Le livre en Europe centrale
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En avril 2003, Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture et de la communication, a demandé à Alain Grund d'étudier la place du livre dans les pays d'Europe centrale qui vont intégrer l'Union européenne en 2004. Cette étude a pour objectif, non seulement d'analyser la position et l'influence du livre français, et les échanges de droits et de coéditions, mais aussi d'envisager les moyens qui en permettraient le développement. Il s'agit enfin, plus généralement, d'examiner la situation du livre dans les pays en cause et l'action des gouvernements nationaux pour en favoriser l'amélioration, cette action pouvant être éventuellement appuyée par une coopération avec les professionnels et les pouvoirs publics français. Le rapport aborde successivement : les exportations de livres français vers les pays d'Europe centrale, les échanges de droits entre la France et les pays d'Europe centrale, l'état général du marché du livre. Il est complété par une série d'annexes.

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Publié par
Publié le 01 septembre 2003
Nombre de lectures 16
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Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

LE LIVRE EN EUROPE CENTRALE
En avril 2003 Monsieur Aillagon, Ministre de la Culture et de la Communication, a demandé à l’auteur du présent rapport d’étudier la place du livre dans les pays d’Europe centrale qui intègrent la Communauté Européenne. Cette étude a pour objectif, non seulement d’analyser la position et l’influence du livre français, et les échanges de droits et de coéditions, mais aussi d’envisager les moyens qui en permettraient le développement. Il s’agit enfin, plus généralement, d’examiner la situation du livre dans les pays en cause et l’action des gouvernements nationaux pour en favoriser l’amélioration, cette action pouvant être éventuellement appuyée par une coopération avec les professionnels et les pouvoirs publics français.
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La question posée recouvre trois aspects : 1. Les exportations des livres en français vers les pays considérés. 2. Les échanges de droits entre la France et ces pays. 3. L’état général du marché du livre. L’analyse détaillée se limitera, pour la présente étude, aux trois pays principaux du groupe considéré : – la Pologne – la République tchèque – la Hongrie Ces trois pays représentent en effet, et de loin, ceux dont l’intérêt est le plus grand, tant en termes de population que d’activité éditoriale nationale. Dans ces pays, la créativité éditoriale est à la mesure des attentes d’un public extrêmement motivé par la lecture. Cela n’empêche pas les difficultés. En outre, et c’est sans doute le plus important, l’analyse a montré que les situations des autres pays d’Europe centrale entrant dans la communauté européenne (la Roumanie est donc exclue du champ de l’étude) sont très similaires, pour ne pas dire identiques. La documentation disponible est assez riche encore que disparate. Elle a été complétée par une série d’entretiens avec des intervenants, français et étrangers, publics et privés. On signalera à cet égard l’aide spontanée et souvent enthousiaste qui a été apportée de divers côtés, ce qui, s’il en était besoin, montre bien l’importance d’un sujet qui passionne ceux qui l’abordent, acteurs incontournables d’une évolution lente et complexe.
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1. Les exportations de livres français vers les pays d’Europe centrale.
Leur volume est évidemment étroitement lié à la connaissance et à la pratique de la langue française. Ici comme ailleurs, la langue anglaise a pris la première place, au détriment du russe qui fait souvent aujourd’hui l’objet d’une réaction de rejet. L’allemand et le français viennent respectivement en deuxième et troisième position, mais les deux langues sont à l’évidence en perte de vitesse. Le développement de l’apprentissage de la langue ne fait pas partie de la mission confiée et son étude nécessite des compétences qui ne sont pas celles du signataire de la présente étude. On peut cependant, à ce niveau, risquer quelques remarques.
Le rôle de nos Instituts culturels.
Le français est généralement considéré comme une langue de haute culture. L’image diffusée par nos centres culturels à l’étranger paraît aller dans ce sens. Un travail considérable est accompli par les responsables des ces centres. Les bibliothèques des centres constituent à la fois la base et le point de ralliement, notamment des chercheurs. Les efforts accomplis pour les doter doivent évidemment être poursuivis. Les publications des centres sont également importantes et généralement de bonne qualité. Elles diffusent plus largement résultats de recherches, textes d’auteurs nationaux en français, bref donnent vie aux échanges. Beaucoup de nos centres culturels organisent ou soutiennent des cours de français pour adultes qui s’adressent à un public généralement motivé par des besoins professionnels. Enfin, les centres organisent des animations appréciées, par exemple à l’occasion de visites d’écrivains ou de chercheurs français.
Peut-on élargir l’apprentissage de notre langue ?
Mais tout ceci s’adresse à un public déjà acquis à la francophonie ou simplement à la francophilie qui en est le préalable. Le problème est d’étendre ce public, ce qui déjà pose la question de l’apprentissage de la langue au niveau de l’enseignement secondaire. Comment faire naître, chez les enfants et leurs parents, le désir d’apprendre le français ? L’anglais – en dehors de son apparente facilité – paraît aujourd’hui indispensable à toute carrière internationale, pour ne pas dire à toute
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carrière tout court. C’est son côté utilitaire qui séduit, dans des pays où la partie la plus dynamique de la population, rêve de s’enrichir. La langue allemande faisant finalement l’objet de la même désaffection (même si sa position en Europe centrale demeure plus importante que celle du français pour des raisons historiques et géographiques), on pensera ici aux réflexions menées à ce sujet au sein du Haut Conseil Culturel Franco-Allemand. L’intégration européenne doit mener à un développement des échanges économiques. Or ces échanges sont beaucoup plus simples et efficaces s’ils se déroulent dans la langue de l’un des partenaires. Des entreprises industrielles françaises sont présentes en Europe centrale. Elles peuvent constituer des forces d’attraction non négligeables. C’est déjà souvent le cas, on connaît des exemples intéressants de coopération entre les chambres de commerce à l’étranger et les instituts français, vecteurs incontournables de ce type d’activité. Le message à faire passer est économique autant que culturel. Les jeunes adultes le comprennent vite, et si l’on se souvient de ce qu’en France une majorité d’étudiants d’HEC apprennent l’allemand, on peut rêver que dans l’école d’administration des entreprises récemment créée en Pologne la place du français – et de l’allemand, tant il est vrai que dans ce domaine comme dans d’autres il paraît intéressant que nous nous n’avancions pas seuls – ne serait pas oubliée. La réciprocité étant le maître mot du développement des échanges, il ne serait pas inutile de sensibiliser nos expatriés à l’intérêt que présente tôt ou tard pour eux la connaissance de la langue de leurs partenaires économiques. Il est à noter dans ce domaine que c’est précisément ce que font certains centres culturels qui organisent pour les Français expatriés des cours de langue locale.
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2. Les échanges de droits entre la France et les pays d’Europe centrale.
Les limites de l’analyse statistique.
Tous les professionnels consultés affirment que les courants de vente et d’achat de droits de traduction sont loin d’être en perte de vitesse. Ceci dément certaines statistiques, et s’il est possible de renforcer leur fiabilité du côté français, il n’existe finalement rien de fiable « en face. » Cette fiabilité est nécessairement mise en cause lorsque – c’est et, heureusement, cela sera de plus en plus le cas – des entreprises françaises créent des filiales dans les pays considérés. Leur production, pourtant de plus en plus importante, cesse d’être comptabilisée comme une « exportation française ». Pour ne prendre que l’exemple d’un pays, la Pologne, Hachette et Larousse Polska, et les sociétés « Noir sur Blanc »  sont considérées par les statistiques, à juste titre, comme des éditeurs polonais.
L’aide à la traduction.
Les littératures nationales bénéficient de part et d’autre d’un prestige certain. Les implantations en Europe centrale de nos Ambassades jouent ici, comme on l’a vu plus haut à propos des centres culturels, un rôle essentiel par les programmes d’aide à la publication.De la note,très complète, établie par les Services du MAE, et qui est reproduite en annexe, on extrait notamment le passage ci-après : « Le deuxième axe principal de notre action,est constitué par les Programmes d’Aide à la Publication (P. A. P.) qui, en encourageant les traductions et en supprimant ainsi l’obstacle de la nécessaire connaissance de la langue française, permettent de s’adresser à un plus large public. Consistant en des aides locales à l’édition versées par les SCAC et la prise en charge des droits de traduction sur crédits centraux par le Département – aides qui peuvent ou non s’additionner – (sans oublier les aides à la traduction du CNL) les P.A.P. sont un élément essentiel de notre coopération et de la diffusion de la pensée française contemporaine. Grâce à ces P.A.P., nos services culturels peuvent mettre en œuvre une politique à long terme de soutien à des éditeurs locaux qui s’engagent, eux aussi, dans une politique de publication d’auteurs français ou francophones, en priorité du XXe siècle. Face à une édition locale qui se caractérise souvent par une multiplicité de petites maisons d’édition (conséquence de la libéralisation qui a suivi la fin des régimes communistes) un marché restreint, de faibles tirages, un manque de traducteurs compétents (notamment dans les Pays baltes) et la prédominance des traductions de publications d’origine anglaise, nos P.A.P. constituent un soutien indispensable pour les éditeurs locaux. D’importance variée selon l’ancienneté de leur création et les moyens dont disposent nos SCAC, les P.A.P. s’intéressent à tous les secteurs de l’édition avec une priorité toutefois pour la littérature, les sciences humaines et sociales, la philosophie.» En matière de cessions de droits, on remarque chez les éditeurs l’existence de part et d’autre de spécialistes de la langue et de la
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littérature des partenaires, qui connaissent bien ce qui se passe « en face » et sont manifestement passionnés par leur rôle de « passeurs de la culture. »
Aller plus loin ?
Il existe peut-être deux moyens pour développer les échanges des droits au-delà de ce cercle de spécialistes. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agira de briser la barrière de la langueavant négociations de les cessions, là où les programmes existants aident à la traduction d’ouvrages déjà cédés.
La méthode habituelle.
Première possibilité : la réalisation de brochures présentant de façon homogène un certain nombre de titres édités par des éditeurs français. Une demi-page par titre au maximum doit permettre de présenter un auteur et un titre. Ce type de brochures existe, sinon en France, du moins dans un certain nombre de pays. Nos partenaires manifestent souvent, sur ce plan, un dynamisme incontestable. L’Institut Adam Mickiewicz par exemple publie de telles brochures, et offre d’ailleurs un programme d’aide à la traduction. Là aussi, lorsque les négociations ont abouti… Il conviendrait de travailler en amont, en indiquant clairement la liste des titres dont les droits sont disponibles. Il faut le fairedans la langue du pays visé. Les Polonais ne s’y sont pas trompés : leurs publications qui nous sont destinées sont en français. En effet on a trop souvent tendance à considérer que, puisque « tout le monde parle anglais », on peut se contenter de brochures publiées dans cette langue. C’est faux : si les dirigeants d’entreprise et certains habitués de l’international pratiquent en effet l’anglais, et souvent le maîtrisent mal, les responsables littéraires, eux, ne le possèdent pas suffisamment pour saisir dans cette langue toutes les finesses d’un texte, ( qui plus est, préalablement plus ou moins bien traduit du français !)
Une action plus directe.
Cette démarche collective n’est peut-être pas assez directe. On pourrait lui préférer de petits dossiers individuels, présentant en quelques pages : – le sujet et le plan de l’ouvrage, – le ou les auteurs, – un ou plusieurs extraits du texte du livre. La traduction dans la langue du pays visé doit être impeccable. A défaut d’un traducteur de qualité proposé par l’éditeur, l’organisme qui aiderait à
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