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Publié par | bibebook |
Publié le | 14 janvier 2013 |
Nombre de lectures | 26 |
EAN13 | 9782824710600 |
Licence : |
En savoir + Paternité, partage des conditions initiales à l'identique
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Langue | Français |
Extrait
LÉON BOU RGEOIS
SOLI D ARI T É
BI BEBO O KLÉON BOU RGEOIS
SOLI D ARI T É
1902
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1060-0
BI BEBO OK
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ÉDI T EU RS
ajouter à cee 3 ᵉ é dition de Solidarité le
rapp ort présenté p ar M. Lé on Bour g e ois au Congrès d’Éduca-N tion So ciale de l’anné e 1900, et un compte-r endu des
discussions qu’il a eu à soutenir dans deux sé ances de ce Congrès.
Il nous a p ar u intér essant de compléter , p ar ces App endices, le liv r e
qui a été sur le p oint de dép art de sa do ctrine , afin qu’ on puisse se r endr e
compte des dé v elopp ements nouv e aux qu’ elle a pris dans l’ esp ace de
quelques anné es.
n
1SOLI D ARI T É
solidarité n’ est entré que depuis p eu d’anné es dans le
v o cabulair e p olitique . A u milieu du siè cle , Bastiat et Pr oudhonL ont bien ap er çu et signalé les phénomènes de solidarité « qui
se cr oisent » dans toutes les asso ciations humaines. Mais aucune thé orie
d’ ensemble ne s’ est dég ag é e de ces obser vations ¹ ; le mot, en tout cas,
ne fit p as fortune , et Liré , en 1877, ne donne encor e de ce ter me , en
dehor s des acceptions juridique et phy siologique , qu’une définition « de
lang ag e courant », c’ est-à-dir e sans pré cision et sans p orté e : « c’ est, dit-il
seulement, la r esp onsabilité mutuelle qui s’établit entr e deux ou plusieur s
p er sonnes ».
A ujourd’hui, le mot de solidarité p arait, à chaque instant, dans les
discour s et dans les é crits p olitiques. On a semblé d’ab ord le pr endr e comme
une simple variante du tr oisième ter me de la de vise républicaine :
frater nité . Il s’y substitue de plus en plus ; et le sens que les é crivains, les
orateur s, l’ opinion publique à son tour , y aachent, semble , de jour en
1. Il faut citer toutefois le liv r e de P . LEROUX de l’Humanité , 1839. Mais ce liv r e , célèbr e
en son temps, ne semble p as av oir eu d’action sur les g énérations suivantes. Le Comité or g
anisé p ar le p arti démo cratique p our les éle ctions de 1849 s’app elait la Solidarité républicaine ,
et avait Je an Macé p our se crétair e .
2Solidarité Chapitr e
jour , plus plein, plus pr ofond et plus étendu.
N’y a-t-il qu’un mot nouv e au et comme un caprice du lang ag e ? Ou ce
mot n’ e xprime-t-il p as v raiment une idé e nouv elle , et n’ est-il p as l’indice
d’une é v olution de la p ensé e g énérale ?
n
3CHAP I T RE I
I.1 Év olution des idé es p olitiques et so ciales.
rapp orts de l’individu et de la so ciété s’ est pr
ofondément mo difié e depuis un quart de siè cle .L En app ar ence , rien n’ est chang é . Le débat continue dans les
mêmes ter mes entr e la science é conomique et les é coles so cialistes ;
l’individualisme et le colle ctivisme s’ opp osent toujour s l’un à l’autr e , dans
une antithèse que les é vénements p olitiques r endent plus é vidente , plus
saisissante que jamais.
En France et hor s de France , les questions de p olitique pur e cèdent le
p as aux discussions so ciales, et les succès éle ctoraux des div er s gr oup es
so cialistes, en Allemagne , en Belgique , en France , ailleur s encor e , p
ermeent d’annoncer l’heur e pr o chaine où, dans les assemblé es, les
majorités et les minorités se gr oup er ont e x clusiv ement sur le ter rain de la lue
4Solidarité Chapitr e I
é conomique , et pr endr ont p our unique mot d’ ordr e la solution « libérale »
ou « so cialiste » du pr oblème de la distribution de la richesse .
Mais, comme il est habituel, l’état des p artis ne traduit qu’imp
arfaitement l’état des esprits. Les p artis sont toujour s en r etard sur les idé es ;
avant qu’une idé e se soit assez rép andue p our de v enir la for mule d’une
action colle ctiv e , l’article fondamental d’un pr ogramme éle ctoral, il faut
une longue pr op ag ande ; quand les p artis se sont enfin or g anisés autour
d’ elle , bien des esprits ont déjà ap er çu ce qu’ elle contenait d’incomplet,
d’ine x act, en tous cas de r elatif, et une v ue nouv elle s’ ouv r e déjà , plus
compréhensiv e et plus haute , d’ où naîtra l’idé e de demain, qui sera à son
tour la cause et l’ enjeu de nouv elles batailles.
C’ est ainsi qu’ entr e l’é conomie p olitique classique et les sy stèmes
socialistes une opinion s’ est for mé e lentement, non p as inter mé diair e , mais
sup érieur e ; une opinion conçue d’un p oint de v ue plus éle vé , d’ où la
lumièr e se distribue plus ég alement et plus loin. Il ne s’agit p as, bien
entendu, d’une tentativ e de transaction entr e les gr oup es et les p artis, d’une
op ération de tactique p olitique . Ce n’ est p as entr e les hommes, mais entr e
les idé es, qu’un accord tend à s’établir ; ce n’ est p as un contrat qui se
prép ar e , c’ est une sy nthèse .
Cee sy nthèse n’ est p as ache vé e . Il y a une do ctrine déjà en p
ossession de ses pr o cé dés de r e cher che et de raisonnement, maîtr esse de son
but et de ses mo y ens ; il n’y a p as un sy stème ar rêté , donnant sur tout des
conclusions.
Comment en serait-il autr ement ? Ce n’ est l’ œuv r e de p er sonne en
p articulier , et c’ est l’ œuv r e de tout le monde . Il y a là une manièr e de
p enser g énérale , dont on tr ouv e la trace un p eu p artout, chez les
lettrés comme chez les p olitiques, dans les œuv r es é crites des philosophes
comme dans les œuv r es vé cues des hommes d’État, dans les institutions
privé es et dans les lois, aussi bien chez les p euples latins que chez les
Anglo-Sax ons ou les Ger mains, aussi bien dans les États monar chiques
que dans les démo craties républicaines.
Cee do ctrine n’a p as r e çu d’ emblé e un de ces noms é clatants qui
s’imp osent d’ab ord, comme si leur s syllab es mêmes contenaient la
solution des pr oblèmes.
Elle est, p our av oir un nom accepté de tous, r e v endiqué e à la fois p ar
5Solidarité Chapitr e I
des p artisans tr op div er s, v enus de p oints tr op éloignés de l’horizon
philosophique et p olitique ; chacun p our son compte cher che à la raacher
à l’ ensemble de ses do ctrines antérieur es. On la tr ouv e pr ofessé e p ar des
so cialistes chrétiens, et p our eux c’ est l’application des pré ceptes é
vang éliques ; p ar certains é conomistes, et p our eux c’ est la ré alisation de
l’har monie é conomique . Pour quelques philosophes, c’ est la loi « bioso
ciologique » du monde ; p our d’autr es, c’ est la loi « d’ entente » ou « d’union
p our la vie ¹ » ; p our les p ositivistes, c’ est, d’un seul mot, « l’altr uisme ».
Mais p our tous, au fond, et sous des noms div er s, la do ctrine est la
même , elle se ramène clair ement à