Paris/Berlin. Essai de comparaison des professeurs de deux universités centrales - article ; n°1 ; vol.62, pg 75-109
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Histoire de l'éducation - Année 1994 - Volume 62 - Numéro 1 - Pages 75-109
Fondée sur la prosopographie comparée de deux échantillons de professeurs enseignant en lettres et en sciences dans les universités de Paris et de Berlin au cours de la même période, cette étude situe ces deux élites universitaires dans leurs sociétés respectives. La comparaison des origines sociales des professeurs et leur évolution, du recrutement géographique et des filières d'études comme des dynamiques de carrière permet de dégager deux modèles très différents de méritocratie et deux processus d'évolution contrastés des communautés universitaires. La centralisation et la sélection élitiste en France n'empêchent pas une certaine ouverture sociale tandis que la décentralisation et l'absence de concours formels continuent d'avantager les mêmes groupes dominants en Allemagne. En dépit des intentions officielles affichées, apparaissent l'incapacité d'implanter le modèle germanique en France et, en Allemagne, celle de moderniser et de démocratiser le corps enseignant, malgré les tentatives de la République de Weimar. Les tensions croissantes que connaissent les deux systèmes dans l'Entre-Deux-guerres, comme les orientations sociales et politiques dominantes opposées dans les deux groupes d'enseignants, ne sont donc pas réductibles à un commun dénominateur de « crise » mais témoignent des spécificités durables de chaque modèle universitaire. Au-delà des résultats empiriques, cet article voudrait être aussi un plaidoyer pour la fécondité heuristique de la combinaison de la méthode comparative et de la biographie sociale à l'échelle européenne.
This study juxtaposes a survey of professors teaching in the humanities and the sciences at the Universities of Paris and Berlin during the same period. Christophe Charle adopts a comparative prosopography to situate these two groups of university elites within their respective settings. The analysis brings to light two distinctive meritocratic models and patterns of change between the university communities through the comparison of changes in the social and geographic origins of professors as well as their branch of study and career patterns. Despite France's centralization and elitist orientation, some social mobility existed, whereas in Germany decentralization and the absence of formal exam procedures continued to favor the same dominant groups over this period. Official attempts to impose the German model in France failed, as did the Weimar Republic's attempts to modernize and democratize the teaching profession. Between the wars, both the heightened tension and dominant social and political orientation of each group of professors were not, therefore, a product of the period. Rather they reflect the longterm structural specificity of each university model. Above and beyond its empirical conclusions, this article seeks to valorize the heuristic usefulness of combining a comparative approach with that of social biography for the supranational study of Europe.
Diese Studie ist begründet auf die vergleichende Prosopographie von zwei Probenstücken von Professoren der Literatur und Wissenschaft der Universitäten von Paris und Berlin während des selben Zeitraumes und mochte diese zwei Eliten der Universitäten in ihren Gesellschaften festlegen.
Der Vergleich der sozialen Urkunde der Professoren und ihre Steigerung, ihre geographische Rekrutierung, sowie die verschiedene Studiengänge als auch die Dynamiken der Karrieren zeigt zwei sehr unter- schiedliche Leistungsgesellschaften und zwei gegensätzliche Entwicklungsprozesse im Bereich der universitären Gemeinschaft. Die Zentralisierung und der elitäre Auswahl in Frankreich verhindern nicht eine gewisse soziale Öffnung. In Deutschland im Gegenteil zu Frankreich bevorzugt die Dezentralisierung und die Abwesenheit von formellen Auswahlprüfungen immernoch die selben herrschenden Gruppen. Im Gegensatz zu den offiziellen dargestellten Willen zeigt sich in Frankreich eine Unfähigkeit das germanische Model einzuführen. In Deutschland versucht man hoffhungslos seit der Weimarer Republik die Erziehungskörperschaft zu demokratisieren and zu modernisieren.
Die steigende Spannungen der beiden Systemen in den Zwischen- kriegszeiten sowie die sozialen und politischen herrschenden Orientierungen diesen Zeiten, die im Gegensatz fur die beiden Systemen stehen, kann man also nicht nur als Zeichen einer Krise betrachten sondern sind die Zeugen der dauernden Späzifizitäten vonjedem Universitätsmodel. Über die empirischen Ergebnisse hinaus, möchte dieser Artikel ein Plaidoyer für die heuristische Fruchtbarkeit der Kombination der vergleichende Methode und der sozialen Biographie auf dem Rang von Europa.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Christophe Charle
Paris/Berlin. Essai de comparaison des professeurs de deux
universités centrales
In: Histoire de l'éducation, N. 62, 1994. Les universités germaniques. XIXe - XXe siècles. pp. 75-109.
Citer ce document / Cite this document :
Charle Christophe. Paris/Berlin. Essai de comparaison des professeurs de deux universités centrales. In: Histoire de
l'éducation, N. 62, 1994. Les universités germaniques. XIXe - XXe siècles. pp. 75-109.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1994_num_62_1_2734Résumé
Fondée sur la prosopographie comparée de deux échantillons de professeurs enseignant en lettres et
en sciences dans les universités de Paris et de Berlin au cours de la même période, cette étude situe
ces deux élites universitaires dans leurs sociétés respectives. La comparaison des origines sociales
des professeurs et leur évolution, du recrutement géographique et des filières d'études comme des
dynamiques de carrière permet de dégager deux modèles très différents de méritocratie et deux
processus d'évolution contrastés des communautés universitaires. La centralisation et la sélection
élitiste en France n'empêchent pas une certaine ouverture sociale tandis que la décentralisation et
l'absence de concours formels continuent d'avantager les mêmes groupes dominants en Allemagne. En
dépit des intentions officielles affichées, apparaissent l'incapacité d'implanter le modèle germanique en
France et, en Allemagne, celle de moderniser et de démocratiser le corps enseignant, malgré les
tentatives de la République de Weimar. Les tensions croissantes que connaissent les deux systèmes
dans l'Entre-Deux-guerres, comme les orientations sociales et politiques dominantes opposées dans les
deux groupes d'enseignants, ne sont donc pas réductibles à un commun dénominateur de « crise »
mais témoignent des spécificités durables de chaque modèle universitaire. Au-delà des résultats
empiriques, cet article voudrait être aussi un plaidoyer pour la fécondité heuristique de la combinaison
de la méthode comparative et de la biographie sociale à l'échelle européenne.
Abstract
This study juxtaposes a survey of professors teaching in the humanities and the sciences at the
Universities of Paris and Berlin during the same period. Christophe Charle adopts a comparative
prosopography to situate these two groups of university elites within their respective settings. The
analysis brings to light two distinctive meritocratic models and patterns of change between the university
communities through the comparison of changes in the social and geographic origins of professors as
well as their branch of study and career patterns. Despite France's centralization and elitist orientation,
some social mobility existed, whereas in Germany decentralization and the absence of formal exam
procedures continued to favor the same dominant groups over this period. Official attempts to impose
the German model in France failed, as did the Weimar Republic's attempts to modernize and
democratize the teaching profession. Between the wars, both the heightened tension and dominant
social and political orientation of each group of professors were not, therefore, a product of the period.
Rather they reflect the longterm structural specificity of each university model. Above and beyond its
empirical conclusions, this article seeks to valorize the heuristic usefulness of combining a comparative
approach with that of social biography for the supranational study of Europe.
Zusammenfassung
Diese Studie ist begründet auf die vergleichende Prosopographie von zwei Probenstücken von
Professoren der Literatur und Wissenschaft der Universitäten von Paris und Berlin während des selben
Zeitraumes und mochte diese zwei Eliten der in ihren Gesellschaften festlegen.
Der Vergleich der sozialen Urkunde der Professoren und ihre Steigerung, ihre geographische
Rekrutierung, sowie die verschiedene Studiengänge als auch die Dynamiken der Karrieren zeigt zwei
sehr unter- schiedliche Leistungsgesellschaften und zwei gegensätzliche Entwicklungsprozesse im
Bereich der universitären Gemeinschaft. Die Zentralisierung und der elitäre Auswahl in Frankreich
verhindern nicht eine gewisse soziale Öffnung. In Deutschland im Gegenteil zu Frankreich bevorzugt
die Dezentralisierung und die Abwesenheit von formellen Auswahlprüfungen immernoch die selben
herrschenden Gruppen. Im Gegensatz zu den offiziellen dargestellten Willen zeigt sich in Frankreich
eine Unfähigkeit das germanische Model einzuführen. In Deutschland versucht man hoffhungslos seit
der Weimarer Republik die Erziehungskörperschaft zu demokratisieren and zu modernisieren.
Die steigende Spannungen der beiden Systemen in den Zwischen- kriegszeiten sowie die sozialen und
politischen herrschenden Orientierungen diesen Zeiten, die im Gegensatz fur die beiden Systemen
stehen, kann man also nicht nur als Zeichen einer Krise betrachten sondern sind die Zeugen der
dauernden Späzifizitäten vonjedem Universitätsmodel. Über die empirischen Ergebnisse hinaus,
möchte dieser Artikel ein Plaidoyer für die heuristische Fruchtbarkeit der Kombination der vergleichende
Methode und der sozialen Biographie auf dem Rang von Europa.PARIS/BERLIN
Essai de comparaison des professeurs
de deux universités centrales
par Christophe CHARLE
La méthode prosopographique a connu un grand succès en histoire
sociale depuis quelques années, notamment pour l'étude des élites uni
versitaires. Les tentatives de prosopographie comparée sont en
revanche beaucoup plus rares et se limitent à quelques indicateurs
assez pauvres. Le choix ici fait d'une prosopographie comparée des
professeurs parisiens et berlinois dans la période charnière qui va des
années 1870 aux années 1930 peut se justifier de trois manières. Je suis
parti en premier lieu du souci de fonder empiriquement les hypothèses
sociologiques émises à la fin de Naissance des « intellectuels » (1)
quant à la différence de situation sociale des deux groupes au sein des
élites des deux pays et aux effets idéologiques et politiques de cette
différence.
En second lieu, la prosopographie comparée permet selon moi de
comprendre de l'intérieur le fonctionnement des deux systèmes uni
versitaires et les inadaptations croissantes qui les caractérisent face
aux nouveaux défis rencontrés par l'Université avec la spécialisation
de la fonction de recherche et la diversification disciplinaire et
sociale. Le troisième intérêt de l'entreprise est de chercher des solu
tions à un certain nombre des questions méthodologiques que pose
toute comparaison d'un même groupe dans deux pays différents. Ce
problème a déjà été rencontré par d'autres travaux notamment
l'enquête collective dirigée par Jiirgen Kocka sur les bourgeoisies
européennes (2). La plupart des travaux comparatifs se sont contentés
de reprendre et de mettre en parallèle des recherches toutes faites
avec un double risque : celui de mal interpréter les données des autres
(1) Paris, Ed. de Minuit, 1990, pp. 231-232.
(2) J. Kocka (ed.) : Burgertum im 19. Jahrhundert. Deutschland im internationa-
len Vergleich, Munich, DTV, 1988, 3 vol. Voir ma note critique : « À la recherche des
bourgeoisies européennes », Le Mouvement social, n° 153, octobre-décembre 1990,
pp. 91-97.
Histoire de l'éducation - n° 62, mai 1994
Service d'histoire de l'éducation
I.N.R.P. - 29, rue d'Ulm - 75005 Paris 76 Christophe CHARLE
chercheurs, et celui d'être obligé de réduire le détail des informations
au plus petit dénominateur commun. C'est, de mon point de vue, aller
trop vite en besogne et ruiner prématurément le crédit de la méthode
comparative en histoire sociale en l'exposant à la critique des spécial
istes de chaque pays et à celle des sociologues soulignant les naïvet
és des comparaisons mécaniques terme à terme. Même si le souci
de reprendre l'enquête à la base pour les deux pays - avec la nécess
ité, impliquée par ce choix, de réduire le nombre d'individus englo
bés - me prémunit contre les deux premiers reproches, le choix ingrat
de l'érudition ne vaccine pas contre la dernière maladie infantile de la
méthode comparative, celle du nominalisme. Est-il licite de comparer
terme à terme les professeurs d'université de Paris et de Berlin ? En
d'autres termes, ceux-ci occupent-ils une position exactement ana
logue dans leurs deux systèmes universitaires ? Il est évident qu'on
ne réduira jamais un sys

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