charnels , chose moins glorieuse, mais tout ne pouvait pas être pardonné par Héra.
 Etc'est aussi depuis ce jour que le nombre treize devint maudit et porta malheur en de nombreuses circonstances.
 Maisplus important depuis cette mésaventure, un nouveau précepte fut enseigné parmi les Dieux de l'Olympe, quelle que soit la quantité de vin ou d'hydromel que tu as bu, un dieu doit toujours se montrer digne et marcher droit.
1 A noter qu'Aspasie n'est pas une déesse dans la mythologie. Il s'agit en fait de la très connue amante de Pline le Jeune, elle est donc surtout un symbole pour les « courtisanes ».
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