Préparations pour nourrissons et préparations de suite à base de protéines de soja: données actuelles

Comité De Nutrition

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01/01/2001

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• Nutrition

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• Publié par: sfpediatrie
• Publié le: 01 janvier 2001
• Nombre de lectures: 74
• Licence : En savoir +
  Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
• Langue: Français

Extrait

Arch Pédiatr 2001 ; 8 : 1226-33
© 2001 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés
S0929693X01006157/SSU
Mise au point
Préparations pour nourrissons et préparations de suite
à base de protéines de soja : données actuelles
A. Bocquet, J.L. Bresson, A. Briend, J.P. Chouraqui, D. Darmaun, C. Dupont,
M.L. Frelut, J. Ghisolfi, O. Goulet, G. Putet, D. Rieu*, D. Turck, M. Vidailhet
Comité de Nutrition de la Société Française de Pédiatrie, France
(Reçu le 6 avril 2001 ; accepté le 13 avril 2001)
Résumé
Les préparations pour nourrissons et les préparations de suite à base de protéines de soja (PPS)
commercialisées en France sont des produits diététiques sans lactose, sans saccharose, sans glu-
ten ; leur composition en protéines, glucides, lipides, sels minéraux, vitamines répond aux critères de
composition définis par les directives de la Commission des Communautés Européennes
(91/321/CEE–96/4 CEE) ; elles sont garanties sans organismes génétiquement modifiés (OGM) par
les industriels. Pendant longtemps les PPS ont été les seuls aliments diététiques utilisables chez les
nourrissons qui ne toléraient pas le lait de vache (intolérance au lactose ou allergie aux protéines
lactées). Aujourd’hui, du fait de la diversité des aliments diététiques sans lactose et/ou sans
entières de lait de vache et du risque d’allergie aux protéines de soja, la place des PPS dans le
traitement de ces affections s’est réduite. L’intérêt des PPS n’a pas été démontré pour les coliques du
nourrisson. Elles n’ont pas de place dans la prévention des manifestations allergiques ni dans l’ali-
mentation des enfants prématurés. Elles peuvent être utilisées pour l’alimentation des enfants de
parents végétaliens qui ne souhaitent pas utiliser de préparations à base de lait de vache. Des tra-
vaux récents ont montré que les PPS contiennent des quantités élevées de phyto-œstrogènes pré-
sents dans de nombreux végétaux, en particulier d’isoflavones. Si chez l’adulte la consommation de
phyto-œstrogènes alimentaires paraît avoir des effets bénéfiques dans la prévention de certaines
maladies, chez l’enfant leurs effets potentiels sont inconnus, des données expérimentales suggérant
de possibles effets délétères sur le développement neuro-endocrinien. Bien que les PPS soient uti-
lisées depuis plus de 30 ans sans qu’il ait été rapporté d’anomalies du développement endocrinien, il
paraît prudent dans l’état actuel des connaissances de réduire et si possible d’éliminer les phyto-
œstrogènes des préparations pour nourrissons et des préparations de suite à base de protéines de
soja. © 2001 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS
préparation diététique pour nourrisson / protéines de soja / allergie alimentaire / nutrition / phyto-
œstrogènes
Summary – Soy bean-based formulas in infant nutrition.
For many years soy (SBBF) were the only dietary product used for infants with
cow’s milk intolerance. At the present time, their place in infant nutrition is reduced as a result of the
availability of new dietary products without lactose and/or cow’s milk proteins and the recognition of
*Correspondance et tirés à part : Service de pédiatrie II, hôpital Arnaud-de-Villeneuve, 371, avenue du Doyen-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5,
France.
Adresse e-mail : [e-mail] (D. Rieu).Préparations à base de protéines de soja 1227
soy bean protein allergy. There is no evidence that SBBF have any efficiency in infant colic. SBBF
have no indication in the prevention of allergy, nor in premature infants’ nutrition. Their main indication
is the feeding of infants of vegetarian parents who do not want to use cow’s milk products. Studies
have shown that SBBF contain large quantities of phytoestrogens, particularly isoflavone. Because of
experimental data suggesting a possible deleterious effect of phytoestrogens on the neuroendocrine
maturation, the reduction of their content in SBBF must be considered. © 2001 Éditions scientifiques
et médicales Elsevier SAS
soy proteins / infant food / infant nutrition disorder / phytoestrogen
Des préparations à base de soja ont été proposées au DE LA GRAINE DE SOJA AUX PRODUITS
début des années 1900 aux États-Unis comme subs- INDUSTRIELS À BASE DE PROTÉINES
DE SOJAtituts du lait chez des nourrissons atteints d’intolé-
rance au lait de vache [1, 2]. Depuis les années 60, le
Le soja est une légumineuse dont la graine est com-mode de préparation et la composition des prépara-
posée (en pourcentage de matière sèche) d’environtions pour nourrissons et des préparations de suite à
40 % de protides, 35 % de glucides, 20 % de lipidesbase de protéines de soja (PPS) ont beaucoup évo-
et 5 % de minéraux. Les principaux produits de baselué ; les préparations commerciales actuellement dis-
dérivés de la graine de soja sont l’huile, la farine, laponibles en France répondent aux critères définis par
farine délipidée à partir de laquelle on obtient desles directives de la Commission des Communautés
concentrés protéiques par élimination des glucidesEuropéennes de 1991 et 1996 (91/321/CEE -
solubles et des sels minéraux [7]. Différents procé-
96/4/CEE) [3, 4].
dés technologiques : lavage avec de l’eau acidifiée,
De façon paradoxale, alors qu’il existe aujourd’hui
solubilisation en milieu alcalin, extraction par l’étha-de nombreux aliments diététiques sans lactose et/ou
nol, centrifugation, précipitation à pH 4,5 permet-
sans protéines entières du lait de vache, on constate
tent de concentrer et de purifier les protéines. On
dans certains pays une nette augmentation de la
obtient ainsi des produits riches en protéines :
consommation des PPS chez les enfants de moins de
concentrats (65 à 80 %) et isolats (90 à 95 %) [7].
trois ans. Aux États-Unis, la consommation aurait
Seuls les isolats sont autorisés dans la fabrication des
doublé au cours des dix dernières années et attein-
PPS. La composition en acides aminés essentiels de
drait environ 25 % de la consommation des prépara-
la protéine de soja est satisfaisante, sauf pour les aci-
tions à base de lait de vache [5] ; en Italie elle repré-
des aminés soufrés(méthionine et cystine) qui sont
sentait en 1997 5,6 % de la des laits limitants. Sa teneur en lysine élevée rend le soja,
infantiles [6] ; en France la consommation est moin- comme les autres légumineuses, complémentaire des
dre mais en nette augmentation : 0,5 % en 1996, céréales riches en acides aminés soufrés et pauvres
1,7 % en 2000 [communication du Syndicat français en lysine [8]. Depuis les travaux de Fomon et al, les
des aliments de l’enfance et de la diététique préparations pour nourrissons à base de protéines de
(SFAED)]. soja sont enrichies en méthionine [9]. Comme les
Il nous a donc paru souhaitable de préciser autres végétaux, le soja est très pauvre en L-carnitine,
aujourd’hui la composition, l’utilisation, la place des qui favorise le transfert des acides gras dans les mito-
PPS comme substitut des préparations lactées. Sont chondries. Il est donc recommandé d’enrichir les PPS
exclus de cette étude les nombreux produits com- en L-carnitine à des concentrations proches de celles
merciaux issus du soja (jus de soja, fermen- du lait de femme ; il en est de même pour la tau-
tés, etc.) dont la composition n’est pas adaptée aux rine [10]. La plupart des substances anti-nutrition-
enfants de moins de trois ans et qui n’entrent pas dans nelles présentes dans la graine de soja : facteurs anti-
le cadre de la réglementation des aliments de trypsiques, lectines, raffinose, stachyose, saponines,
l’enfance. phytates, se retrouvent en faible quantité dans les1228 J.L. Bocquet et al.
produits riches en protéines [11]. Les phytates, que Les PPS commercialisées en France (Galliat soja ;
les techniques industrielles habituelles ne permettent préparations premier et deuxième âge : Blédilaitt
pas d’éliminer complètement, diminuent la biodis- soja, Prosobeet soja, Modilact soja, Nutriciat soja)
ponibilité du calcium, du zinc, du fer, du cuivre et du apportent 67 à 72 kcal/100 mL. Elles sont sans lac-
manganèse [11